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2.5 Profil cognitif général des personnes avec un trouble schizophrénique

2.5.2 Dynamique du profil intellectuel

La différence QIV versus QIP, en faveur du QIV a suscité beaucoup d’études dans le but de trouver un profil spécifique des patients schizophrènes adultes au bilan neuropsychologique. Cette différence QIV / QIP chez les patients schizophrènes est retrouvée par différents auteurs dans des études plus anciennes (Cullari, 1985; Loro et Woodward, 1976; Maloney, De Young, et Majovsky, 1975; Pernicano, 1986; Purcell, Lewine, Caudle, et Price, 1998).

Cependant, les études menées avec une population d’adolescents avec un trouble schizophrénique montrent qu’ils présenteraient des performances significativement plus faibles aussi bien au QI verbal et qu’au QI de performance (évalués par le WISC-III) comparés à un groupe contrôle (Fagerlund, Pagsberg, et Hemmingsen, 2006). La méta- analyse de Woodberry, et al. (2009) citée plus haut, insiste que face à l’hétérogénéité des

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résultats présentés par les études analysées, on ne peut retenir aucune spécificité du profil des patients schizophrènes en termes de différence QIV/QIP.

L’analyse du profil intellectuel des patients schizophrènes à partir des 4 grandes domaines cognitifs : de compréhension verbale (ICV), de raisonnement perceptif (IRP), de mémoire de travail (IMT) et de vitesse de traitement (IVT), montre que la préservation de l’ICV contraste avec la réduction du fonctionnement indicé par l’IMT et l’IRP et IVT. Le score de l’IVT présente la plus grande réduction, comparé au groupe contrôle (Dickinson, Iannone, et Gold, 2002; Dickinson, Iannone, Wilk, et Gold, 2004; Michel et al., 2013; Nestor et al., 2010; Nuechterlein et al., 2004).

Le subtest « code » est le subtest de plus déficitaire chez les jeunes patients adultes. Ce résultat a été montré par Townsend, Malla, et Norman, (2001) chez 107 jeunes adultes schizophrènes (âge moyen 25 ans) après le premier épisode psychotique. Ce subtest présentait la taille de l’effet la plus grande à l’échelle WAIS dans la meta-analyse de Dickinson, Ramsey, et Gold. (2007). Le subtest « code » fait appel à plusieurs fonctions cognitives : la vitesse du traitement, la perception visuelle et la coordination visuo-motrice, la flexibilité cognitive, l’attention et la motivation.

Niendam et al. (2003), dans une étude prospective du « National Collaborative Perinatal Project », ont recherché le profil cognitif d’enfants âgés de 7 ans, ayant développé des troubles schizophréniques ultérieurement, en utilisant 7 subtests du WISC- III : « cubes », « complètement d’images », « mémoire de chiffres », « symboles », « vocabulaire », « compréhension » et « information ». Les résultats montrent que les enfants ayant développé des troubles schizophréniques ultérieurement, sont significativement moins performants que les enfants avec un développement typique, aux subtests « arrangement d’images », « vocabulaire » et « code ». La note standard moyenne

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obtenue au subtest « code » est significativement plus faible que celles obtenues aux subtests « vocabulaire » et « arrangement d’images ». Le score du subtest « code » est aussi retrouvé comme étant le plus faible dans l’étude de Sørensen, Mortensen, Parnas, et Mednick (2006). Le subtest « arrangement d’images » fait appel à la perception sociale et aux capacités de la concentration. Le test de vocabulaire permet d’évaluer les connaissances du lexique et la formation de concepts verbaux, qui constituent une base des connaissances ; la capacité d’apprendre, et le niveau de développement du langage. C’est une mesure qui est relativement stable dans le temps et dépend des apprentissages antérieurs et du niveau de scolarité.

McClellan et al. (2004) examinent l’existence d’une spécificité du profil au WISC- III (et à d’autres tâches : WCST, les fluences) entre les patients avec un début précoce (entre 13 et 14 ans) de trouble schizophrénique, bipolaire et schizophrénique non spécifié. Les jeunes patients schizophrènes (âge moyen 15 ans) manifestent une baisse de performances cognitives qui va de 0.8 à 2.00 d’écart-type par rapport aux normes (QI = 100, E-T, 15) avec les écarts le plus forts pour les épreuves « arrangement d’images », « compréhension » et « codes ». Le QIV présente un écart de -1.4, le QIP de -1.5, le QI- Total de -1.6 par rapport à la norme standard au WISC-III. Cependant, ce profil ainsi que l’ampleur des écarts par rapport aux normes étaient similaires entre les adolescents quel que soit leur diagnostic.

