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Une tradition déjà longue de travaux scientifiques s’est formée autour du phé- nomène des restructurations et des licenciements de grande ampleur. A l’intérieur de ce corpus scientifique, la recherche auprès des Moulinex doit trouver sa place, sa spécificité et montrer sa valeur ajoutée. Cette dernière section vise à rendre compte du travail d’enquête déployé tout au long de cette thèse en lien avec les lignes di- rectrices qu’il m’a été possible de dégager du parcours de la littérature portant sur le sujet. Du fait de l’exemplarité des méthodes employées et des résultats obtenus, la recherche auprès des chômeurs de Marienthal va constituer ici une étude de ré- férence. Les conclusions et les constats établis par Paul Lazarsfeld, Marie Jahoda et Hans Zeisel seront confrontés à ceux que j’ai pu retirer de mes observations et des traitements statistiques effectués. Des éléments relatifs à la population et au contexte de l’enquête Moulinex vont donc être comparés à ceux de Marienthal afin de dégager des points de singuralité ou au contraire de convergence entre les deux recherches.

Manières d’approcher le phénomène des restructurations

Dans l’étude sur les restructurations116 et les fermetures d’entreprise, se dé-

gagent deux grands types de travaux, dissimulant deux approches très différentes du phénomène. L’un et l’autre seront présentés dans les traits qui les caractérisent et de manière assez schématique peut-être. Le domaine des restructurations peut s’approcher du point de vue des mesures et des acteurs engagés dans le cadre d’une réorganisation industrielle, c’est-à-dire à un niveau structurel et procéduriel. Ce type de littérature s’est spécialisé dans l’établissement de bilans ou d’évaluations de pro- grammes et de dispositifs de reconversion industrielle tels que l’accompagnement

116. Il ne sera pas question dans ce travail de thèse du sujet de la reconversion ou du retour à la vie civile du personnel militaire des armées.

Les fondements de l’analyse 75 social des publics, les mesures de reclassement, les projets de formation ou de trans- fert de compétences, les moyens de redynamisation des sites, le partenariat entre les différents acteurs politiques ou sociaux ou les plans d’aménagement du territoire. Qu’il s’agisse des processus de "transition professionnelle"117, de transférabilité des

qualifications118, de mouvements de "désocialisation/resocialisation"119, de "proces-

sus social"120, de "recomposition" des formes de travail121, le changement profes-

sionnel contient une connotation positive. Le mouvement des mutations industrielles est perçu comme un bon "analyseur"122 des mutations économiques et sociales en

cours, "un creuset d’idées et de pratiques"123. Les objets d’étude sont abordés à

l’échelle de l’entreprise, des sites de reconversion, d’une collectivité territoriale, d’un territoire, d’une région, d’un ou de plusieurs pays124.

Les seconds types de travaux portant sur les fermetures d’entreprise empruntent beaucoup à une approche de type ethnographique. Ces recherches, élaborées le plus souvent à partir d’interviews ou de situations d’observation, privilégient une ap- proche intensive plutôt qu’extensive ("intensive rather than extensive125"). L’atten-

tion est portée sur le ressenti de la perte d’emploi, le cheminement des licenciés dans les circuits de la recherche d’emploi, "les déchirures, les blessures, le traumatisme infligés"126 par l’arrêt du travail. Souvent, l’intervention d’un ethnologue dans des

"lieux qui ferment" prend la forme d’un rôle de thérapeute, de médiateur social127

permettant ainsi l’extériorisation des souffrances et la mise en place d’un travail mé- moriel. Le primat est mis sur les sentiments, les émotions et le travail réflexif opéré

117. José Rose (1992), "Transitions professionnelles et recomposition des statuts salariaux" in Villeval, M-C. (dir.), Mutations industrielles et reconversion des salariés, Paris, L’Harmattan, pp. 255- 266.

118. Elie Gallon (1992), "Transférabilité des qualifications et caractéristiques professionnelles et sociales des travailleurs placés en conversion aux chantiers navals de la Seyne" in Villeval, M-C. (dir), Mutations industrielles et reconversion des salariés, op. cit., pp. 284-291.

