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PARTIE EXPERIMENTALE DU SUIVI LONGITUDINAL

3. Problématique, méthode, résultats et discussion du suivi longitudinal

3.4. Discussion de l’étude longitudinale chez le jeune enfant

Le suivi longitudinal que nous avons conduit dans le cadre de cette thèse a examiné l’influence des différentes habiletés, notamment mnésiques et de traitement phonologique, dans l’acquisition lexicale. L’évaluation de cette acquisition a été, en outre, effectuée autant au moyen de mesures du vocabulaire dites statiques que de mesures dynamiques, telles que des tâches d’apprentissage de mots. Enfin, ce suivi nous a également permis de comparer les performances observées concernant ces compétences chez des enfants présentant un DT par rapport à ceux présentant un retard dans le développement de leur langage expressif.

Habiletés phonologiques et mnésiques et développement lexical

Nous avons présenté au chapitre 2 les liens qu’un certain nombre de chercheurs ont trouvés entre les habiletés perceptives et l’acquisition du vocabulaire. Ces liens ont été mis en évidence par certains d’entre eux en évaluant d’abord les compétences de discrimination perceptive des sons dans un contexte non-référentiel pour chercher ensuite les liens que ces habiletés entretenaient avec les compétences langagières (Kuhl, et al., 2005; Tsao, et al., 2004) alors que d’autres ont évalué les habiletés discriminatives directement dans un contexte référentiel (Bailey & Plunkett, 2002; Ballem & Plunkett, 2005; Swingley & Aslin, 2000, 2002; Werker, et al., 2002). Dans le cadre de notre suivi longitudinal, nous avons évalué les habiletés de discrimination phonologique de ces deux façons.

La discrimination phonologique entre deux syllabes dont la consonne diffère par le trait de voisement a été évaluée au moyen d’une tâche d’habituation visuelle aux âges de 18 et 24 mois. Une corrélation significative a été obtenue à l’âge de 18 mois entre cette mesure et le nombre de mots compris. Une analyse de régression confirme ce résultat : la capacité des enfants à discriminer deux sons proches phonologiquement distincts (cf.

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indice de discrimination phono-acoustique13) permet d’expliquer un pourcentage de variance non négligeable (19%) du nombre de mots compris à cet âge-là. Cet indice semble une mesure particulièrement sensible des compétences de discrimination phonologique. Bird et Bishop (1992) ont montré par exemple que les enfants présentant des troubles phonologiques manifestent une inconsistance dans la perception des phonèmes à travers différents mots. Ces auteurs ont suggéré que leurs difficultés semblent être dues à l’impossibilité d’identifier et classifier les sons de la parole. La capacité à percevoir deux patterns acoustiques différents comme correspondant au même phonème pourrait constituer un problème plus important chez certains de ces enfants que la discrimination de différences entre deux phonèmes différents. Ceci pourrait expliquer pourquoi l’indice que nous avons appelé de discrimination phono-acoustique constitue un indice encore plus sensible que l’indice classique de discrimination phonologique différenciant deux syllabes différentes. En effet, cet indice permet de mettre en évidence cette constance perceptive du phonème lorsque ses caractéristiques acoustiques ont légèrement changé. Les corrélations trouvées entre cet indice mesuré à l’âge de 18 mois et le nombre de mots compris au même âge semblent également aller dans la direction du rôle important joué par les compétences perceptives dans l’acquisition lexicale. Ces résultats ont également été confirmés avec les analyses de régression comme il a déjà été souligné.

L’évaluation des capacités de discrimination phonologique dont il s’est agi jusqu’ici prenait place dans un contexte non-référentiel. Cependant, certains auteurs ont évalué ces compétences dans un contexte référentiel mettant à l’épreuve les représentations phonologiques14 (Bailey & Plunkett, 2002; Ballem & Plunkett, 2005; Swingley & Aslin, 2000, 2002; Werker, et al., 2002). Lors du suivi faisant l’objet de ce travail, nous avons évalué la spécificité des représentations phonologiques à l’âge de 24 mois au moyen d’une tâche utilisant le regard préférentiel. Cette tâche présentait des mots familiers ou nouveaux, soit bien prononcés, soit avec une déformation phonologique d’un trait

13 Pour rappel l’indice de discrimination phono-acoustique représente, dans la tâche de discrimination phonologique, la différence perceptive entre une nouvelle syllabe et un nouvel exemplaire de la syllabe à laquelle l’enfant a été habitué.