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Figure 1. La figure issue de l’article de Townsend, Malla, et Norman, (2001) illustre bien le profil cognitif des patients lors d’un premier épisode schizophrénique. « Digit Symbol Coding » correspond au subtest « code ».

2.5.3 Liens avec la symptomatologie

Les symptômes négatifs ont été positivement associés aux déficits (ex. une symptomatologie plus sévère est liée aux déficits plus sévères) à la mémoire verbale et visuelle, la vitesse de traitement et aux fonctions exécutives (Dibben, Rice, Laws, et McKenna, 2009; Dominguez, Viechtbauer, Simons, van Os, et Krabbendam, 2009). Chez les enfants et les adolescents avec un trouble schizophrénique, les symptômes négatifs seraient aussi un facteur majeur influençant la baisse des fonctions cognitives (Cao et al., 2015).

Les symptômes de désorganisation ont été associés à des déficits d’inhibition et d’attention sélective, un plus faible QI Verbal, des difficultés de conceptualisation et d’attention auditive ( Dibben et al., 2009; Dominguez et al., 2009) ;

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2.6

Profil cognitif général des enfants avec un TSA

2.6.1 Profil cognitif des enfants avec un autisme de haut niveau

Chez les enfants avec un AHN, les résultats, concernant les 4 indices au WISC-IV, montrent une augmentation des performances pour l’indice de raisonnement perceptif (Nader, Courchesne, Dawson, et Soulières, 2014 ; Wechsler, 2005) par rapport aux indices de compréhension verbale, de mémoire de travail et de vitesse de traitement.

Concernant l’indice de raisonnement perceptif, Mayes et Calhoun (2008) en administrant le WISC-IV à 54 enfants avec un AHN (avec un QI Total ≥ 70) ont mis en évidence des pics de performance au subtest « matrices » comparés aux autres indices de raisonnement perceptif suivi du subtest « identification de concept ». Selon ces auteurs, les meilleurs scores retrouvés dans ces deux subtests (i.e., subtests « matrices » et « identification de concept ») sont cohérents puisqu’ils font appel aux capacités visuo- perceptives qui constituent leur « force cognitive » (Mayes et Calhoun, 2003). Ces subtests ne font pas appel au langage et seraient donc mieux réussis par les AHN (Goldstein, Johnson, et Minshew, 2001; Mayes et Calhoun, 2003). Nader et al. (2014) mettent en évidence des meilleurs scores à l’IRP comparés aux ICV, IVT, IMT et QIT, ils ne comparent pas les scores des subtests en fonction des 4 indices. Ces subtests seraient plus typiques du fonctionnement cognitif des personnes avec un trouble autistique puisque le langage, l’expérience et les capacités visuo-motrices n’interviennent pas (Nader, Courchesne, Dawson, et Soulières, 2014).

Au niveau de l’indice de compréhension verbale, Mayes et Calhoun (2008) montrent que cet indice ne diffère pas significativement de l’IRP comme on aurait pu l’attendre chez les enfants avec un AHN. Cependant, au sein de l’ICV, les enfants avec un

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AHN obtiennent des scores plus faibles au subtest « compréhension » par rapport aux scores des subtests « similitudes » et « vocabulaire ». Ces résultats refléterait la difficulté de la compréhension langagière et du raisonnement social, caractéristiques des enfants AHN (Mayes et Calhoun, 2008).

Concernant l’indice de mémoire de travail et l’indice de vitesse de traitement, Mayes et Calhoun (2008) montrent que ces indices seraient les plus faibles chez les enfants et les adolescents avec un AHN et que tous les subtests au sein de ces indices seraient inférieurs à la norme (Mayes et Calhoun, 2008). Cependant, ces résultats ne sont pas retrouvés par Nader et al. (2014).

2.6.2 Comparaison du profil cognitif des enfants avec un syndrome d’Asperger comparés aux enfants avec un trouble autistique de haut niveau

Le WISC-IV a été administré à 27 enfants, âgés entre 9 et 15 ans, avec un syndrome d’Asperger (selon DSM-IV-TR). Les résultats obtenus chez les enfants avec un SA (QI total ≥ 70), montrent un indice de vitesse de traitement significativement inférieur à celui du groupe contrôle (Wechsler, 2005).

