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Chapitre II Faire médecine…

idem 75 avec un commencement de sémiologie et changement pour les choix de stages :

II. C.2 Un enseignement bradé ?

Les étudiants sont en majorité déçus des qualités pédagogiques des enseignants et des méthodes d’enseignement. C’est surtout la relation pédagogique plus que les contenus qui est mise en cause. Plus que la présence de "mauvais profs", c’est la dépréciation affichée dans laquelle sont tenus les enseignements théoriques qui décourage les étudiants. Enseignants de première année qui n’assurent pas leur service au moindre signe de dissipation dans les amphis, qui délèguent leur cours au dernier moment à des internes non préparés, qui relisent le même polycopié depuis des années, tous ces exemples montrent le peu de cas que la faculté fait de ce volet de son enseignement :

"Mais la faculté en amphithéâtre, je ne peux pas parler de maintenant. Mais à l'époque, ça ne servait à rien d'aller en cours parce que les profs et les profs agrégés envoyaient au dernier moment, nous on l'a fait pendant tout l'internat, l'interne du service pour aller faire un cours aux étudiants. C'est-à-dire qu'ils n'avaient aucune implication. La plupart d'entre eux n'avaient aucune implication avec leur charge,

pourtant essentielle, qui était celle d'être professeur à la faculté. Ils n'y allaient jamais. Au dernier moment, à deux heures moins le quart, on l'a vécu avec mes deux associés jusqu'à y'a encore pas longtemps, hein? À deux heures moins le quart, il disait : "Ecoute, j'ai quelque chose à faire, euh… Est-ce que tu veux pas aller faire le cours aux étudiants, c'est là-dessus. T'inquiètes pas, vas-y." Et le type partait sans préparer faire un cours aux étudiants."

(cardiologue, promotion 80)

Au sein de cette dépréciation générale des enseignants, les qualités pédagogiques de l'un deux sont immédiatement remarquables. Les étudiants, alors, sont près à venir au cours d'un professeur particulier parce que celui-ci retient leur intérêt et qu'ils ont l'impression d'apprendre vraiment quelque chose. Car la "désertion des amphis" n'est pas un principe, chez les étudiants en médecine, c'est une habitude que, souvent, les enseignants ne cherchent pas à modifier. Autant l’assistance aux cours ne met pas en cause la relation à l’institution, autant le peu de cas que les hospitaliers font de leur travail d’enseignant en début de cursus creuse le fossé entre la faculté et l’hôpital, ce dernier devenant le "vrai" lieu de l’apprentissage. Après le concours de l'internat, les étudiants ne voudront plus d’enseignements théoriques. Tout se passe comme si ces derniers n’avaient aucune "valeur", ce qui est d'ailleurs confirmé par la baisse des exigences de leur validation dans les facultés.

Encadré n°6

"Vous alliez en cours ?"

Les filles sont souvent plus nombreuses que les garçons à suivre les cours, et les généralistes hommes ou femmes se révèlent avoir été plus assidus à la faculté que les spécialistes. Les quatre extraits suivants illustrent les formes contrastées de réponse à cette question de l'assiduité. En fait, plus que la division sexuelle, il semble bien que ce soit les stratégies par rapport à la préparation du concours de l'internat qui influent les comportements quant à la fréquentation de la faculté, surtout pour les nouveaux régimes. Ceux qui suivaient les cours en parlent souvent assez longuement, légitimant leur pratique, ceux qui n'y allaient pas, quand ils précisent leurs réponses, disent que "ça ne servait à rien", que les cours étaient "mauvais", qu'il suffisait de travailler les polycops deux semaines avant l'examen.

Toujours

Homme généraliste nouveau régime, fils d'ouvrier, qui dès le début de ses études a pris ses distances avec le milieu médical et n'envisage pas de présenter l'internat

Q : Vous étiez assidu aux cours ?

Ah ! oui c’était une règle. Je prenais mon cours, je le recopiais. Je refaisais les notes. Mais je pouvais pas travailler sur un cours de la corpo.

Q : Vous les aviez

Oui oui je les ai pris. Ils me servaient un petit peu de bouche trou au cas où j’aurais eu un problème pendant le cours des choses comme ça. Mais ah oui ! c’était impératif. Même en première année il y avait des cours qui nous terrorisaient, c’était le cours de biochimie. Fallait y aller il y avait pas le choix. Il y avait des polycopiés. On pouvait les apprendre tels quels, c ‘était une question bateau, mais si on n’allait pas en cours on pouvait pas. On pouvait pas répondre aux questions qui nous étaient posées si on apprenait bêtement le cours, il y avait toute une méthodologie derrière.

Q : Ça veut dire que ce cours-là était suivi

Ah ! Oui c’était bien ça le problème. Il fallait arriver pratiquement une heure à l’avance. Mais c’était des cours qui étaient excessivement importants, et c’était un coefficient lourd. Fallait pas passer à côté. Par rapport à d’autres cours comme l’anatomie ou alors là.... c’était bateau.

Q : Donc la suite se passe bien

Oui, je repique pas. Je passe en plus avec l’activité sportive, les voyages...

Non à part faire partie de la corpo, initialement la corpo officielle et puis avec un groupe d’amis on a monté une corpo parallèle. Donc il y en avait qui étaient chargés de prendre les cours, et moi je m’occupais de faire les photocopies. Ca nous permettait toujours d’avoir un support à nos cours.

Femme cardiologue ancien régime, qui se décrit comme étudiante studieuse et sérieuse, bonne élève (bac à 16 ans). A fait un CES de cardiologie

Q : Après, vos études de médecine, est-ce que vous alliez régulièrement en cours, y compris dans les, années, DCEM2, DCEM3, DCEM4…

Ah ben moi j’allais tout le temps, moi j’allais à tous les cours. Les enseignements dirigés, les cours magistraux, oui. Oh oui ! en dehors peut-être de la sixième année, quelques cours où il y avait de la part du professeur des polycopiés très bien faits, bien mieux que ses cours, je crois que j’ai été vraiment à, dans toutes disciplines. J’ai pas tellement de souvenir de ne pas avoir été à des cours où… ou pris des notes en dehors.

Q : Vous faisiez partie d’une corpo ?

Oui on avait une corpo, enfin, j’en faisais pas partie hein, pour prendre les cours mais il y en avait une qui, après distribuait les polycops à la… je me rappelle plus comme elle s’appelait. m’enfin y’avait la fameuse corpo oui, et on achetait les polycops !

Q : Mais vous ne comptiez pas dessus seulement pour apprendre vos cours…

C’était un soutien pour pouvoir revoir éventuellement si j’avais loupé un petit passage ou mal pris un texte, alors par exemple ça pouvait aider. Bon quelques fois j’avais vraiment de la peine à prendre en notes correctement, donc je revoyais aussitôt le soir, mes cours, et souvent ça me permettait à distance de les reprendre une deuxième fois en corrigeant éventuellement réciproquement les deux, les deux, et le polycop et mon cours. C’était plus, une comparaison presque, je dirais.

Jamais

Q : Donc en fait, vous êtes arrivée en médecine. Est-ce qu’on peut parler de vos études un peu ? c’est-à-dire est-ce que vous alliez régulièrement en cours ou…

Jamais !

(Femme nouveau régime, biologiste hospitalier)

Q : Vous alliez aux cours ?

Jamais.