14 Il est important de souligner que pour certains auteurs, l’évaluation de la spécificité des représentations phonologiques ne constitue pas strictement de la discrimination perceptive mais relève plutôt de l’examen de l’encodage et de la rétention des informations verbales (Maillart et al, 2004).

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articulatoire. Les résultats montrent que, globalement, les enfants sont sensibles à la déformation effectuée autant pour les mots familiers que pour les mots appris dans la situation expérimentale. Ceci confirme d’autres résultats trouvés dans notre laboratoire (Zesiger & Jöhr, 2011) portant sur des mots familiers et qui ont montré que les enfants francophones ont une représentation phonologique détaillée des mots très tôt dans le développement, au moins pour ce qui est des consonnes.

Afin de comparer le résultat obtenu à cette tâche, c'est-à-dire la sensibilité à la déformation phonologique avec les scores obtenus à d’autres tâches expérimentales, nous avons calculé deux indices que nous avons appelés indices de sensibilité à la déformation phonologique, un pour les mots familiers et un pour les mots nouveaux. Ces deux indices ne corrèlent pas avec les mesures de vocabulaire en compréhension et en production obtenues au même âge ni aux âges subséquents. Ces résultats ne confirment donc pas, à cet âge, l’hypothèse de restructuration lexicale formulée par Metsala et Walley (1998) suggérant que la spécificité des représentations phonologiques serait fonction de l’accroissement du vocabulaire. Nous reviendrons sur ce point dans la discussion générale. Selon les résultats trouvés avec notre cohorte de jeunes enfants, la constitution de représentations phonologiques détaillées n’est pas la conséquence d’une recherche de différenciation des items lexicaux, mais plutôt une compétence inhérente au développement typique du langage. Nous nous pencherons sur la question de la constitution des représentations phonologiques chez les enfants présentant un délai dans le développement de leur langage expressif dans la partie de la discussion consacrée aux comparaisons entre enfants au DT et enfants avec un RL.

Notre suivi longitudinal a permis par ailleurs de mettre évidence une certaine continuité dans le développement des habiletés phonologiques. De fait, une analyse de régression fait apparaître que les habiletés de discrimination phonologique telles qu’elles sont mesurées par la tâche d’habituation visuelle à l’âge de 18 mois permettent d’expliquer 15% de la variance de l’indice de sensibilité à la déformation phonologique mesuré six mois plus tard. Ces résultats suggèrent que les habiletés de discrimination perceptive jouent un rôle important dans la constitution des représentations phonologiques spécifiées. Cependant il faut souligner que ces résultats ne sont pas reproduits avec les mots nouveaux. Les compétences de discrimination phonologique ne permettent pas,

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dans notre échantillon, de prédire la spécificité des représentations phonologiques associée aux mots récemment appris. La constitution de ces nouvelles représentations ne peut cependant pas se réduire à la discrimination perceptive des sons de la langue.

L’encodage et le stockage de ces informations nécessite la mise en œuvre d’un certain nombre de compétences qui permettent à l’enfant d’accroître son stock lexical.

Nous avons également mentionné d’autres processus dont on a postulé la nécessité pour l’encodage et le stockage de nouvelles représentations. Ainsi, nous avons vu que certains auteurs ont postulé que la MVCT soit essentielle en tant qu’étape intermédiaire de l’intégration de nouvelles représentations phonologiques (Baddeley, Papagno &