119. Francis de Chassey (1992), "Reconversion : demande sociale et sociologie - quelques figures et réflexions" in Villeval, M-C. (dir.), Mutations industrielles et reconversion des salariés, op. cit., p. 162

120. Jean-Luc Outin, "Trajectoires professionnelles et mobilité de la main-d’œuvre : la construction sociale de l’employabilité", op. cit.

121. Patrick Chaskiel et Marie-Claire Villeval (1988), Pompey : crise, fermeture, reconversion, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, p. 75

122. Marie-Claire Villeval (dir.), Mutations industrielles et reconversion des salariés, op. cit., p. 19.

123. Lucie Tanguy, "Reconversion industrielle et conversion culturelle dans un bassin minier de Lorraine au milieu des années 1960", op. cit., p. 56.

124. Serge Wachter (1993), "Conversions industrielles et territoires", Pour, pp. 35-42. 125. E. Wight Bakke, "The unemployed man, op. cit., p. vii.

126. Danièle Linhart et al., Perte d’emploi, perte de soi, op. cit., p. 61.

127. Anne Monjaret (2001), "Fermeture et transfert de trois hôpitaux parisiens. L’ethnologue, accompagnateur social", Ethnologie française, n◦ 1, pp. 103-115.

Les fondements de l’analyse 76 par les personnes licenciées. Cette plongée subjective dans l’épreuve du chômage amène les auteurs à une critique de la logique néo-libérale de gestion des person- nels en surplus mais aussi des politiques de l’emploi. "On l’admettra, toute cette activité de gestion des parcours vers l’emploi ressemble à s’y méprendre à une vaste entreprise de préparation et de canalisation des licenciées vers une inactivité forcée, durable et sans issue"128. En dehors de quelques résultats sur le reclassement, la

réalité chiffrée se dérobe aux yeux de lecteurs.

La voie méthodologique empruntée dans l’enquête auprès des anciens Moulinex cherche à éviter les écueils qui semblent caractériser ces deux approches. Dans une perspective globalisante du phénomène des restructurations, l’individu, noyé dans un tableau général du reclassement professionnel, est considéré comme simple réceptable des mesures de reconversion. Dans le cas des études de type socio-ethnographique, celui-ci est surinvesti pour son ressenti personnel et la prise de position sur les sup- pressions massives d’emplois risque d’être partiale et partielle, ce qui peut entraver une appréhension générale et objective du sujet. Pour concilier au mieux ces deux perspectives, une voie méthodologique intermédiaire a été retenue. Aussi, le travail ethnographique couplé d’un recueil systématique des données réalisé par Paul La- zarsfeld, Marie Jahoda et Hans Zeisel constitue une référence pour cette enquête menée auprès des anciens Moulinex aussi bien du point de vue méthodologique que des résultats obtenus. Dans la même perspective que l’étude réalisée auprès des chô- meurs de Marienthal, cette recherche sur le devenir des licenciés de Moulinex tend à associer "l’utilisation d’un matériel chiffré précis à une observation participante"129.

L’immersion dans le terrain d’investigation est un moyen d’imprégnation, permet- tant d’approcher sous le jour de l’altérité et non sous l’angle du manque ou de l’anormalité des groupes d’individus très souvent exposés aux préjugés ("Les Mou- linex ne veulent pas travailler"). L’utilisation d’un matériau quantitatif permet de dresser le portrait général de la population à l’étude et de mettre en évidence ses caractéristiques propres, d’en souligner l’hétérogénéité de manière fine mais aussi de révéler des mécanismes sociaux qui sont à l’œuvre et qui passent inaperçus dans l’observation de terrain. Toutefois, aussi bien dans la production de données chif- frées que dans la relation sensible tissée avec les enquêtés, surgissent des difficultés pratiques, méthodologiques mais aussi des problèmes d’ordre éthique. Les réflexions de Jean-Marie Firdion, Maryse Marpsat et Michel Bozon sur les enquêtes menées auprès des sans-abri soulèvent des questions sur la légitimité à réaliser des enquêtes

128. Noelle Burgi-Golub, "Exiler, désoeuvrer les femmes licenciées", op. cit., p. 113. 129. Paul Lazarsfeld et al., Les chômeurs de Marienthal, op. cit., p. 23.

Les fondements de l’analyse 77 auprès de populations confrontées à des situations de précarité, qu’elles soient per- sonnelles, sociales, économiques ou professionnelles.

