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I. Introduction

4. L’intégration du souci de développement durable par les entreprises par les politiques de RSE

4.5. Quelques critiques connues de la RSE

sont recherchées. Des sanctions sont prévues pour les entreprises ne répondant pas aux exigences de la loi mais le décret, non encore promulgué, doit préciser le contenu et les modalités du reporting et des contrôles et sanctions éventuelles.

4.4.3. Des lois encore imprécises et indéfinies

Aujourd’hui, la loi ne précise pas encore les conditions de responsabilité juridique des dirigeants en cas de manquement à cette obligation de communication, compte tenu de la difficulté qu'aurait un juge à apprécier le caractère exhaustif d'une telle information.

Il faut dire que la loi demande de communiquer des informations à caractère qualitatif, avec des outils de mesure qui se multiplient sans être uniformisés, ce qui fait que les rapports sont extrêmement hétérogènes et par conséquent incomparables ; et cette in-comparabilité est encore plus grande lorsque l’on dépasse les frontières.

4.5. Quelques critiques connues de la RSE

Comme pour le développement durable, l’imprécision légale de la RSE et le nombre important d’outils d’évaluation font que le concept souffre lui aussi d’imprécision et d’un manque d’uniformisation pour comparer les différentes implications de organisations.

Chacun comprend la RSE un peu comme il l’entend et certains dénoncent même certains détournements. Par exemple des auteurs de l’Etude Ires24 soulignent que les firmes affichent leur comportement vertueux en matière de RSE surtout dans le but d'éviter une intervention publique. A leurs yeux, cela permet de plus de réduire le rôle des syndicats, ramenés au rôle de parties prenantes parmi d'autres, si bien que les interlocuteurs des directions sont de plus en plus fréquemment extérieurs à l'entreprise. D’autres pensent que la RSE est aussi un moyen pour les organisations de combler un déficit d'image et de saisir des opportunités de croissance. Elle permettrait de justifier notamment la très grande entreprise (Mesure, 2006). La Responsabilité sociétale d’entreprise et même parfois qualifiée d’avoir une double face, de paradoxale. D’après Chaveau et Rosé (Chaveau, Rosé, 2003), certains acteurs ont tendance à créer un double langage entre discours et réalité alors que pour d'autres, elle constitue un engagement réel parce que volontairement soumis à des formes d'audits externes ainsi qu'au

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Consultable avec ce lien Revue de l'IRES n° 57 - 2008/2, spécial "Les syndicats face à la Responsabilité Sociale des Entreprises"

66 débat avec les parties prenantes. Ce serait la condition de survie pour les entreprises dans un environnement global et compétitif. Ainsi dans certains cas la RSE pourrait être une nouvelle forme de communication manipulatrice et cynique à bon compte des entreprises : la seule raison pour laquelle les entreprises mettraient en place des projets de RSE serait une raison utilitaire, avec un bénéfice commercial dans l'amélioration de leur réputation auprès du public et des gouvernements.

De même Yvon Pesqueux (Pesqueux, 2007) s’inquiète d’un accaparement du politique via la RSE par les entreprises. Il dénonce le risque inhérent à la théorie qui la sous-tend, celle dite des parties-prenantes, car celle-ci serait aisément idéologisable (Pesqueux, 2006, Allouche, Huault, Schmidt, 2005) soupçonnent dans les discours de la RSE une « illusion morale ». Le concept a indéniablement meilleure presse dans les entreprises qu’à l’université.

Ainsi la RSE est aujourd’hui à la fois obligatoire (pour les entreprises cotées en bourse) et souffre tout comme le développement durable de contours flous. Elle sert souvent, nous l’avons vu, des intérêts d’image visant des opportunités de croissance et pourtant son discours semble bien conforme aux exigences du développement durable.

La RSE est souvent rattachée aux directions de la communication. Encore faiblement réglementée, et difficilement évaluable, au vue du manque d’uniformisation des rapports de développement durale malgré une multiplication d’outils pour le faire, il se pourrait qu’à une échelle moins globale que le développement durable, mais comme lui, la RSE place les organisations dans une double contrainte, entre agir pour la communauté et agir pour ses propres intérêts sans qu’il ait été prouvé, tout au contraire, que les deux aillent toujours dans le même sens…

Encore une fois, et bien que nous ayons changé d’échelle en abordant la RSE, nous avons terminé cet exposé par des questions d’information des parties prenantes, de communication, de concertations et de participation. Bien que les TIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) ne soient que des outils servant l’information et la communication, il semble important ici puisque nous nous intéressons à la solidarité numérique de revenir sur les questions que soulève l’internationalisation des TIC. Il semble temps de passer du développement durable en général à son application s’agissant d’une technologie particulière. C’est une manière de montrer ici les corrélations existantes entre

67 TIC, développement durable et relations Nord-Sud. Car s’intéresser aux relations de développement durable entre des pays comme le Sénégal et la France à travers un projet tripartite de solidarité numérique, c’est aussi s’intéresser aux apports théoriques des sciences de l’information et de la communication qui vont nous permettre de comprendre comment est reçu, discuté, négocié, ce consensus de développement durable entre les parties (à travers un exemple de responsabilité sociétale d’entreprise de solidarité numérique). Et voir comment celui-ci est pris en charge par les entreprises au sein de leurs pratiques de RSE. Nous avons abordé les problèmes d’inégalité du développement dans le monde et survolé les approches existantes des liens de dépendance économiques expliquant le « sous »-développement, mais il est temps à présent, après un panorama des utopies et imaginaires véhiculées par l’internationalisation des technologies de l’information et de la communication, de commencer à entrevoir l’enjeu, le rôle de ces technologies pour concrétiser le développement durable. Pour ce faire nous verrons les apports théoriques du champs de la communication pour le développement et les grandes lignes des théories de la réception pour mieux cerner au niveau de la littérature scientifique en quoi la lutte contre les fractures numériques semble primordiale actuellement.