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Difficultés des recherches empiriques sur le capital-investissement qui renforcent

PARTIE II CARACTERISATION DU CAPITAL-REGENERATION : ELEMENTS

Chapitre 2. Capital régénération : l’intérêt d’un partenariat de recherche avec Bpifrance

2. Difficultés des recherches empiriques sur le capital-investissement qui renforcent

Difficultés des recherches empiriques sur le capital-investissement

Le caractère « privé » du private equity pose un problème majeur à la recherche sur le sujet. Les obligations légales de déclarations, imposées par les agences de régulation financière nationales

Partie II - Caractérisation du capital-régénération : éléments de méthode

102 (United States Securities and Exchange Commission, AMF…), applicables aux sociétés de capital- investissement, s’avèrent souvent extrêmement restreintes. La recherche a donc longtemps manqué de données à la fois fiables et accessibles à tous. Or l’utilisation de données privées non diffusables annihile toute possibilité de reproduire, comparer ou réfuter les conclusions obtenues (Kaplan and Lerner 2016). Des améliorations notables sont survenues avec la multiplication de plateformes de données privées (ex Burgiss Private I, Cambridge Associates, Preqin, Pitchbook, Thomson Reuters, VICO database) ou issues d’associations nationales d’investisseurs (ex NVCA - US, Invest Europe - Europe, France Invest – France, The Investment association - UK, Emerging Markets Private Capital Fundraising and Investment).

D’après une revue de littérature récente, à partir des publications sur l’industrie du capital- investissement dans les top leading journals, malgré de nouvelles sources de données sur l’Europe et l’émergence d’une recherche sur l’Asie, plus de 52% de la recherche empirique reste fondée sur des données américaines (Tykvová 2018). De plus, la littérature insiste sur les différences de pratiques entre Etats-Unis et Europe, et sur l’influence du contexte institutionnel de manière plus générale. D’où l’intérêt d’une étude spécifique sur des données françaises.

Modalités de la recherche chez Bpifrance

Au sein de Bpifrance, la thèse s’est déroulée au sein de la Direction de l'Évaluation, des Études et de la Prospective (DEEP), cellule de recherche et de prospective au service des PME et des ETI et plus spécifiquement au sein de l’équipe Bpifrance Le Lab. Bpifrance Le Lab se présente comme un « agitateur d’idées » permettant de faire un pont entre monde académique et entrepreneurial. Il répond à deux objectifs : apporter des connaissances aux dirigeants pour stimuler leur réflexion stratégique et nourrir le développement de meilleurs pratiques de financement et d’accompagnement pour les entreprises. En pratique, la publication régulière d’études constitue l’activité principale de cette entité.

La thèse s’intéressant aux modèles d’investissement en fonds propres, la majorité des données qualitatives et quantitatives sont issues de l’entité Bpifrance Investissement. Début 2018, Bpifrance Investissement se décompose en quatre directions : le fonds de fonds dédié à l’investissements indirects (près de 300 fonds partenaires avec 7,7 Mds€ sous gestion) et trois structures d’investissement direct, Innovation (1,6 Mds€), PME (1,5 Mds€) et Mid & Large Cap (18,6 Mds€). La direction Mid & Large Cap gère les fonds ciblant les ETI et les grands groupes dont, entre autres, le fonds ETI 2020 et le dernier fonds créé courant 2018 pour aider les ETI françaises dans leurs opérations de M&A à l’international, le fonds Build-up International.

La thèse mobilisera une étude quantitative sur le portefeuille d’ETI de Bpifrance dans la partie III et une étude approfondie de trois cas de ce même portefeuille. Nous présenterons en détail les méthodes utilisées dans les parties correspondantes.

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YNTHESE DE LA PARTIE

II

La catégorie ETI forme un objet de recherche à part entière. Reconnues comme des piliers de l’économie française, leur développement est un enjeu national. Pourtant, en comparaison avec d’autres pays européens, au premier rang desquels se trouve l‘Allemagne, ce réservoir de croissance serait sous-exploité.

Si les ressorts de leur croissance restent mal compris, ces dernières années, la recherche en gestion a permis de mettre en évidence plusieurs traits caractéristiques de ces entreprises. Les ETI partagent un objectif de pérennité, sont ancrées dans leurs territoires et ont un fort caractère entrepreneurial. Le modèle de croissance générative répond à leur objectif de croissance par l’innovation, pérenne et vertueuse. Une des causes de la faible densité du réseau d’ETI serait leur difficulté d’accès aux financements incluant les capitaux propres. A la fois matures et évoluant dans des contextes d’innovation intensive, ces entreprises sont à l’interface des deux modèles dominant en capital- investissement : le capital-risque et le buyout. Ainsi, la combinaison d’une logique de croissance générative et de leur problématique de financement en capital fait des ETI un terrain de recherche empirique pertinent pour l’étude des relations entre investissement, innovation et croissance générative.

Dans la problématique actuelle de soutien à la croissance économique par les politiques publiques, la question du financement des ETI apparaît aujourd’hui comme un enjeu majeur. A travers Bpifrance, l’Etat entend contribuer à résorber l’equity gap dont elles souffriraient. Cependant, les investisseurs font face à une double problématique. D’une part, ils sont confrontés au manque de modèles de capital-investissement qui leur serait adapté. D’autre part, ils doivent répondre à la double exigence de rentabilité et d’intérêt collectif. Bpifrance est donc en attente d’une modélisation rigoureuse des relations entre stratégie de d’investissement, développement des capacités d’innovation et croissance des ETI financées.

Dans la partie III, nous cherchons donc à évaluer les besoins effectifs des entreprises vis-à-vis de ce nouvel enjeu de croissance. Nous questionnons le constat d’equity gap pour les ETI qui fait l’hypothèse que ces entreprises nécessiteraient avant tout un apport d’argent frais en fonds propres.

Partie II - Caractérisation du capital-régénération : éléments de méthode

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Partie III – Les besoins en financement des ETI : un