Vallar, 1988). Dans le cadre de ce travail de thèse, nous avons mesuré ces compétences chez le jeune enfant au moyen d’une tâche de répétition de mots et de non-mots à différents moments du suivi. Nous avons, pour ce faire, adapté une tâche utilisée par Hoff, Core et Bridges (2008) pour mesurer ces habiletés chez le très jeune enfant. Les résultats obtenus dans notre suivi montrent que ces compétences sont étroitement liées aux mesures de vocabulaire effectuées à 24 mois et même six mois et douze mois plus tard. Ces résultats vont dans le sens d’un lien entre l’habileté à retenir et à répéter ces items verbaux et le développement des compétences lexicales, comme Hoff et collaborateurs l’ont montré. Rappelons toutefois le postulat que la tâche de répétition de mots et de non-mots proposée reflète non seulement la capacité de stockage mais également la capacité d'extraction et d’encodage des propriétés phonologiques d'une nouvelle forme phonologique (Bishop, 1997; Montgomery, 2003). Cette capacité d’extraction et d’encodage de la structure phonologique d’un mot nouveau est étroitement liée au système langagier, au point qu’il a été suggéré qu’il puisse s’agir d’une activation temporaire du système langagier et non d’un processus mnésique ou de traitement phonologique indépendant (Majerus, 2008). Nous reviendrons sur cette question dans la discussion générale, en intégrant notamment les résultats de nos deux recherches transversales menées chez l’enfant en début de scolarité.

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Mesures statiques et mesures dynamiques15du vocabulaire

Afin d’évaluer ces capacités d’encodage et de stockage de nouveaux items verbaux, cette recherche a également utilisé des mesures statiques et dynamiques du vocabulaire des enfants à chaque temps expérimental (aux âges de 18, 24, 30 et 36 mois). On ne trouve de corrélation entre ces deux types de mesures à aucun des temps expérimentaux: le score obtenu à une tâche d’apprentissage de mots ne corrèle pas avec le nombre de mots compris ou produits calculé sur la base des rapports parentaux.

Ces résultats vont dans le sens de ce que Camilleri et Law (2007) ont mis en évidence avec des enfants un peu plus âgés (de 3 à 5 ans). Les mesures dynamiques permettraient de saisir une information supplémentaire, par rapport aux mesures statiques, en ce qu’elles soulignent les opportunités d’apprentissage saisies par les enfants. Les résultats des analyses de régression effectuées à travers les différents temps expérimentaux mettent du reste en évidence que la capacité des enfants à apprendre un mot nouveau à l’âge de 18 mois permet de prédire leur vocabulaire en compréhension six mois et douze mois plus tard. Cependant, seul le mot contenant des occlusives semble être appris par les enfants de l’âge de 18 mois après trois présentations ; aucun effet n’est trouvé avec le mot composé de fricatives. Ces résultats peuvent être interprétés comme une confirmation des travaux de Hua et Dodd (2000) suggérant que les fricatives sont dominées plus tard que les occlusives. Nous reviendrons sur ce point dans la discussion générale lorsque nous aborderons les liens bidirectionnels qui ont été suggérés entre le développement phonologique et lexical.

Quant aux mesures statiques du vocabulaire utilisées dans le cadre de ce suivi, nos résultats montrent que le nombre de mots compris par les enfants à l’âge de 18 et de 24 mois permet de prédire les habiletés langagières observées à celui de 36 mois.

Soulignons que dans l’échantillon d’enfants ayant participé à notre suivi, le vocabulaire en production ne devient un prédicteur significatif des habiletés langagières à 3 ans qu’à partir de l’âge de 30 mois. Avant cela, c’est le vocabulaire en compréhension qui constitue le meilleur prédicteur des compétences langagières observées chez les enfants

15 Cf définition dans la section 2.2.2 portant sur les liens entre la MVCT et le développement lexical

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de 3 ans. Nous reprendrons cet aspect de la discussion dans la partie consacrée à la comparaison des enfants au DT et ceux présentant un RL, ainsi que dans la discussion générale.

Enfin, lorsque nous considérons ensemble les résultats issus des mesures statiques et dynamiques du vocabulaire des enfants de cet âge, ce sont les mesures statiques qui se révèlent être de meilleurs prédicteurs des habiletés langagières des petits francophones à l’âge de 3 ans. Une remarque s’impose toutefois concernant la divergence des échelles constituant ces deux types de mesures. En effet, il est très difficile de faire apprendre aux enfants en dessous de 3 ans d’âge plus de deux mots dans une séance expérimentale comportant déjà beaucoup d’autres tâches. Ainsi est-il délicat de comparer les résultats obtenus à des questionnaires parentaux contenant des centaines d’items avec une tâche contenant seulement deux items. Cependant, l’utilisation de ces deux types de mesures se justifie dans le pronostic des enfants présentant un RL, nous y reviendrons dans la discussion générale.

