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ELARGISSEMENT DES CAPACITES D’ACCUMULATION DE L’ECONOMIE NATIONALE

SPECIFICITE DU ROLE ECONOMIQUE DE L'ETAT

SECTION 1. LE SECTEUR PUBLIC, SEULE ALTERNATIVE POUR LE DEVELOPPEMENT

1.3. TACTIQUE: LES UNITES ECONOMIQUES ET SOCIALES,

1.3.1. ELARGISSEMENT DES CAPACITES D’ACCUMULATION DE L’ECONOMIE NATIONALE

Il est vrai que la politique volontariste, au lendemain de l’indépendance, est apparue comme un remède pour la modernisation de l’économie algérienne. L’Etat a redéfini de nouveaux instruments d’action économique. En 1967, il s’est engagé à faire face à une période de crise économique et sociale et n’est pas resté inactif, de même qu’il a préféré des relations de fonctions entre lui et l’économie pour développer de nouvelles démarches politico-économiques par le biais du

«volontarisme révolutionnaire» et en intégrant tous les secteurs stratégiques dans le système étatique.

A la fin des années 1960, il apparaît déjà qu’une modernisation est nécessaire. Celle-ci est d’ailleurs entièrement entamée dans le domaine des investissements tous azimuts grâce à une forte croissance économique dans le secteur des hydrocarbures notamment. Par ailleurs, ce secteur stratégique joue le rôle d’équilibre de l’économie nationale, du moment qu’il dégage le surplus nécessaire à l’élargissement des capacités d’accumulation de toutes les activités économiques du pays.

La Charte Nationale stipule que la mise en valeur des richesses minérales, avec la priorité donnée aux hydrocarbures fait partie des moyens nécessaires pour le développement économique. L’Algérie s’est engagée de manière évidente dans un projet de développement de grande envergure. Une profonde organisation de l’appareil de production a ainsi été menée notamment dans les «industries de base» qui peuvent assurer les inputs de toutes les activités économiques et assurer un bon fonctionnement des secteurs stratégiques grâce à l’accumulation productive et financière qu’ils dégagent.

En résumé, la stratégie algérienne de développement définie et conduite par l’ensemble des structures étatiques est avant tout une stratégie d’industrialisation. Celle-ci est la seule à même de permettre une accumulation croissante et continue par la mise en valeur des ressources minières, par la création d’un marché intérieur et par une exportation compétitive de produits industriels de plus en plus élaborés (révolution industrielle).1

La stratégie de développement suppose que l’une des conditions maîtresses pour assurer sa réussite est que l’Etat en soit le maître d’œuvre volontariste pour qu’elle puisse avoir un élan fort et efficace. Cette politique volontariste a

1

M. Ecrement, Indépendance politique et libération économique, un quart de siècle du développement de l’Algérie 1962-1985, Editions PUF. Grenoble, p. 46.

développé une stratégie économique basée uniquement sur le redéploiement du secteur public « étatique » et cela dans toutes les branches économiques.1

L’économie algérienne réussit entre 1967 et 1969 à retrouver son niveau d’activité initial et à amorcer un processus de reprise des investissements dans le cadre du premier plan triennal de développement et ce, suite à la croissance de l’investissement public dont le taux passe de 18% à 51% de la PIB entre 1967 et 1978. Ce dernier a pour effet une transformation moyenne des forces productives durant les deux plans quadriennaux de développement. La situation s’est améliorée dans le secteur de l’industrie par l’augmentation de la valeur ajoutée qui a été de l’ordre de 48% en 1979 et est passée au taux de 73%. 2

Finalement, le modèle national de développement mis en œuvre par le pouvoir politique depuis le plan triennal 67-69 a contribué à la constitution d’un effort d’adaptation des structures socio étatiques qui ont participé à une forte accumulation du capital fixe dans les différents secteurs économiques.

Le taux d’investissement brut s’est élevé depuis 1970. Il dépasse en moyenne 35% et atteint 46% en 1978-1979, tandis que l’industrie de base reste dominante du point de vue des investissements: 88% en 1967-1969, 86% en 1970, 73%, 88% en 1974-1977 et 78% en 1978-1979. En pratique, cinq branches (la sidérurgie, les hydrocarbures, les matériaux de construction, la construction mécanique et l’équipement électrique et électronique) représentées par cinq sociétés nationales réalisent le gros de l’investissement industriel public.3

Quant à l’extension rapide et nominale du secteur étatique, elle tire profit des moyens financiers disponibles. H. Benissad affirme que l’établissement de l’économie a également cherché la mobilisation de la centralisation du surplus au niveau de l’Etat. En pratique, la source principale d’accumulation du capital est le

1

Idem, p. 46. 2

S.P. Thierry, La crise du système productif algérien, Editions IREP Grenoble 1982, p. 158. 3

H. Benissad, Economie du développement de l’Algérie, sous développement et socialisme, Editions OPU, Alger 1979, p. 23.

secteur des hydrocarbures. Pour B. Abdessalem «gaz et pétrole sont des moyens d’obtenir de l’argent, d’accumuler des fonds pour notre développement, de sauter des étapes que d’autres pays sont obligés de subir ». 1

A vrai dire, le processus d’accumulation de la richesse, produit du savoir et des techniques, n’a débuté qu’avec la valorisation et la mise en valeur du secteur des hydrocarbures. L’Etat apparaît comme l’architecte de ce processus en assurant un effet de complémentarité entre les différents secteurs et branches économiques. Dans les conditions structurelles et conjoncturelles de l’économie des années 60 et du début des années 70, le processus d’accumulation et d’accroissement de la richesse ne pouvait être assuré que par le «dirigisme étatique».

Le passage de l’accumulation à l’investissement (mouvement important pour l’histoire de l’économie algérienne et de son décollage) pour atteindre ce que le politique et l’économie ont déterminé, a été fait sur le dos de l’Etat qui a exercé une pression avantageuse pour tout le système productif algérien. L’Etat produit l’espace de la production, la répartition des ressources, et c’est l’Etat qui contrôle et régule tous les flux de l’économie nationale.

La description de l’action propre de l’Etat algérien, en tant que système économique, n’est pas effectuée pour découvrir le fondement de l’Etat, mais pour décrire, par contre, son rôle économique dans la création des pôles de développement synergique (investissement matériel) en tant que structure nécessaire au développement économique et social.