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7. Bibliographie

1.6. Discussion

Les basidiomes échantillonnés dans cette étude et identifiés à l’espèce appartiennent aux espèces suivantes : A. subresinosum, F. nobilissima,

F. gilva, H. murina, P. noxius et R. ulmarius. Trois autres taxons ont été

également identifiées au niveau du genre: Inonotus sp., Meripilus sp. et

Perenniporia sp.).

L’espèce R. ulmarius (Meripilaceae) représentait plus de la moitié des champignons prélevés sur les arbres de Béli debout. Aussi sa présence était récurrente dans les trois sites de la région où nous avons mené notre étude. C’est une espèce très répandue en Amérique du Nord et reconnue comme un pathogène des ormes (Ulmus spp.) qui infecte l’arbre par les blessures où elle cause la carie du tronc (Pegler & Waterston, 1968).

Rigidoporus ulmarius est une espèce cosmopolite qui a déjà été observée

dans les forêts tropicales. Dans ces régions, elle a été également identifiée comme étant responsable de la carie blanche dans le cœur des arbres (Rajchenberg & Robledo, 2013). Dans les forêts tropicales de l’Amérique latine, ce champignon a été retrouvé aussi bien sur les arbres debout que sur le bois mort d’une espèce forestière de la famille des Lauraceae (Cockle et al., 2012). En Afrique centrale, R. ulmarius a été identifiée au Cameroun sur le bois mort (Laessøe et al., 1996; Roberts & Ryvarden, 2006). Au Gabon, il a été observé dans la réserve d’Impassa (Yombiyeni,

2014). L’identification de R. ulmarius sur les arbres de Béli est inédite au Gabon. La présence de R. ulmarius sur le bois mort peut être due à la présence de propagules du champignon pathogène pré existant dans l’aubier des arbres vivants (Boddy, 2001; Parfitt et al., 2010; Zabel & Morrell, 2012).

Contrairement à R. ulmarius, l’espèce A. subresinosum est reconnue dans la littérature comme étant un champignon responsable de pourridiés, causant la carie blanche et qui a également été observée en régions tropicales sur les arbres vivants (Agustini et al., 2014; Aime et al., 2003; Glen et al., 2009; HaiSheng et al., 2008). Le champignon A. subresinosum tout comme P. noxius, est un pathogène responsable de pourridiés qui occasionne des pertes énormes dans les plantations forestières. Les travaux d’Agustini et al. (2014) font mention des pertes occasionnées par

P. noxius et qui ont entrainé la mort de 47 % des arbres dans une

plantation de Eucalyptus pellita en 2007. Amauroderma subresinosum est responsable de pourridiés dans les plantations forestières d’Acacia

mangium et d’Eucalyptus pellita (Agustini et al., 2014; Glen et al., 2009).

Les recherches de Moussavou et al., (non publiées) sur les polypores de coursons ont identifié A. subresinosum dans le cortège de champignons polypores du bois mort au début de l’exposition. On pourrait s’attendre au fait que ce champignon soit également un pathogène dont les propagules étaient préexistantes dans le bois. Aussi bien A. subresinosum que P. noxius ont déjà fait l’objet de mention au Gabon, en revanche, l’observation de ces espèces sur les arbres de Béli n’a jamais été mentionnée.

Inonotus et il semble que cela soit une nouvelle espèce endémique à

l’Afrique. Ces isolats avec des séquences ayant leur plus proche similarité avec I. obliquus pourraient être une nouvelle espèce proche d’I. obliquus. Ce dernier est un champignon pathogène reconnu en Amérique du Nord comme étant responsable de caries chancreuses et de carie de l’aubier sur les bouleaux (Blanchette, 1982). Selon ce dernier, I. obliquus serait un pathogène qui pénètre l’hôte par les blessures de l’écorce et envahit progressivement les cellules saines de l’aubier. Par ailleurs, les pressions occasionnées par les animaux sur l’écorce des arbres de Béli pourraient constituer des voies de contamination pour ce champignon et provoquer des caries chancreuses dans l’arbre.

