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4.3 calibré et validé par une démarche participa tive

4.3.3 Détails de l'enquête

Nous allons ici présenter les détail de l'enquête eectuée à l'aide du logiciel Limesurvey, durant le mois de Mars 2015. L'élaboration du questionnaire a fait l'objet d'une réexion en amont avec Sophie Mariani-Rousset, du département de Psyschologie de l'Université de Franche-Comté. Il s'est agi d'identier les formes à apporter à la présentation du questionnaire (lisibilité, accessibilité au grand public) et à la manière de formaliser, formuler les questions, comme nous allons le voir ici. 4.3.3.1 Présentation et formalisation des questions

Le questionnaire a été intitulé  Indicateurs du développement durable . Confor- mément au dispositif de présentation prévu dans LimeSurvey, une page d'accueil permet de prendre contact avec l'enquêté en une présentation généralement rapide du sujet traité. Au regard de notre sujet, il a ici été choisi de rédiger une page de présentation plus longue et détaillée que ce qui est généralement produit. Devant la complexité relative à la manière d'aborder le développement durable, il nous a paru important de développer les principes présidant à notre réexion. Après une rapide contextualisation du travail (phrase d'introduction), nous avons choisi de présenter le schéma des trois sphères en insistant sur l'objectif d'équilibre entre les trois pour assurer la durabilité d'un territoire, étant entendu que notre démarche s'inscrit dans

cette philosophie. Les termes d'indicateurs et de sphères du développement durable sont donc introduits ici, avant une présentation des objectifs du travail. Il a été éga- lement envisagé une présentation formelle et détaillée des neufs indicateurs, mais la longueur de lecture d'une telle présentation présentait le risque d'une lassitude et d'un abandon dès le départ auprès des enquêtés, d'autant que la page de présen- tation anormalement longue pouvait déjà comporter quelques risques de ce type. Il a donc été décidé de présenter la page suivante (Figure 4.14), qui nous a semblé être un compromis entre le besoin d'explication et celui de concision. Il est ensuite précisé à l'enquêté que la réponse au questionnaire ne devrait pas lui prendre plus d'une dizaine de minutes, et que le questionnaire est anonymisé.

Figure 4.14  Page de présentation de l'enquête

Passé cette page de présentation, l'enquête proprement dite débute. La première question qui nous intéresse, nous l'avons dit, est relative à l'identication de chaque indicateur par les enquêtés : à laquelles des trois sphères présentées en page d'accueil l'enquêté, intuitivement, identie-t-il chaque indicateur lui étant proposé ? Pour ré- pondre à cette question, l'enquêté doit ainsi déterminer manuellement à quelle sphère il rattache l'indicateur proposé. La meilleure technique nous a semblé être la classi-

Figure 4.15  Enquête : tableau de classication des indicateurs

cation au moyen d'un tableau : chaque ligne du tableau propose ainsi un indicateur, tandis que les trois sphères sont représentées en colonnes. L'enquêté eectue son choix en cliquant sur le  bouton  correspondant à la sphère de son choix (Figure 4.15). Le tableau a été paramétré de façon à ce que l'enquêté n'ait qu'une seule pos- sibilité de réponse pour chaque indicateur. La question de la possibilité d'identier un indicateur à plusieurs sphères a bien entendu été soulevée, mais il apparaît juste- ment qu'une multiplicité des choix rendrait inutile la démarche : notre méthodologie requérant la catégorisation de chaque indicateur dans l'une des sphères, une réponse à choix multiples n'aurait ici pas de sens.

La seconde question qui se pose ensuite à l'enquêté concerne cette fois-ci la pon- dération. Nous l'avons vu, il nous apparaît important d'analyser sa perception de la population quant à l'importance qu'elle peut sembler accorder aux diérents indica- teurs d'une même sphère, dans l'optique d'un processus d'agrégation en indicateur synthétique. Il est ici demandé à l'enquêté de donner un poids à chaque indicateur pour chacune des sphères. Les outils fournis par LimeSurvey nous permettent d'ef- fectuer cela en proposant à l'enquêté d'inscrire un pourcentage devant chacun des trois indicateurs, le total devant être égal à cent (Figure 4.16) (Il est possible de paramétrer de telle façon qu'une réponse non égale à cent ne puisse être validée et oblige l'enquêté à parvenir à ce total souhaité). Le procédé est ainsi répété pour les trois sphères. Le même procédé est utilisé pour la troisième question, qui concerne le poids accordé aux sphères selon le type d'espace. Trois espaces sont retenus : ru- ral, périurbain et urbain, ces trois espaces étant les plus facilement identiables et connus du grand public. Pour chacun d'eux, il est demandé aux enquêtés de dire quel poids ils accordent à chacune des sphères. A la n de cette étape, il est demandé aux enquêtés, dans une démarche d'ouverture, s'ils souhaitent proposer d'autres indica-

Figure 4.16  Enquêtes : exemple de question relative à la pondération

teurs à analyser. Nous ne perdons pas de vue, comme nous l'avons déjà souligné, que les indicateurs proposés ici ne sont que des choix arbitraires utilisés à titre d'exemple, et qu'ainsi toute proposition d'indicateur peut être la bienvenue.

