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Des sources problématiques, considérations méthodologiques

Notre appareil conceptuel étant ainsi clarifié, il a fallu constituer un corpus adapté à la mise en œuvre de notre réflexion. Les sources retenues sont de diverses natures et le corpus à disposition, eu égard à l’ampleur chronologique et géographique de notre sujet, est évidemment assez vaste. En tout premier lieu, il importe de présenter brièvement les sources littéraires, non pour dresser des notices historiques de leurs auteurs, mais pour poser les principaux jalons chronologiques de notre étude.

1. Un vaste corpus

À l’aube de notre réflexion, c’est vers le corpus homérique qu’il nous faut nous tourner afin de tenter de saisir les réalités de la haute époque archaïque et de suivre les évolutions du vocable lié à la Grèce comme entité géographique. Il convient notamment d’envisager les différences entre la société dépeinte dans l’Iliade et celle de l’Odyssée. Dans ce cadre, une grande attention sera portée aux différents travaux ayant pour objet de préciser la datation de ce corpus, celui-ci constituant la principale source dont nous disposition pour la deuxième moitié du VIIIe siècle, c’est-à-dire le moment où les premiers établissements d’hellénophones sont attestés en Sicile.

Plus tardivement, le témoignage d’Hésiode nous intéresse pour des raisons similaires et l’étude des généalogies mythiques contenues dans le Catalogue des Femmes représente un axe important de notre réflexion. Il en est de même de l’œuvre, malheureusement fragmentaire, des poètes du VIIe siècle, à l’instar d’Archiloque de Paros ou encore de Sappho de Mytilène, eux-mêmes directement acteurs de ces mouvements outremers.

En ce qui concerne la Sicile proprement dite, l’un de nos premiers témoignages locaux est fourni par l’œuvre de Bacchylide de Céos. En effet, ce poète du début du Ve

siècle nous intéresse pour ses pérégrinations sur l’île. Rival de Pindare, il fréquente notamment la cour du tyran Hiéron de Syracuse. Ses épinicies, odes à la gloire du vainqueur des Jeux, présentent l’intérêt de reprendre un certain nombre de lieux communs concernant la richesse de la Sicile. Le constat est à peu près semblable concernant son rival Pindare, poète lyrique béotien, à ceci près que l’on retrouve également dans l’œuvre de celui-ci la mention des batailles opposant

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les Syracusains aux barbares. Leurs évocations et les comparaisons qui en découlent témoignent de la propagande des Déinoménides et de l’utilisation qu’ils ont pu faire de ces faits d’armes. À ce titre, c’est essentiellement les épinicies contenues dans les Pythiques qui nous intéressent, en particulier celles concernant Hiéron de Syracuse, Théron d’Agrigente et leur entourage respectif. Ses odes furent regroupées ultérieurement, en quatre livres, en fonction des jeux auxquels elles se rapportaient, mais nous n’aurons que peu l’occasion d’aborder les Olympiques, les Néméennes et les Isthmiques.

Alors que ces deux poètes peuvent, par leur présence à la cour des tyrans, rendre compte de certaines perceptions siciliennes de l’époque, par la suite, au moins pour le Ve

siècle, nous disposons principalement de sources provenant de Grèce égéenne, ce qui n’est pas sans effet sur notre réflexion. Au registre des grands thèmes panhelléniques, il nous faut envisager le corpus des tragiques athéniens. En ce sens, les œuvres d’Eschyle, Sophocle et Euripide ont joué un rôle déterminant dans l’émergence de la figure du barbare dans l’espace intellectuel athénien et plus largement, dans une grande partie de l’Hellade.

Mais pour la période, notre principale source demeure Hérodote. De son œuvre, l’Enquête, nous avons utilisé les livres V à VII, en raison des nombreuses allusions et digressions pouvant se rapporter à la Sicile, à ses mythes et au vocabulaire employé pour désigner les hellénophones de Sicile. En outre, signalons que le livre VII contient le récit de la Seconde Guerre médique et il y relate notamment l’ambassade à Gélon. Il est alors intéressant de le confronter aux allusions de Pindare afin de déterminer les différentes traditions relatives à ces événements et la part qu’occupe la propagande déinoménide dans celles-ci.

