• Aucun résultat trouvé

de quoi s’agit-il ?

Dans le document N 76/77 A.N.A.E. (Page 23-26)

C. BILLARD

RÉSUMÉ:Définition des dysphasies de développement : de quoi s’agit-il ?

Définir les dysphasies n’est pas seulement un exercice artificiel visant à une classification, c’est aussi éclaircir la communication entre parents et professionnels et entre les différents profession-nels. C’est donc indispensable. En même temps les critères diagnostiques d’un trouble des apprentissages ne peuvent pas être aussi stricts, voire rigides que ceux d’une autre pathologie médicale : on a ou on n’a pas une épilepsie à paroxysmes rolandiques, on peut définir une limite du rapport poids/taille qui permette de fixer la frontière de l’obésité En revanche, on se heurte, dans les troubles du développement du langage oral, à l’âge où les tests sont faits. On ne définira pas la sévérité de la même manière à 3 ans, ou 5 ans ou 7 ans. Enfin, il manque dans les critères de définition des dysphasies un éclaircissement sur les critères de déviance du développement du langage. Tous ces points expliquent les limites des définitions des dysphasies. Il est tenté dans cet article de décrire la définition des dysphasies à travers l’historique, les classifications internatio-nales et les connaissances actuelles.

Mots clés: Dysphasie — Trouble spécifique du langage oral — Enfant — Diagnostic.

SUMMARY: Defining developmental dysphasias : what are the issues involved ?

The defining of dysphasias is not simply an artificial exercise aimed at classification, it is also an attempt at clarifying communication between parents and professionals and between professionals themselves. It is therefore indispensable. At the same time, criteria for diagnosing learning disorders cannot be as strict, as rigid as those for other medical pathologies : one either does or does not suffer from rolandic epilepsy, a weight/height ratio limit can be established to define the borderline of obesity. But in the case of disorders in the development of oral language, one comes up against the age at which tests are carried out. The definition of severity varies according to whether the child is three, five or seven years old. Furthermore, criteria for defining dysphasias are unclear in terms of the deviation criteria for language development. All these points demonstrate the limits of dysphasia definition. This article describes the definition of dysphasias through past history, international classifications and current knowledge.

Key words :Dysphasia — Specific oral language disorder — Child — Diagnosis.

RESUMEN :Definición de las disfasias del desarrollo : ¿ de que se trata ?

Definir la disfasia no es solamente un ejercicio artificial que se hace solamente con el fin de clasificar, sino que trata también aclarar la comunicación entre padres y profesionales y entre los diferentes profesionales. Resulta indispensable. De todas maneras los criterios diagnósticos de un trastorno del aprendizaje no pueden ser tan estrictos o tan rígidos que los de otras patologías medicales : se sufre o no se sufre de una epilepsia con paroxismo rolándico, se puede establecer una relación peso/tailla que da la posibilidad de delinear una frontera para definir la obesidad.

Sin embargo, uno está enfrentado al problema, en los trastornos del lenguage oral, de la edad del niño cuando las pruebas están hechas. No se evaluará con la misma severidad el trastorno a tres años como a cinco o a siete. Por último, falta a los criterios de definición de la disfasia un aclaramiento sobre los criterios de desviancia del desarrollo del lenguage. Todos estos puntos explican los límites de la definición de las disfasias. Este artículo intenta describir una definición de la disfasia a través del punto de vista histórico, las varias clasificaciones internacionales y los conocimientos actuales.

Palabras clave : Disfasia — Trastornos específicos del lenguage — Niño — Diagnóstico.

L

a nécessité d’une définition de la dysphasie de déve-loppement est une évidence. Les raisons sont multi-ples : préciser au mieux les termes utilisés est indis-pensable pour fournir ainsi des messages clairs en direction

des parents ; préciser les caractéristiques des enfants dys-phasiques est un premier temps essentiel pour interpréter les résultats des études scientifiques. La multidisciplinarité des intervenants (parents, orthophoniste, médecin,

psycho-A.N.A.E.,

2004 ; 76-77 ; 23-25 DÉFINITION DES DYSPHASIES DE DÉVELOPPEMENT : DE QUOI S’AGIT-IL ? C. BILLARD

logue, pédopsychiatre, enseignant) nécessite d’utiliser un langage commun, faute de quoi la connaissance scienti-fique ne peut pas circuler.

En même temps, l’absence de critères quantitatifs dans la littérature scientifique rend la tâche de la définition peu aisée si l’on veut sortir du flou des simples mots.

Historiquement plusieurs dénominations des dysphasies de développement ont été utilisées. Ajurriaguera a tout d’abord décrit les enfants dysphasiques dans les années 1960 sous le terme d’audimutitéou d’aphasie congé-nitale. Isabelle Rapin dans les années 1980 a été un des premiers auteurs à utiliser le terme dedysphasie de déve-loppement. Actuellement la littérature outre-Manche et outre-Atlantique n’utilise plus le terme de dysphasie de développement, mais décrit les enfants dysphasiques sous la dénomination de Specific Language Impairment.

Avant de tenter cette définition, il est important de bien connaître quelques terminologies :

– l’articulation est l’utilisation des sons séparément ; – la phonologie ou parole est l’utilisation des phonèmes

pour produire, représenter ou organiser les sons à l’intérieur d’un mot ;

– le langage est caractérisé par le lexique sur son versant compréhension et évocation, la syntaxe sur son versant compréhension et production, ainsi que le sens et la pragmatique.

LES GRANDES CLASSIFICATIONS INTERNATIONALES

Le DSM-IV (Manuel de classification des troubles men-taux de l’American Psychiatric Association) décrit trois types de troubles :

– le trouble du langage expressif ;

– le trouble du langage mixte expressif et réceptif ; – le trouble phonologique.

