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Scène festive de la production agricole régionale actuelle

2.1.2 Dans l’accès aux produits d’origine minérale

Le projet a été enterré avant même sa mise en œuvre. Ceux qui l’avaient proposé pensaient convaincre les paysans de louer leurs terres, mais ces derniers n’ont pas considéré le projet comme viable. Comme nous l’avons déjà laissé entendre, l’habitant typique de la zone rurale du Boyacá conserve son statut en gardant la propriété d’un lopin de terre et en le cultivant avec le maximum de liberté et de créativité. Il n’aliène sa terre que dans des situations extrêmes.

Il s’agit là d’un des nombreux projets non aboutis proposés par les gouvernements ou les agents du développement.

2.1.2 Dans l’accès aux produits d’origine minérale.

Habituellement et de manière générale, les communautés recourent à l’extraction des minéraux utiles à l’alimentation et aux soins du corps comme l’eau, le sel, l’argile et la pierre-ponce. L’exploitation concerne aussi des matériaux colorants comme le kaolin et l’ocre, ou encore les minéraux qui servent à la décoration, comme les émeraudes et l’or; pour la construction des habitations: pierres, terre, chaux, argile; pour la fabrication de récipients, les céramiques à usage domestique ou industriel, le charbon et le pétrole.

Les données relatives à la période du mésozoïque crétacé de la Cordillère orientale des Andes sont incontournables si l’on veut comprendre l’économie géologique régionale. Les principaux gisements sont des accumulations importantes de chaux, sel, émeraudes, métaux, plomb, cuivre, gypse, etc.

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BOYACÁ 7 DÍAS, (journal régional) “Proyecto de alcohol carburante de Tuta tiene Luz Verde”, del 8 al 10 julio del 2008, p. 4-5.

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Actuellement, l’activité minière représente, pour le département, 5% du produit intérieur brut; 68 des 123 communes exploitent les minéraux en 6800 endroits différents. Le minerai de fer, le charbon, la chaux et les émeraudes sont les plus représentatifs. La production annuelle de pétrole atteint seulement 1.927.000 barils.

On trouve dans le département: de l’argile et du kaolin, de l’asphalte, de la chaux, du charbon, du cuivre, du quartz, des diatomées, des émeraudes, du phosphate, du feldspath, des sources thermales, du mercure, de l’or, de l’argent, du pétrole, du plomb, du sélénium, du gypse, du magnésium, du travertin.

“Le Boyacá est la première zone du pays où une investigation complexe de la richesse minière et une description générale de la géologie du département ont été menées à bien. Le sous-sol est extrêmement riche. Seule Paz del Río a tenté d’exploiter une partie des minéraux, et, en plan du fer, des émeraudes, de la chaux et du charbon, il y a d’autres minéraux décisifs pour l’avenir de la région”160

Les Muiscas employaient l’eau non seulement en tant que minéral brut dans l’alimentation, l’agriculture, les soins du corps – eaux thermales – mais aussi dans la symbolique religieuse; ainsi, c’est dans la lagune d’Iguaque qu’aurait été créé le monde. Les Muiscas disposaient de quantités importantes d’eau, alors qu’aujourd’hui le niveau des réserves est bas: lacs, rivières, nappes souterraines sont asséchés par une urbanisation massive. La rivière Chicamocha, emblème hydrologique régionale, est l’une des plus polluées du pays, et la monoculture transitoire d’oignon junca assèche le lac le plus grand, le plus beau et le plus utile du Boyacá et de Colombie161.

Le haut-plateau du Boyacá a tenté de remédier aux problèmes de surexploitation des ressources hydrologiques par l’agriculture paysanne en construisant un barrage (projet d’irrigation-retenue d’eau sur la rivière Chicamocha:

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Gouvernement du Boyacá, 1963, p. 120.

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Le lac de Tota, de 47 kilomètres carrés, d’une profondeur maximale de 65 mètres, à 3015 mètres d’altitude. Température moyenne 12 degrés Celsius. L’entreprise Acerias Paz del Rio a besoin pour sa production d’extraire de ce lac 220 litres d’eau par seconde.

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“La lagune approvisionne actuellement 6311 utilisateurs du district d’irrigation du haut Chicamocha et couvre 9.300 hectares. Il a une capacité de 55 millions de m3 d’eau”. La lagune est à l’origine du district d’irrigation du Chiacamocha qui comprend les communes de Paipa, Duitama, Tibasosa, Nobsa, Firavitoba et Santa Rosa de Viterbo. Le district produit 190.000 tonnes d’aliments dont 150.000 litres de lait. Il compte aussi 11 stations de pompage, et 300 kilomètres de tuyauterie”162

L’utilisation d’eau pour des activités agricoles et d’élevage, comme pour le “tourisme forcé” (tentative de faire des lacs du haut-plateau des lieux touristiques, avec des courses de speedboats qui utilisent beaucoup de carburant) met encore plus en péril l’écosystème hydrologique. De la même manière, l’exploitation du charbon draine les terrains en facilitant l’infiltration des eaux de surface, d’où une certaine désertification.

Le manque d’eau a stimulé l’installation dans la région de technologies liées à la récupération des eaux de pluie par le biais de réservoirs. Il a également conduit à détourner des cours d’eau pour garantir l’approvisionnement des systèmes d’irrigation et à construire des puits de plus de 200 mètres de profondeur d’où l’eau est extraite grâce à l’énergie électrique et éolienne. Outre l’irrigation, des systèmes d’arrosage par aspersion et goutte-à-goutte ont aussi été mis en place. La tuyauterie est en aluminium ou en PVC et utilise la gravité pour fonctionner.

Par ailleurs, le sel a joué un rôle important dans les consciences préhispaniques. Les Muiscas utilisaient ce minéral à de fins alimentaires, et son exploitation nécessitaient parallèlement celle de l’argile. La consommation quotidienne de feuilles de coca était indissociable de la production de chaux, qui permet l’expression des principes actifs hallucinogènes de la plante. La fertilité était symbolisée par d’immenses sculptures phalliques en pierre (Silva Celis, E., 1988-1989). C’est ce matériau qui a permis de construire des autels ou des infrastructures diverses. Cette exploitation des minéraux n’a pas permis le développement technologique direct. L’abondance d’eau rendait inutile la construction de systèmes d’approvisionnement en eau ou d’irrigation.

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EL DIARIO, (journal local) “Con recursos energéticos tradicionales, ¿necesitamos producir etanol?”, Abril 10, 2008, p. 4.

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Les possibilités d’accès aux minéraux étant multiples dans la région, à l’époque moderne spécifiquement, le département a évolué à partir de la moitié du XXe siècle grâce au charbon, aux émeraudes et au minerai de fer. Les gisements de ce dernier minéral ont permis dans les années 1940 le développement de l’une des entreprises sidérurgiques intégrées les plus importantes du pays. Celle-ci a été vendue en 2007 à la multinationale brésilienne Voltorantim.

L’accès aux ressources minérales, à l’époque moderne, fournit des éléments d’analyse et de compréhension importants de la société du Boyacá. Nous illustrerons brièvement ci-après chacune des trois activités que nous avons évoquées.