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CHAPITRE 5 : DES SYNERGIES INDUSTRIELLES COMME LEVIERS DE COMPÉTITIVITÉ TERRITORIALE AU PORT

5.3. La démarche MER au prisme du territoire de l’agglomération de La Rochelle

5.3.2. De l’enjeu écologique dans l’agglomération de La Rochelle

Soumise à d’importantes activités économiques, notamment industrielles et agricoles, l’intercommunalité rochelaise en garde un important héritage sur le plan environnemental. Ainsi, l’espace urbain est, entre autres, marqué par l’exploitation des ressources naturelles, des rejets de polluants, une dégradation de l’environnement et des crises urbanistiques.

5.3.2.1. De la maîtrise de la qualité de l’air

Dans l’agglomération de La Rochelle, les installations industrielles, et notamment le trafic portuaire (transport de marchandises), constituent d’importants vecteurs de dégradation de la qualité de l’air. Le diagnostic territorial de l’agenda 21 local met en évidence l’impact des activités industrielles sur les concentrations de dioxyde de

62 Les projections démographiques de l’INSEE, à l’horizon 2040, laissent entrevoir de nouveaux gains de population, mais à un rythme

soufre, de poussières, d’oxydes d’azotes, de chlorure d’hydrogènes, etc. Plus particulièrement au niveau du Port Atlantique La Rochelle, les fortes émissions de particules fines, dont les valeurs sont au seuil des normes autorisées, constituent de sérieuses menaces pour la qualité de l’air. Par ailleurs, du fait de la périurbanisation, les déplacements vers les zones d’activités économiques constituent des sources potentielles d’émissions de gaz à effet de serre. Le Plan Climat Énergie Territorial (PCET) renvoie ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre63. De plus, face au grand nombre d’entreprises sur son territoire, l’agglomération se retrouve

confrontée à la mise en place de dispositifs de recyclage efficaces

5.3.2.2. De la réduction et la valorisation des déchets

Dans l’agglomération de La Rochelle, la réduction des déchets à la source constitue un objectif principal de l’action environnementale locale64. L’agglomération s’est ainsi dotée d’un réseau de 12 déchetteries et d’une

unité de valorisation énergétique. Les industriels ne sont pas en reste dans cette volonté de limiter la quantité de déchets sur le territoire. Comme il est évoqué dans l’agenda 21 local, « [...] en associant en amont les producteurs et les distributeurs locaux, en développant la mutualisation entre industriels et entrepreneurs, les déchets des uns [pourraient] servir bien souvent de matières premières aux autres » (p.39).

Les démarches d’ÉIT qui émergent sur le territoire rochelais, peuvent ainsi être appréhendées comme résultantes de la veille réglementaire, de l’évolution des pratiques et des techniques (nouvelles filières, points de collecte, introduction de la redevance incitative, réduction à la source, etc.). Toutefois, elles ne sont pas suffisantes pour réduire considérablement les effluents de matières. La problématique des déchets peut aussi être lue comme un enjeu économique et financier, notamment à la lumière des coûts engendrés par leur traitement. En outre, la gestion des ressources en eau constitue un défi pour l’intercommunalité rochelaise.

5.3.2.3. La problématique de gestion des ressources en eau

Dans l’agglomération de La Rochelle, la protection et la mise en valeur des ressources en eaux, apparaissent cruciales. Le contexte local est en effet marqué par une activité industrielle consommatrice d’eau et polluante pour la nappe phréatique. En effet, 89% des masses d’eau superficielles de l’agglomération rochelaise sont jugées médiocres, et les masses d’eau souterraines présentent de fortes concentrations en nitrates et pesticides, supérieures aux seuils autorisés de 85% à l’échelle d’un bassin-versant65. Les contaminations d’eau

63 Le PCET de La Rochelle prévoit une réduction de 75% des émissions de GES en 2050, par rapport à leur niveau de 1990.

64 La collecte sélective a été introduite à La Rochelle en 1995, puis étendue à toute l’agglomération, en 1999, avec l’introduction de

bennes électriques. Depuis, les ratios de collecte sélective sont en nette augmentation.

recensées sur le territoire rochelais proviennent essentiellement de l’agriculture, de l’industrie (notamment du côté des zones portuaires) et des travaux de lessivage de voirie.

Les économies d’eau et la préservation de cette ressource deviennent alors un enjeu, à part entière, à considérer en sus de la réduction des impacts de sa pollution. En effet, les eaux usées constituent des menaces potentielles pour la biodiversité marine, notamment au niveau du Port Atlantique La Rochelle situé dans un parc naturel marin. De plus, le littoral rochelais est marqué par la présence de plusieurs sites naturels (zones humides à fort intérêt écologique). Par ailleurs, il existe des risques d’une artificialisation du littoral et de possibles ruptures des liens entre les populations locales et les abords littoraux. Enfin, les risques technologiques sont à considérés à La Rochelle, avec la présence d’industries polluantes, le transport et le stockage de matières dangereuses comme les hydrocarbures.

5.3.2.3. Des risques technologiques à La Rochelle

La présence sur le territoire rochelais de huit établissements classés SEVESO66 (dont 6 en seuil haut et 2 en

seuil bas) illustre la nécessité de limiter les effets des accidents susceptibles de survenir dans ces installations, en délimitant notamment un périmètre d’exposition aux risques (Carte 9).

Carte 9 : Sites classés SEVESO de l’agglomération de La Rochelle

66 La directive Seveso est le nom générique d'une série de directives européennes qui imposent aux États membres de l'Union

européenne d'identifier les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs, appelés « sites Seveso », et d'y maintenir un haut niveau de prévention.

Trois établissements classés SEVESO ont ainsi bénéficié d’un Plan particulier d’intervention (PPI)67, et autant

ont fait l’objet d’un Plan de prévention des risques technologiques (PPRT)68. Par ailleurs, les infrastructures

industrielles et le transport de marchandises occasionnent une exposition des populations locales au bruit. L’ensemble de ces problématiques environnementales souligne l’importance de l’intégration de l’environnement dans les projets territoriaux.

Ces enjeux démontrent, en partie, les limites atteintes par les modèles urbano-industriels classiques du point de vue de leurs empreintes écologiques croissantes. Ils donnent la possibilité de s’interroger sur l’engagement des acteurs territoriaux à modifier radicalement leur manière de produire et/ou de consommer dans la ville d’une part, et d’aménager la ville d’autre part. Aussi soulignent-ils la nécessité de construire de nouveaux modèles écologiques qui peuvent l’être au travers de mesures incrémentales et simples à adapter. Cependant, les réponses à apporter doivent être à la hauteur de la difficulté des questions soulevées.

À cet effet, les démarches d’écologie industrielle qui émergent sur le territoire rochelais constituent des leviers d’actions pouvant aider à saisir un ensemble de jeux d’acteurs au service de la ville soutenable. Dans le cadre de ma recherche, je m’intéresse particulièrement à la démarche MER construite progressivement autour d’une pluralité d’acteurs.