La CIM 10 (Classification de l’Organisation mondiale de la santé) décrit aussi trois types de troubles :

– les troubles spécifiques de l’articulation ; – les troubles du langage expressif ; – les troubles du langage réceptif.

TROUBLES DU LANGAGE SPÉCIFIQUES ET TROUBLES SECONDAIRES

Ces deux classifications concernent les troubles spécifiques du langage. C’est-à-dire les troubles qui concernent le développement du langage, qui ne s’accompagnent pas d’un autre déficit pouvant en rendre compte. C’est-à-dire après avoir éliminé par définition ici les troubles du lan-gage secondaires à un déficit auditif, à un trouble de la communication, à une anomalie neurologique, à une mal-formation ou paralysie des muscles phonatoires, à un trouble sévère de l’environnement psycho-affectif ou socio-culturel. Ce premier temps est essentiel car les troubles du langage secondaires à une autre pathologie nécessiteront une prise en charge coordonnée par les spécialistes de la pathologie primaire.

Les limites de ce diagnostic différentiel sont à connaître.

Le diagnostic différentiel entre dysphasie et déficience mentale doit tenir compte que des difficultés praxiques peuvent baisser le QIP sans qu’il y ait de déficience men-tale. D’autre part, certains enfants ont de véritables trou-bles du langage de type dysphasique mais un QIP modéré-ment déficitaire. De la même façon certains enfants peuvent avoir des difficultés de communication modérées et liées à l’entrave de leur trouble du langage oral sans pour autant avoir de troubles envahissants du développe-ment. Enfin l’intrication entre les difficultés relationnelles et les troubles du langage sont très fréquentes.

LA DIVERSITÉ DES DYSPHASIES En pratique clinique, les dysphasies sont donc des troubles sévères, structurels, durables. Ils touchent plusieurs fonc-tions du langage de façon importante, perdurent bien après 6 ans. Le langage est déviant. La déviance du lan-gage est caractérisée par des productions éloignées de la cible, des complexifications, un manque du mot, une utili-sation en production syntaxique de formes élaborées mais erronées, un trouble de la compréhension.

Il n’existe pas de frontière nette entre le trouble structurel que représente la dysphasie et un trouble plus fonctionnel que représente le retard simple de langage.

DYSPHASIE :

UNE TERMINOLOGIE UTILE

En effet les dysphasies doivent être reconnues tôt pour les rééduquer intensivement et précisément. Il est nécessaire d’accompagner les familles et d’effectuer toutes ces adap-tations pédagogiques. Il est aussi très important de savoir que les difficultés d’acquisition du langage écrit sont quasi constantes chez les enfants dysphasiques et que la lecture devra donc être abordée tôt mais différemment.

Plusieurs études de la littérature insistent sur la spirale : troubles du langage oral, troubles du langage écrit, et illet-trisme. En particulier les cohortes d’enfants diagnostiqués à 5 ans et demi et suivis jusqu’à l’âge de 8 ans, comme celle de Menyuck montrent que la majorité des enfants dysphasiques sont à 8 ans de mauvais lecteurs et que ceci concerne un quart des retards de langage, alors que seule-ment 7 % des anciens prématurés auront de telles diffi-cultés.

Les grandes étapes seront donc :

– dès 3-4 ans reconnaître le trouble spécifique du langage oral et les trois critères de gravité : inintelligibilité, agrammatisme, troubles de compréhension ;

– à partir de 5 ans : reconnaître un trouble persistant du langage oral pour rééduquer et préparer l’apprentissage de la lecture ;

– après 6 ou 7 ans reconnaître la persistance de déviances dans le langage oral et leurs conséquences sur la lecture et l’orthographe.

La rééducation adaptée intensive et les adaptations péda-gogiques sont indispensables tout comme l’accompa-gnement de l’enfant et de sa famille dès l’âge de 3-4 ans lorsqu’il existe une dysphasie. En grande section de

mater-C. BILLARD

nelle l’objectif sera surtout la préparation du langage écrit.

Ceci est fondamental car le risque de difficultés en langage écrit est quasi constant chez les dysphasiques or ceci est totalement soluble si l’on met en place une rééducation intensive et surtout une pédagogie particulière.

DYSPHASIE : DIFFÉRENTS PAYSAGES Au-delà des classifications, il existe des aspects extrême-ment différents d’enfants dysphasiques. Très rareextrême-ment la dysphasie prédomine sur la réception du langage. Le plus fréquemment la dysphasie est à prédominance expressive.

Plutôt donc que de faire une classification de différentes dysphasies, il est plus important pour l’enfant d’apprécier précisément ses différentes difficultés. L’évaluation ortho-phonique précisera les éventuelles difficultés articulatoires, difficultés phonologiques, difficultés d’évocation lexicale

ou de structuration syntaxique ou enfin de compréhension et d’informativité. Cette variabilité du paysage dyspha-sique souligne les limites des définitions puisque chaque enfant dysphasique a son niveau d’efficience intellectuelle non verbale et peut avoir des difficultés associées sur le plan psycho-affectif voire cognitif qui lui sont tout à fait particulières. Chaque enfant dysphasique : une singularité.

EN CONCLUSION

En conclusion, la réalité des enfants dysphasiques existe.

Les critères la définissant sont : la prédominance d’un trouble du langage oral, sa sévérité, sa déviance, son caractère durable. La réponse pédagogique est toujours indispensable dès 3 ans en petits groupes, particulièrement en fin de grande section de maternelle ou début de CP pour préparer la voie d’assemblage du langage écrit.

A.N.A.E.

a déjà publié 30 articles originaux

Dans le document N 76/77 A.N.A.E. (Page 23-26)