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saisir le phénomène d'accroissement des foires

Chapitre 2. Un contexte historique et socio-spatial favorable à la croissance des échanges commerciaux entre Bamako et sa

2.1. Bamako : une métropole en plein essor

2.1.1. La croissance de Bamako

Comme de nombreux pays Africains, le Mali connaît une croissance démographique élevée. Le taux d’accroissement annuel est évalué à 2,2 % pour la période 1987-1998. Les derniers recensements (4ème RGPH de 2009 - conclusions partielles) montrent que le Mali est toujours dans la deuxième phase de sa transition démographique, caractérisée par une chute de la mortalité mais une natalité toujours forte (Figure 3). Les chiffres de la mortalité ont de fait été divisés par deux de 1960 à 2009 (le taux de mortalité est passé de 28,7 ‰ en 1960 à 14 ‰ en 2009), ce qui révèle des progrès sanitaires importants. La natalité connaît également une baisse mais moins flagrante que la mortalité. Elle a continué à augmenter légèrement jusqu’en 2000, depuis elle est passée sous le seuil de 50 ‰ et continue une diminution progressive. Le Mali n’est donc pas encore arrivé à une stabilisation de la natalité, propre à la deuxième phase de la transition démographique.

Figure 3 - Evolution du taux de natalité et du taux de mortalité au Mali

0 10 20 30 40 50 60 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 Années T au x (‰ )

Taux de mortalité brut Taux de natalité brut * Prévisions pour les années 2009, 2010 et 2011

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Le Mali se distingue désormais des autres pays de l’Afrique de l’Ouest avec 3,6 % d’accroissement annuel pour la période de 1998-2009, contre 2,4 % pour l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest (source : United Nations Division 2005), et ce malgré une immigration vers d’autres pays qui continue d’être importante. Selon le rapport provisoire du RGPH30, cet accroissement dépasse le taux envisagé par le FMI qui prévoyait déjà un doublement de la population en 20 ans.

Cet accroissement démographique se couple à une augmentation du taux d’urbanisation ces dernières décennies. La population urbaine, qui représentait 21,96 % seulement de la population totale lors du recensement de 1987 et 31,78 % en 2006, va, selon certaines prévisions, atteindre 47,5 % en 2024 (DNSI, 1998), sans pour autant que la manière dont les villes s’approvisionnent en produits alimentaires et bioénergétiques ne change radicalement. Cela induira selon toute vraisemblance une très forte pression des villes sur les ressources de leurs périphéries. Cet accroissement important du taux d’urbanisation concerne particulièrement la capitale Bamako qui concentre l’essentiel de la population urbaine et des pouvoirs malgré la décentralisation. En 1998, la capitale représentait 10 % de la population nationale. Les chiffres du 4ème RGPH montrent que cette tendance s’accentue. En 2009, les Bamakois représentent 12,41 % de la population nationale.

Bamako est la capitale d’un pays enclavé vaste de 1 242 000 km² dont les deux tiers nord du pays appartiennent au Sahara méridional. Avec une superficie de 267 km², Bamako est en 2009 une ville de 1,8 million d'habitants dont l'essor a été favorisé par une situation géographique de carrefour. C’est aujourd’hui la ville la plus importante du pays loin devant Kayes, Ségou, Mopti, Sikasso, Koulikoro, Kidal, Gao et Tombouctou, villes de second rang (carte 1)31.

Comme l'illustre la Figure 4, la croissance de la ville est relativement récente. C'est la période d’après-guerre qui marque les débuts d’une croissance démographique soutenue. Cette période correspond à un afflux supplémentaire de population étrangère et de techniciens du fait de sa fonction de capitale coloniale. Le développement de fonctions politiques, administratives et économiques fait de Bamako un carrefour et c'est à cette époque que l'on

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Le RGPH est le Recensement Général de la Population et de l'Habitat du Mali.

31 Ces villes possèdent toutes moins de 200 000 habitants en 1998. La taille des centres composant le territoire

national et la région métropolitaine de Bamako est l'objet d'une analyse détaillée en partie 3. La dernière partie, consacrée à l'étude de l'évolution de la structure du territoire en centres urbains et villageois depuis l'essor des foires sera l'occasion de développer davantage et en détail ces phénomènes spatiaux.

