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Débats et expériences fondatrices dans les années trente

§1 De Memminger à Gesell : le principe de la monnaie accélérée

A) Débats et expériences fondatrices dans les années trente

Si à l’égard des propositions de Gesell la théorie économique n’a guère été bienveillante, ses idées ont malgré tout suscité un engouement paradoxal que souligne Keynes :

« Pendant les années d’après-guerre, ses disciples nous bombardèrent d’exemplaires de ses ouvrages. (...) Attirant à lui la faveur quasi religieuse dont Henry George avait jadis été l’objet, Gesell devint le prophète vénéré d’un culte groupant à travers le monde des milliers de disciples. (...) Depuis la mort de Gesell survenue en 1930 une grande partie de la ferveur spéciale que suscitent les doctrines comme les siennes s’est portée sur d’autres prophètes (moins éminents à notre avis) »28

.

Dans l’entre-deux-guerres dont, du point de vue monétaire, les années vingt furent conservatrices et les années trente révolutionnaires29, les idées hétérodoxes voire utopiques

ont particulièrement trouvé matière à se développer dans les difficultés économiques de divers ordres qui sont apparues : hyperinflation allemande et désordres monétaires multiples dans l’Europe de l’immédiat après-guerre, vaste dépression économique et chômage inconcevable quelques années plus tard. Pour ce qui concerne les idées geselliennes, les multiples débats de l’époque eurent lieu dans le contexte de la pénurie de monnaie en Europe depuis le début de la première guerre mondiale jusque vers le milieu des années vingt, puis dans le contexte de la dépression des années trente. En effet si l’ouvrage de Gesell, écrit à partir d’une autre crise, celle argentine des années 1880-90, trouva de l’écho,

25

Baudin [1936, p. 209-210], [1947, p. 333]. Delannès [1938, p. 15] propose le terme de monnaie libre, ce qui reprend l’expression de Gesell (Freigeld) sous une traduction différente de la monnaie franche, mais qui est trop peu expressive, et de monnaie auxiliaire, ce qui masque la spécificité de ce type de monnaie.

26

À propos de l’expérience niçoise.

27

Tel est le titre d’un ouvrage de Philippe Drisin, La monnaie secondaire, essai d’économie, daté de 1978.

28

Keynes [1969, pp. 350-351].

29

que ce soit en Allemagne, en France, en Suisse, en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, il fallut attendre les années trente et le chômage massif dans un contexte déflationniste pour que des expériences soient tentées. Ces expériences furent toujours confinées à une aire de circulation généralement très restreinte, mais parfois leurs promoteurs avaient pour horizon leur extension à l’ensemble du système monétaire national - voire au-delà, comme c’était le souhait de Gesell.

Les débats les plus vifs eurent lieu surtout en Suisse, autour du Dr Theophile Christen ainsi que de Fritz Schwarz. Les défenseurs du principe des monnaies franches se regroupèrent dans une organisation idoine, le Freiland- und Freigeldbund, dès les années 1910. Théophile Christen, membre du Freigeldbund était l’un de ses plus importants contributeurs et constituait le véritable successeur du maître. Le Parti socialiste populaire soutenait ces projets qui furent discutés en 1923 à la conférence monétaire convoquée par le Conseil fédéral. Le but de l’organisation était l’application des principes de Gesell à l’ensemble de la société, ce qui supposait, à la suite des écrits de Gesell, un volet monétaire ainsi qu’un volet agraire : la réforme agraire (nationalisation du sol) tenait une place tout aussi importante dans l’utopie gesellienne. C’est à « une complète économie nouvelle » que le Freigeldbund aspirait30.

Pour autant, les premières expériences eurent lieu non en Suisse, lieu de retraite de Gesell à son retour d’Argentine en 1900, mais en Allemagne, pays d’origine de Gesell.

Au début des années trente eurent lieu en Allemagne deux premières expériences limitées31. Hans Timm, ami de Gesell, en était l’initiateur. Elles étaient articulées autour

d’une banque d’échange et des wära32, des billets à valeur fondante.

