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Des conditions d’emploi plus précaires dans l’académie d’Aix-Marseille

le jeu territorialisé des déterminants économiques et sociau

2. Les modalités de primo-insertion diffèrent selon les académies d’Aix-Marseille et

2.2. Des conditions d’emploi plus précaires dans l’académie d’Aix-Marseille

À l’inverse des conditions d’insertion dans l’académie de Nice, les sortants de l’académie d’Aix-Marseille obtiennent plus rapidement un emploi, mais celui-ci est généralement plus précaire.

Le profil économique de l’académie d’Aix-Marseille est également fortement orienté vers le secteur tertiaire, mais dans des proportions moindres que sur Nice, et les secteurs industriels occupent une place plus importante. Il s’agit des agro-industries dans la basse vallée du Rhône et des industries plus classiques dans les zones portuaires des Bouches-du-Rhône. L’académie se caractérise également par la présence des départements alpins des Alpes-de-

8. Une explication possible à cette implantation importante de l’apprentissage dans l’académie de Nice est à rattacher à un phénomène très particulier dans cette académie et qui limite le développement des capacités d’accueil en lycée professionnel : la pression foncière.

Haute-Provence et des Hautes-Alpes, fortement tournés vers le tourisme. Dans ce contexte, les secteurs d’activité les plus spécifiques (dont le poids est plus marqué qu’en région) sont étroitement liés à ces caractéristiques : l’agriculture et les industries agroalimentaires, les transports, les industries de biens intermédiaires, l’énergie, et seulement deux secteurs dans les services : les services aux entreprises et les activités financières. Les salariés se répartissent dans des entreprises de plus grande taille que dans les départements du Var et des Alpes-Maritimes. Les emplois sont moins souvent précaires qu’en moyenne régionale. Cette situation économique devrait se traduire par de meilleures conditions d’insertion stable pour les sortants des systèmes éducatifs. Or, nous constatons que ce n’est pas le cas.

La structure de l’offre de formation n’est pas de même type dans l’académie d’Aix-Marseille que dans l’académie de Nice. L’apprentissage occupe une place plus réduite, la voie scolaire générale accueille moins de jeunes qu’en moyenne régionale. Les capacités d’accueil en enseignement scolaire professionnel sont proportionnellement plus réduites qu’en moyenne régionale au regard de la demande exprimée. Cette structure de l’offre est cohérente avec la structure économique de l’académie : les filières relevant des secteurs de la production (électricité, électronique, structures métalliques, bâtiment) et les formations liées au transport, manutention, magasinage, aux services aux entreprises (secrétariat, bureautique) occupent une place plus importante qu’en moyenne régionale. L’enseignement privé occupe une place plus significative qu’en moyenne régionale. La répartition par niveau de formation est de même type qu’en moyenne régionale.

Le profil social de la population est également différent dans l’académie d’Aix-Marseille. La présence plus marquée qu’en région des ouvriers, agriculteurs et professions intermédiaires le caractérise. Cette population est dotée d’un niveau de formation plus faible qu’en moyenne régionale. Les familles en situation de difficulté sociale sont plus nombreuses. Les comportements de scolarisation qui en découlent sont peu enclins à la poursuite d’études. Les centres universitaires de l’académie, pourtant plus importants que dans l’académie de Nice, ne semblent pas devoir rééquilibrer la tendance à mener une scolarité courte, et acquérir rapidement une source de revenu, donc un emploi, ce qui expliquerait cette promptitude à occuper un emploi à la sortie de la formation. Mais cette sortie semble se faire au détriment d’une élévation globale du niveau de formation et de qualification de la population locale. Au total, il ressort de cette comparaison interacadémique que le tissu économique à forte prédominance de très petites entreprises tertiaires et d’activités saisonnières de l’académie de Nice devrait « tirer » ce territoire vers des valeurs d’insertion défavorables. Cela se vérifie en partie avec des taux de chômage importants pour les jeunes sortants, mais cela est à nuancer par un poids d’emploi stable également important, parmi ceux qui sont en emploi. Les effets d’artefact d’enquête (l’enquête en février minimise les statuts précaires du travail saisonnier, mais maximise le chômage) ne sauraient expliquer à eux seuls la qualité relative de l’insertion sur l’académie de Nice. Deux autres considérations doivent être prises en compte qui sont relatives à la structure des parcours de formation : le comportement scolaire des jeunes moins défavorable que sur Aix-Marseille du fait de l’environnement sociodémographique des familles, le rôle important de l’apprentissage qui ne requiert pas au même degré que les lycées le passage par l’emploi aidé.

Il semble que l’adaptation de l’apprentissage au tissu local, que l’influence plus faible de l’échec scolaire sur cette académie, et enfin que le poids des stages et des emplois aidés sur Aix-Marseille contribuent à une image plus équilibrée des deux académies, les facteurs d’environnement sociodémographique et d’offre de formation, interagissant avec les facteurs strictement économiques.

3. Primo-insertion des jeunes et environnement local

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C’est en observant les processus d’insertion, à l’échelle des zones d’emploi, que la nécessaire territorialisation des enquêtes longitudinales prend toute sa signification. L’entrée dans la vie active à l’issue de la voie scolaire et de l’apprentissage ne s’opère pas dans les mêmes conditions selon la zone d’emploi dans laquelle s’est déroulé le cursus de formation. Ainsi, les jeunes ayant réalisé leur parcours dans les zones de Briançon et Gap s’insèrent plus rapidement et dans de meilleures conditions que les jeunes ayant suivi leur cursus dans les zones de Draguignan, Brignoles ou Toulon. Les zones de Marseille-Aubagne et de Cannes-Antibes connaissent des taux d’insertion proches de la moyenne régionale. La zone d’emploi d’Avignon connaît des taux d’insertion supérieurs à la moyenne régionale, alors que la situation de l’emploi n’y est pas favorable, en particulier pour les jeunes. Si nous reproduisons à l’échelle des zones d’emploi notre raisonnement sur les académies, nous affinons nos hypothèses sur les déterminants de l’insertion (exemple de la zone de Fos-sur-Mer), mais dans le même temps nous accentuons le besoin d’élargissement des références du longitudinal (zones de Briançon-Gap et d’Avignon).

9. D’après ORM, Perspectives territoriales : emplois et qualifications, collection « Outils d’analyse » n °6, Marseille, décembre 2004.

3.1. Influence du contexte économique sur l’insertion à sept mois : exemple des zones

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