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Chapitre 1 - Le référentiel culturel des villes

I.4. Valeurs et finalités de la politique culturelle

I.4.3. Développer et faire rayonner la ville

Les villes ont depuis longtemps pris conscience du rôle de la culture comme levier de développement économique.

14 Entretien avec la directrice et la directrice adjointe du service de la culture, Bordeaux

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Se doter d’un branding culturel comme Bilbao s’est parée de son « Guggenheim » ou bien s’appuyer sur la force d’attractivité des grands festivals et de leurs retombées financières, font partie des stratégies des villes pour exister dans le concert mondial et attirer à elles les vecteurs de la croissance : populations et capitaux.

Mais la culture ne peut se résumer à son impact économique supposé, aussi les villes n’ignorent pas les dimensions sociale et identitaire du développement culturel.

I.4.3.1. Approche multiscalaire à Bordeaux

La politique culturelle de Bordeaux est envisagée par ses promoteurs comme un continuum qui « doit s’étendre de la démocratie culturelle au développement international ».

Le modèle d’action, privilégié par la municipalité, renvoie à une configuration à la fois sociale et spatiale de l’intervention culturelle. La directrice des affaires culturelles explique : « On a en fait deux entrées. Une entrée par public et une entrée par territoire. Les deux sont imbriqués dans chaque projet. ». Il s’agirait ainsi de cibler des publics prioritaires, notamment les jeunes, par des actions ou des outils spécifiques, tout en créant des équipements de proximité en fonction des caractéristiques sociodémographiques des publics potentiels, et de données relatives aux pratiques culturelles ou à la mobilité de ces populations. La municipalité s’est adjointe le concours et l’expertise de démographes de l’Université de Bordeaux pour l’aider à établir un Plan d’aménagement culturel territorial, afin d’adapter ses futurs équipements et services aux pratiques culturelles des habitants. L’élu à la culture souhaite pour les nouveaux quartiers de Bordeaux des « lieux de culture, des lieux ouverts sur la cité, des lieux de rencontre et de convivialité », et mentionne pour exemple la création d’une Maison des danses dans le futur éco-quartier Gingko qui « pourrait amener des croisements avec les habitants des autres quartiers ». Croisement, mobilité inter-quartiers, convivialité traduisent le dessein d’une « culture en partage » que le maire appelle de ses vœux.

Par ailleurs, l’imbrication des échelles spatiales résoudrait également l’équation délicate entre des finalités hétérogènes, à la fois identitaire et publicitaire. La directrice des affaires culturelles développe ainsi : « On rayonne aussi à l’international du fait de nos politiques innovantes en matière de proximité et d’implication du citoyen dans nos politiques culturelles. » Ainsi, la qualité de la relation de proximité établie avec le citoyen et la place qui lui serait accordée dans le projet culturel, permettrait, par une sorte de mécanisme naturel, d’assurer le rayonnement de la ville à l’extérieur. En

d’autres termes, c’est en s’appuyant sur une cohésion culturelle endogène que Bordeaux parviendrait à accroître sa notoriété et ainsi compter parmi les villes d’envergure internationale. Cohésion sociale et cohésion culturelle se conjugueraient alors pour servir l’image de marque de la ville.

I.4.3.2. Créer un sentiment d’appartenance à Québec

Alors que Bordeaux base son approche sur un maillage du territoire en termes à la fois de proximité et de rayonnement, Québec met en avant le concept de lieu entendu comme « espace d’appartenance ».

Sans se substituer totalement au document de 2002, le plan d’action Québec orizon Culture pour la période 2009-2014, oriente de façon très différente la politique culturelle de la ville. Si, en 2002, la culture était entendue comme source d’épanouissement individuel et de cohésion sociale, en 2009, elle est considérée en premier lieu comme « un enjeu majeur pour le développement d’une ville » et « source de croissance économique ». D’une approche promouvant la validité intrinsèque de la culture, on est ainsi passé à une conception de la culture comme outil mis au service d’objectifs exogènes.