Nous avons ainsi procédé à un questionnement sur trois grandes thématiques (iden- tication des indicateurs, poids de ceux-ci, poids des sphères selon le type d'espace), à l'aide d'une interface agréable et d'un questionnement relativement bref. Il reste maintenant la dernière étape du questionnaire, qui consiste à interroger l'enquêté sur lui-même an de pouvoir traiter ses réponses sous diérents angles d'approches. Gardant à l'esprit que les réponses sont anonymes, il est demandé à l'enquêté les renseignements suivants :

1. Genre (Masculin/féminin)

2. Age (réponse manuscrite de l'enquêté)

3. Catégorie socio-professionnelle (Choix entre les diérentes CSP identiées par l'INSEE)16

4. L'espace de résidence (Rural, périurbain, urbain) 5. L'espace du lieu de travail (idem)

6. L'enquêté travaille-t-il dans un métier de l'aménagement (réponse oui/non) 7. En cas de réponse oui, dans quel domaine (choix proposés : Recherche/domaine

universitaire, bureau d'études, collectivités territoriales/services de l'Etat, agences d'urbanisme, autre).

8. L'enquêté exerce-t-il une fonction élective ? (réponse oui/non)

9. Si oui, quel type de fonction (Conseiller municipal, départemental, régional, parlementaire, autre)

10. Si l'enquêté souhaite y répondre, à quelle tendance politique se rattache-t-il ? (Sans étiquette/Indépendant, Gauche de la gauche, PS et alliés, écologistes, centristes, UMP et alliés, FN et alliés, autres).

Cela doit nous permettre, comme nous l'avons évoqué plus haut, de distinguer ou non d'éventuelles corrélations entre certains types de réponses et les diérentes catégories proposées ici. Outre les catégories classiques relatives au genre, l'âge et la catégorie socio-professionnelle, nous avons, comme indiqué plus haut, voulu iden- tier si l'enquêté était ou non lui-même un acteur de l'aménagement par le métier qu'il exerce, s'il était un décideur (en tant qu'élu), et enn si l'on pouvait distinguer une diérence de vue selon la proximité politique de l'enquêté.

Le questionnaire se termine sur ces questions et sur une dernière page de remer- ciements.

4.3.3.2 Diusion et réception des réponses

Une fois élaboré sur LimeSurvey, ce questionnaire a été testé, sans être activé, auprès de membres du laboratoire, ne travaillant pas sur le sujet pour un premier avis sur la compréhension et la lisibilité des questions. Il est apparu quelques di- cultés dans l'énoncé des questions, corrigées en conséquences. Le 12 Mars 2015, il a été procédé à l'activation du questionnaire suivi d'une première diusion du ques- tionnaire dans la mailing-list du laboratoire ThéMA, pour une première vague de réponses  en interne . Puis l'enquête a été diusée au grand public le lendemain, à travers :

 Des listes de diusion, des mails ciblés vers les milieux professionnels, à desti- nation des milieux de l'aménagement.

 Les réseaux sociaux, les listes de contacts et listes de diusions privées, à des- tination du grand public.

Les retours ont été rapides, la quasi-totalité des 334 réponses ayant été reçues dans les quinze jours suivant la diusion, avant une forte baisse et une quasi-inactivité dans les semaines suivant cette quinzaine. Une relance a été eectuée durant la troisième semaine en direction des bureaux d'études et collectivités, avec un faible nombre de

retours. Ces réponses ont ensuite été traitées à partir du dossier excel dans lequel elles ont été automatiquement consignées par LimeSurvey. Ce questionnaire est ainsi élaboré, d'une manière que nous avons à la fois voulu la plus compréhensible et la plus simple possible : une interface agréable, attractive et des questions précises vi- sant à apporter une contribution participative, par le recours à une enquête dont le temps pour y répondre n'excède pas une dizaine de minutes, temps au-delà duquel peut se produire une lassitude chez les enquêtés.