En 1930, l’association initiée par Timm, qui compta jusqu’à 1300 membres, instaura dans ses échanges internes cette monnaie, gagée sur des Reichsmarks et dont la valeur devait être maintenue au moyen de timbres mensuels équivalant à 1% du nominal du billet.

En 1931, un ingénieur, Hebecker, racheta à bas prix la mine abandonnée depuis deux ans située sur la petite commune de Schwanenkirchen (500 habitants), sinistrée par la crise, et mit au point un circuit fermé d’échanges au moyen de ce type de wära33. Distribués aux

salariés comme rémunération, ils passaient de mains en mains, au fil des commerçants et des entrepreneurs, pour revenir à la mine à laquelle on pouvait acheter du charbon par ce moyen. Ce système dans lequel la mine était l’institut d’émission dynamisa l’économie locale, et les

wära se diffusèrent un peu dans le reste du pays. Mille magasins en Allemagne les

acceptèrent ; quelques banques ouvrirent des comptes en wära. Au total, seuls 20 000 années trente révolutionnaires ».

30

Baudin [1947, p. 339].

31

Baudin [1947, p. 335] ; Delannès [1938, pp. 59-65].

32

reichsmarks en wära furent émis, mais 2,5 millions de personnes, semble-t-il, les utilisèrent en 1930-3134. Le gouvernement s’inquiéta de cette monnaie qui, affirmait-il, usurpait le

privilège régalien d’émission monétaire et faisait planer un danger d’inflation. Un procès eut lieu, mais il le perdit. Il interdit par décret l’usage de ce type de monnaie le 30 octobre 193135.

Mais l’expérience la plus importante, que les créateurs des systèmes d’échange local des années 1980 et 1990 présentent comme l’ancêtre modèle (mais historique et dépassé) de toutes les autres (et ce malgré la différence de nature de ces expériences), eut lieu à Wörgl en 1932-193336. Cette commune du Tyrol autrichien d’environ 4000 habitants comptait alors,

avec ses environs, 1500 chômeurs et se trouvait en état de banqueroute. En juillet 1932, elle émit, sur l’impulsion de son maire Michael Unterguggenberger, ancien syndicaliste37, des

« bons de travail » de 1, de 5 et de 10 schilling. Leur valeur perdait 1% chaque mois ; seul l’achat de timbres auprès de la municipalité permettait de la maintenir. La dénomination de « bon de travail » était destinée à éviter tout amalgame avec le schilling autrichien qui aurait soulevé la question du privilège d’émission. La Caisse municipale faisait office d’institut d’émission et s’engageait à recevoir ces bons en paiement des impôts à parité avec la monnaie officielle, sur laquelle étaient gagés, à 100%, ces billets fondants. La municipalité régla ainsi les salaires de ses employés (à raison de 50% puis 75% de leur salaire), et la monnaie circula dans la commune en toute confiance de leur acceptation finale par la municipalité38. La circulation monétaire s’accéléra39, certains allèrent même jusqu’à régler

en avance leurs impôts à la municipalité pour éviter d’acheter les timbres. Celle-ci recueillit ainsi plus de fonds qu’auparavant, l’économie locale fut dynamisée. Il était cependant possible de déposer ces billets à valeur fondante dans une Caisse où ils cessaient de fondre ; la condition était que l’argent ainsi déposé devait être retiré sous cette forme de monnaie fondante. Finalement, en dépit de son apparente réussite en termes de reprise économique40

33

Cette fois la dépréciation était de 1‰ hebdomadaire, soit 5,2% sur l’année.

34

Delannès [1938, pp. 63-64].

35

Delannès [1938, pp. 64-65].

36

Voir Baudin [1947, pp. 335-339], Delannès [1938] et les Annales de l’économie collective, 1934.

37

À son sujet, voir Delannès [1938, pp. 66-68].

