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Données épigraphiques en Asie du Sud-Est

1.2.1 « Bouddhisme » et « animisme »

2.1.1 Données épigraphiques en Asie du Sud-Est

La coutume de dédier les mérites, en particulier aux membres défunts de sa famille, apparaît très tôt dans l’épigraphie indochinoise, aussi bien brahmanique que bouddhique. Le plus ancien témoignage à cet égard pourrait être l’inscription sur stèle du Văt Lwaṅ Kao (K 365), située dans la région du Vat Phu à l’extrême-Sud du Laos, qui remonterait à la

deuxième moitié du Ve siècle, c’est-à-dire à la période pré-angkorienne (Cœdès 1956:212).

Rédigée en sanskrit, elle relate la tenue d’une « cérémonie méritoire » (kuśalaviddhi) organisée par un souverain au cours de laquelle il formula le vœu de « faire passer [par l’effet des mérites] tous les êtres hors de l’océan sans rivage de la transmigration » (apārasaṃsārasāgarāt taraṇāya sarvvasatvan uddiśya). Immédiatement postérieure, une

inscription de Bhavavarman II (561 śaka = 639 A.D.) indique c’est « pour la délivrance de ses

parents » (pītāmātror vvimuktaye) qu’un donateur fit ériger une statue (Cœdès 1904:695-696).

L’inscription sur stèle de Văt Prei Val (K 49, 664 A.D.), l’une des traces les plus anciennes de

l’existence du bouddhisme au Cambodge et même dans la péninsule, mentionne aussi

l’acquisition de mérites par des ascendants du donateur d’une fondation pieuse (ISCC:591).

Beaucoup de textes lapidaires ultérieurs mettent en évidence que leurs commanditaires avaient souvent à cœur de partager les fruits de leurs actes méritoires avec leur parentèle défunte, quelle que soit d’ailleurs l’obédience religieuse dont ils se

réclamaient. C’est le cas par exemple de Jayavarman IV dressant un liṅga au Prasat Damrei

afin « d’obtenir dans l’autre monde une situation juste pour son frère aîné » (K 677, IC 1, p.

61) (Dumarçay, Groslier 1973:207) ; de Yaśovarman instaurant des cultes « pour

l’accroissement des mérites de ses parents » (K 323, §58-59, in: ISCC:408) ; de Rājendravarman

pour le salut de son cadet et « l’augmentation du mérite » (sk. dharma vr̥ddha) de ses parents (K806, §cclxxx, cclxxxi) (Dumarçay, Groslier 1973:207). Plus tardive, l’inscription du Phimeanakas (K 484) montre que l’adoption définitive du bouddhisme à Angkor n’altéra pas cette dynamique en mentionnant que le culte du bodhivr̥ksa devait permettre au zélateur de

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gagner des mérites pour le compte d’autrui. Les inscriptions dites « modernes », qui témoignent de la religiosité des Khmers à l’époque moyenne, contiennent elles aussi de

nombreuses allusions à des mérites « offerts » (kh. ta oy phala) ou « adressés » (kh. jūn ou

uddis puṇy) aux ancêtres avec l’espoir de les délivrer de l’enfer (Lewitz 1971:94)213. Les

témoignages de ce type sont si nombreux qu’il est permis de supposer que le « culte des ancêtres fut un des pivots de la religion khmère » (Dumarçay, Groslier 1973:207) et que le don de mérites aux parents défunts « a toujours été, au Cambodge, le but essentiel poursuivi par les donateurs » (Cœdès, Dupont 1943:139).

Parallèlement aux civilisations préangkorienne et angkorienne, l’autre foyer du

bouddhisme dans la péninsule Indochinoise est la culture môn dite de Dvāravatī (VI-XIIe s.

env.) dont l’étendue géographique (qui se mesure à l’aune des vestiges matériels mis au jour) correspond à une zone aujourd’hui occupée par les Siamois (bassin de la Mèn Nam Chao Praya) et les Lao (plateau du Khorat). Les peuples tai doivent probablement l’adoption du bouddhisme à cette civilisation dont nous savons encore malgré tout peu de choses mais qui a laissé un grand nombre de témoignages archéologiques et épigraphiques témoignant des

divers courants religieux qu’elle avait adopté214. Ceux-ci attestent qu’à Dvāravatī également,

le partage des mérites était un élément important de la vie religieuse. Par exemple, une

inscription remontant au VIe siècle mentionne le souhait d’un souverain de transférer les

mérites aux vivants et aux morts (Prapod 2010:87)215. Dans la même veine, une tablette

votive à l’effigie du Buddha, retrouvée aux alentours du site de Si Thep et datable du IXe ou

au Xe siècle de notre ère, porte une dédicace de mérites formulée en langue sanskrite et

contenant probablement le terme uddiśa (in: Sathaphorn 2007:139)216. Une inscription

sanskrite gravée en écriture post-pallava sur une borne rituelle (th., l. bae semā) retrouvée à