"Une autre difficulté provient du fait que les personnes à enquêter sont particulièrement "disqualifiées" socialement, et culturellement démunies dans le cadre d’une relation d’enquête. Elles disposeraient donc de moindres res- sources pour répondre aux violences symboliques qui peuvent naître de cette interaction. Leur situation de grande précarité les rendrait davantage vulné- rables aux risques d’ "atteinte à la vie privée"130.

Ces réflexions amènent à interroger la place et la pertinence de l’emploi d’un questionnaire auprès d’une population peu diplômée. En effet, cet instrument est typiquement un instrument issu du monde de l’écrit, de la formalisation et de l’abs- traction. Or, si dans la plupart des cas, les personnes se font une idée de ce qu’est un questionnaire et savent répondre aux questions en choisissant entre plusieurs mo- dalités, ce n’est pas le cas pour certains publics, notamment ceux issus des classes populaires peu familiarisées à la "culture du questionnaire". Une certaine forme de violence s’exerce dans l’interaction entre l’enquêteur et l’enquêté. Le questionnaire impose un cadre rigide et implique une démarche intellectuelle de transformation de la "pensée orale"131 en code écrit. A l’évidence, le succès d’une enquête auprès de

populations placées en situation de précarité tient en partie au contact noué avec les personnes interrogées (voir Annexe méthodologique). Les choix effectués afin de concilier une attitude compréhensive avec un recueil systématique de données vont être à présent présentés.

Une enquête tout au long d’une thèse

Cette enquête réalisée "tout au long" de ma thèse de doctorat est le fruit d’un travail mais aussi d’un apprentissage qui s’est déroulé sur cinq années. Pour une telle investigation, le temps justifie les moyens. C’est en effet dans la durée que j’ai pu mener en parallèle, l’étape de la recherche de financement et de préparation du questionnaire, avec la phase de qualitative de terrain. La préparation, le suivi et la finalisation de cette enquête auprès des anciens salariés de Moulinex s’inscrivent dans une temporalité de recherche dont les étapes de déroulement vont être à présent exposées au travers des grands choix méthodologiques qui ont été opérés.

130. Jean-Marie Firdion, Maryse Marpsat et Michel Bozon (2000), "Est-il légitime de mener des enquête statistiques auprès des sans-domicile ? Une question éthique et scientifique" in Marpsat, M., Firdion, J-M. (dir.), La rue et le foyer. Une recherche sur les sans-domicile et les mal-logés

dans les années 90, Travaux et Documents de l’INED, n◦ 144, p. 128.

131. Jack Goody (1979), La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage, Paris, Les Editions de Minuit.

Les fondements de l’analyse 78 Le premier choix repose sur une utilisation conjointe de méthodes quantitatives et qualitatives, en jouant sur la complémentarité des deux approches. Mon entrée sur le terrain, un an après la liquidation judiciaire de Moulinex, a été en grande partie facilitée par l’aide de représentants syndicaux132. Ces "informateurs-relais"133 ont

manifesté un vif intérêt pour cette recherche et m’ont beaucoup aidée à justifier ma présence aux yeux des ex-salariés. La prise de contact facilitée, j’ai pu assez rapidement réaliser une série d’entretiens exploratoires dans le double but de récolter des informations et de m’imprégner des différentes expressions et du vocabulaire utilisés par les salariés. Outre les entretiens individuels, des interviews de groupe ont été conduits avec trois à six personnes d’une même catégorie professionnelle (agents de production, ouvriers qualifiés, techniciens, cadres). Au cours de ces rencontres, les personnes étaient alors invitées à retracer leur carrière chez Moulinex, à exprimer leur ressenti présent et leurs projets d’avenir. Les diverses réunions syndicales et visites dans les cellules de reclassement ont constitué des espaces privilégiés pour un travail anthropologique et historique. Egalement, cette étape de préenquête a été l’occasion d’élaborer le questionnaire de manière à ce que celui-ci s’approche au plus près de la réalité vécue mais aussi de l’univers linguistique des personnes. Certaines ambiguïtés terminologiques ont alors été repérées, ce qui m’a conduit à adopter une formulation simple mais précise. Ainsi, l’expression "conditions de travail" prêtait à confusion et pouvait correspondre aussi bien à la situation physique de travail qu’à l’ambiance entre collègues dans les ateliers. Des précisions ont donc été apportées à cette question : "possibilité de s’asseoir", "luminosité suffisante". Parallèlement aux rencontres avec les ex-salariés, des entretiens ont été menés avec différents acteurs du reclassement ou des services publics pour l’emploi (Le personnel de la MIRE, un responsable ASSEDIC, des travailleurs sociaux du Conseil général, le directeur départemental du travail, le responsable de l’AFPA, un agent ANPE, les cinq responsables des cellules de reclassement, six consultants de l’antenne-emploi de Cormelles-le-Royal ainsi que des syndicalistes).