Parallèlement à la finalité économique, la culture est envisagée comme levier de développement de la communauté. Rappelons qu’au Québec, le terme de « communauté » n’est nullement connoté négativement comme il peut encore l’être en France ; il renvoie, dans un sens général, à l’ensemble des acteurs et des structures constituant une entité sociale et spatiale de proximité. Les arts et la culture apparaissent dès lors comme les moyens de favoriser un sentiment d’appartenance au territoire et de renforcer sa dimension identitaire ; « le sentiment d’appartenance à son milieu » est considéré dans le plan HQC comme « une condition incontournable à la prise en charge de son développement par les citoyennes et les citoyens eux-mêmes » : on voit poindre ici l’idéologie libérale selon laquelle les individus, considérés comme autonomes et responsables, sont désormais en charge de la conduite de leur projet de vie et donc imputables de sa réussite comme de son échec. Aussi, les responsables se préoccupent-ils avant tout de développer la ville pour en faire « une capitale incontournable de la création contemporaine et de l’innovation culturelle ».

Pour y parvenir, les auteurs du plan ont identifié quatre orientations : 1) soutenir la vitalité de la chaîne culturelle ; 2) miser sur la qualité du cadre de vie et l’utilisation

dynamique du patrimoine ; 3) faire de Québec la capitale de la relève culturelle et artistique ; 4) consacrer Saint-Roch comme haut lieu de la création contemporaine.

L’orientation axée sur la valorisation du cadre de vie relève d’un registre commun aux politiques culturelles québécoises ; Montréal fait un usage comparable du terme dans son plan d’action 2007-2017 où l’orientation 3 vise ainsi à « Enrichir la qualité culturelle du cadre de vie ».

Pour les auteurs de plan québécois, « la présence d’une communauté artistique riche, vivante et dense, de spectacles et d’événements culturels diversifiés, d’un design urbain, d’une architecture et d’un paysage soignés de même que la mise en valeur des bâtiments historiques et patrimoniaux deviennent le gage de l’identité collective, de la qualité de la vie, du dynamisme, de la créativité et de l’image d’une ville ». Ainsi, l’amélioration du cadre de vie repose pour l’essentiel sur la valorisation esthétique de l’environnement urbain ainsi que sur le soutien aux artistes. Non seulement l’orientation ne nous semble guère innovante en soi, mais cette définition révèle la dichotomie entre les principes et les modalités envisagés pour mettre en œuvre cet objectif.

Alors que l’amélioration du cadre de vie des citadins et le développement du sentiment d’appartenance peuvent contribuer à l’objectif de cohésion sociale, le plan ne prévoit aucune mesure dans ce sens ni n’en souligne l’importance. Si les auteurs affirment la responsabilité des individus dans le développement culturel, ils n’envisagent pas pour autant d’action visant à faciliter l’expression culturelle des citoyens ou leur contribution à l’amélioration de leur cadre de vie. De même, les équipements culturels de proximité, à l’instar des bibliothèques, ne sont pas cités, pas plus que ne le sont les arrondissements, comme vecteurs du rapprochement entre les arts et les populations ou partenaires de la démarche de mise en valeur territoriale.

Cependant, la question de l’appartenance imprègne la rhétorique des responsables. Il est ainsi question, selon la directrice de la culture, de s’appuyer sur les « besoins d’une communauté donnée » et plus précisément sur la manière dont « ses avoirs ou ressources culturels peuvent aider à renforcer un sentiment d’appartenance unique à un lieu ». La notion de lieu d’appartenance renverrait à une approche plus intégrée adoptée par la ville pour susciter et renforcer le lien entre formes urbaines et pratiques habitantes. Mais à y regarder de plus près, le lieu dont il est question désigne pour l’essentiel l’institution culturelle. La directrice poursuit ainsi : «Les lieux culturels seront dorénavant identifiés comme moteur de développement culturel et des actions de médiation culturelle seront mises en place pour sensibiliser de nouvelles clientèles sur

tout le territoire de la ville de Québec ». Dans cette perspective, l’institution culturelle apparaît comme un espace identitaire collectif, en capacité de créer un sentiment d’appartenance avec le territoire de proximité. Productrice de normes et de valeurs, l’institution constitue une « instance de socialisation à part entière » (Fleury, 2006 : 91), au sein de laquelle se forge et s’actualise le désir de culture et s’institue des pratiques (ibid). Mais constitue-elle pour autant le seul espace de médiation de l’appropriation culturelle du territoire par la communauté ?

