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VI. Une mixité sociale est-elle possible ?

6.2. Des dispositifs vers l’aide à la mixité sociale

Un journal de quartier, le « Turfau’mag », est écrit par les habitants du quartier de le Turfaudière – Mermoz. Ce journal est l’occasion pour les habitants de parler de sujets qui les intéressent, à la fois des sujets d’actualité du quartier, mais aussi des échanges d’astuces, ou d’actualités plus globales. Ce journal permet également de prévenir les habitants des différentes activités prévues et des réunions à venir. Ce journal témoigne d’une envie de partage et de travail commun. Il est également le symbole d’une forme de cohésion et de création d’un lien entre des habitants d’un même quartier. La participation à ce journal est toutefois limitée et tous les habitants n’y participent pas activement.

Les habitants du quartier de la Turfaudière ont un conseil citoyen, comme le prévoit la loi pour les QPV. Ce conseil citoyen permet de redonner une participation des habitants à différentes problématiques qui traversent leur quartier. C’est un moyen de participation qui semble bien investi à première vue dans le quartier puisque plusieurs habitants interrogés ont évoqué leur participation à ce conseil, qu’elle soit ponctuelle ou non. Cependant, au vu du nombre limité d’habitants participant lors de ma présence à ce conseil, il peut être remarqué que c’est seulement une partie des citoyens qui y participent. Ce moyen peut être considéré comme une forme de démocratie participative, les habitants échangent sur les diverses problématiques, mais une forme démocratique participative uniquement investie par des habitants investis dans le quartier. Divers acteurs sont présents lors de ce conseil : les habitants pour faire monter les revendications, des employés de la ville présents pour apporter leurs réponses sur les questions qui portent sur la sécurité ou sur les projets mis en place, sur l’avancement de certains travaux, etc. Le bailleur social Manche Habitat est également présent pour répondre aux problématiques liées aux logements lors des réunions qui le concernent. Dans certains cas, lors de réunions publiques, comme celle concernant l’aménagement du square Mainemer, certains élus sont également présents.

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L’observation faite lors du conseil citoyen a permis de saisir différents enjeux. 12 habitants du quartier était présents dont 2 qui animaient le conseil, la coordinatrice du contrat de ville était également là pour recadrer les débats, et la médiatrice du quartier. La configuration était particulière, en effet les chaises étaient toutes tournées face au rétroprojecteur dans la prévision de la réunion suivante, mais d’habitude la configuration est différente. Les chaises sont en forme de cercle, sans table au milieu, ce qui permet de favoriser l’échange. Le conseil citoyen se réunit une fois par mois, bien qu’au début celui-ci se réunissait plus souvent du fait du nombre plus importants de problématiques. Des permanences du conseil citoyen ont lieu en dehors de ces réunions. Le problème de la participation des adolescents se fait ressentir. Selon la coordinatrice il est très difficile de toucher ces personnes qui ne se sentent pas concernées. Il est également difficile de toucher les personnes qui habitent dans un logement individuel puisqu’elles sont moins sujettes aux différents tracts affichés, par exemple dans les parties communes des immeubles auxquels elles n’ont pas accès. Les personnes présentes sont assez âgées globalement. La parole est donnée à tous les habitants qui souhaitent la prendre. Dans un premier temps le conseil citoyen revient sur les questions posées lors du dernier conseil et étudie les réponses apportées par les différents partenaires. Un temps d’échange sur les diverses actions en cours est prévu. Par exemple lors de ce conseil il s’agissait d’organiser la fête des voisins et la fête du quartier. Durant la fête du quartier, le conseil citoyen sera présent pour parler des différents projets et de l’intérêt de ce conseil. Le but est de se faire connaitre et de toucher un plus grand nombre de personnes pour que certains se mobilisent dans ce conseil. Le conseil citoyen est donc un lieu d’échange sur les problématiques qui se posent dans le quartier, sur les animations prévues ou à prévoir, mais aussi sur les aménagements du quartier. L’objectif est de revaloriser le quartier et de l’animer mais également de renforcer le lien social entre les habitants. Ce conseil citoyen semble important pour les habitants investis dans le quartier. Cependant, il y a tout de même une faible participation par rapport au nombre d’habitants sur le quartier qui est de 961 en janvier 2015.

Des animations ont lieu sur le quartier : une fête des voisins est organisée une fois par an, des brocantes organisées par le Cod’Bar, etc. L’espace mosaïque, qui est la maison de quartier, et le centre Saint-Paul organise de multiples activités pour toutes les tranches d’âges (enfants, adultes, et même familles). Ces animations sont de plus en plus tournées vers les activités manuelles et sont souvent gratuites ou à faibles tarifs. Les différentes activités prévues sont de moins en moins tournées vers la consommation et de plus en plus vers la

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création. Ceci est à mettre en lien avec les faibles revenus des personnes habitant dans le quartier. 24% des personnes habitant sur le quartier vivent en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage est de 16% sur le quartier en septembre 2015. Lors des entretiens avec les habitants, nombreux ont été ceux qui ont demandé le tarif pour une activité. Selon un habitant du quartier « il faut encore sortir des sous ». Des associations se sont constituées dans le quartier, c’est l’exemple de la Fabrique UPPM (Université Populaire des Parents en Mouvement) qui propose aux parents d’échanger sur la parentalité, « Parole de femme » qui échange sur l’éducation. Le CLAS est également présent sur le quartier, ou encore un réseau d’échanges et de savoirs. Des activités ponctuelles comme permanentes ont lieu. Tous les mercredis après-midi des activités sont mises en place, des sorties occasionnelles sont également proposées. Le centre Saint-Paul est le cœur historique du quartier puisqu’auparavant c’était une ferme et elle était la seule implantée sur le quartier. Aujourd’hui c’est une salle commune pour diverses activités et rencontres avec du matériel à la fois d’activités et de partage (cafetière, micro-ondes, etc.). Ce lieu est accueillant et est ouvert à tous. C’est dans ce lieu convivial que se réunit le conseil citoyen.

Ces animations semblent essentielles pour certains habitants qui investissent ces activités et qui sont présents à celles-ci. Une fois encore, cette participation ne touche pas tous les habitants et ce sont souvent les mêmes personnes qui sont présentes. Ce sont celles qui s’impliquent dans la vie du quartier et qui s’y sentent intégrées. Le rôle des animations est important et permet de créer une vie de quartier. Les développeurs sociaux sont présents dans les différents quartiers depuis les années 80, dû au phénomène de changement de la population habitant ces quartiers. L’objectif étant de créer du lien social et répondre aux problèmes de comportement. Le développement social est étudié par Jeanne Dumoulin, selon qui les développeurs mènent des actions de gestion sociale sur des territoires où le fonctionnement social et urbain pose problème.

6.3. Des trajectoires résidentielles différentes comme conséquences de