Le choix des questions et l’organisation du questionnaire134 ont été pensés en

132. Notons qu’en raison du faible effectif que représente les délégués syndicaux dans la population à l’étude, ceux-ci ont été associés aux représentants du personnel et aux adhérents à un syndicat. Ce choix peut être contesté. Toutefois, un tel regroupement se justifie par l’homogénéité sociale qui caractérise ce groupe. La variable "affiliation syndicale" sert à désigner les personnes possédant au moins un de ces statuts : salarié protégé, délégué syndical, délégué du personnel, adhérent à un syndicat.

133. Alain Blanchet et Anne Gotman (2007), L’entretien, Série L’enquête et ses méthodes, Paris, Armand Colin, coll. 128, 2ème éd p. 54.

134. Jean-Paul Grémy (1987), "Les expériences françaises sur la formulation des questions d’en- quête", Revue française de sociologie, vol. 28, pp. 567-599.

Les fondements de l’analyse 79 lien avec la problématique de la recherche. Le retour sur une population à l’identité et à l’histoire professionnelle si marquée ouvre une dimension à explorer dans les domaines d’étude relatifs à la réinsertion professionnelle. Au travers des entretiens réalisés auprès d’anciens salariés, la vivacité des souvenirs de Moulinex a constitué un bon matériau d’investigation pour éclairer le vécu de l’après-licenciement. Une par- tie du questionnaire a été consacrée à explorer diverses dimensions qui composent l’expérience professionnelle des anciens Moulinex. Le caractère multidimensionnel du chômage a commandé le choix d’une diversité de registres. Les domaines rete- nus sont intitulés : "Santé", "Logement", "Famille", "Soutien social", "Ressources", "Citoyenneté et identité". Pour chacune de ces rubriques, les questions cherchent à évaluer les changements intervenus depuis le licenciement dans la vie des anciens Moulinex. Pour cela, un double questionnement a été choisi : les personnes étaient invitées à juger leur situation avant le licenciement et après celui-ci. La participation financière de chacune des directions Etudes et Statistiques de l’ANPE et de l’UNE- DIC explique l’importance accordée aux questions sur la réinsertion professionnelle, les démarches de recherche d’emploi et la perception des cellules de reclassement. Le questionnaire contient également des questions ouvertes, invitant les personnes à exprimer leur sentiment notamment au moment de l’annonce de la fermeture de Moulinex et la manière dont est perçu leur avenir. Un calendrier relatif aux évolu- tions des situations face au marché du travail sur les deux années qui vont de la fin de l’emploi chez Moulinex jusqu’au moment de l’enquête, doit permettre de saisir dans le temps les mécanismes du retour à l’emploi. Une fiche "ménage" a pour but de recueillir des informations sur l’identité des individus mais aussi sur celle des membres qui composent son foyer.

Le second choix réalisé est de faire porter l’étude sur l’ensemble du personnel licencié et non-repris par Seb (soit 2998 individus) et d’interroger environ un tiers de cette population. Les coordonnées des anciens salariés ont été transmises par la Mission Interministérielle de Revitalisation Économique créée le 1er novembre 2001 et chargée de coordonner le travail des cinq cellules de reclassement135. Ce fichier

nominatif contenait également des renseignements sur la population dont plusieurs

135. Les cellules de reclassement ont été pilotées par cinq cabinets de consultants : - IGS (Cormelles-le-Royal),

- Nicolle/ 2 F carrière (Saint-Lô), - Lorenzi Conseil (Bayeux), - Garon-Bonvalot (Falaise), - BPI (Alençon).