I.4.3.3. Québec mise sur la « relève »

Si la précédente mandature avait identifié la jeunesse comme cible prioritaire de l’intervention culturelle, l’arrivée du maire Labeaume opère un tournant radical quant à l’objet de la politique de ciblage.

Les programmes sont alors révisés au profit d’une nouvelle orientation, axée sur le public de la « relève » artistique de la ville. La relève, explique la directrice de la culture, désigne les jeunes professionnels issus des structures d’éducation artistique de Québec, – université Laval, centres chorégraphiques, conservatoires de musique et d’art dramatique –, qui peuvent se prévaloir d’une expérience professionnelle égale ou inférieure à trois ans.

Aux côtés du patrimoine, la création artistique, surtout émergente, devient alors le second marqueur culturel territorial distinctif de Québec (Beliveau-Paquin, 2008).

Le programme Première Ovation vise à soutenir les débuts artistiques des jeunes professionnels de toutes disciplines artistiques, en leur donnant les moyens de créer, de bénéficier de l’encadrement d’artistes renommés et de vivre leur « première ovation » sur une scène de la capitale16. Un programme de mentorat est ainsi mis en place qui propose aux jeunes artistes des master-class et des formations spécifiques, en fonction de leur discipline artistique, afin qu’ils développent leurs compétences et bénéficient, pour ce faire, de l’expérience d’artistes confirmés, dans une visée d’insertion professionnelle. Depuis 2010, un événement annuel « Relève en capitale » offre l’opportunité aux créateurs de montrer leurs réalisations et de rencontrer un public. Une politique tarifaire avantageuse est mise en place afin de faciliter l’accessibilité des publics à cette nouvelle offre culturelle.

16 Source site internet du programme Première Ovation :

La gestion du programme a été déléguée aux organismes culturels de la ville. Ainsi, le volet musique a été confié à la Société du Palais Montcalm, le volet théâtre au diffuseur Premier Acte, le volet danse au Centre contemporain de diffusion en danse La Rotonde, les arts littéraires à l’Institut Canadien de Québec, enfin la gestion du volet arts visuels, médiatiques et métiers d’art est de la responsabilité de la Manifestation internationale d’art de Québec. Nous reviendrons, dans la deuxième partie de notre étude, sur les enjeux et modalités de ce partenariat entre la ville et les opérateurs culturels.

La mise en place du programme a nécessité une certaine adaptation de l’institution culturelle. La directrice de l’action culturelle de l’Institut Canadien explique qu’il lui a d’abord fallu identifier les professionnels entrant dans la catégorie de la « relève ». Comme il n’est pas rare à Québec, les outils du marketing ont été mobilisés pour connaître les acteurs et leurs attentes. Des « focus groups » ont ainsi été mis en place, qui ont fait émerger des besoins, dont celui de créer un programme de mentorat d’écriture. En un an, deux cents projets ont été validés qui concernent à la fois des écrivains reconnus, recrutés comme formateurs, et des jeunes écrivains qui reçoivent une bourse durant leur année de formation. Accueillis en résidence, les lauréats du programme ont également l’opportunité de suivre des formations pour apprendre à mieux gérer leur carrière, ou à diffuser un spectacle littéraire ; la découverte des métiers de l’édition fait aussi partie de leur apprentissage. Pour la directrice, l’important est de répondre au souhait formulé par les jeunes créateurs d’appartenir à une communauté littéraire. Elle s’emploie donc à favoriser le rapprochement des auteurs, émergents et confirmés, par des activités de mise en commun, afin de construire un réseau professionnel structuré, tout en initiant des activités de diffusion qui renforcent la visibilité des créateurs.