Si l’on s’en tient à une démarche chronologique, il convient de mentionner maintenant, Antiochos de Syracuse, principal représentant d’un pan entier de la littérature historique antique dont nous n’avons malheureusement conservé que peu d’éléments. Ainsi, dès le Ve siècle, plusieurs auteurs, originaire de Sicile ou de Grande-Grèce ont travaillé sur l’histoire de la région, mais ils ne nous sont parvenus que par tradition indirecte. Le plus souvent, nous ne connaissons d’eux que le titre de leurs œuvres ou quelques citations reprises par les auteurs postérieurs.

Le premier d’entre eux, est Hippys de Rhégion, que l’on peut situer au début du Ve

siècle et qui a composé une Histoire de la Sicile en cinq livres. Lui succède, le syracusain Antiochos, qui est semble-t-il contemporain d’Hérodote. Il a rédigé une histoire des Grecs de Sicile, s’étirant de l’époque du roi légendaire Cocalos au Congrès de Géla dans les années 424/423. Puis, au tournant du Ve siècle, sous le règne de Denys l’Ancien, un de ses plus

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fidèles et puissants soutiens, Philistos de Syracuse est également l’auteur d’une histoire de la Sicile, des origines à son époque. Au siècle suivant, on ne peut manquer de mentionner les noms d’Éphore de Cumes et Timée de Tauroménion. Ces deux historiens du IVe

siècle ont rédigé des histoires universelles et grâce à leur ancrage régional ils ont pu rendre compte de nombreux événements s’étant déroulés en Sicile. On peut se faire une idée de la richesse de leur œuvre, ne serait-ce qu’à travers les citations reprises par les auteurs postérieurs, à l’instar de Diodore de Sicile. Il n’est donc pas évident d’indiquer clairement en quoi l’œuvre de ces auteurs nous intéresse dans la perspective de notre sujet ; tout au plus peut-on signaler, en termes généraux, la grande influence qu’ils ont exercée sur leurs successeurs.

Revenons cependant pour un temps, à la Grèce égéenne, avec la source que représente, pour la période, l’œuvre de Thucydide. Il n’est évidemment pas nécessaire de présenter l’homme politique et historien athénien, pas plus que son œuvre, l’Histoire de la Guerre du

Péloponnèse. Nous nous sommes essentiellement appuyés sur les livres IV, VI et VI ; le livre

IV relatant les événements des années 425 à 422, autrement dit la première intervention athénienne en Sicile et le congrès de Géla, et les livres VI et VII étant consacrés à l’expédition de Sicile, des années 415 à 413. Son œuvre est capitale pour un certain nombre de raisons. C’est tout d’abord, le récit factuel le plus fiable des événements dont nous disposons. On perçoit, en outre, une évolution par rapport au récit hérodotéen, dans le vocabulaire utilisé pour désigner les Sikeliôtai. Enfin, la méthode utilisée par Thucydide et le soin qu’il met à retranscrire les discours, nous permettent d’appréhender, avec une critique adéquate, certaines perceptions de l’époque, que ce soit à travers l’échange entre Nicias et Alcibiade avant le début de l’expédition ou par le biais des discours du syracusain Hermocrate, dont le fameux discours de Géla. À ce titre, les écrits de Thucydide revêtent un intérêt primordial pour appréhender l’ethnicité sicéliote dans la seconde partie du Ve

siècle.