Contrairement aux autistes de haut niveau, Ghaziuddin et Mountain-Kimchi (2004) ont montré que l’indice de compréhension verbale était significativement supérieur à l’indice de raisonnement perceptif chez les enfants atteints du syndrome d’Asperger. De plus, les adolescents avec un SA présentaient des scores supérieurs aux subtests « information » et « vocabulaire » comparés aux adolescents avec un AHN. Ces profils sont toutefois à prendre avec précaution car 82 % des adolescents avec un SA présentaient

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un ICV supérieur à celui de l’IRP (dont 55% d’entre eux obtenaient un écart supérieur à 10 points entre les deux indices) et 50 % des adolescents avec un AHN présentaient le même profil que les adolescents avec un SA (i.e. un ICV significativement supérieur à l’IRP). De même qu’Ozonoff, South, et Miller. (2000) observent que 50 % des adolescents avec un SA et 35 % des adolescents avec un AHN présentent un ICV significativement supérieur à l’IRP et 8% des adolescents avec un SA et 17 % des adolescents avec un AHN démontrent le profil inverse (Ozonoff, South, et Miller, 2000). Cette « force cognitive » verbale rencontrée chez les adolescents avec un SA serait en lien avec leur absence de retard de langage et de bons scores obtenus aux subtests « information » et « vocabulaire ».

Selon Miller et Ozonoff (2000), les profils neuropsychologiques sont qualitativement similaires entre l’AHN et le SA. Le syndrome d’Asperger serait une forme moins sévère des TSA comparé à l’autisme de haut niveau.

Comme le démontrent Ghaziuddin et Mountain-Kimchi (2004), les divergences des résultats s’expliquent par l’utilisation de critères diagnostiques d’inclusion souvent différents d’une étude à l’autre. Par exemple, Szatmari et al. (1990) utilisaient comme critères diagnostiques d’inclusion une version adaptée de ceux de Lorna Wing (1981)1, et

certains auteurs ne prenaient pas en compte les retards de développement du langage (Ozonoff, Rogers, et Pennington, 1991).

1 Les critères diagnostiques utilisés par (Szatmari et al., 1990) adaptés de Wing (1981) sont : (1)

comportement isolé; (2) troubles dans les interactions sociales ; (3) un discours bizarre, trouble dans la communication non verbale, ou des préoccupations bizarres ; et (4) apparition des troubles avant l’âge de 6 ans.

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2.7

Etudes de comparaison directe du profil cognitif entre les personnes

présentant un trouble schizophrénique et les personnes avec un

trouble autistique

Dans une étude exploratoire, Bölte, Rudolf, et Poustka (2002) se sont intéressés à la comparaison directe des caractéristiques cognitives dans les troubles autistiques et schizophréniques illustrées par les échelles de Wechsler pour adultes (WAIS-R) et pour enfants (WISC-R). Les auteurs interrogent la possibilité d’établir un profil intellectuel différentiel entre les personnes avec un AHN et les personnes schizophrènes afin de contribuer au diagnostic différentiel entre les deux catégories.

Les participants avec un trouble autistique (n = 20) et les personnes schizophrènes (n = 20), âgés entre 14 et 21 ans, étaient appariés deux à deux en fonction de l’âge, du genre et du QI T (entre 44 et 121). Les résultats montrent que le profil qualitatif des personnes avec un AHN se caractérise par des performances dans la norme aux subtests « assemblage d’objets », « similitudes », et « information » et des scores déficitaires (inférieures à 2 écarts-types de la norme) aux subtests « complètement d’images », « symboles » et « compréhension ». Il est à noter que les scores des autres subtests analysés sont dans les limites inférieures de la norme. Le profil des participants schizophrènes se caractérise par des scores dans la norme aux subtests « assemblage d’objets » et « mémoire de chiffres » et par des scores déficitaires (inférieures à 2 écarts- types de la norme) aux subtests « complètement d’images » et « symboles ». Les scores aux 11 subtests analysés ne diffèrent pas statistiquement entre les groupes. Cependant, les écarts les plus importants aux subtests entre les groupes AHN et schizophrènes apparaissent pour les scores aux subtests « similitudes » (dans les normes pour les AHN et

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déficitaire pour les schizophrènes) et « compréhension » (dans les normes pour les schizophrènes et déficitaire pour les AHN). Une analyse discriminante montre que les scores de ces 2 subtests contribuent à prédire le diagnostic respectif à plus de 75 %.