En janvier 2003, les trois cellules du Calvados ont été regroupées en une seule à Cormelles-le-Royal avec deux permanences par semaine sur chacun des autres sites (Bayeux et Falaise).

Les fondements de l’analyse 80 ont été retenus pour le contrôle de biais statistiques connus dans ce genre d’en- quête. En effet, les femmes acceptent plus souvent de participer aux enquêtes que les hommes, les plus diplômés y sont également plus enclins. Aussi, quatre variables ont été retenues : le sexe (Homme / Femme), le site de reclassement (Alençon / Bayeux / Cormelles / Falaise / Saint-Lô), la qualification (Niveaux IV, V et VI / Niveaux I, II et III) et la situation actuelle (Concerné par des mesures d’âge / Non concerné par des mesures d’âge). Ces variables m’ont servi à stratifier la po- pulation en 40 groupes, pour redresser les biais d’échantillonnage. A partir de cette stratification, un échantillon a été constitué en tirant au hasard une personne sur trois (voir Annexe méthodologique). Cette proportion est apparue comme un bon compromis entre l’exigence de représentativité et les contraintes imposées par une enquête fondée sur le volontariat des répondants. Afin de se conformer à la loi du 17 juillet 1978, une demande d’autorisation a été soumise auprès de la Commis- sion nationale informatique et libertés (CNIL). L’accord fourni par la commission a fait l’objet d’une annonce légale publiée dans un journal local : Liberté, le bon- homme libre du vendredi 27 juin 2003. Une lettre-avis a été adressée à l’ensemble des licenciés non-repris par Seb afin d’informer les personnes de leur droit de ne pas participer à l’enquête. 212 lettres de refus ont été communiquées à la MIRE. Le souhait de ne pas participer à l’enquête, qui a été exprimé dans ces courriers ou bien lors des contacts téléphoniques, a bien sûr modifié la base de sondage sur laquelle a été tiré l’échantillon. Aussi pour chacune des quarante strates identifiées, un coefficient de pondération a été appliqué aux données afin que les réponses four- nies par les personnes de l’échantillon soient représentatives de celles qu’aurait pu fournir la population-mère. Ce coefficient a été constitué par le rapport entre les effectifs de la population générale et ceux de l’échantillon. Les tableaux contiennent des pourcentages présentés sous forme pondérée tandis que les effectifs sont bruts. Le but d’un tel choix méthodologique (conserver les effectifs bruts) est de conserver une base de référence avec les données de l’échantillon.

Au final, 830 individus ont été interrogés à leur domicile par un enquêteur qui avait pris contact préalablement par téléphone. Une équipe de 39 enquêteurs a été recrutée, formée et encadrée par mes soins. J’ai d’ailleurs été moi-même enquêtrice. Le taux de refus ferme lors des contacts téléphoniques est très variable selon les sites et les types de population. Les motifs de la non-participation à l’enquête sont de plusieurs ordres (détresse psychologique, manque de disponibilité, le désir de tourner la page, confusion entre le travail des enquêteurs et celui des conseillers emploi. . . ). La difficile accessibilité des personnes inscrites sur liste rouge a pu être surmontée

Les fondements de l’analyse 81 ponctuellement par la pratique du porte à porte, à Alençon et Caen notamment. L’accueil fait aux enquêteurs par les participants à l’enquête a généralement été très bon. Fréquemment, les répondants ont manifesté le souhait de pouvoir accéder aux résultats de l’enquête. Un résumé de quatre pages a d’ailleurs été envoyé à l’ensemble des 830 répondants. Le taux de non-réponse aux questions est assez faible, peu de questions ont posé des problèmes de compréhension. A ce niveau, la présence d’un enquêteur formé et sensibilisé a joué un grand rôle (Voir Annexe méthodologique).

Le troisième choix retenu a été de diversifier les sources dans lesquelles puiser l’information. Les résultats obtenus par le traitement statistique des réponses four- nies par les enquêtés, ne constituent pas les seules données récoltées. Les entretiens menés lors de la phase de préenquête, ainsi que ceux qui ont été réalisés de manière approfondie plusieurs mois après la collecte des questionnaires, ont été également mobilisés. Avec l’accord des personnes interrogées, des enregistrements sur support