213 Cf. IMA 3, face B, l. 23, 24 : « S.M. transfère (ūdis kusal) le bénéfice de ces mérites aux dieux mahāksetr et aux troupes des Pères de ce monde (pittaragaṇ), les priant de les délivrer (lamtoḥ) tous. »

214 Dans leur majorité, ceux-ci témoignent que les habitants de Dvāravatī connaissaient plusieurs formes de bouddhisme, pluralité qui correspondait sans doute au fait que plusieurs cités de ce « royaume » figuraient sur un réseau de routes commerciales (Skilling 2009:121)

215 cf. Charuk nae prateth thai, vol. 2, p. 81, ou 42-47.

216 À défaut de proposer une translitération de l’inscription, l’auteur donne sa traduction en siamois : « pĕn kār thvāy udiś svan1 kuśal » ([ceci] est une offrande dont une part du mérite est dédiée [à autrui]).

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Yasothon (Nord-Est de la Thaïlande) indique qu’en 811 śaka un dignitaire a offert des

joailleries et une forêt pour fournir des mérites à son père217. Il semble donc que pour les

Môn de Dvāravatī, les mérites, « loin de ne profiter qu’à celui qui a accompli les actes les suscitant, pouvaient bénéficier à l’ensemble de la communauté, voire à l’ensemble des êtres, vivants ou morts » (Chutiwongs 2009:70).

Les siècles suivants, qui virent naître les premiers royaumes tai (à partir du début du

XIVe siècle), sont eux aussi riches en témoignages épigraphiques. Dans leur finalité, les

inscriptions des royaumes de Sukhothai, du Lanna, du Lan Xang, ne se démarquent guère de celles de toute la péninsule Indochinoise indianisée : elles ont pour fonction de commémorer un acte pieux, qu’il s’agisse de la fondation d’un monastère, de l’installation d’une statue de Buddha ou d’un édifice religieux (cetiya, cellules monastiques, etc.) entrepris par un fidèle, qui est souvent de rang princier. Il n’est pas rare que le donateur fasse part de son souhait d’en partager les mérites avec son épouse, ses enfants, une divinité ou, c’est le cas le plus fréquent, un ou plusieurs de ses ascendants. L’examen du corpus de Sukhothai, essentiellement bouddhique, met en évidence que l’offrande de mérite était presque

systématique au XIV-XVe siècles et que le bouddhisme tai était déjà de nature à s’harmoniser

avec les croyances « animistes » qui prévalaient dans la région. Cette perméabilité est

particulièrement manifeste dans l’inscription du Văt Jāṅ2 Lạ̄m2 (EHS, 8), datée 1384 A.D., dans

laquelle un dignitaire fait profiter aux « esprits » (phī) de sa parentèle défunte les fruits de ses actes méritoires :

[II. 31-37] De plus, il vint en aide aux esprits de ses père et mère défunts (phī ba1 phī mḕ1) ; il vint en aide à l’esprit (phī) de sa femme, la marâtre Det et aux esprits des membres de la lignée de sa mère ; il vint en aide à l’esprit de son frère aîné et à l’esprit de son frère puîné ; il vint en aide à l’esprit de sa sœur aînée ; il vint en aide à l’esprit des descendants et de ses ancêtres (phī lūk phī hlān phū4 thao4 phū4 kḕ hḕṅ tan) ; quant aux esprits de ses alliés [par mariage], il leur vint aussi en aide.

(EHS, 8)

217 Inscription de Nōn Săṅ, village Bịṅ Kḕ, district Mahā Jăy Jana, province de Yasothon (Cf. “The Inscriptions in Thailand Database”, http://www.sac.or.th/databases/inscriptions/inscribe_detail.php?id=330).

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Dans la même veine, on mentionnera les deux inscriptions de l’Asokārāma de

Mahā-Dhammarājā II (1399 A.D.) dans lesquelles le souverain offre les mérites à son père ([l. 5-6]

(thvāy braḥ rājā kusanl kḕ bạ̄) (EHS, 1), à ses grands-parents et à sa parentèle (EHS, 2), ainsi que

celle du Văt Khemā (1536 A.D.) qui rapporte qu’un dignitaire dédia des mérites à ses

« maîtres, parents, ascendants et à tous les membres de [sa] parentèle », en particulier ceux

qui renaquirent en enfer, en tant que preta, ou encore en tant qu’animal ([II.13-18]) dans

l’espoir de les arracher à leur triste sort (EHS, 15).

