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L’actuelle République Démocratique du Congo a d’abord été une ancienne colonie privée du roi Léopold II de Belgique (1886-1908) avant de devenir une colonie du Royaume de Belgique à partir de 1908. Le pays devient indépendant le 30 juin 1960.

Figure 10 : Couverture du livre les fantômes du Roi Leopold II

Cette photo reprise par Adam Hoschild représente deux Congolais amputés des mains pour n’avoir pas totalisé leur quota journalier d’hévéa. Ceci se passe à l’époque où le Congo était une colonie privée du Roi des Belges.

En 1971, Mobutu, qui a pris le pouvoir en 1965, rebaptise le pays Zaïre. Dirigé par un régime quasi monarchique, le pays n’a pas pu amorcer son développement économique et social près de 30 ans après avoir acquis son indépendance. Pourtant, malgré la cruauté

du régime colonial du roi des Belges, Léopold II (69), et la dureté de la colonisation belge le pays a hérité de quelques infrastructures : l’industrie cuprifère au Katanga, les palmeraies de l’Equateur, des écoles techniques, des agents de santé rôdés par des coopérants belges, un port maritime, quelques routes principales, un réseau de chemin de fer (même s’il fut construit pour les intérêts du colonisateur).

Ces infrastructures lui promettaient un fort potentiel pour un décollage rapide après l’indépendance. Malheureusement, les crises économiques des années 1972 et des années 1982 ainsi que les conséquences des programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions du Bretton Woods, la gouvernance du pays, ont précipité le Zaïre de l’époque dans une grave crise économique dont les conséquences se sont fait sentir surtout à partir des années 1985.

C’est dans ce contexte de crise économique que le 24 avril 1990, le Maréchal Mobutu, président de l’époque, contraint par la conjoncture intérieure et internationale, décrète la démocratisation du pays. Malgré cela, plusieurs manifestations sont organisées dans le pays pour réclamer plus de liberté et plus de démocratie. La répression sanglante de ce qu'il est convenu d’appeler par « les événements de Lubumbashi » en mai 1990, plus connus sous le nom de massacre du campus de Lubumbashi (dans la nuit du 11 au 12 mai 1990) (70), constituera un tournant majeur de l’histoire contemporaine du Zaïre.

En effet, à la suite de ce massacre, le Zaïre se retrouve isolé diplomatiquement,

les relations avec les institutions internationales sont gelées, le pays s’enfonce dans la crise, sans assistance internationale. C’est à partir de ce moment, que l’aide de la communauté internationale aux populations est systématiquement acheminée par l’intermédiaire des Organisations Non Gouvernementales internationales (dont

Médecins Sans Frontières, International Rescue Comitee, …) et des agences des Nations Unies comme l’UNICEF, l’OMS, le PAM, la FAO. Dans plusieurs secteurs, comme celui de la santé, le rôle et l’implication de l’Etat deviennent de plus en plus marginaux alors que celui des ONG et des agences des Nations Unies se renforce.

Sans moyens financiers et sans aide internationale, le gouvernement de Mobutu se retrouve dans l’impossibilité de payer les salaires, des arriérés s’accumulent et la grogne enfle jusque dans les casernes. Pour se payer (eux même), les militaires d’abord, puis toute la population des grandes villes, descendent dans les rues à deux reprises, en septembre 1991 et en janvier 1993, pillant et saccageant tout ce qui pouvait l’être (du public au privé). C’est ce qui a été appelé les pillages de Kinshasa (71, 72).

Lors de ces pillages, tout a été détruit, jusqu’aux archives dans les services publics. C’est lors de ces événements que de grandes unités de production dont la chaîne de montage de véhicules de la firme Général Motors installée dans la zone industrielle de Kinshasa avaient été saccagées et pillées, laissant sans emploi des milliers de travailleurs, et sans ressources plusieurs milliers de familles. Ces pillages ont considérablement aggravé la situation socio-économique du pays.

C’est donc dans un pays fragilisé politiquement, économiquement, et socialement qu’affluent en 1994, un peu plus d’un million de réfugiés Rwandais,

dans la partie est de l’ex-Zaïre. Cet afflux de réfugiés a été responsable, entre autre, de la plus grande épidémie de choléra que le pays ait jamais connue. L’arrivée des

réfugiés sera aussi le point de départ d’une période de très grande instabilité dans l’est du pays, entretenue par d’énormes enjeux politiques et économiques.

En 1996, un mouvement politico-militaire congolais (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo- AFDL) conduit, depuis les frontières Est de l’ex-Zaïre, un mouvement contre le régime de Mobutu. Le 17 mai 1997, les troupes de l’AFDL conduite par Laurent Désiré KABILA, entrent à Kinshasa, tandis que, quelques jours avant, Mobutu s’exilait au Togo (puis au Maroc où il trouvera la mort le 7 septembre 1997). La même année (en 1997), le Zaïre redevient la République Démocratique du Congo. Le 2 août 1998, une nouvelle rébellion éclate au Kivu (région frontalière du Rwanda). Elle dégénère rapidement en conflit régional opposant les forces congolaises appuyées par l’Angola, la Namibie, le Zimbabwe et le Tchad à des troupes rebelles appuyées par le Rwanda et l’Ouganda.

Après six ans d’affrontements armés (de 1998 à 2003), un traité de fin d’hostilités est signé en 2003, un gouvernement de transition est mis en place et des élections sont organisées en 2006. Ce processus conduit à la pacification de la quasi-totalité de l’ensemble du pays à l’exception de deux districts de l’Ituri et des deux Kivu où des groupes armés refusant le processus de paix ont continué à combattre les troupes loyalistes. Après plusieurs tractations, le processus de paix en Ituri finit par aboutir et actuellement la région est quasiment pacifiée.

Même s’il persiste encore dans les territoires du parc national de la Garamba (au nord-est de la Province Orientale) des poches de résistance de la rébellion ougandaise de L’Armée de Résistance du Seigneur (LRA de Joseph Koni), les deux Kivu également sont actuellement quasiment pacifiés. L’accord de paix issu du processus Amani, conclu à Goma en 2007 entre les différents belligérants, a constitué le socle sur lequel un accord durable a été conclu en 2009. Ce dernier accord a fait suite à une amélioration de la situation politico-militaire dans les deux Kivu, situation ayant conduit à la mise aux arrêts du général déchu Laurent Nkunda.

Même s’il persiste encore quelques poches de résistance des FDLR (Front Démocratique pour la Libération du Rwanda) dans certaines zones enclavées des deux provinces du Kivu, la situation du Kivu est bien meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’a

jamais été durant ces dix dernières années. Elle devrait s’améliorer encore tant la volonté politique au niveau national et international est plus forte que jamais pour imposer la paix dans cette région de l’Afrique des Grands Lacs.