Peu après, c’est le témoignage de Platon qu’il nous faut examiner. En effet, le philosophe athénien connu pour ses dialogues et son apport à la philosophie, a également laissé à la postérité un certain nombre de lettres, réunies dans un corpus regroupant à la fois lettres authentiques et inauthentiques. De 387 à 360, il effectua trois voyages en Sicile, à la cour du tyran de Syracuse, pour mettre en application ses théories sur le philosophe comme conseiller des puissants. Après l’échec de sa tentative auprès de Denys l’Ancien, il réessaya plus longuement auprès de son fils, Denys le Jeune et eut avec lui, une relation des plus orageuses. Utilisées pour leurs renseignements factuels sur la période, ces lettres relaient également les

topoi sur la Sicile et, dans une certaine mesure, la propagande panhellénique réactivée par

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offre un éclairage précieux sur la Sicile du IVe siècle. Aux limites chronologiques de notre sujet, Polybe constitue une source de première importance en ce qui concerne la Sicile du IIIe siècle et demeure relativement proche des événements qu’il relate. Ainsi, les livres IX et XV renseignent sur le règne d’Agathocle alors que les livres I, II, III et VI documentent les deux premières Guerres puniques.

En sortant du cadre chronologique de notre étude, il convient de mentionner quelques sources d’époque romaine. En effet, il n’est guère possible de négliger les œuvres de Diodore de Sicile ou Strabon, fussent-elles rédigées plusieurs siècles après les événements en question. Cette distance dans le temps impose une rigueur méthodologique plus grande et c’est bien parce que celles-ci s’appuient sur les écrits d’auteurs antérieurs qu’on peut prétendre restituer des bribes de ces écrits. Ainsi Diodore de Sicile écrit sa Bibliothèque Historique dans le contexte de la domination romaine du 1er siècle et pourtant, parce qu’il s’appuie sur les auteurs qui l’ont précédé, notamment Éphore de Cumes et Timée de Tauroménion, il constitue pour nous une source fondamentale. À tel point qu’on ne saurait énumérer avec précision les éléments auxquelles on a eu recourt tant son œuvre a été utilisée pour l’ensemble de cette étude.

En revanche, on a fait un usage plus circonstancié de la Géographie de Strabon. Rédigée quelques dizaines d’années après, Strabon y fait la description de tous les pays bordant la Méditerranée et y joint des anecdotes historiques. Là encore, il fonde son propos sur des écrits antérieurs et relate nombre de récits mythiques relatifs à la Sicile et à sa prospérité. On y trouve également beaucoup de récits de fondations qui diffèrent parfois de ceux transmis par Thucydide, et des renseignements sur les peuples indigènes avec lesquelles les Sicéliotes se partagent la Sicile.

En ce qui concerne la Sicile du IIIe siècle, de l’expédition de Pyrrhos à la Deuxième Guerre punique, nous avons eu recours à des auteurs plus tardifs encore comme Tite-Live, des livres XXI à XXX ou Appien dont les livres III et VII de son Histoire romaine traitent respectivement du conflit entre Rome et Pyrrhos et de la Guerre d’Hannibal. L’expédition de Pyrrhos est aussi documenté dans les livres XIX et XX des Antiquités Romaines de Denys d’Halicarnasse, un auteur contemporain de Strabon. Comme son nom l’indique, cette œuvre est centrée sur l’histoire de l’Italie et de Rome en particulier, des origines à la Première Guerre punique. En dressant l’historique des peuples ayant occupé la péninsule italique, il est également amené à aborder le cas des indigènes, Sicanes, Sikèles et Élymes présents en Sicile. C’est donc au sujet des temps mythiques que son œuvre a été la plus profitable. Aux

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difficultés méthodologiques qu’implique l’utilisation de sources tardives s’ajoutent alors les écueils inhérents aux récits mythologiques.

2. La question des mythes

Il convient, en effet, de dire un mot sur la méthodologie suivie dans notre étude pour envisager les mythes. Tout d’abord, qu’entendons-nous par mythes ? Il n’est pas aisé de définir cette « catégorie poubelle285 », ainsi que la nomme Suzanne Saïd, aux contours souvent flous. Bien des définitions ont été proposées, de Mircea Eliade à Walter Burkert286 et il nous semble judicieux d’en combiner deux. La première, sous la plume de Jean-Pierre Vernant, est tirée du Dictionnaire des mythologies et définit les mythes comme des « ensembles de récits concernant les dieux et les héros, c’est-à-dire les deux types de

personnages auxquels les cités antiques adressaient un culte287 ». La seconde, que l’on doit à Claude Calame dans Qu’est-ce que la mythologie grecque ? en fait une « histoire

traditionnelle à portée sociale mettant en scène dans un temps transcendant des personnages aux qualités surnaturelles et par conséquent fabuleuses288 ». Ces deux définitions nous semblent complémentaires, car la première met l’accent sur les acteurs, quand la seconde insiste sur la portée et la temporalité du mythe. Tout au plus peut-on également préciser que celui-ci revêt une fonction justificative ou prescriptive289 et qu’il est issu – ou se présente comme tel – de l’imagination collective.

