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E / LA RAISON D’HYGIENE & DE SALUBRITE

2.3/ LES ACTES MARQUES

2.4. E / LA RAISON D’HYGIENE & DE SALUBRITE

Dans l’acte d’acquisition des bien sur le roche (1859)

Une des raisons maitresses qui avaient permis à l’action municipale de Constantine de procéder aux changements à différents niveaux, fut la raison « d’hygiène », qui sera la même cause qui permettra au Baron Haussmann d’intervenir sur la ville de Paris, fidèle en cela au discours des urbanistes du 19éme siècle ; « nous dirons une vision prémonitoire ». Il a été

donc procédé à des améliorations aux niveaux des quartiers, par la restauration de quelques fontaines publiques et la réparation des égouts d’assainissement, élargissement de ruelles, réfection d’escaliers, etc.

Cette stratégie se trouvait renforcée par la disposition de la loi du 13 avril 1850 sur le logement insalubre instauré en métropole, que le prince Napoléon III, alors ministre de l’Algérie et des colonies, décida d’appliquer aux villes d’Algérie dès 1859.

La municipalité de Constantine, consciente de l’enjeu qui se dessinait, va donc se doter d’une « quantité de possibilités d’intervenir dans différents aspects de la vie quotidienne […] et donc de légiférer en matière d’urbanisme, de marquer son autorité sur l’aménagement des places et des rues »1. L’ensemble de ces actions de transformations, avaient été reconnus

d’utilité publique, et avait facilité l’acquisition des terrains nécessaires à la ville au moment où la réserve foncière sur le rocher était largement consommée, ce qui avait exercé une pression sur les biens immobiliers qui devenaient l’enjeu de cette population Européenne en quête de stabilité et de fortune.

2.5 / L’HORLOGE & LE KIOSQUE A MUSIQUE

Une symbolique de l’urbanisme colonial français en Algérie (Fig. 38)

2.5.1 / L’HORLOGE

La construction d’une nouvelle identité française, s’est accompagnée d’importantes actions portées sur l’espace urbain, introduisant « un mode spécifique de présence au centre en modifiant la forme urbaine en favorisant une activité (d’inclination) profane au centre- ville où se condense les déterminations majeures de l’échange social»2.

Dans cette réflexion majeure, nous voulons porter un intérêt particulier, non pas sur les actions telles que les transformations radicales et les destructions, comme ça était signalé le long de notre travail, mais sur des éléments symboliques comme l’horloge et le kiosque à musique, l’intérêt étant fondamentale dans l’acte de « triompher, régner et fonder »3. Geste

crucial pour marquer le passage au « temps » occidental et l’avènement d’un ordre social nouveau qui vient se substituer à l’ancien, « La ville européenne installe un nouvel ordre

1 Heers, Jacques, Espaces publics, espaces privés dans la ville, Paris, éd. du CNRS, (1984), p, 84.

2 Carlier, Omar, « Le café maure, sociabilité masculine et effervescence citoyenne (Algérie XVII-XX siècles) », Annales E.S.C n°4, juillet-aout 1990, pp, 975-1003.

3 Dumézul, George, Temps et mythes, recherche philosophique, V (cité par Le Goff Jacques, 1999, un moyen âge,

147 urbain où les espaces publics organisés autour de places servent aux parades militaires, mais aussi à l’exercice de la sociabilité coloniale (marché, mairie, église, café, kiosque, et promenade, etc. »1.

La représentation du « temps » dans la société indigène précoloniale, est celle élaborée par la mosquée, chargée par sa culture (fixant les fêtes et les cérémonies), une sorte de maître de « la mesure du temps ». Constituant les repères de la vie sociale et économique, mais surtout par ce qu'elle est « l’indicateur » du temps fortement marqué et rythmé par les appels du (Mouadhine) à la prière. L’introduction de l’horloge dans ce monde peut être prise comme signe, opposé ou rival de la diffusion du temps fondé sur la représentation occidentale2 , mais

surtout à la constitution de nouveaux rapports sociaux ; « cet instrument symbolique de mesure du temps, a pour effet une mutation dans la mentalité collective, fixant de nouveaux repères dans la société colonisée »3.

Dans notre étude sur la transformation de la mosquée de la place du palais (Mosquée du Souk El Ghazel) en église, que ce soit les dessins (établis par le service du génie militaire ou par celui des bâtiments publics et de la voirie) ou l’iconographie ; tous montre, la présence de l’horloge sur les quatre faces du nouveau clocher, installée sur l’ancien minaret « de l’ancien minaret qui va être démoli d’ici à quelque mois puisque le service du ministère de la guerre a autorisé la construction d’une cloche sur le porche de l’église pour recevoir le clocher et l’horloge installée dans ledit minaret »4 . Un geste puissant dans un espace à forte empreinte politique (la place du palais), où se retrouvent trois ordres de la nouvelle autorité : militaires, civils et religieux.

De la même façon, à Alger le minaret de la mosquée de la ville « Djemaa El-Kebir » édifié au XIVème siècle, a été modifié avec l’ajout d’une « horloge » et ses abords ayant subi aussi

importantes modifications (alignements et rectifications), pour ériger un portique5.

Cette courte analyse fondée sur l’interprétation de quelques illustrations (iconographiques & dessins), pourrait être généralisée à d’autres espaces et bâtiments publics6, sur toute la

période qui a marqué cette présence française en Algérie.

1 Picard, Alèthe, « La colonie, la méditerranée et la ville », actes du colloque de Montpellier du 18-19-20 novembre 1993, « Identité de la ville méditerranéenne », EALR Montpellier, Edition de l’Espérou, (1995), pp. 173-183. 2 Aussi, liée à l’apparition d’une technologie et la mise en place d’un nouveau mode d’organisation du travail. 3 Il est à noter, qu’une des premières horloges installées, fut celle posée sur le minaret de la mosquée de la

Pêcherie en 1852 (Alger), à l’image des églises et mairies accueillant des horloges sur leurs façades.

4 Rapport de l’architecte en chef sur le projet de restauration et d’alignement de l’église actuelle installée dans une

ancienne mosquée, aux indications des dispositions à adapter pour les dégagements des forces principales et particulières ; étudiées conformément aux alignements faciliteraient la communication entre la chaussée autour de la place et dessus adjacente. (CAOM), GGA, 2N51.

5 Duthoit, Edmond, (1873). « Rapport sur une mission scientifique en Algérie », Arch, miss.sc. litt. 3e série, t.1 :

305 ; Cf.AN, instruction publique, F17 2958 B : « Duthoit Edmond, architecte : mission en Algérie à l’effet de visiter et dessiner les monuments arabes, 1872 ».

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Fig. 38 (a). Offre de Service « Fabrication d’Horloge »

Source CAOM F/80/1288 & 2N76.

Fig. 38 (b). Le Kiosque à musique de la place du Palais,

(Avec l’Horloge sur l’Eglise à coté-« Ex-mosquée Souk El Ghezel »), Constantine. Le photographe M.Mélix éditeurs à Alger.

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