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UNE EXPLICATION PAR LES GOUVERNANTS OU LES GOUVERNES

2. Dynamique ancienne de participation renouvelée sur « l’empowerment » : Bordas

Contrairement au premier type de définition, où le système institutionnel est en panne d’ethos collectif et ne justifie pas la place des citoyens au gouvernement en démocratie, ce second type de définition fait reposer les enjeux d’une démocratie plus participative sur la prise de pouvoir par la société dans une temporalité précise : la prise de décision.

Cette expérience a été faite par les Athéniens, dans la leçon, à l’assemblée politique de l’Ecclésia.

Dans cette nouvelle reconfiguration théorique, les modalités de prise décision sont ignorées, mais le rôle de la société est revalorisé sur la prise de décision.

Dans notre extrapolation, les attendus de la prise de décision ont été ramenés à la hauteur du défi de « l’empowerment », un terme qui envahit nos habitudes et que nous avons exploité sur trois entrées.

Dans la première entrée, la prise de décision impulsée par le manuel d’histoire, sera interrogée sur la notion d’empowerment. Ce concept anglosaxon malmène la notion de participation et remet en question le domaine politique réservé au gouvernement, selon le point de vue commun aux cinq premiers manuels.

Nous jugerons de la pertinence du concept pour notre définition.

Dans la seconde entrée, nous mettrons en œuvre l’idée d’empowerment qui peut coïncider avec la définition de Bordas sur la conception générative de pouvoir. Nous avons retenu les travaux de C. Mével et de J. Danzelot, sur la dimension forte du pouvoir pris collectivement.

Dans la dernière entrée, le consensus entourant la définition de Bordas n’est pas clair sur la décision. Nous devrons faire part des limites de notre choix notamment sur la dimension radicale, qui entoure la notion d’empowerment au sujet de son ambition de transformation sociale.

a. Clarification du choix d’empowerment

Cette notion, issue du monde anglo-saxon, a été introduite en France par le biais des travaux de Catherine Mével et de Jacques Danzelot, sociologues étudiant « la politique participative sociale et urbaine conduite aux Etats-Unis »137.

Cette notion d’empowerment renvoie au pouvoir (power) et implique l’idée que la sphère politique fait coïncider l’unité politique avec la société, à l’image de la formule suggestive de Bordas « peuple décide ».

Nous sommes face à une évidence de l’actualité portant sur la volonté de la société de s’inscrire dans le circuit de la décision pour le traitement des problèmes qui touchent la collectivité.

En tentant un saut dans le contexte français, cette conception du pouvoir génère une forme de rapprochement de la société avec la sphère publique en démocratie avec une forte détermination à la clé, pour assumer sa responsabilité dans la gestion de ses affaires

Fort justement, cette démarche bouscule notre premier prototype dont la mise en ordre par la souveraineté, fait des citoyens, à la fois, les héritiers et les tutélaires d’un pouvoir qu’ils tiennent pour acquis, et dont ils assurent le maintien du côté de l’institution.

Dans une définition moderne, nous pensons que l’idée d’empowerment crée une rupture avec la tradition souverainiste française avec l’introduction d’une action collective qui crée du sens dans la participation aux affaires de la collectivité sur une préoccupation d’actualité : la question du partage du pouvoir dans le domaine public.

Dans cette invitation à l’empowerment, le peuple de Bordas relève d’une problématique d’un gouvernement et d’un espace de médiation, la sphère publique. Dans les attentes participatives, le peuple de Bordas est en capacité de peser collectivement sur les moments décisifs.

Dans cette tentative de redéfinition, la participation est tributaire de l’énergie déployée par la société et sur sa capacité à se donner du pouvoir face à l’institution.

Dans ce mode d’interprétation, le peuple de Bordas construit son pouvoir de contre- rôle vis-à-vis du gouvernement, et ce, malgré l’indétermination des conditions de production de la prise de décision.

b. La société dans le circuit des décisions publiques

Les enjeux de la situation sont inscrits dans cette variable essentielle « la décision ». Ce type d’action dessine les contours d’un type de société dont le principe désirable est établi sur la participation du peuple aux décisions qui le concernent.