Le programme de la relève s’inscrit désormais dans le Plan d’action Québec Horizon Culture qui ambitionne de faire de Québec la « capitale de la relève artistique de toutes les régions du Québec ». À travers ce programme, le maire utilise la politique culturelle comme levier d’attractivité. D’une part, la vitalité culturelle doit inciter les artistes à venir s’installer à Québec et faire de la ville un « pôle d’attraction incontournable », une véritable capitale artistique ; d’autre part, le développement d’une vie culturelle dynamique doit pouvoir conditionner l’installation de nouvelles populations. Québec est, en effet, une ville vieillissante. Le pourcentage des jeunes de moins de 25 ans était de 26,9 % en 2006, il est prévu qu’il ne soit plus que de 23,6 % en 2021 alors que, dans le même temps, la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus passera de 15,8 % à

23,6 %. Pour attirer les jeunes et les familles, la ville mise sur une politique d’attractivité qui consiste à améliorer le cadre de vie par le développement de services à la population en matière de santé, d’éducation et de « vitalité culturelle ».

Mais en misant essentiellement sur la jeunesse et son vitalisme culturel, Québec s’expose aux critiques et se voit ainsi reprochée un jeunisme exagéré, enclin à marginaliser et à précariser les acteurs artistiques et culturels confirmés. « C’est de l’argent qui n’est plus disponible pour les autres organisations » s’inquiète un responsable culturel. Le soutien de la ville aux organismes artistiques reste, en effet, faible et ne s’élève guère au-delà de 10% d’un budget, – les gouvernements canadien et québécois, au travers de leur conseil des arts et des lettres respectif, fournissant l’essentiel de l’aide financière –, aussi, les rares crédits municipaux se concentrant sur un programme unique, amenuisent d’autant plus les ressources de l’ensemble. D’autres voix s’élèvent pour questionner la pertinence d’un dispositif à la temporalité trop courte et qui ne fournit pas l’accompagnement de carrière nécessaire à des artistes confrontés à la difficulté de trouver des débouchés professionnels sur un marché de l’emploi restreint. Les passerelles possibles avec les structures de diffusion de la ville nécessiteraient sans doute une réflexion plus approfondie, au-delà de l’effet d’annonce du programme.

I.4.3.4. Les villes se donnent à voir

De même que Québec a choisi de miser sur « l’excellence artistique » de ses artistes pour faire rayonner la ville, la cité bordelaise annonce vouloir « favoriser l’émergence artistique et ses nouvelles pratiques », car, selon ses responsables politiques, « dynamiser l’innovation, c’est assurer la reconnaissance de Bordeaux dans le monde ».

Il ne fait pas de doute pour l’adjoint à la culture que « le rayonnement de Bordeaux passe nécessairement par une politique culturelle ambitieuse et innovante, créatrice de richesse et de développement économique. ». Ce qui signifie, selon lui, que Bordeaux doit, comme toute métropole culturelle qui compte, posséder un « événement de grande envergure, qui la mette en lumière aux yeux du monde » et qui « retentira sur l’image de modernité et de dynamisme de la ville et contribuera à son attractivité ».

Dans la concurrence d’image que se livrent les villes, les événements sont devenus des signifiants symboliques recherchés. À partir des années 1980, explique Françoise

Taliano-des Garets (2007), les frontières se sont dilatées, la construction de l’union européenne et la mondialisation ont alors placé les villes dans une concurrence élargie. Dans un monde ouvert, « la course à la renommée, visible depuis les années cinquante entre les cités, devient de plus en plus prégnante » (ibid : 216), affirme la chercheuse. Les villes se trouvent alors entraînées dans une logique de différenciation et de distinction. Emmanuel Négrier (1996) observe ainsi un « développement des échanges culturels internationaux sur la base de l’affirmation des politiques culturelles locales ». Les élus se saisissent de la culture comme d’une « prestation publique d’excellence » (ibid) et entendent démontrer leur capacité à mobiliser, dynamiser voire générer de la ville autour de ces événements.