La volonté de faire participer les membres défunts de sa famille prévalait aussi au Lanna et au Lan Xang, les grandes principautés yuon et lao. Même si le corpus épigraphique,

qui ne remonte pas au-delà du XVe siècle, est beaucoup moins riche que celui du

Cambodge218, l’étude des stèles de monastères et des textes inscrits sur les socles de statues

du Buddha révèle la vivacité de cette pratique. L’une des plus anciennes inscriptions lao de Luang Prabang (910 C.S. = 1548 A.D.), figurant sur la stèle du reliquaire du Văt Mahā Dhāt, évoque ainsi une libation d’eau (ẏāḍ nāṃ) (l. 4) accomplie pour « sortir les êtres tombés en enfer » (yăṅ ao ạ̄k hai măn pai tŏk nai nārŏk) (l. 10). Ces manifestations d’empathie seront plus volontiers dirigées vers les ascendants familiaux du commanditaire :

218 Si les inscriptions du Lanna ont fait depuis ces dernières décennies l’objet de publications documentées, le corpus épigraphique lao est encore largement méconnu. En dehors des travaux de Pierre-Marie Gagneux et ceux, plus récents, de Michel Lorrillard, les inscriptions du Lan Xang et des royaumes qui lui succédèrent n’ont été que peu étudiées. Nous examinerons ici succinctement le corpus épigraphique trouvé dans la plaine de Vientiane et étudié par P.M. Gagneux, ainsi que quelques inscriptions, encore inédites, de Luang Prabang que M. Lorrillard a bien voulu mettre à notre disposition. Les transcriptions de ces inscriptions inédites ont été réalisées par l’équipe EFEO de Vientiane. Les traductions proposées ici sont, en revanche, les nôtres.

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En l’année cūlasakkarāja [12]18, l’année du Dragon, Le 15e jour de la lune croissante du premier mois,

(…) la mère, le novice conjointement avec son fils et toute la lignée Érigeons cette statue du Buddha, le Lion [des Śakya]219.

Que ce pesant d’or consacré en l’honneur de l’Omniscient,

Qui a prêché [la Doctrine], parvienne aux membres de notre parentèle ascendante (ñāttikā bāy hnā2).

Qu’il en soit ainsi ! Nibbāna paccayo hotu niccaṃ ! Qu’il en soit ainsi !

Inscription de Thāṃ2 Tiṅ, Luang Prabang, écriture lao avec quelques lettres tham intercallées, datée 1218 C.S. (1856 A.D.)

Bien qu’il ne soit pas employé de façon systématique, le terme udissa se retrouve

dans certaines inscriptions pour exprimer la dédicace ou l’envoi de mérites aux parents :

(l. 45) [Sa Majesté]220 a versé de l’eau pour envoyer les mérites (tlwāt nāṃ ūddhisaūddhisaūddhisaūddhisa pai gāṃ jū bra rāja pitā rāja māḍā) à son père, à sa mère et à tous les êtres pris dans le cycle des transmigrations.

Charte de fondation du Văt Sī Sakēt, Vientiane, stèle datée 1180 C.S. (1819 A.D.) (in: Gagneux1975:325)

219 Kaisạ̄n « le lion », i.e. le Buddha (« le lion des Śakya »). 220 Il s’agit du roi lao Anuvong (Anurudha-rāja) (1805-1828 A.D.).

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Dans une majorité de cas, les inscriptions des principautés tai-lao septentrionales (Chiang Mai, Nan, Luang Prabang), qui relèvent d’un même ensemble culturel faisant usage

de l’écriture tham (p. dhamma) (cf. introduction), sont commanditées conjointement par

plusieurs membres d’une même famille et beaucoup comportent des dédicaces de mérites adressées aux défunts. Dans la plupart de ces textes lapidaires, on distingue un « commanditaire » (mullasaddhā), qui initie le don de la fondation ou de l’objet de culte, et un ou plusieurs bénéficiaires, généralement des membres défunts de sa parentèle (parfois

qualifiés de phī). Les inscriptions yuon et lao dont on dispose sont dans l’ensemble assez

brèves et stéréotypée dans leur rédaction :

    ງເພັງ

ມີພໍເຖົາແມເຖົາ ເຈົາອອຂກັບ

     

ຂໍໄຫໄດດັງຄໍາປາຖະໜາ

En l’année culāsakkarāja 1234, l’année du Cheval, la pleine lune du premier mois Sont présents le grand-père et la grand-mère, laïcs, avec leur fils

Qui dédient (udisā) avec dévotion [les mérites acquis par] l’édification de la statue du Buddha, pour préserver l’excellente Religion pendant 5000 ans

Inscription sur socle de statue de Buddha en bois, Văt Braḥ Kè, Luang Prabang (1870 A.D.) (EFEO n°41)

L’initiateur de ce don est Braḥ Kanchana qui a commandé cette image du Buddha pour que les mérites acquis soient mis au compte (uddhisa) [de son] père décédé et qu’il puisse en tirer profit dans l’autre monde. Cette personne s’appelle Ai Pheng. Qu’il puisse retenir ce « champ de mérite » qui lui permettra d’échapper aux lieux [où règnent] les difficultés, d’échapper à la douleur pour atteindre les lieux de bonheur. Même s’il est devenu phēt [preta] ou un [autre type de] « génie » (pĕn phēt pĕn phī), qu’il échappe à cette condition.