Enfants au DT et enfants avec un RL, développement lexical et prédiction des habiletés langagières à l’âge de 3 ans

Un des principaux buts de ce suivi consistait à identifier certaines caractéristiques pouvant différencier les enfants au DT de ceux présentant un RL et d’évaluer si ces différences pouvaient être prédictives des compétences langagières observées à l’âge de 3 ans. Le nombre d’enfants de notre échantillon présentant effectivement un RL à l’âge de 18 ou 24 mois (selon les critères décrits dans le chapitre 2) étant relativement restreint, nous n’avons pas pu effectuer des analyses de régression nous permettant d’estimer ces prédictions de manière conclusive. Nous avons ainsi décidé d’effectuer des analyses de clusters à différents âges nous permettant d’apprécier quelles caractéristiques seraient susceptibles de contraster les compétences estimées des enfants au DT de celles des enfants présentant des moins bonnes compétences langagières.

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La première analyse a été réalisée en prenant en compte des mesures de vocabulaire, en compréhension et en production, des compétences de discrimination phonologique ainsi que des compétences d’apprentissage d’un mot nouveau obtenues à l’âge de 18 mois. Les résultats de cette analyse révèlent que les capacités de discrimination phonologique et le nombre de mot compris par les enfants permettent de situer les enfants dans deux groupes distincts. Ces deux variables constituent ainsi, d’après nos résultats, des caractéristiques importantes susceptibles de différencier des enfants aussi jeunes que 18 mois d’âge, ce qui confirme les résultats que nous avions obtenus dans les analyses corrélationnelles et de régression présentées auparavant. Ces deux clusters ainsi obtenus permettent de différencier les enfants encore à 36 mois d’âge quant à leur aptitude à une tâche testant leurs compétences de sensibilité phonologique; cependant ils ne peuvent pas prédire les habiletés langagières ultérieures. Ce résultat pourrait être interprété comme une confirmation de l’hypothèse que nous avions formulée dans le chapitre dédié à la problématique, selon laquelle les enfants avec un RL16 réussiraient moins bien que leurs pairs au DT à la tâche de sensibilité phonologique proposée à l’âge de 36 mois. Ce résultat confirmerait ainsi ce que d’autres auteurs ont suggéré, c’est-à-dire que les enfants avec un RL constitueraient une population à risque de rencontrer des difficultés dans le développement de leur conscience phonologique et des troubles du langage écrit (Paul, et al., 1997; Warrick & Rubin, 1992). D’autres auteurs ont cependant trouvé que les habiletés de conscience phonologique mesurées dans leur recherche par une tâche mélangeant des syllabes (blending) ne sont pas déficitaires chez les enfants ayant présenté un RL de langage autour de leurs 2 ans (D’Odorico et al.

2007). Soulignons toutefois que ces auteurs ont évalué ces compétences chez des enfants italophones de l’âge de 5-6 ans qui avaient déjà débuté l’apprentissage de la lecture. Les enfants de l’âge de 4 ans faisant partie de leur échantillon n’ont globalement pas réussi les tâches de conscience phonologique proposées, qu’ils aient eu un RL ou pas. Contrairement à leurs résultats, la tâche de sensibilité phonologique que nous avons proposée dans le cadre de ce suivi s’est révélé une mesure discriminante des

16Même si les enfants regroupés ici dans le cluster 2 ne rentrent pas tous dans les critères diagnostiques d’un RL, leurs performances langagières globales sont moins bonnes que celles des enfants regroupés dans le cluster 1.

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capacités de sensibilité phonologique des enfants : nous n’avons pas trouvé d’effet plafond, ni d’effet plancher. En outre, la façon dont elle a été conçue a permis de diminuer la composante mnésique, ce qui n’a pas été le cas des tâches utilisées par D’Odorico et collaborateurs : les images représentant les mots à segmenter restaient à l’écran jusqu’à ce que l’enfant réponde.

L’absence de prédiction pouvant être avancée concernant les habiletés langagières à l’âge de 3 ans permet de penser que la différenciation des enfants obtenue au moyen de l’analyse de clusters à l’âge de 18 mois était peut-être trop précoce. C’est probablement la raison pour laquelle la plupart de recherches concernant le RL évaluent les enfants à partir de l’âge de 24 mois (Bishop, Price, Dale & Plomin, 2003 ; Price, Dale & Plomin, 2003 ; Rescorla, 2009). Nous avons ainsi effectué une nouvelle analyse de clusters en prenant compte des variables mesurées à l’âge de 24 mois.