38

À la Caisse municipale, le porteur d’un bon de travail pouvait soit acheter le timbre mensuel correspondant, donc payer 1% de sa valeur, soit l’échanger contre de la monnaie officielle en perdant 2% de sa valeur, c'est-à-dire l’équivalent d’une dépréciation de deux mois : la monnaie officielle faisait prime sur les bons de travail (Baudin [1947, p. 337]). On a remarqué ailleurs que les porteurs, au début de l’expérience et faute de confiance, revenaient souvent à la Caisse échanger leur bon contre la monnaie officielle en perdant 2% plutôt que dépenser seulement 1% pour conserver à la fois le bon et sa valeur (Science et vie, n°458, 1958).

39

32 000 schillings émis changèrent de main 463 fois en moyenne, contre 21 normalement pour le schilling autrichien. Kennedy [1996, p. 45].

40

Voir Delannès [1938, pp. 75 sq] qui présente une vision idyllique des effets de la monnaie fondante. Baudin [1947, p. 338], à la suite de von Muralt [1934], souligne un artifice de cette reprise : comme

mais surtout à cause de l’inquiétante émulation qu’elle semblait provoquer41, le

gouvernement autrichien interdit en septembre 1933 la monnaie fondante de Wörgl, sous la pression de la Banque nationale d’Autriche jalouse de son monopole d’émission42.

Outre en Suisse, en Allemagne et en Autriche, disciples et débats ne manquèrent pas en Europe. En Grande-Bretagne, Henry Büchi tenta de propager le principe, sans succès. En France, les expériences de monnaies parallèles furent étudiées par quelques observateurs comme Baudin, Hornbostel ou plus tard Delannès sans qu’ils en adoptent les principes43.

D’autres comme Jean Barral, à Nice, et Pierre Mouton agirent activement pour que de tels systèmes soient mis en place. Ce fut le cas à Nice en 1933, sous l’impulsion de Jean Barral qui dirigeait par ailleurs à l’époque une revue nommée L’économie franchiste qui se donnait pour objectif de diffuser les idées de Gesell44, et de Marino-Bertil Issautier.

L’expérience de Nice se distingue des autres expériences de monnaie accélérée. La monnaie interne, le Bon-valor que matérialisent des bons d’échange d’un nominal de 5 et 10 bons-valors, ne circule en effet qu’au sein des adhérents du Comité national de la mutuelle d’échange créé à cet effet45. Ce sont en outre des commerçants qui ont lancé l’expérience,

sur la base d’une réaction antifiscale. Le Bon-valor est fondant : un timbre de 1% du nominal doit être apposé au dos du billet chaque mois pour qu’il conserve sa valeur ; en outre, les billets ne sont valables qu’un an. Les revenus tirés de la vente des timbres emplissaient les caisses de l’Institut mutualiste de crédit et d’épargne dont l’objectif était de fournir à ses membres des crédits gratuits. L’expérience dura deux ans et fut interdite, sur la demande de la Banque de France, par le gouvernement.

Daladier lui-même, président du Conseil, avait préconisé ces systèmes de monnaie

expérience singulière, Wörgl fut beaucoup visitée par des touristes curieux d’un tel système, ce qui contribua à la reprise économique locale. « Sur 12 000 schillings de bons émis, on estime qu’un tiers a été emporté

par des amateurs, bénéfice net pour la commune ». Et d’ironiser : « ainsi une monnaie destinée à faire disparaître la thésaurisation a été thésaurisée à son tour ».

41

Une commune voisine avait émis sa propre monnaie fondante sur le modèle de Wörgl en janvier 1933 et d’autres communes n’attendaient que le résultat des actions en justice menées par la Banque nationale d’Autriche pour les suivre. Kennedy [1996, p. 45] affirme que près de 170 communes autrichiennes envisageaient alors d’adopter chez elles un système identique, dont la grande ville d’Innsbrück.

42

Von Muralt [1934, pp. 321-322] mentionne les raisons invoquées, avant cependant que tombe le couperet final.

43

Louis Baudin était très méfiant à l’égard de ces expériences. Il refusait même l’argument selon lequel une monnaie fondante frappe, certes, le détenteur du billet au moment où celui-ci perd de sa valeur et doit donc être estampillé, mais est globalement avantageuse, même pour ce malheureux détenteur, dans la mesure où ce système produit une activité économique supérieure, c'est-à-dire davantage de richesses et d’emplois pour

tout le monde.

