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Les conditions d’entrée des jeunes dans la vie active, comparaisons PACA-France Quelques enseignements de l’insertion à sept mois et à trois ans

le jeu territorialisé des déterminants économiques et sociau

1. Les conditions d’entrée des jeunes dans la vie active, comparaisons PACA-France Quelques enseignements de l’insertion à sept mois et à trois ans

Les conditions dans lesquelles les jeunes entrent sur le marché en 2001 sont plutôt bonnes puisque 73 % de ceux-ci sont en emploi sept mois après leur entrée dans la vie active. De même, l’entrée dans la vie active de la « Génération 98 », s’est passée dans de plutôt bonnes conditions, en région PACA, puisque, après trois ans d’entrée dans la vie active, près de huit jeunes sur dix ont trouvé un emploi.

Cependant, l’insertion des jeunes en région PACA est un peu moins bonne qu’au niveau national : la part des jeunes en emploi au bout de trois ans est de 77 % en PACA contre 82 % en moyenne nationale, 59 % sont en CDI contre 64 % en moyenne nationale. Enfin, la part des chômeurs après trois ans d’entrée dans la vie active (2001), est de 13 % en PACA contre 10 % au niveau national. Ce décalage des situations nationale et régionale au moment de l’enquête est également observable en termes de salaires : 1 052 euros de salaire médian en PACA contre 1 098 au niveau national.

Enfin, ces décalages ne touchent pas que les situations observées à trois ans. La manière dont les parcours se déploient dans la durée montre elle aussi des écarts au désavantage de la région PACA. En ce qui concerne le

2. Dans certaines régions, des enquêtes viennent enrichir les bases de données régionales et locales, comme par exemple les enquêtes académiques IVA-IPA.

premier emploi occupé après la sortie de l’école, il est plus souvent sur contrat aidé (12 % en région contre 10 % en France), et plus souvent sur contrat à temps partiel (25 % en région contre 21 % en France). La durée cumulée du chômage sur la période dépasse deux ans pour 16 % des jeunes en PACA contre 12 % en France.

1.2. Les raisons invoquées au regard de l’économie et du marché du travail

Si l’entrée dans la vie active de la « Génération 98 », et celle des sortants 2001 enquêtés par IVA-IPA, se passent dans de plutôt bonnes conditions, cela peut s’expliquer par une conjoncture économique favorable durant la période

1997-20013.

Le contexte économique peut expliquer également les disparités qui existent entre les régions. Ainsi, PACA connaît une situation un peu plus défavorable du point de vue de l’insertion des jeunes au regard de la situation nationale. Une des principales raisons invoquées pour expliquer cela a trait au différentiel régional en matière de structure de l’activité économique qui pèse sur le fonctionnement du marché du travail.

L’activité économique de la région est marquée par le poids de secteurs d’activité tertiaires et des très petites entreprises. L’emploi industriel en PACA ne représente que 11 % du total contre 18 % en moyenne nationale. Dans les activités tertiaires on va trouver des activités d’échanges comme le commerce et le transport, qui représentent à eux deux 19,9 % de l’emploi contre 17,6 % en France. De même, des secteurs tertiaires comme les services aux particuliers (8,8 % en PACA contre 7,4 % en moyenne nationale) ou les activités immobilières (1,9 % contre 1,2 %), sont réputés pour le caractère plutôt précaire ou saisonnier de l’emploi. Ceci est corrélé avec la part des effectifs de salariés (un tiers du total), travaillant dans des entreprises de moins de 10 salariés. Il convient toutefois de nuancer cette présentation en rappelant qu’une partie de l’emploi tertiaire relève du secteur non marchand, où la protection statutaire peut être importante (éducation, santé, action sociale, administration, représentent 35 % de l’emploi contre 30 % au niveau national). Cependant, le marché du travail de ces professions à statut relève en grande partie d’un marché du travail extrarégional, voire national.

Un certain nombre de spécificités économiques régionales ont un effet direct sur le fonctionnement du marché du travail. C’est ainsi que la région se caractérise par un poids global des emplois en CDD plus important qu’au niveau national (9,5 % contre 8,5 %), une part des emplois du travail en temps partiel également plus importante (20,1 %, contre 18,6 %). Enfin, le revenu salarial moyen est inférieur en PACA à la moyenne nationale (17 379 euros, contre 18 313 euros). Il en va de même pour le chômage, avec un taux de chômage de la population adulte de 17,3 % en PACA en 1999 contre 12,8 % en moyenne nationale.

