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4.3 calibré et validé par une démarche participa tive

4.3.1 Besoin d'avis

En eet, les choix arbitraires eectués dans l'élaboration méthodologique l'ont été, nous l'avons dit à titre d'exemple. Il convient cependant de s'interroger sur l'impact que pourraient avoir sur ces choix des divergences d'approches selon les personnes impliquées dans le processus de décision.

4.3.1.1 Questionnements

Pour revenir à la méthodologie présentée précédemment, nous pouvons distin- guer plusieurs phases de choix à eectuer durant les diérentes étapes du processus : 1. En premier lieu, le démarrage du processus de traitement des données nécessite le classement de celles-ci dans des catégories identiées. Ici, cela s'entend par le classement des indicateurs sélectionnés dans les trois sphères du dévelop- pement durable. Nous avons pu voir dans le chapitre précédent que la déter- mination de l'appartenance de tel ou tel indicateur au domaine économique, social ou environnemental pouvait poser des dicultés, certains indicateurs pouvant chevaucher plusieurs thématiques (cf 3.2., Tanguay et al, 2009). La

présentation des tests méthodologiques durant la réalisation de ce travail n'a d'ailleurs pas manqué de soulever ces questions. Dès lors, nous pouvons nous demander si cette question ne nécessite pas, dans une application réelle sur le terrain, un premier travail de prospection auprès des personnes concernées pour connaître la perception qui est faite de chaque indicateur, de manière à éviter des incompréhensions et, le cas échéant, de mauvaises interprétations des performances du territoire.

2. L'évaluation des indicateurs. Nous avons vu que cette étape, d'inspiration top down, relevait de l'expertise. La valeur accordée aux indicateurs évalués va donc dépendre de l'analyse qui en est faite par les experts interrogés sur le terrain d'étude. Contrairement aux démarches de type bottum-up ouvrant la porte à des consultations de terrain sur lesquelles peut s'appuyer le processus méthodologique, il semble ici dicile d'anticiper et le cas échéant de simuler le jugement des experts concernant la valeur accordée à la performance et ainsi la production d'indicateurs évalués (cf 4.2.). Pour cette raison, les choix ar- bitraires intuitifs réalisés dans l'élaboration de la méthodologie ne seront pas remis en cause ici.

3. La pondération dans le processus d'agrégation. Sur cette étape en revanche, il apparait que l'importance pouvant être donnée à chaque indicateur entraîne une variabilité des résultats, que nous avons identié dans les tests présentés plus haut. Il apparaît en outre que cette étape, primordiale dans la produc- tion d'indicateurs synthétiques, relève, comme celle de l'identication, d'une démarche bottum-up nécessitant la consultation de l'ensemble des acteurs et résidents du territoire. En eet, dans une optique participative, il nous semble indispensable d'identier l'importance qui peut être accordée à chacun des indicateurs de départ pour, le cas échéant, prendre en considération un dés- équilibre en faveur ou en défaveur de tel ou tel d'entre eux. Les choix intuitifs de pondération eectués dans la méthodologie pourraient ainsi se trouver conr- més ou inrmés par une consultation réelle sur un territoire étudié.

4. La question du poids des diérentes sphères. Nous avons vu plus haut que cette question était éminemment délicate à trancher et qu'elle ne dégageait pas de consensus. Pour les raisons que nous avons évoquées, nous avons choisi ici

d'accorder le même poids à chacune des sphères. Nous ne perdons cependant pas de vue que ce débat n'en est pas moins récurrent et qu'il peut tout à fait surgir et inuencer la mise en place d'un processus d'évaluation du territoire. Notamment, il est une question qui nous semble intéressante d'aborder : celui de la diérenciation selon le type d'espace. Si l'analyse globale du territoire nous conduit, nous l'avons dit, à privilégier un poids égal pour les trois sphères, la variété des espaces étudiés ne pourrait-elle pas conduire à privilégier l'une ou l'autre sphère ? Par exemple, va-t-on accorder plus de poids à l'économique en milieu urbain et à l'environnemental en milieu rural ? Cette question, selon nous, mérite d'être posée et, en tout cas, de faire l'objet là aussi d'une consul- tation pour identier les perceptions des diérentes populations d'un territoire. Ces questionnements, qui se font jour tout au long des principales étapes de notre processus méthodologique, appellent évidemment une réponse de nature à conrmer ou inrmer nos choix intuitifs et, en tout cas, d'apporter un éclairage concret sur les ressentis des personnes concernées par cette démarche. Il s'agit, comme évoqué dans la partie 1, de permettre une meilleure articulation entre les outils de modélisation et la prise de décision. Un processus méthodologique tel que nous l'avons présenté, s'appuyant sur des données issues de la modélisation et traitées scientiquement, doit permettre l'implication et la participation des acteurs, parties prenantes et citoyens dans l'élaboration d'informations synthétiques, renforçant ainsi leur cohérence et leur lisibilité.