44

Il semble que cette revue était semestrielle et fut fondée en 1931. Elle dura au moins trois ans. Pour un exposé succinct des activités de Barral, voir Cotten [1996, p. 57].

45

À propos de cette expérience niçoise que ne relatent ni Delannès [1938] ni Baudin [1947], voir les travaux en cours de Smaïn Laacher.

fondante lors du congrès du Parti Radical en 193346 ; cela avait provoqué un tollé. Peu

auparavant, un député avait déposé un projet de loi dans ce sens47. En 1937, Louis Ducatel

présenta un nouveau projet auprès du Parti Radical. Son objectif était de financer de grands travaux au moyen de l’émission d’une monnaie fondante non gagée par des réserves préalables48. Enfin, des débats à ce sujet eurent encore lieu sous le régime de Vichy.

La proposition de Ducatel ne s’inspirait pas que des quelques expériences européennes, mais aussi de celles américaines. Une quinzaine de communes en effet mirent en place ces monnaies fondantes, généralement vers 1932-33. Elles présentaient cependant des variantes par rapport au principe de Wörgl. De façon générale, les billets émis n’étaient pas préalablement gagés sur une réserve de dollars équivalente, mais se constituaient eux- mêmes leur gage par le biais du paiement par le porteur de timbres hebdomadaires de 2% de leur nominal, soit 104% sur l’année49. En outre, curieuse idée qui allait à l’encontre de

l’effet recherché, les timbres ne devaient pas être apposés à une période déterminée mais à chaque changement de main. Cette taxe n’accéléra pas la circulation mais au contraire la ralentit car la population fut encouragée soit à ne pas échanger, soit à frauder en échangeant sans apposer de timbre. Ces fraudes furent nombreuses50. Sur les mêmes principes, en

outre, des organisations privées mirent également de telles monnaies en place51. Il s’agissait

de groupes de commerçants qui souhaitaient lutter contre la concurrence ou des chambres de commerce. Enfin, William Aberhart, disciple du Major Clifford Hugh Douglas, lui aussi encensé par Keynes pour sa théorie du crédit social52, tenta une expérience similaire dans

l’État de l’Alberta qui échoua rapidement.

Ces expériences, Irving Fisher les observa, les critiqua et les encouragea. Hors Keynes, il semble que ce fut le seul économiste universitaire de renom qui ait à la fois reconnu l’importance de la théorie de Gesell et surtout adopté son principe et étudié les systèmes mis en place à partir de ses travaux. En 1933, il écrivit « un essai de monnaie

46

Il y est fait allusion dans Cotten [1996, p. 56].

47

Voir Louis Baudin [1947, p. 339]. Le projet de ce député était une monnaie dont la valeur perdait 5% par an.

48

Dans son projet la dépréciation était de 0,5% par mois. Delannès [1938, p. 101].

49

Delannès [1938, pp. 82-91]. Les douze communes furent : Hawarden, Rock Rapid, Albia, Nevada, Eldora (toutes de l’Iowa), Russel (Kansas), Grainte Falls (Minnesota), Mangum (Oklahoma), Jasper (Minnesota), Merced et Anaheim ensemble (Californie), Lexington (Nebraska) et Knoxville (Tennessee), toutes de faible taille, c'est-à-dire moins de 10 000 habitants (parfois seulement 900) hormis Knoxville.

50

Fisher [1933, chapitre V], Delannès [1938, pp. 82-100] et Baudin [1947, pp. 336-337].

51

À Evanston (Illinois), Pella (Iowa) et Enid (Oklahoma). Delannès [1938, pp. 91-94].