Les auteurs du manuel Bordas ont privilégié une approche participative de la démocratie, faisant surgir la société dans une dimension significative de la vie : la politique. Il ne saurait s’agir d’une véritable comparaison historique avec la politique athénienne que Cornelius Castoriadis associe à un domaine « où les hommes luttent pour parvenir à la reconnaissance, […] en accomplissant de grandes choses en actes et en paroles ».138

Dans l’allure générale du champ politique, l’idée d’empowerment dessine des opportunités pour la société, mobilisée en un acteur collectif « le peuple ».

Plus que l’autre forme de théorie, le peuple de Bordas participe à la définition de la politique, sous réserve que « les décisions contraignantes sont prises après débat et discussion, et finalement par un vote. » 139du point de vue de Moses L. Finley.

138 L’auteur insistera sur la radicalité de la politique et de la prise de décision comme l’affirmation de la communauté politique

in Cornelius CASTORIADIS « la cité et les lois » - Ce qui fait la Grèce, 2-Séminaires 1983-1984 Editions du Seuil – Paris avril 2008 en page 80.

139 In FINLEY Moses L. « L’invention de la politique », Démocratie et Politique en Grèce et dans la Rome républicaine -trad. De

c. La décision, une ambition inachevée

Dans notre hypothèse de travail, l’idée d’empowerment invite tous les publics concernés à participer à la discussion et à prendre en commun la décision politique, cette démarche nous situant dans la veine philosophique grecque.

D’un point de vue moderne, l’esprit d’empowerment donne plus de sens à ce que les citoyens expriment puisque la définition de l’intérêt général est construite sur les initiatives de la société. On peut comprendre que la décision appartient à un répertoire symbolique d’action pour appréhender les questions d’autonomie et de responsabilité dans la dimension réalisante de la prise de décision.

Revenons plus spécifiquement à Bordas, et au problème de la prise de décision, échappant à la rencontre entre gouvernants et gouvernés.

Dans la réalité, une telle tâche ne se réalise que si le gouvernement organise ses modalités de production.

Nous avons été attentifs aux limites d’efficacité du schème d’intelligibilité suggéré par Bordas, à partir du « peuple décide », une première fois sur la pertinence de la notion de décision, avatar théorique de pouvoir et maintenant sur sa portée difficilement mesurable dans notre réflexion sur la participation.

Quoi qu’il en soit, Bordas rapproche la société du pouvoir de décision dans sa théorie, et par cette voie, enrichit l’actualité sur la question de l’implication des citoyens dans le circuit de la décision.

En conclusion, à l’échelle des définitions, l’orientation théorique privilégie une participation pensée comme une forme démocratique à l’intérieur même du gouvernement. Cette interprétation amplifie le pouvoir des acteurs institutionnels placés dans des conditions consensuelles et égalitaires qui les amènent soit à participer au pouvoir (Hachette, Hatier) soit à ne pas participer du tout (Belin, Magnard, Nathan) ou encore à intervenir sur un moment précis (Bordas)

Cette approche conditionne ce que nous sommes susceptibles de voir, et les définitions indiquent uniquement les directions dans lesquelles l’explication doit s’engager.

Les résultats s’accompagnent de plusieurs interrogations sur les caractéristiques ou les principes attendus en matière de démocratie touchant la manière de faire intervenir les

citoyens collectivement, si tentés que nous sommes d’y voir une caractéristique de la démocratie.

Globalement en dépit de la menace d’un pouvoir fort, les situations politiques se caractérisent surtout, par la perte de la possibilité d’imposer.

Au regard des tentatives définitoires, les efforts consentis pour spécifier les contours de la démocratie repose sur une approche fonctionnelle dichotomique : la position -clé dominante relève d’une activité administrative au niveau du gouvernement, la position secondaire relève d’une activité politique au niveau de la société.

Dans l’idéal, leur association pourrait nous offrir le dessein clarifié d’un mode de vie en démocratie. Définitivement, la contribution théorique sur les deux terrains séparés n’est pas satisfaite pour comprendre la relation entre le citoyen et la démocratie.

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