Chapitre 2 - Les déterminants des choix modaux (étude 1)
3. Résultats
3.2. L’importance perçue des qualités des modes dans les choix individuels
3.2.2. Les déterminants du choix des différents modes de transport
3.2.2.8. Déterminants du choix entre voiture et transports collectifs ferrés
Le modèle complet de l’analyse par comparaison de modèles est présenté ici pour
l’analyse des prédictions des déterminants des choix. Ce modèle intègre les trois catégories
de variables (préférences individuelles, socio-démographie et lieu de résidence) ainsi que
leurs interactions, pour prédire le choix modal habituel en opposant l’usage de la voiture
particulière et l’usage des transports collectifs ferrés (N=242) présentent les résultats du
tableau XIV (page 113).
Tableau XIV : Analyse de régression de l’opposition entre TC et VP sur les trois catégories
de variables - Modèle 7.
95,0% C.I.for β
Wald Sig.
Od-Ratios
β Lower Upper
Agrément 5,218 0,022 0,666 0,470 0,944
Bénéfice 32,161 0,000 4,294 2,595 7,104
Identité 6,881 0,009 0,624 0,439 0,888
Lieu de résidence 8,505 0,014
Petite couronne vs
Grande couronne 5,039 0,025 2,632 1,131 6,125
Paris vs Banlieue 4,269 0,039 2,171 1,041 4,528
Sexe (F) 5,429 0,020 2,536 1,159 5,549
Age 15,931 0,000 0,934 0,904 0,966
Interaction entre
Bénéfice et Sexe 5,075 0,024 0,573 0,353 0,930
Constante 17,445 0,000 14,992
R
2de Cox & Snell R
2de Nagelkerke
Variance
expliquée 0,360 0,492
Le test prend comme référence le fait d’utiliser les transports en commun
Les prédictions de ce modèle complet présentent cinq variables aux effets
significatifs et une interaction. Les déterminants du choix modal, pour ce qui est de
l’opposition entre TC et VP, semblent ainsi être les facteurs agrément, bénéfice et identité,
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le lieu de résidence, l’âge, le sexe, et l’interaction entre le sexe et le facteur bénéfice. Ce
modèle comparatif inclut donc les déterminants du choix de la voiture et ceux du métro et
du RER et du Train de banlieue.
Dans ce modèle d’opposition, trois déterminants favorisent directement les choix
des transports collectifs, la préférence individuelle pour le facteur bénéfice et le lieu de
résidence, puisque le fait de résider dans le centre de la zone urbaine est le cas de
référence, et le sexe, pour le cas des femmes. Le facteur bénéfice produit une prédiction
très forte en faveur des transports collectifs ferrés (β=4,294 ; p<0,001), soit un peu plus de
quatre fois plus de chance d’être usager des transports pour chaque point d’importance
accordée aux items construisant ce facteur (principalement le coût, et le fait de pouvoir
avoir une autre activité, voir tableau I, p. 61). Le lieu de résidence présente des résultats
significatifs (p=0,014), les contrastes qui permettent de tester l’effet de cette variable
catégorielle montrent l’organisation de l’usage des modes selon les trois zones prises en
compte pour caractériser l’Ile-de-France. Le premier contraste, opposant la petite couronne
et la grande couronne montre un effet significatif en faveur des transports en commun
ferrés (β=2,632 ; p=0,025), soit 2,6 fois plus de chances pour les habitants de la proche
banlieue d’utiliser ces modes que pour ceux de la grande périphérie. Le second contraste,
opposant les choix modaux à Paris et la moyenne des pratiques modales en petite couronne
et en grande couronne montre, lui aussi, un résultat significatif en faveur des TC (β=2,171 ;
p=0,039), c’est-à-dire qu’un Parisien pris au hasard dans la population interrogée a 2,2 fois
plus de chances de se déplacer en transports collectifs ferrés qu’un habitant des
départements périphériques à Paris. Ces résultats montrent ainsi que l’usage des TC décroit
du centre vers la périphérie. Les puissances de prédiction de ces deux contrastes montrent
que les habitants de Paris ont une pratique modale davantage différente de l’ensemble des
habitants de la banlieue, que les habitants de la petite couronne n’ont des pratiques
différentes des individus habitant en grande couronne. Il semble donc que les habitants de
Paris et de la petite couronne soient assez similaires entre eux dans leurs choix modaux. Ce
résultat n’est guère étonnant à l’échelle de l’Ile-de-France, les communes immédiatement
limitrophes de Paris sont généralement desservies par le métro, et de nombreux bus tout en
étant fortement touchées par les embouteillages, la différence d’accessibilité effective se
situe donc probablement au-delà de la limite administrative que présentent les
départements. Enfin, le sexe présente une tendance significative (p=0,020) des femmes à
être plus utilisatrices des transports en commun. Cette prédiction est forte (β=2,536) et
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indique que, dans la population participante, une femme a 2,5 fois plus de chances de se
déplacer en TC qu’un homme.
Les quatre autres déterminants envisagés produisent des prédictions favorables à
l’usage de la voiture. Il s’agit, pour les préférences individuelles des facteurs agrément et
identité, et du sexe et de l’âge pour les variables sociodémographiques. Le fait d’accorder
de l’importance au facteur agrément (l’ambiance, le confort et l’intimité, voir tableau I, p.