L’analyse de clusters effectuée selon les mesures obtenues à l’âge de 24 mois prend en compte des mesures du vocabulaire réceptif et productif des enfants, le score obtenu à une tâche de répétition de mots et de non-mots (NWR2) et la spécificité des représentations phonologiques opérationnalisée au moyen des indices de sensibilité à la déformation phonologique (sur les mots familiers et sur les mots nouveaux). A partir de cette analyse, on obtient deux clusters permettant de différencier les enfants à l’âge de 24 mois en fonction des résultats obtenus aux mesures du vocabulaire (réceptif et productif) et du score obtenu à la tâche NWR2.

L’indice de sensibilité à la déformation phonologique ne permet pas quant à lui de différencier les enfants de cet âge. Ce résultat ne permet donc pas de confirmer l’hypothèse d’une sous-spécification des représentations phonologiques chez les enfants présentant un faible niveau de langage. En effet, rappelons que certaines recherches ont montré que les enfants présentant des TSDL ont des représentations phonologiques sous-spécifiées par rapport à des enfants de même âge lexical (Bishop, 1997; Criddle &

Durkin, 2001; Maillart, et al., 2004a, 2004b). Considérant le point de vue selon lequel il existe une certaine continuité entre le retard de langage et TSDL (Rescorla, 2000, 2002), et comme nous avons vu que les représentations phonologiques de ces enfants ont été trouvées sous-spécifiées au niveau segmental, une des questions posées par ce suivi

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longitudinal a consisté à évaluer les représentations phonologiques chez les enfants présentant un retard de langage. L’absence de lien observée dans les analyses corrélationnelles et dans les analyses de régression entre les indices calculés de sensibilité à la déformation phonologique et le niveau de vocabulaire ne nous permettent malheureusement pas de répondre à cette question. L’analyse de clusters effectuée ici ne permet pas non plus de se prononcer quant à la sous-spécification des représentations phonologiques chez les enfants présentant un RL. Une recherche récente suggère que les enfants présentant un TSDL n’auraient pas de représentations phonologiques moins détaillées que leurs pairs au DT mais plutôt qu’ils seraient plus sensibles aux interférences, particulièrement pour ce qui concerne la fin des mots (Alt &

Suddarth, 2011). Ce résultat pourrait aussi être interprété à la lumière de l’hypothèse d’une capacité attentionnelle limitée. Nous reprendrons cet aspect dans la discussion générale.

Soulignons toutefois que l’indice de sensibilité à la déformation phonologique utilisé dans cette recherche peut comporter un certain biais. En effet, cet indice se base sur le principe que plus l’enfant est sensible aux déformations effectuées, plus grand sera cet indice puisqu’il correspond à la différence dans le temps proportionnel de regard sur la cible après avoir entendu le mot dans la condition « bien prononcé » (BP) moins la condition « mal prononcé » (MP). Sa valeur dépend donc en grande partie du temps passé à regarder l’image cible lorsque son nom a été prononcé sans déformation.

Cependant on peut dire de certains enfants qu’ils ont des représentations phonologiques spécifiées, car ils regardent plus longtemps l’image cible lorsque le mot a été bien prononcé mais ne présentent pas un temps de regard absolu très élevé. Ces enfants obtiendront ainsi un indice de sensibilité à la déformation phonologique moins élevé que d’autres enfants dont le regard reste fixé plus longtemps sur la cible, alors que leurs représentations phonologiques ne sont pas moins spécifiées pour autant.

Cependant on peut dire de certains enfants qu’ils ont des représentations phonologiques spécifiées, car ils regardent plus longtemps l’image cible lorsque le mot a été bien prononcé mais ne présentent pas un temps de regard absolu très élevé. Ces enfants obtiendront ainsi un indice de sensibilité à la déformation phonologique moins élevé que d’autres enfants dont le regard reste fixé plus longtemps sur la cible, alors que leurs représentations phonologiques ne sont pas moins spécifiées pour autant.