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commence à observer l'extension spatiale de la ville. Sur la carte 4, on s'aperçoit que la superficie habitée est multipliée par 8 de 1918 à 1948, puis par 2 de 1948 à 1960. De 1945 à 1960, la population passe de 37 000 à 129 300 habitants, soit un accroissement de 2,5 % (Figure 4). Ce fut aussi une période propice aux grands travaux : la voirie et les services publics sont mis en place au centre ville et un pont est créé sur le Niger (1947), stimulant la croissance de la ville sur la rive droite32.

L'extension de la superficie habitée et la croissance démographique s’accélèrent à partir des années soixante, date de l'Indépendance du pays. Durant les premières années du gouvernement de Modibo Keita, l'effectif des citadins s’élève à 161 20033. Le début des années 1960 est une période de forts flux migratoires de l’intérieur du pays vers la capitale, ce qui est à l’origine de craintes d’un exode rural massif.

Depuis l'Indépendance, la croissance urbaine s'est accélérée, et la ville, qui comptait 658 200 habitants lors du recensement de 1987, en abrite près de 1 016 100 en 1998. Les années 80 marquent l'explosion démographique de la capitale. Même si les populations des autres villes se sont accrues elles aussi, la capitale malienne demeure, de très loin, la principale agglomération du pays.

Ces chiffres témoignent d’un changement profond du fonctionnement de la société malienne, avec la création d’un marché intérieur urbain qui prend de plus en plus d’importance. Avant 1960 le marché intérieur pour l'approvisionnement urbain était très étroit. Après 1960 et surtout 1980, la tendance à la croissance démographique de Bamako s'accentue. Dès lors, l'organisation des circuits de production et distribution aptes à répondre à la demande urbaine constitue un enjeu de premier ordre.

32 Ce phénomène est visible sur la carte 4 à partir de 1960. 33

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Figure 4 - Evolution de la population de Bamako de 1884 à 2009

0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000 1400000 1600000 1800000 2000000 1860 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2020 Années P op u la ti on

Source : Données démographiques de l’Institut National des Statistiques du Mali, 4eme RGPH résultats provisoires (pour 2009)

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D’un point de vue administratif, Bamako est divisé en 6 communes qui composent le District (Carte 5). Mais ce District ne recoupe plus la réalité urbaine de Bamako (Bertrand, 1997). La capitale constitue désormais un espace métropolitain. L’urbanisation progresse en auréole mais aussi le long des axes principaux menant à la capitale. La tendance démographique actuelle est au développement des quartiers périphériques et à la stagnation, voire la diminution des populations des quartiers centraux les plus anciens.

On remarque une croissance démographique importante de certains villages ou quartiers localisés à la périphérie immédiate du District. Ces quartiers, situés dans les communes contigües au District appartiennent au périmètre urbanisé de Bamako mais ne sont pas officiellement reconnus comme tels. La carte suivante (carte 5) met en évidence les fortes densités des quartiers de Dialakorodji, Sangarebougou, Sarambougou situés au Nord du District de Bamako dont l'extension suit la route menant à Safo ; Titiboufou et Seydoubougou à l'Est du District et le long de la route menant à Koulikoro, et enfin Kalabancoro et Kabala au Sud Est du District, le long du fleuve Niger en extension de Kalabancoura (quartier le plus récent de Bamako).

De plus, la capitale constitue désormais un espace métropolitain composé de nouvelles localités urbaines34 : Kati, Kassela, Siby, Sanankoroba (carte 6). Le découpage du District de Bamako n'a aujourd'hui plus de réalité au vu du boum démographique et de l'extension spatiale croissante. Il reste cependant effectif, ce qui engendre une situation paradoxale : l'autorité du District s'exerce sur 6 communes urbanisées et les localités urbaines et quartiers contigus au District sont régis par le Cercle de Kati et la Région de Koulikoro.

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La définition de la ville au Mali répond à la définition suivante, établie à la suite d’une réunion regroupant plusieurs départements ministériels : « Sont considérés comme centres urbains tous les chefs lieux de région, de commune, et de cercle ainsi que toute localité peuplée de 5 000 habitants ou plus. »

92 Carte 5 - Carte de l'aire urbaine de Bamako