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Différences entre les groupes

Utilisation de l’esquisse numérique comme instrument de collaboration distante

4. Analyse des données

5.3. Analyse des représentations

5.3.2. Différences entre les groupes

Nous cherchons à savoir s’il existe des « profils » d’utilisation des représentations pour la collaboration à distance, en regard des « profils » de collaboration identifiés dans les sections précédentes. Dans cette section, nous procédons donc à une analyse comparative entre les groupes. Le tableau 17 montre la répartition des types de dessins entre les groupes.

GR1 GR2 GR3 Total

Répartition des différentes représentations en fonction du groupe et taux de liaison (attraction en bleu vs.

répulsion en orange, au seuil de 0,5) entre les modalités de la variable « type de représentation » et de la variable « groupe ».

Tout d’abord, nous observons très clairement une nette différence entre, d’une part, le groupe 2 et, d’autre part, les groupes 1 et 3. Le premier utilise nettement moins de représentations différentes (109 en tout), environ trois fois moins que les deux autres groupes (respectivement 324 et 294).

Outre le nombre, le type de représentations utilisées varie aussi en fonction du groupe (Khi2 (16) = 127,13, p<0,001). Le lien entre les deux variables est d’intensité moyenne (V2 = 0,09).

L’analyse des taux de liaison révèle trois profils de collaboration.

• Le groupe 1 a une attraction vers les dessins CAO et les maquettes en carton, et une répulsion en direction des croquis SketSha et des modèles 3D. Leur mode de collaboration, centré sur la conception distribuée, est supporté principalement par l’échange et le commentaire de fichiers

CAO construits préalablement à la réunion. Il n’y a pas beaucoup de génération d’idées collectives, expliquant la répulsion pour les croquis numériques. Le groupe préfère annoter ses documents pré-établis. En outre, pour ce groupe, la maquette en carton semble remplacer en partie, l’usage des modèles 3D.

• Le groupe 2 a une nette attraction vers les croquis SketSha et une répulsion en direction des croquis papier-crayon et des images. Comme nous l’avons déjà décrit précédemment, ce groupe collabore sur un mode de co-conception. Ils échangent beaucoup moins de documents pré-établis et dessinent ensemble pendant les séances de collaboration. Les activités de simulation propres aux environnements papier-crayon sont ici effectuées collectivement, par l’intermédiaire des esquisses numériques, ce qui explique nos observations relatives aux taux de liaison. En outre, le groupe s’accorde directement sur un concept, dans les premières réunions. Il n’y a donc pas une seconde étape d’idéation suivant la présentation intermédiaire, telle qu’observée dans les autres groupes. Ceci explique le nombre moins important d’images utilisées.

• Le groupe 3 a une nette attraction pour les modèles 3D et pour les croquis papier-crayon, et une répulsion en direction des dessins CAO. Cela est sans doute imputable à leur difficulté de s’accorder sur un concept commun. Le groupe utilise peu de représentations « techniques » du bâtiment, leur préférant des représentations purement visuelles, notamment en vue de convaincre les différents membres.

Ces observations permettent assez clairement d’identifier des usages différents des représentations externes lors de séances de collaboration. Manifestement, chaque collectif a une façon particulière d’utiliser ses documents pour collaborer. Outre ces observations générales, il est intéressant de voir les évolutions dans les usages des représentations en fonction du temps et ce, au sein de chacun des groupes. Les analyses des taux de liaison pour chacun des groupes sont détaillées dans les tableaux 18, 19 et 20.

5.3.3. Groupe 1

Les représentations utilisées à chaque étape par le groupe 1 sont détaillées dans le tableau 18.

Groupe 1 : V2 = 0,13

Répartition des représentations en fonction du temps (chiffres) et taux de liaison (attraction en bleu vs.

répulsion et en orange, au seuil de 0,5) entre les modalités de la variable « type de représentation » et de la variable « séance de travail » pour le groupe 1.

Présentation finale

Présentation intermédiaire

Le groupe 1 confirme toutes les tendances que nous avions observées sur l’ensemble des groupes : préférence pour le papier-crayon en début et pour la 3D en fin de processus, utilisation préférentielle des plans CAO aux étapes de présentation et utilisation préférentielle des images dans les deux « démarrages » du projet. Les croquis numériques sont principalement utilisés en SDC5, après la présentation intermédiaire, probablement pour s’accorder sur les modifications à mettre en place après le feedback des enseignants.

Le lien entre les variables « séance de travail » et « type de représentation » est intermédiaire (V2

= 0,13), ce qui signifie que le groupe adapte les documents qu’il utilise selon la séance.

5.3.4. Groupe 2

Taux de liaison (attraction en bleu vs. répulsion en orange, au seuil de 0,5) entre les modalités de la variable

« type de représentation » et de la variable « séance de travail » pour le groupe 2.

Ici aussi, les tendances relatives à la 3D et au croquis sont observées. Par contre, on ne rencontre pas les mêmes autres tendances que pour le premier groupe : les images ne sont utilisées qu’en début de processus, ce qui peut signifier que les décisions de principe et les grands concepts, ont été très vite agréés par tous et qu’il n’y a pas eu de remise en question suite à la présentation intermédiaire. Les dessins CAO interviennent principalement avant et après la présentation intermédiaire (en proportion). En valeur absolue, le nombre de ces représentations ne varie pas énormément. De la même manière que dans les autres groupes, ces documents CAO sont peu utilisés en début de processus. Par contre, contrairement aux autres groupes, le croquis SketSha occupe une place importante dans les représentations utilisées, soit 28% de la production du groupe.

Enfin, le V2 de Cramer (0,21) montre une association forte entre les variables (contre des associations d’intensité intermédiaire pour les deux autres groupes, à savoir V2 = 0,13 pour GR1 et 0,12 pour GR2). Ceci montre que ce groupe, en particulier, adapte fortement le type de

Présentation finale

Présentation intermédiaire

représentations qu’il utilise aux différentes étapes de la conception. Cette adaptation est sans doute une des clés du succès du groupe. En effet, le groupe 2, aussi bien par les enseignants que par nos analyses, a été jugé comme le meilleur au point de vue de la qualité de la collaboration qu’il mobilise. A noter aussi que le groupe n’utilise ni maquette, ni texte.

5.3.5. Groupe 3

Le tableau 20 détaille l’utilisation des différents types de représentations par le troisième groupe.

Groupe 3 : V2 = 0,12

Taux de liaison (attraction en bleu vs. répulsion en orange, au seuil de 0,5) entre les modalités de la variable

« type de représentation » et de la variable « séance de travail » pour le groupe 3.

Pour le groupe 3, on retrouve de nouveau cette tendance globale à l’abandon du papier-crayon pour les modeleurs 3D, ces deux modes d’expression étant les médias privilégiés par le groupe.

Les modèles 3D interviennent ici, relativement tôt dans la conception (en SDC4). On retrouve aussi la tendance à utiliser les images au démarrage, mais surtout après la présentation intermédiaire. Ces images sont encore largement utilisées en SDC6. Ceci est probablement dû au fait qu’un conflit dans le groupe prolonge la négociation sur les concepts plus loin, jusqu’à l’intervention du corps enseignant entre SDC6 et SDC7. Enfin, les croquis CAO sont principalement utilisés dans les dernières étapes de la conception, avec une répulsion dans la première réunion. Le lien entre les variables est d’intensité moyenne (V2 = 0,12). Comme évoqué précédemment, le groupe utilise préférentiellement des représentations portant sur les aspects visuels et esthétiques du bâtiment, figurés par des modèles 3D et des croquis.