On le voit, sur ces différents critères, les situations des jeunes entrants ne font que refléter la situation générale de la

population salariée en PACA4.

1.3. Les conditions d’insertion sont également reliées à la structure des parcours de

formation

Les parcours d’insertion ne peuvent pas être reliés uniquement au contexte économique. On observe que les cheminements suivis par les jeunes après la sortie de l’appareil de formation doivent beaucoup aux conditions même dans lesquelles ils ont évolué dans cet appareil et aux conditions (de niveaux, de spécialités, etc.) dans lesquelles ils en sont sortis.

De ce point de vue, de nombreuses similitudes apparaissent entre le niveau régional et le niveau national. Conditions de sortie en termes de niveaux tout d’abord. L’extension régionale « Génération 98 » en PACA montre que plus le niveau de sortie s’élève, plus les chances d’accès rapide à l’emploi augmentent. Alors que 43 % seulement des jeunes de la région PACA sortis sans qualification sont en emploi trois ans après la sortie, ils sont 72 % à être en

emploi avec un CAP ou un BEP, et 92 % à être en emploi avec un diplôme de 3e cycle ou de grande école. Seule

exception, les titulaires de diplômes technologiques de niveau Bac + 2 sont plus nombreux à être en emploi (91 %) que les titulaires d’un second cycle d’enseignement supérieur. Cette exception révèle en réalité un effet de « voie de

3. Les enquêtes conduites de façon récurrente comme l’interrogation sur de nombreuses années dans certaines académies, montrent que la primo-insertion est très sensible à la conjoncture de l’année de sortie. Encore récemment, selon l’enquête « Génération 2001 », cette génération de sortants « s’est retrouvée confrontée à un retournement conjoncturel significatif

durant la période d’insertion » (Nathalie MARCHAL, Mickaële MOLINARI-PERRIER, Jean-Claude SIGOT, Génération 2001,

S’insérer lorsque la conjoncture se dégrade, Céreq, « Bref » n° 214, décembre 2004).

4. Sur l’influence de la structure des secteurs d’activité et de la taille des entreprises en PACA sur l’emploi et le marché du travail, cf. notamment Cinq modes de gestion des ressources humaines en PACA, Observatoire régional des métiers, collection « Mémo » n° 9, décembre 2002.

formation » : les diplômes professionnels présentent, à niveau équivalent, une meilleure insertion que les diplômes généraux, comme on le voit également pour les baccalauréats technologiques et professionnels, dont le taux d’accès à l’emploi est meilleur (80 %) que celui des baccalauréats des séries générales (75 %).

La spécialité de formation est, elle aussi, importante pour expliquer les conditions dans lesquelles les jeunes entrent sur le marché du travail. L’enquête IVA-IPA, conduite en région sur plus de 12 000 sortants, permet de traiter de façon différenciée les sortants par filière de formation, et montre par exemple que les spécialités tertiaires qui se placent le mieux à l’entrée sur le marché du travail sont celles qui sont reconnues en région comme « métiers en tension » (santé, hôtellerie-restauration), une filière de production comme électricité-électronique, également, conduit à une bonne insertion.

1.4. Structure des parcours et conditions de scolarisation spécifiques à la région PACA : le

dualisme entre voie générale et apprentissage

Ayant examiné en quoi les parcours d’insertion relèvent des parcours de formation, il convient alors d’examiner en quoi la structure générale de la scolarisation en PACA se distingue de celle du niveau national. Peut-être alors sera- t-il possible de caractériser l’effet « structure de l’offre de formation » sur les conditions d’insertion des jeunes dans cette région.