61) favorise significativement le choix de la voiture (β=0,666 ; p=0,022), soit une
puissance en faveur de la voiture de β=1,5 (1/0,666=1,502). Le facteur identité (Image et
Pollution, voir tableau I, p..61) produit un effet du même ordre, significativement favorable
au choix de la voiture (β=0,624 ; p=0,009), avec une puissance de β=1,6 (1/0,624=1,603).
L’âge présente une tendance significative (p<0,001) à l’augmentation de l’usage de la
voiture (β=0,934) avec l’âge de participants, soit 1,07 (1/0,934=1,0707) fois plus de
chances d’être usager de la voiture par année supplémentaire. Ramené sur une échelle plus
évocatrice, les participants ont pratiquement 2 fois plus de chances de choisir la voiture
tous les dix ans (soit 1 / exp (ln(0,934) x10) = 1,979).
Comme pour les modèles prenant en compte les trois modes inclus dans
l’opposition entre TC ferrés et voiture particulière, les préférences individuelles
construisant le facteur performance (Temps de trajet, fiabilité, accessibilité, voir tableau I,
p. 61) ne distinguent pas les choix. Ce facteur semble donc être également important pour
les usagers de ces deux modes. De la même manière, les préférences individuelles pour le
facteur sécurité, et les items qui le construisent (sécurité et sûreté, voir tableau I, p. 61) ne
produit ici encore aucun effet significatif. En outre, comme dans tous les autres modèles
considérés les deux variables sociodémographiques visant à évaluer le niveau social ne
présentent aucun effet sur les choix de la VP opposés au TC ferrés.
Enfin, toutes les interactions d’ordre 1 ont été envisagées. La seule qui participe
significativement (p=0,024) à la prédiction du choix du mode de transport dans ce modèle
est l’interaction entre l’effet du facteur bénéfice et l’effet du sexe des participants. En
l’état, l’odd-ratio de la prédiction du choix modal de ce facteur est ininterprétable. Pour
comprendre en quoi ces deux variables interagissent pour prédire le choix de la VP ou des
TC ferrés, le tableau XV (p. 116) résume les moyennes et écarts-types des scores du
facteur bénéfice pour les quatre groupes considérés.
Les scores du facteur bénéfice sont centrés, les valeurs négatives indiquent donc
une importance perçue inférieure à la moyenne des items construisant ce facteur tandis que
les valeurs positives indiquent une importance perçue supérieure à la moyenne. Sans
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surprise, les usagers des modes collectifs ferrés présentent ainsi des valeurs positives (0,39
pour les femmes et 0,33 pour les hommes) sur ce facteur désignant les avantages des
transports en commun. Inversement, les usagers de la voiture particulière présentent des
valeurs négatives (-0,74 pour les femmes et -0,35 pour les hommes).
Tableau XV : Scores moyens, écarts-type et effectifs des scores du facteur bénéfice selon
le sexe et le mode habituel dans l’opposition TC vs VP.
Mode habituel Voiture particulière Modes collectifs ferrés
sexe Femmes Hommes Femmes Hommes
Moyenne -0,73869 -0,35048 0,39897 0,33245
Ecart-type 0,77847 1,08999 0,81015 0,89545
Scores du
facteur
"Bénéfice" N 24 65 80 73
L’interaction semble apparaître du fait que, pour les modes collectifs, hommes et
femmes présentent des valeurs similaires, tandis que pour la voiture, les femmes présentent
une valeur deux fois plus élevée que celle des hommes. Il semblerait donc que les femmes
utilisant la voiture valorisent particulièrement moins les items du facteur bénéfice que les
hommes, là où, pour les usagers des TC le sexe n’a presque pas d’impact sur l’importance
perçue des items de ce facteur. Par ailleurs, la différence d’effectif montre bien le moindre
usage de la voiture par les femmes (24 femmes l’utilisent contre 65 hommes), ce qui
participe aussi probablement de cette interaction. Les femmes étant moins utilisatrices de
la voiture, celles qui le font disposent peut-être de raisons spécifiques ou d’un contexte
décisionnel particulier qui rend les items du facteur bénéfice particulièrement moins
important dans leurs choix que pour la moyenne des hommes, très utilisateurs de ce mode.
En termes de compréhension des choix modaux, ce modèle comparant l’usage de la
VP et l’usage des TC ferrés présente directement l’ensemble des prédictions observées
pour les trois modes qui composent cette opposition de choix. Ici encore les préférences
individuelles distinguent ces deux types de mode par le bénéfice d’une part et l’ agrément
et l’identité d’autre part. L’âge produit une forte tendance à préférer de plus en plus la
voiture au fil des années et le sexe désigne une forte tendance des femmes à être plus
utilisatrices des transports collectifs. Les lieux de résidences montrent ici des effets très
nets, soulignant fortement que l’usage de la voiture est d’autant plus privilégié que les
participants vivent loin du centre de l’agglomération parisienne.
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Dans le document
Le processus de décision dans le choix modal : importance des déterminants individuels, symboliques et cognitifs
(Page 114-118)