Inscriptions sur statuette de Buddha (WMM. 0092), Văt Mịịaṅ Mō, Phrae (1181 C.S. = 1819 A.D.) (in: Lagirarde, Buakhampan, Sattaphan 2011:141-142)

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Il est donc manifeste que, dans toute la péninsule Indochinoise indianisée, les bouddhistes considèrent depuis plus d’un millénaire que les actes pieux peuvent influer sur la destinée des morts et des ancêtres. Il en est de même pour les actions néfastes : un très grand nombre d’inscriptions khmères, depuis le préangkorien jusqu’à la période moderne, avertissent que celui qui aurait dans l’idée de porter atteinte à une fondation religieuse risque non seulement une renaissance aux enfers mais que cela vaut aussi pour ses

ascendants221, certaines admonestations faisant remonter la malédiction jusqu’à sept

générations, selon la rhétorique consacrée (supra 1.1.3.2) 222. Mais ce n’est pas tout : les actes

déméritoires peuvent encore peser sur les générations suivantes. Certains textes lapidaires menacent l’infidèle de tomber en enfer avec « ses enfants et ses petits-enfants » (K 451, 680

A.D. ; K 950, 949 A.D.), avec tous ses parents de la lignée (sagotraku[la]) (K 741, 916 śaka), parfois là aussi jusqu’à la septième génération (saputrapautrasantāna āsaptamakulād) (K 54, K

55, 551 śaka). Ces admonestations se retrouvent, quoique peut-être moins fréquemment,

dans l’épigraphie siamoise ou lao. L’inscription sur Buddha en bronze du Văt ‘Ŏṅ Tịị

(Vientiane), datée 1019 CS (1657 AD) (N°204), exhorte ainsi les descendants du donateur à

perpétuer le culte à la statue qu’il a commandité, faute de quoi ceux-ci devraient subir les pires tourments :

(l.2) Que tous les enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants soient les serviteurs de cette (image) en cuivre du (Buddha) (…). Tous ceux qui viendront après moi, (l.3) s’ils ne respectent pas cet ordre, [puissent-ils devenir] des esclaves, ou des hommes ou des habitants d’en-bas, puissent-ils tomber immédiatement dans les quatre enfers.

(in: Gagneux 1975:266)

221 K 451 (680 A.D.), K 561 (VIIe s. A.D.), K 726 (VIIIe s. A.D.), K 56 (VIIIe s. A.D.), K 950 (949 A.D.), K 444 (974 A.D.), K 659 (Xe s.); K 885 (960 A.D.), K 417 (970 A.D), K 523 (1040 śaka), K 518 (?), IMA 36 (période moderne).

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Ces avertissements reflètent la conception selon laquelle la mort n’entraîne pas la rupture des liens de parenté. Mieux encore, et dans le prolongement de ce qui a été dit précédemment (supra 1.2.3), les bouddhistes indochinois ne conçoivent pas le kamma comme étant un destin individuel mais comme quelque chose qui relie le fidèle à ses parents ou à sa lignée. Cette croyance en l’interdépendance du sort des vivants et de celui des morts dépasse d’ailleurs les clivages sectaires. Les bouddhistes du Vietnam, adeptes du mahāyāna, conçoivent aussi un karma commun à la parentèle, « sorte de patrimoine familial dont les parents ont hérités (…) et qu’ils légueront, à leur tour, à leurs propres enfants »

(Pottier 1998:895). La conception d’un kamma collectif et familial renforce de façon

considérable le poids des mérites et des fautes accomplis par l’individu car celui-ci endosse non seulement la responsabilité de sa propre condition mais aussi celle de ses ascendants et, éventuellement, de ses descendants.

En définitive, la pensée religieuse la plus anciennement attestée en péninsule

Indochinoise occidentale envisage que le karma d’un individu, positif ou négatif, est

solidaire de celui de sa lignée. C’est pourquoi la coutume de produire des mérites pour ses parents défunts est totalement intégrée à la praxis du bouddhisme. Les multiples réformes

qu’ont connues les saṅgha régionaux, jusqu’à la puissante vague moderniste instiguée au

Siam par Rama IV (1851-1868) et poursuivie par ses successeurs, ne l’ont, semble-t-il, jamais

remise en question223.

223 On prête au contraire au roi Mongkut la composition d’un certain nombre de « stances pour la dédicace de mérites » en pāli (cf. Vajirañāṇa 1989[1964]:76)

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