Ainsi, nous allons pouvoir appuyer notre méthodologie sur un avis élargi aux per- sonnes concernées par les politiques d'aménagement du territoire et le développe- ment durable, c'est à dire l'ensemble de la population. Le recours à l'enquête nous a paru inévitable pour valider ou inrmer les choix intuitifs mis en avant dans la construction de notre méthodologie. Nous avons ainsi pu identier sur quels points méthodologiques faire intervenir une enquête : la perception des indicateurs d'éva- luation (perception quant à l'appartenance à l'une ou l'autre sphère, perception quant à son importance) et l'interrogation sur le rapport à l'économique, au social et à l'environnemental selon le type d'espace. Pour permettre cette démarche parti- cipative, il est nécessaire de procéder de la manière la plus simple et compréhensible possible dans le traitement des données (pondération simple plutôt qu'un complexe processus d'analyse multi-critère) et de recourir à un protocole d'enquête permet- tant de toucher le maximum de personnes tout en minimisant les coûts de récolte et de traitement des données. Dans cette optique, nous avons élaboré, à l'aide du logi- ciel LimeSurvey, ce questionnaire dont les résultats seront exposés dans la troisième partie.

Conclusion du chapitre 4

Notre proposition méthodologique nous oriente ainsi vers la production d'une car- tographie visant à identier la durabilité d'un territoire à travers l'étude ne de son espace. Les indicateurs de départ sont agrégés au cours du processus méthodolo- gique, lequel nous semble devoir s'appuyer sur une consultation auprès des acteurs directs de l'aménagement comme auprès du grand public. Devant la multitude de possibilités de résultats que semble pouvoir peut orir la méthodologie, les résultats d'une telle consultation peuvent servir au décideur à orienter ses choix stratégiques, non seulement pour l'application du processus (quel type d'agrégation ?) mais aussi

sur les décisions qui peuvent découler de l'analyse du territoire (quelle sphère privilé- gier ?). Nous l'avons dit, nous sommes conscient des limites que peut présenter notre méthodologie, notamment dans le choix, arbitraires ici, des indicateurs sélectionnés. Ces choix arbitraires visent à permettre des tests dont les résultats doivent ensuite servir à guider nos réexions, comme nous le verrons dans les chapitres suivants.

Conclusion de la deuxième partie

Cette partie centrale de notre thèse a ainsi été consacrée à une focalisation sur les enjeux méthodologiques. Nous avons pu mettre en évidence l'importance croissante prise par les indicateurs dans les travaux d'évaluation d'un territoire. Leur proli- fération rend impératif la recherche de synthèse pour orir aux décideurs d'avoir non seulement des données lisibles et exploitables mais également, par là même, une vision d'ensemble qui permette une prise de recul et la possibilité d'analyser le territoire dans sa globalité. Là aussi, nous avons pu identier un certain nombre de dicultés.

1. Une diculté théorique : comment envisager la synthèse ? Nous nous retrou- vons ici aux prises avec le ou artistique de la dénition de la durabilité, qui brouille l'analyse. Dans quelle sphères ranger tous les indicateurs sectoriels ? Comment envisager leur synthèse, en fonction de l'idée que l'on se fait de la durabilité ? Cet écueil semble, dans l'absolu, quasiment impossible à résoudre. Il faut donc opérer des choix, les plus scientiques, réalistes et rigoureux pos- sibles, bien que de fait subjectifs et critiquables. Nous avons pour notre part opté pour l'approche consensuelle d'une équivalence entre économique, envi- ronnemental et social.

2. Une diculté technique, directement liée à la précédente : comment réaliser la synthèse ? Par quel processus d'agrégation ? Là aussi, tout dépend de la manière d'envisager la durabilité. Les choix d'agrégation, de pondération des indicateurs sectoriels en indicateurs synthétiques sont par nature subjectifs et discutables. Nous avons proposé un processus méthodologique rendant pos- sible une synthétisation adaptable à diérents choix. Elle se base sur des tests théoriques réalisés à l'aide d'indicateurs choisis arbitrairement, à partir des ré- sultats d'un modèle LUTI (MobiSim), pour tester la méthodologie théorique sur une aire d'étude réelle (l'agglomération de Besançon).

3. Une diculté  politique  : au vu des problèmes de subjectivité que nous venons de mettre en avant, il paraît important de rééchir au moyen d'orienter les décisions à l'aide d'un processus participatif. C'est pourquoi nous avons tenu à réaliser une enquête en ligne pour mettre en perspective le ressenti du

 terrain  avec nos choix méthodologiques intuitifs.

Au nal, nous pensons avoir fourni une méthodologie relativement simple qui peut être prise en main par les acteurs de l'aménagement et permet d'exploiter les sorties de modèles LUTI hors du champ purement académique, en les rendant plus lisibles et plus accessibles.