Cependant, malgré la présence d’équipements d’envergure nationale, Bordeaux figure encore dans la liste des « métropoles inachevées » (Taliano-des Garets, 2007 : 247) en raison d’insuffisances, notamment en termes de rayonnement, qui ne lui permettrait pas « d’affronter l’échelon national et surtout international » (ibid). Toujours comparée à ses rivales que sont Nantes, Lille ou Lyon, Bordeaux cherche à créer une manifestation culturelle qui soit, selon le maire, « l’indicateur d’une effervescence particulière » et qui puisse « faire émerger un modèle inédit et aimable de métropole européenne »17

. Pour sa part, Québec est axée sur le développement culturel d’une capitale provinciale au statut de « ville du patrimoine mondial » (Saint-Pierre et Béliveau-Paquin, 2009). La ville lutte en permanence pour se voir reconnaître un statut de métropole au rayonnement international. Elle bénéficie pour ce faire de l’appui de la Commission de la capitale, organisme qui a pour vocation de contribuer à l’aménagement et à la promotion de la capitale du Québec et conseille le gouvernement sur sa mise en valeur.

Si « la célébration d’une collectivité est sans doute la cause explicite d’une occasion sociale » (Goffman, 1988 : 210), elle est aussi, selon le sociologue, « une occasion pour la ville de se donner à voir. »

Connue du monde entier pour ses vignobles, Bordeaux célèbre une vision patrimoniale et festive de la ville durant les manifestations populaires des Fêtes du fleuve et du vin qui se succèdent sur les quais à la belle saison ; tandis que Québec promeut son image de ville berceau de l’Amérique française lors du spectacle de Robert Lepage, qui projette son « moulin à images » sur les silos du port. Les villes convoquent et cultivent leurs représentations tout en cherchant à les actualiser. Le caractère festif et événementiel des manifestations qui se déroulent dans l’espace public renforce l’image

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de convivialité et de dynamisme de la ville. Les villes sont à la recherche de ces événements rassembleurs, à la fois porteurs de cohésion sociale et d’une image de marque à exporter. Ainsi l’événement met en tension deux logiques inhérentes à l’action culturelle territorialisée, « l’une résultant des efforts des acteurs régionaux pour assurer la paix et le mélange social, l’autre liée à la compétition qu’ils mènent pour valoriser leur image » (Augustin et Lefebvre, 2004 : 11).

Les grands événements participent aussi du mythe et de l’identité communautaire en cela qu’ils s’inscrivent durablement dans la mémoire collective. Longtemps après leur disparition, ils continuent de hanter l’imaginaire collectif et de contribuer au fonctionnement du système culturel local, en resurgissant périodiquement comme un critère de mesure de la qualité des projets culturels (Saez G., 2006). Ainsi, le festival d’art contemporain Sigma à Bordeaux n’en finit pas d’être rappelé à la mémoire des responsables politiques comme le parangon d’une politique culturelle ambitieuse qui avait réussi à positionner Bordeaux sur la scène des métropoles culturelles d’importance. Symbole de l’avant-garde, Sigma incarnait le désir de modernité du maire Chaban-Delmas, le festival bordelais sert aujourd’hui un dessein plus modeste et plus pragmatique à la fois, de convivialité et de rayonnement.

Si les grands événements contribuent au rayonnement de la ville et à son développement économique, les acteurs culturels en dénoncent souvent le caractère inauthentique et l’instrumentalisation marchande de la culture qu’ils sous-tendent (Vidal et al, 2005). Ainsi, à Québec, le recours croissant à des modes de spectacularisation s’apparente à ce que certains auteurs qualifient de « disneylandisation » des espaces publics. Surprogrammé en termes de divertissement (Germain, 2010), l’espace public ne permet plus l’appropriation des habitants pour des usages autres que ceux prévus par l’autorité publique. Appréhendés comme des vitrines de l’action culturelle de la ville, les événements s’adressent en priorité aux touristes et aux investisseurs, et saturent alors l’espace urbain, dépossédant les habitants de leur

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