Les autres espèces de la famille des Hymenochaetaceae identifiées sur le Béli, à l’instar de Fomitiporia nobilissima, Fuscoporia gilva, et

Hymenochaete murina ont été obtenues à partir d’une ou de deux

séquences uniquement. Les espèces F. gilva et H. murina ont déjà été identifiées comme étant des pathogènes des arbres en régions tropicales (Ann et al., 2002; Burcham et al., 2015; Dai et al., 2007; GuoFu & MeiQing, 2000; Mohd Farid et al., 2005; Rajchenberg & Robledo, 2013). Chez les champignons appartenant au genre Fomitiporia, on retrouve couramment des agents pathogènes qui envahissent les arbres vivants, s’installent dans le cœur des arbres pour les affaiblir et les rendre vulnérables au vent (Larsson et al., 2006).

Le champignon F. gilva est reconnu comme un pathogène opportuniste qui colonise le bois par les blessures des arbres vivants et s’en prend aux sujets affaiblis, malades ou stressés (Boulet, 2003). En région tropicale, il a déjà été retrouvé en Asie sur le genre Castanopsis où il est responsable de la carie blanche dans le cœur du bois (Dai et al., 2007). F. gilva a déjà

fait l’objet d’une première mention au Gabon (Yombiyeni, 2014), l’identification de ce dernier sur le Béli est par contre nouvelle.

Le champignon H. murina, quant à lui, est un agent de carie blanche (Dai, 2010) dont la pathogénie a été démontrée sur l’espèce forestière Khaya

senegalensis (Burcham et al., 2015). Selon ces derniers, les pertes de

masse observées lors des tests in vitro chez H. murina sont faibles par rapport à celles provoquées par le champignon P. noxius. L’identification de H. murina sur les arbres de Béli fait l’objet d’une première mention chez les espèces forestières du Gabon.

Le champignon F. nobilissima, quant à lui, a déjà été identifié au Gabon, comme étant un champignon de carie blanche sur le bois mort de l’espèce forestière Gilbertiodendron dewevrei (Amalfi et al., 2010). Cependant, la littérature ne fait pas mention des problèmes de caries occasionnées par cette espèce sur des arbres vivants. Toutefois, beaucoup d’espèces de champignons appartenant au genre Fomitiporia ont déjà été identifiées comme étant responsables de la carie chez les arbres vivants (Bruno & Sparapano, 2006; Cloete et al., 2014; Dai et al., 2007; Terashima, 2013). Pour cette étude, le champignon F. nobilissima répertorié comme champignon associé aux arbres vivants est une première mention au Gabon.

Le champignon P. noxius est une espèce qui a été couramment recensée chez les espèces forestières et ornementales d’Asie (Ann et al., 2002; Ann

et al., 1999; Mohd Farid et al., 2005; Sahashi et al., 2012). Elle a déjà

été identifié au Gabon (Yombiyeni, 2014). Cette dernière possède une large gamme d’hôtes chez les feuillus et les essences des forêts tropicales et subtropicales où elle cause des caries des racines et du tronc des arbres

1984; Nandris et al., 1987a). Le champignon P. noxius a même déjà été répertorié sur les arbres de la famille des Cesalpiniaceae (Ranadive et al., 2012). Contrairement aux autres champignons répertoriés dans cette étude qui sont des champignons de carie blanche, P. noxius est un champignon responsable de carie brune (Ann et al., 2002; Ann et al., 1999; Nandris et al., 1987b).

De ce qui précède, plusieurs champignons polypores sont associés à la carie des arbres de Béli sur pied. Ces polypores causent en majorité une carie blanche du bois. L’espèce P. noxius était le seul polypore qui cause la carie brune répertoriée sur les arbres de Béli. Les espèces A.

subresinosum et P. noxius sont des pathogènes primaires répertoriés

comme étant responsables de caries racinaires ou pourridiés. Ces deux champignons polypores sont reconnus comme des pathogènes redoutables des arbres. Les autres espèces, outre F. nobilissima qui n’avait pas été identifiée auparavant sur les arbres vivants au Gabon, sont des agents pathogènes secondaires responsables des caries du tronc. La récurrence de l’espèce R. ulmarius observée sur les arbres de Béli et dans tous les sites peut être attribuable à l’âge des arbres étant donné les gros diamètres des sujets échantillonnés. Cette récurrence peut être également due à la présence de l’inoculum de ce champignon dans l’ensemble des sites. D’autre part, les séquences identifiées à des niveaux taxonomiques supérieurs comme Perenniporia sp., Hymenochatales sp., et Uncultured fungus démontrent que la liste des espèces susceptibles de coloniser les arbres de Béli n’est pas exhaustive.