Cela étant, les mythes couvrent de vastes sujets et nous allons voir que seule une partie d’entre eux sera envisagée dans le cadre de notre étude. Dans son ébauche de typologie, Suzanne Saïd distingue trois grandes catégories de mythe290 :

- Les récits des origines regroupant les cosmogonies, de la création du monde à l’avènement des Olympiens, les mythes relatifs à la création de l’homme et ceux qui racontent l’origine des peuples et des cités. Seule cette dernière catégorie nous intéresse, autant pour la généalogie d’Hellen que pour les récits retraçant l’origine des divers peuples non-grecs à travers, notamment, l’exemple des Nostoi.

285 Saïd 2008, 9. 286

Suzanne Saïd en présente quelques-unes suivant l’axe qu’elles mettent en avant, dans Saïd 2008, 10-11.

287 Article « Grèce. Le problème mythologique » dans Bonnefoy 1981. 288

Calame 2015, 24.

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Saïd 2008, 11.

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- La geste des Olympiens dont on n’envisagera que les quelques épisodes ayant pour cadre la Sicile à l’instar du rapt de Perséphone situé dans les plaines d’Enna par Timée de Tauroménion.

- La geste des Héros regroupant les exploits individuels ou collectifs de ceux-ci, comme la quête de la Toison d’or ou la chasse au sanglier de Calydon, les cycles légendaires organisés autour d’une cité à l’instar de Thèbes ou d’une dynastie telle la lignée de Tantale, et enfin le cycle troyen, dernier grand repère des temps héroïques. Cette dernière catégorie est celle qui retiendra le plus notre attention, principalement à travers la prise en compte de la geste d’Héraclès, figure primordiale pour la Sicile, mais aussi les pérégrinations de Dédale et de Minos ou encore les Nostoi déjà évoqués.

De nos jours, il existe trois grandes approches historiographiques concernant l’interprétation des mythes même si, « l’heure des grands affrontements méthodologiques

[étant] bien passée291», les chercheurs n’hésitent plus à combiner les différentes méthodes. C’est d’abord la mythologie historique qui se développe et accorde une grande importance à l’origine des mythes et à leurs relations avec les rites. S’efforçant de retrouver l’événement ou la situation historique qui se cache derrière le mythe, cette approche a le mérite d’adopter une perspective diachronique afin de mettre à jour les versions successives d’un même mythe. Bien sûr, « le mirage des origines » pousse parfois les chercheurs à établir d’audacieuses continuités sur des millénaires, tel Georges Dumézil (1898-1986) reliant les mythes grecs à un grand ancêtre indo-européen ou Walter Burkert (1931-2015) établissant une filiation avec les rites de chasse paléolithique. Toutefois, sous l’influence de l’École de Rome regroupée autour d’Angelo Brelich (1913-1977), l’intérêt pour l’évolution historique du mythe est réel, et les travaux s’efforçant d’identifier les différentes couches de celui-ci, en association avec divers contextes historiques et sociaux, ont souligné la grande palette d’influence à l’œuvre, des mondes mycéniens au Proche-Orient ancien. En outre, nombre de chercheurs à l’image de Christiane Sourvinou-Inwood dans Myth as History : The Previous Owners of the Delphic

Oracle délaissent la périlleuse question des origines pour se concentrer sur la réception du

mythe dans un contexte historique bien particulier, s’interrogeant sur le sens de celui-ci auprès des contemporains comme sur les évolutions dont ceux-ci peuvent être à l’origine.