Quelques données sur la scolarité générale tout d’abord, avec ce double constat négatif : la pré-scolarisation des enfants est moins forte en région qu’au niveau national (77,7 % des enfants de 3 à 6 ans sont scolarisés en PACA contre 81,5 % en moyenne nationale), la scolarisation des 16-18 ans est un peu inférieure en région (95,8 % contre 96,4 %), tandis que le taux de scolarisation des 20-24 ans est identique (56,4 %). D’autres indicateurs de scolarité

générale sont défavorables à la région PACA, comme le taux de retard scolaire à l’entrée en 6e (3,8 % contre 3,5 %

au niveau national) ou encore le taux d’accès au baccalauréat (60 % en PACA contre 61,9 % au niveau national). En ce qui concerne l’équilibre régional entre les voies de formation initiale, deux phénomènes ressortent particulièrement. Le premier a trait à l’importance de l’orientation vers les filières générales dans l’enseignement secondaire (proportion un peu inférieure des CAP-BEP en PACA : 46,7 % contre 47,2 %), mais aussi et surtout dans l’enseignement supérieur (poids des orientations vers les STS et IUT de 31,1 % en PACA contre 35,8 % au niveau national). Cette orientation préférentielle vers les voies générales est encore plus marquée chez les filles (56 %) que chez les garçons (39 %). Le second correspond à l’importance du dispositif d’apprentissage en PACA (taux d’accès à ce dispositif de 3,8 % en PACA contre 2,9 % au niveau national).

Face à cette structure duale de la formation, c’est la production de qualifications intermédiaires qui semble pénalisée : moins de sorties des filières de l’enseignement professionnel aux niveaux V et IV et moins de sorties des filières technologiques de niveau III qu’au plan national.

Dans la filière professionnelle elle-même, un certain nombre de jeunes y arrivent par orientation tardive, sur échec en classe de seconde. C’est ainsi que 60 % seulement des titulaires d’un baccalauréat technologique ou

professionnel viennent d’une classe de 3e contre 68 % pour l’ensemble de la France.

La structure des effectifs en formation, aux différents paliers de scolarisation et dans les différentes voies et dispositifs de la formation initiale, fait donc apparaître ce paradoxe régional, d’une tendance à la fréquentation plus forte des filières générales (enseignement secondaire) et longues (enseignement supérieur), alors même que les conditions de base d’éligibilité scolaire sont défavorables. Les jeunes qui ont arrêté leurs études entre la seconde et le baccalauréat invoquent la lassitude face aux études comme principal motif d’abandon. Une partie de l’échec en formation générale est résorbée par des réorientations, mais une autre débouche sur des sorties sans formation professionnelle aux différents paliers, voire sans aucune qualification.

Ce lien entre sortie de bas niveau et retard scolaire est mis en lumière par le fait que 58 % des jeunes qui ont quitté

l’appareil scolaire sans qualification, accusaient un retard scolaire à l’entrée en 6e.

1.5. Contexte sociodémographique régional et conditions de scolarisation des jeunes

La région PACA connaît une progression démographique forte (+ 0,63 % en moyenne annuelle contre une moyenne nationale de 0,37 %) et c’est une région d’accueil de nombreux migrants, avec un taux d’installation de nouveaux arrivants de près du double de la moyenne nationale.

Contrairement à l’opinion commune, il s’agit avant tout de populations plus jeunes que la moyenne des gens stables, et les diplômés du supérieur y sont surreprésentés, ainsi que les catégories cadres et les professions intermédiaires.

Les postes laissés vacants à ces niveaux en région sont donc occupés par une partie des nouveaux arrivants. Ces phénomènes migratoires contribuent à maintenir à un niveau élevé le nombre de jeunes en âge de scolarisation et exercent une pression démographique persistante sur l’appareil de formation.

Sur le plan plus qualitatif de la composition socioculturelle de la population en PACA, celle-ci est contrastée, avec d’un côté une part importante de population à faible bagage culturel, souvent touchée par la précarité et tributaire de l’aide sociale (41,7 % du revenu des ménages en région), et de l’autre une classe moyenne supérieure bien implantée. De par les effets de reproduction sociale, on retrouve ce dualisme dans la structure de sortie de l’appareil éducatif en PACA, avec un taux de sorties sans qualification un peu plus élevé en région qu’au niveau national (7,7 % contre 7,5 %), la région ayant toutefois rattrapé une partie de son retard de ce point de vue, mais également avec un taux de scolarisation des 20-24 ans aussi élevé qu’au plan national. C’est la fréquentation d’études universitaires longues (53 % des bacheliers en PACA contre 47 % seulement au niveau national) qui peut expliquer que le taux de scolarisation des 20-24 ans en PACA ne soit pas pénalisé, malgré un accès au baccalauréat moins fréquent en région qu’au niveau national.

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