4.3.1.2 Possibilités de réponses

Il convient d'abord de s'interroger sur la méthode à employer pour répondre aux questionnements venant d'être posés. Comment impliquer les personnes sou- haitées dans le processus d'élaboration de la méthodologie ? La première question, celle de l'identication des indicateurs à l'une des sphères, requiert une technique aisée de choix par catégorisation, où il est demandé d'identier chaque indicateur à la sphère souhaitée. Cette question peut facilement être traitée par un procédé de collecte d'avis auprès de la population sur le terrain, comme nous allons le voir plus loin. La principale question quand à la réponse technique à apporter réside dans la méthode d'agrégation. Comment aborder cette délicate étape d'agrégation des indicateurs évalués en indicateurs synthétiques ? Nous avons vu que les résul- tats pouvaient varier en cas de divergence de vue et d'inégale importance accordée

à chaque indicateurs. pour déterminer cette éventuelle pondération, diérentes mé- thodes peuvent être envisagées. Nous pouvons citer ici la question de l'évaluation multi-critère, évoquée dans le chapitre 2 comme une méthode aujourd'hui fréquem- ment utilisée dans les méthodes d'évaluation des territoires. Ici, une telle méthode consisterait à recourir à cette évaluation multi-critère auprès de la population pour hiérarchiser les indicateurs à partir des diérentes méthodologies inhérentes à l'éva- luation multicritère, notamment le recours à l'AHP (Analytic hierarchical process). Il s'agirait de demander aux personnes interrogées d'eectuer un classement hiérar- chique des indicateurs de chaque sphère et d'en déduire la pondération à accorder à chaque indicateur. Cela a d'ailleurs été réalisé dans les tests théoriques, comme le montre la gure 4.11. Toutefois, le recours à ce type de méthode présente ici deux Figure 4.11  Exemple d'une matrice de comparaison pour la pondération des indicateurs de la sphère sociale

limites. D'abord, la complexité du procédé : dans le cadre d'une consultation de terrain à l'attention du  grand public  d'un territoire, classer les indicateurs dans un tableau hiérarchique peut faire passer l'exercice pour un pensum fastidieux et ainsi éloigner beaucoup de néophytes. Surtout, ce procédé est théoriquement per- tinent lorsqu'il est utilisé sur plusieurs niveaux. Il serait donc approprié dans un processus d'agrégation d'indicateurs en plusieurs paliers comme cela peut exister (3.2.). Mais ici, nous avons fait le choix, dans un but de simplication et de cohé- rence de l'information, de limiter l'agrégation en une étape : dans chaque sphère, les

trois indicateurs évalués seront fusionnés en un indicateur synthétique. Cela rend moins pertinent le recours à l'analyse multi-critère, dont nous avons justement pu voir, dans le chapitre 3, que la complexité qu'elle engendrait rendait dicile la prise de décision (Boutaud, 2005). Ici, il nous semble donc plus pertinent de recourir à une pondération simple, en déterminant un poids à chaque indicateur, exprimé par exemple en pourcentage, le total devant être égal à cent. Cette méthode a en outre l'avantage de la simplicité ce qui rend plus facile son utilisation auprès du grand public dans le cadre d'une démarche de sondage sur le terrain. Ce procédé peut en outre être répété pour la question de l'importance accordée à chacune des sphères selon le type d'espace, qui est la dernière phase de questionnement que nous avons évoqué plus haut.

Ainsi, nous pouvons dégager des pistes de nature à permettre l'implication des ac- teurs de terrain dans le déroulement du traitement des données, par des procédés relativement simples consistant à catégoriser des indicateurs et à ensuite eectuer une pondération en fonction de l'importance accordée à l'indicateur ou à la sphère. Le choix de méthodes simples doit permettre ici une implication plus facile de per- sonnes peu familières des procédés de modélisation ou de calculs scientiques. Nous allons maintenant voir par quel moyen concret mener cette consultation.