Le subtest « similitudes » mesure les capacités de raisonnement verbal, les compétences conceptuelles et la faculté de distinguer entre les éléments essentiels et ceux qui ne le sont pas. Ces compétences pourraient être particulièrement altérées chez les patients schizophrènes et préservées dans le groupe des personnes avec un AHN. En revanche, le subtest « compréhension », qui mesure la compréhension des situations sociales et des conventions sociales, la capacité à utiliser les expériences antérieures, ainsi que la maturation du « sens commun », serait plus spécifiquement altéré chez les AHN par rapport aux personnes schizophrènes (Bölte et al., 2002). Cependant, les auteurs reconnaissent que leurs participants ne sont pas représentatifs des personnes autistes dans la mesure où 2/3 des personnes du groupe ont un retard mental (QI < 70) et 45% sont des femmes. L’absence d’évaluation de la symptomatologie clinique des patients schizophrènes ne permet pas de caractériser leurs troubles et de les mettre en lien avec le profil cognitif. Synthèse des études en comparaison directe voir tableau n° 8.

L’étude de Goldstein, Minshew, Allen et Seaton (2002) parue la même année que celle de Bolte et al. (2002), soulève la question des similitudes et des différences du point de vue du fonctionnement cognitif entre les personnes autistes de haut niveau (définis par un QI >70) et des personnes schizophrènes. Les auteurs inscrivent leurs interrogations dans une perspective neurodéveloppementale qui instaure une différence claire entre les deux catégories diagnostiques du point de vue clinique et étiologique. Leur objectif est de montrer que des similitudes souvent évoquées dans la littérature entre l’autisme et la schizophrénie, que ce soit de point de vue des symptômes ou des troubles cognitifs, ne

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concernent pas le trouble schizophrénique dans son ensemble, mais un sous-groupe de patients. Ainsi, 34 adultes avec un AHN, ayant un QI > 70 et un retard de l’acquisition du langage (les personnes ayant un SA sont exclues), seront comparés à 80 patients schizophrènes (DSM III-R) selon le profil intellectuel de la WAIS-R et selon les performances au WCST et au TMT. A la base des résultats combinés des tests cognitifs, Goldstein et al. (1994) utilisent une procédure de « clustering » développée par Goldstein (1994) afin de définir 4 sous-types de patients schizophrènes selon leurs profils cognitifs :

- Le cluster 1 comprend des patients schizophrènes avec un trouble cognitif généralisé caractérisé par des scores déficitaires au subtest « symboles » et des scores dans la norme pour le subtest « information ». Les scores des autres subtests de la WAIS-R sont dans la limite inférieure. Le WSCT et le TMT A et B sont déficitaires.

- Le cluster 2 comprend des patients avec un « haut niveau » cognitif caractérisés par des scores dans la norme et de bonnes performances au WCST et les TMT.

- Le cluster 3 comprend des patients avec un déficit cognitif sévère à tous les subtests de la WAIS-R et aux TMT et WCST.

- Le cluster 4 comprend des patients avec un déficit sévère ayant des scores très déficitaires aux tests impliquant les fonctions visuo-motrices contrastant avec des déficits moins sévères aux épreuves conceptuelles.

Les comparaisons entre ces 4 clusters des patients schizophrènes et le groupe des AHN qui ont été menées avec un test de faible puissance statistique (le test des signes), montre que le fonctionnement cognitif des personnes AHN comporte certaines similitudes uniquement avec les patients schizophrènes du cluster 2 (haut fonctionnement cognitif).

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Les personnes avec un AHN et les patients schizophrènes du cluster 2 présentent des scores élevés aux subtests « information » et « cubes » et des scores déficitaires aux subtests « compréhension » et « symboles ». Goldstein et al. (2002) insistent sur le fait le fonctionnement cognitif des deux groupes de « haut niveau » n’est pas complètement typique dans la mesure où les scores du subtest « code » est très en dessous de la norme et que le fonctionnement général reste dans les limites inférieures dans les autres domaines. Les auteurs de cette étude concluent qu’une similitude cognitive entre l’autisme et la schizophrénie pourrait être décrite dans le cas très particulier de patients schizophrènes sans déficits cognitifs sévères. Ce constat ne remet absolument pas en cause l’indépendance catégorielle du diagnostic d’autisme et de schizophrénie mais montre, selon les auteurs, que des troubles cognitifs similaires, par exemple dans le domaine de la compréhension verbale, peuvent résulter de trajectoires développementales très différentes. Par conséquent, Goldstein et al. (2002) avancent que ces troubles pourraient être pris en charge par des méthodes similaires.

Cependant, les auteurs ne présentent pas les caractéristiques psychopathologiques des patients schizophrènes de chaque cluster. De plus, en absence d’un groupe de personnes autistes de faible niveau ou d’un niveau supérieur, par exemple sans retard de langage, l’interprétation de la similitude entre les personnes avec un AHN et les « schizophrènes de haut niveau » est difficile à accepter autrement que par une similitude du QI.