À côté de cette perspective diachronique se sont développées deux approches résolument synchroniques. Ainsi, l’approche structuraliste n’envisage le mythe que dans l’unité,

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Ibid., 131. Suzanne Saïd montre d’ailleurs comment Jan Bremmer use des trois approches dans son étude du mythe d’Œdipe.

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considérant toutes les versions de celui-ci sur le même plan. Dès lors, on cherche à établir des structures communes aux mythes grecs ou même à l’ensemble des mythologies connues en décortiquant les différentes fonctions des personnages mis en scène et les schémas de relation récurrents. La mise au jour d’un petit nombre d’éléments que l’on retrouverait dans une même catégorie de mythe permettrait d’en dégager le sens profond derrière l’incohérence apparente du récit. Malgré la diversité des interprétations, on peut distinguer deux grandes tendances au sein de ce courant structuraliste.

C’est d’abord le champ des travaux en linguistique et en sémiologie qui, de Vladimir Propp (1895-1970) à Claude Brémond est venu irriguer tout un pan de la recherche consacrée aux mythes. Le principal représentant de ce mouvement est aujourd’hui Claude Calame, avec ses travaux sur le mythe des Cyclopes dans l’Odyssée. C’est ensuite l’anthropologie structurale développée par l’œuvre féconde de Claude Lévi-Strauss (1908-2009). Dans le domaine des mythes grecs, il convient de citer Jean-Pierre Vernant (1914-2007), Pierre Vidal- Naquet (1930-2006) et Marcel Detienne, auteurs de multiples travaux dont respectivement une étude consacrée au mythe de Prométhée chez Hésiode, une analyse du mythe fondateur des Apatouries et une interprétation du mythe d’Adonis292. Malgré de nombreuses critiques centrées sur sa simplification excessive des récits mythiques ou sa temporalité édulcorée, cette approche conserve encore une grande influence.

Enfin, sous la férule de Sigmund Freud (1856-1939) et Carl Gustave Jung (1875-1961), la psychanalyse s’est emparée des mythes considérant ceux-ci comme l’émanation d’un inconscient collectif universel. Dès lors, ces récits ne sont que l’expression des différents désirs et pulsions de l’être humain prenant une apparence d’autant plus étrange qu’ils sont refoulés. Freud lui-même s’intéressa au mythe d’Œdipe avec le succès qu’on lui connaît ou à la figure de Méduse, vue comme la traduction symbolique d’une peur masculine de la castration face à l’organe génital féminin. Même si cette méthode psychanalytique a essaimé tout au long du XXe siècle, elle a essuyé de rudes critiques en raison de l’importance très légère qu’elle accorde au texte, réduit in fine à une même série de thèmes qu’on retrouve partout par « déplacements », et de l’absence totale de prise en compte du contexte sociohistorique.

Dans le cadre de notre réflexion, nous ne nous intéressons que peu aux grandes cosmogonies ou au cycle de Prométhée, pour lesquelles ces approches synchroniques ont sans

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Voir Pébarthe 2015 qui montre que l’inspiration venant de Levi-Strauss se retrouve essentiellement chez Detienne alors qu’elle n’apparaît pas très importante chez Vernant.

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doute un attrait. Au contraire, l’essentiel de notre corpus est composé de mythes politiques, fondant le prestige d’une dynastie, justifiant l’appropriation coloniale - telle la geste d’Héraclès dans l’ouest de la Sicile - ou donnant un surcroît de légitimité aux alliances diplomatiques à l’image du mythe des origines troyennes de Ségeste. Dès lors, il nous importe de nous concentrer sur le contexte d’énonciation et de création de ces mythes afin d’en saisir l’usage que les contemporains d’alors peuvent en faire. Nous accordons, de la même manière, un fort intérêt à la plasticité des mythes qui ne manquent pas d’être re-sémantisés en milieu colonial pour correspondre aux attentes du contexte et faciliter l’incorporation de nouvelles terres dans l’univers mental des communautés locales. Du fait de cette primauté accordée au contexte d’énonciation, il n’y a pas de partie unique dédiée aux mythes et à leur analyse, mais