52

Voir Keynes [1969, p. 365]. Sa théorie est exposée et critiquée dans Baudin [1947, pp. 621-624]. Pullen et Smith [1997] en proposent une relecture. Galbraith [1994, pp. 87 et 329] lui donne « deux cents ans de

retard » sur l’expérience de la colonie américaine du Maryland au début du XVIIIe siècle. Sa théorie consiste

en la distribution de crédit social, c'est-à-dire d’une sorte de dividende social généralisé à tous les citoyens et financé par le budget de l’État. On peut trouver une parenté de cette idée avec celle d’un revenu minimum citoyen inconditionnel, qui connaît, dans les années 1990, un regain d’intérêt (voir sur ce thème, déjà citée

franchiste »53, Stamp Scrip (« bons estampillés »). Cet aspect des travaux de Fisher a été en

très grande partie effacé de la mémoire collective des économistes54.

Face à la dépression économique subie aux États-Unis et qui se traduisit à la fois par une thésaurisation accrue et par le développement d’organismes de compensation se passant de la monnaie officielle55, Fisher souhaitait la mise en place, provisoire mais généralisée à

tout le pays, de monnaies accélérées dont la dépréciation serait de 2% par semaine. Dans le contexte déflationniste qui était le sien, son souhait était de faire augmenter les prix et pas seulement d’accroître la vitesse de circulation de la monnaie. Dans ce but la monnaie accélérée, dit-il, devait être mise en place non au niveau d’une localité mais dans le pays tout entier. Dans une localité où les prix grimperaient, en effet, la population irait effectuer ses achats ailleurs ; au niveau du pays, l’ensemble de l’activité serait touchée uniformément et seules, éventuellement, les zones frontalières pourraient être victimes d’une désaffection des acheteurs56.

C’est vers la mi-1932 que Fisher, qui était déjà très actif et développait des projets peu orthodoxes, adopta ces principes. Il tenta de persuader Roosevelt, alors candidat à la Présidence, de la justesse de ses conseils ; il n’y parvint pas57. Ses projets furent très

discutés ; il semble que plusieurs centaines de communes envisageaient de les mettre en oeuvre. En février 1933, en outre, un projet de loi fut déposé au Congrès afin d’autoriser le gouvernement à émettre des billets à valeur fondante durant une période prédéterminée de la phase déflationniste de la crise. Il fut refusé58.

Dans l’après-guerre, il y eut encore quelques expériences très limitées. En 1956-57, deux communes françaises très touchées par la dépopulation et une déperdition d’activités économiques mirent en place des systèmes de monnaie locale fondante. Leur expérience était très semblable à l’expérience de Wörgl, mais sur le mode anti-fiscal de l’expérience niçoise de 1933. Il s’agissait de Lignières-en-Berry, dans le département du Cher, dont une rue avait été baptisée rue Gesell, puis de Marens, en Charente Maritime59. L’expérience de

plus haut, La Revue du Mauss semestrielle, n°7, 1er semestre 1996).

53

Delannès [1938, p. 18]. Gesell qualifiait ses perspectives d’économie franchiste (Freiwirtschaft), sol franc (Freiland) et monnaie franche (Freigeld).

54

Par exemple Schumpeter [1983] n’en souffle pas mot. L’article qui lui est consacré dans le New

Palgrave, bien qu’il soit assez exhaustif, oublie lui aussi complètement ces propositions et études de Fisher

alors qu’il mentionne son activisme peu orthodoxe dans les années trente ; son ouvrage consacré à la question, Stamp Scrip, n’est pas non plus cité.

55

Voir Anonyme [1933] et King [1933].

56

Voir Fisher [1933] et le commentaire de Baudin [1947, p. 337].

57

Barber [1996, p. 17].

58

Delannès [1938, p. 99-100].

59

L’expérience de Lignières est relatée avec une verve journalistique dans Science et vie, n°458, 1958. Les bons d’achat de Lignières portaient la devise « À coeur vaillant, rien d’impossible » et le filigrane répété à l’infini était « Si tous les gars du monde voulaient se donner la main ». On trouvait aussi les phrases

Lignières dura deux ans et demie60. Comme en Allemagne, aux États-Unis et à Wörgl, les

autorités finirent par couper court à ces velléités de concurrence en matière de circulation et d’émission monétaires. En fait, les initiateurs de l’expérience décidèrent de l’arrêter avant de tomber sous le coup de la loi61.