Une étude récente de De Boer, Spek, et Lobbestael, (2014) interroge les points de similitude entre le profil cognitif des personnes adultes ayant un diagnostic de trouble schizophrénique ou d’un trouble du spectre autistique. La problématique de cette étude part du constat des similitudes comportementales entre l’autisme et la schizophrénie, de point

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de vue des symptômes négatifs, de la désorganisation, de l’attention aux détails (Konstantareas et Hewitt, 2001 ; Spek et Wouters, 2010), des troubles de la pensée (Dykens, Volkmar, et Glick, 1991),et de la communication. Elle évoque également des études génétiques montrant des gènes communs entre les deux troubles (Rapoport, Chavez, Greenstein, Addington, et Gogtay, 2009; Tabarés-Seisdedos et Rubenstein, 2009). A la base des similitudes comportementales et génétiques observées entre l’autisme et la schizophrénie, les auteurs font l’hypothèse qu’il existe des similitudes sur le plan cognitif entre les deux troubles.

Trois groupes de personnes adultes, âgés entre 18 et 65 ans ont été constitués : avec un TSA (AHN et SA, n = 114, DSM IV, ADI-R), des adultes schizophrènes (n = 27, de sous-type paranoïde et indifférencié selon DSM IV/SCID) et un groupe contrôle comparable en âge, genre et QIT. Tous les participants ont un QI > 80. Les résultats montrent que les patients schizophrènes ont un IVT significativement inférieur à celui des personnes avec un TSA et du groupe contrôle. Une analyse discriminante montre que l’IVT et l’IRP ensemble contribuent à expliquer la variance des différences entre les groupes à 97 %. La fonction discriminante permet de classer correctement 74 % des patients schizophrènes, mais seulement 23 % des personnes avec un TSA par rapport au groupe contrôle, et 34 % des personnes avec un TSA par rapport aux patients schizophrènes. Chez les patients schizophrènes, le score de l’IVT est négativement corrélé à la symptomatologie négative.

Au regard des résultats présentés par les auteurs, tous les scores aux subtests de la WAIS- III sont dans les normes.

Les patients schizophrènes présentent des scores significativement plus faibles comparés aux scores des personnes TSA aux subtests « complètement d’images » et

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« arrangement d’images » et « code » ainsi qu’un score inférieur au subtest « symboles » comparés au groupe contrôle. Les subtests « compréhension », « code » et « symbole » sont négativement corrélés aux symptômes négatifs et le subtest « vocabulaire » est négativement corrélé aux symptômes positifs, négatifs et désorganisés. L’analyse discriminante montre que 9 subtests contribuent à correctement classer les patients schizophrènes à 77% par rapport aux sujets contrôles mais seulement 53% des personnes autistes et à 53% à différencier les personnes TSA des patients schizophrènes.

Malheureusement, les auteurs n’expliquent pas les différences trouvées entre les personnes du spectre autistique et schizophrénique. Il est intéressant d’observer que le chevauchement entre les symptômes autistiques et la symptomatologie négative convoqué par les auteurs dans leur problématique, ne se traduit pas par les mêmes effets : seuls les schizophrènes présentent une réduction de la VT et ceci d’autant plus que la symptomatologie négative est sévère ; les personnes TSA ne présentent pas de réduction de la vitesse de traitement dans cette étude. Le fait que les patients schizophrènes sont tous sous traitement médicamenteux pourrait contribuer à expliquer la différence de vitesse de traitement par rapport aux personnes autistes et au groupe contrôle. La différence observée pour les subtests « complètement d’images et arrangement d’images » n’est pas expliquée, mais il est mentionné que cela pourrait refléter les difficultés de « cognition sociale » des patients schizophrènes.

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Tableau 8. Synthèse des études qui comparent directement les troubles schizophréniques et les troubles autistiques aux échelles de Wechsler.

Auteurs

Groupes n Age QI T Evaluations

cliniques Tâches Résultats principaux Comparaison directe Bolte et Poutska, 2002 SzP AHN 20 20 16.5 16.5 44- 121 DSM-IV, ADOS, ADI WISC- R ou WAIS- R SzP = AHN à tous les subtests

Points forts AHN : « similitudes » Points forts SzP : « compréhension » Goldstein et al., 2002 Sz ht fct Sz mn fct Sz fble fct Sz déficits moteurs AHN 20 20 20 20 31 40 42 48 42 21 99 88 82 80 99 DSM-IV, ADOS, ADI WAIS- R TMT WCST AHN = Sz ht fct