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Les foires : une interface entre la ville de Bamako et sa périphérie qui organise les

4.1. Typologie des acteurs de la vie de la foire

4.1.3. Les acteurs de la distribution

4.1.3.1. Les transporteurs du syndicat

Associés à une gare routière de Bamako, ces transporteurs assurent les liaisons journalières de la ville vers certains villages de la périphérie, situés sur une ligne de transport officielle. Ils transportent essentiellement des passagers dans des minibus d’une capacité de 18 à 22 personnes. Les bagages sont admis du moment qu'ils ne restreignent pas l'assise des passagers et sont soumis au paiement d'un supplément lorsque cela concerne les marchandises de boutiquiers.

Ces acteurs font partie de la vie du village plus que de la vie de la foire. Ils favorisent le désenclavement des terroirs villageois et permettent le développement de fonctions commerciales (au minimum à l'échelle des boutiquiers). Le principe de fonctionnement est

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basé sur la rotation afin que chaque village situé sur une ligne de transport puisse être desservi à partir de Bamako chaque jour ou tous les deux jours. Les transporteurs arrivent de Bamako le soir, passent la nuit dans le village du terminus, ils repartent le lendemain matin à Bamako où ils sont relayés par un autre transporteur.

Bien que les navettes ne soient pas liées au jour de foire, leur travail est cependant plus important le jour de foire et le jour précédent : les commerçants et forains, voire les producteurs utilisant également ces moyens de transports pour s'y rendre.

Cependant, le contexte d'association avec les gares routières en ville contraint fortement les horaires et les pratiques de ces transporteurs, contrairement aux autres transporteurs rencontrés sur les foires. En fait, ils ont des pratiques tout à fait similaires aux transports collectifs en ville. Au terminus ou au départ des lignes de transport, ils sont soumis à un ordre de passage et au paiement d'un droit (100 Fcfa par départ). C'est la condition s'ils veulent charger les passagers au départ et s'assurer de remplir leur transport. Afin d'éviter l'attente, ils peuvent aussi choisir de prendre des clients sur la route, sans assurance de ne pas rouler à vide.

L'engorgement sur les places de départ en ville et l'encombrement du trafic conduisent de nombreux transporteurs à préférer les lignes de transport de la périphérie, au même titre que les détaillants des marchés urbains s'orientent vers les foires de la périphérie.

4.1.3.2. Les transporteurs indépendants

Ils choisissent eux-mêmes leur programme, qui est souvent fonction des liens de fidélisation noués avec les commerçants en ville et leurs préférences en termes d'approvisionnement. Les véhicules sont en majorité des minibus de type Sotrama64 que l'on rencontre également en ville. Sur certains axes (ceux qui ne sont pas encore goudronnés), ils cohabitent avec les taxis 9 places qui transportent aussi les marchandises (voir Planche 7).

Spécialisés dans le transport du bois ou du charbon, ou des produits maraîchers, ils fréquentent presque exclusivement les foires mais peuvent être commandités pour faire les allers-retours vers Bamako lors des pics de production. Comme pour les commerçants collecteurs, la fréquence hebdomadaire des foires les conduit à fréquenter chaque jour une foire différente pour rentabiliser leur activité.

64 Les Sotramas sont des minibus qui servent au transport en commun à Bamako. Ce sont principalement des

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Bien qu'il soit interdit, le transport mixte est pratiqué par ces transporteurs. Le plus souvent, ils transportent les marchandises de trois à quatre commerçantes ainsi que leurs propriétaires. A l'aller, ils amènent les passagers et commerçants désirant se rendre sur la foire, au retour ils les déposent avec leurs marchandises aux gares routières ou sur les marchés de la capitale. Il n'est pas rare qu'ils fassent deux à trois allers retours les jours de foires afin d’acheminer les produits vers Bamako ou Kati.

Durant les heures creuses du transport (en début de foire, pendant les négociations), ces acteurs peuvent également effectuer des navettes vers les villages environnants pour faire converger personnes et marchandises.

Encadré 7 : Témoignage d'un transporteur

Un transporteur indépendant arrive à la foire de Soundougouba avec quelques-uns de ses clients65. D’autres clients sont venus avec leur propre moyen et il ramènera leurs marchandises. Ses clients viennent des quartiers de Daoudabougou et du marché de Médine.

Au retour, la location du transport coûte 15 000 Fcfa avec les marchandises (tomates, oignons). Il est parti de Bamako à 7h et est arrivé à la foire de Soundougouba à 9H30. A 13h, les achats sont effectués et le véhicule est plein. Il vient dans ce marché tous les jeudis. Il fréquente également le marché de Markakoungo le mardi et celui de Dioîla le samedi. Il habite à Kasséla. Le reste du temps il se concentre sur le transport du bois et du charbon, des lieux de production vers la ville.

La planche suivante (planche 7) synthétise l'ensemble des moyens de transport rencontrés sur la foire. Elle illustre la grande concentration de transport et sa variété (transport motorisé ou non motorisé). La foire constitue également un lieu essentiel d'accès au transport en milieu rural, ce qui participe à son attractivité.

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187 Planche 7 - Les moyens de transport sur les foires

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4.1.3.3. Les gros porteurs itinérants

Ces transporteurs utilisent des camions 10T pour récolter les marchandises disponibles en périphérie. Ils fréquentent la foire mais de manière non exclusive. Comme pour les forains, la particularité de leurs déplacements est d'être circulaire : ils partent d'un lieu en début de semaine (Bamako ou Kati) pour y revenir à la fin de la semaine. Ils passent rarement plus d'une journée chez eux, avant de repartir sur les routes.

Le transporteur véhicule des commerçants collecteurs qui font le choix de ne pas revenir chaque jour en ville sur leur point de vente. Ce sont majoritairement des hommes et les produits ciblés sont non périssables (céréales, charbon). La contenance du véhicule permet le stockage progressif des marchandises, d'arrêt en arrêt. Le transport mixte (personnes et marchandises) est systématique. Sa dangerosité et les contraintes liées à l'itinérance sont à l'origine de la diminution de leur proportion sur les foires. Ce type de collecte est le plus ancien, le développement des Sotrama a tendance à faire péricliter ces pratiques (c'est pourquoi ils ne sont pas représentés sur le schéma illustrant les interactions sociales et spatiales sur la foire). Ils restent au vue de la profession les précurseurs de la collecte en périphérie. En dehors des pics de production saisonnière, ce sont les seuls gros porteurs présents sur la foire.