Chapitre 1 : État de l'art
1.3 Méthodes de dimensionnement des structures de chaussée
1.3.1 Contexte historique
La conception d'une chaussée souple traite principalement des aspects structurels tels
que la sélection des matériaux appropriés, les caractéristiques de la charge, et la
détermi-nation de l'épaisseur des couches. Depuis la n des années 1950, les procédures de
concep-tion de chaussée ont évolué allant des méthodes empiriques aux méthodes
mécaniste-empiriques qui incorporent les réponses et le comportement de base d'une chaussée. Cette
évolution a été faite grâce à la caractérisation améliorée du trac, des matériaux, des eets
de climat, ainsi bien que l'amélioration des capacités de calcul.
Méthode Américaine
Un programme nommé Road Test a été lancé dans les années 1950 pour évaluer la
représentation des chaussées sous les charges mobiles avec la grandeur et la fréquence de
chargement connues [27]. Les résultats issus de ces essais ont été utilisés et analysés par
AASHTO (American Association of State Highway and Transportation Ocials) pour
développer une méthode empirique de dimensionnement. Ce qui a permis de constituer
la méthode Américaine de dimensionnement qui a évolué vers une approche
mécaniste-empirique. Le manuel pratique Mechanistic-Empirical Pavement Design Guide (MEPDG)
fut établi par AASHTO en 2008. Cette dernière approche permet à la méthode
Améri-caine d'avoir un choix plus large du type de véhicule, du chargement par essieu, et de la
pression des pneus, de prendre en compte les paramètres matériaux décrivant mieux la
performance de la chaussée, de modéliser l'eet du climat et du vieillissement des
maté-riaux et d'améliorer la abilité de prédiction de la performance de la chaussée.
Méthode Européenne
En europe, l'introduction de la méthode Shell de conception de chaussée par Claussen
et al. [28] a fait évoluer l'approche empirique initiale vers l'approche mécaniste-empirique
où les contraintes dans les structures de la chaussée sont corrélées avec le comportement
mécanique des matériaux. Cette méthode de conception exige une analyse du niveau de
charge, de traction et des débattements, en vue de contrôler la ssuration par fatigue
de bas en haut dans les mélanges bitumineux et la déformation permanente due à une
contribution de la couche de forme ou du sol support. La ssuration thermique et la
déformation permanente dans les mélanges bitumineux sont contrôlées indirectement,
pendant la conception des mélanges bitumineux.
◦ Méthode Française :
Dans les années50, pratiquement toutes les chaussées françaises étaient des structures
exibles qui typiquement étaient conçues par une méthode empirique ou plus rarement
aux conditions françaises, en adaptant la méthode de l'indice CBR (California Bearing
Ratio), introduite au préalable dans la norme Américaine. Suite à l'évolution et aux
changements, notamment dans l'augmentation du nombre et de la charge des poids
lourds, des méthodes numériques ont été utilisées pour la résolution du problème
multicouche élastique. Une analyse plus précise et une utilisation systématique de
l'approche mécanique rationnelle avaient déjà été employées vers la n des années1950
avec des diagrammes des structures de trois couches pour la conception des chaussées.
Ainsi le logiciel Alizé [4], développé par le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
(LCPC) en 1964 et employé pour examiner l'amplitude de quelques calculs de tensions
dans les couches de base (en supposant une distribution uniforme de la contrainte
surfacique) an de vérier les structures du catalogue en 1971, fait oce de référence
jusqu'à nos jours. Il a été alors utilisé systématiquement pour dénir les structures
dans le nouveau catalogue [29], édité en 1977. La méthode française combine les
contributions de la mécanique rationnelle avec les éléments expérimentaux. Une
approche basée sur la mécanique est utilisée pour dénir le modèle de structure de
la chaussée et pour calculer les tensions et les contraintes produites par une charge
standard. Les résultats d'essais d'endommagement par fatigue en laboratoire sont alors
utilisés pour évaluer la résistance à la fatigue de la structure.
Enn, des connaissances dérivées de l'observation de la performance des chaussées
(données des sections d'essais ou des expériences sur le manège de fatigue du LCPC,
actuellement IFSTTAR) sont utilisées pour spécier le critère pour la déformation
permanente de la plate-forme et des couches d'assises de la chaussée et pour ajuster
les résultats de l'analyse mécanique. Zoa [30] a su décrire les paramètres pris en
compte et les considérations faites dans la méthode Française de dimensionnement
notamment le chargement. Le calcul est alors eectué avec un essieu standard de
130kN pour une répartition uniforme de0,662M P asur une roue isolée. La vérication
du comportement en fatigue des matériaux par le modèle mécanique de Burmister [3]
à la base de chaque couche est intégrés. Le calcul peut prendre en compte un dommage
pour lequel ces dernières sont ramenées à une charge de référence pondérée par un
coecient d'agressivité [31].
◦ Méthode Anglaise :
Comme la méthode Française, la méthode Anglaise a été basée sur une approche
empi-rique avant d'évoluer au l des années. Actuellement, les normes anglaises de conception
des chaussées sont basées sur une approche faisant appel aux pratiques expérimentales
et à la théorie des structures en prenant en compte l'eet des propriétés des matériaux.
Le manuel de dimensionnement DMRB (Design Manual for Roads and Bridges) édité
en 2006 par le Highway Agency's (HA) [32] est utilisé dans presque toutes les
concep-tions standards des chaussées de la norme Anglaise. Il s'agit d'un recueil des rapports
de recherche eectuées par le Transport Research Laboratory. Ce dernier a contribué à
l'évolution de la méthode de dimensionnement par la prise en compte des paramètres
matériaux et le phénomène d'agressivité des pneus de plus en plus important. La
concep-tion tradiconcep-tionnelle des chaussées souples basée sur l'utilisaconcep-tion de l'indice de force CBR
pour la couche de forme a été adopté par les anglais dans les années 1940. La méthode
Anglaise de dimensionnement qui est décrite dans la version2006 de DMRB est assez
simple et prend en compte les chaussées souples, semi-rigides et rigides où des graphes
préétablis permettent de retrouver des dimensions préconisées des couches en fonction
du trac et du type de matériaux pour chaque type de structure.
Méthode Sud-Africaine
Les premières approches de dimensionnement des chaussées en Afrique du Sud connu
sous le non SAMDM (South Africa Mechanistic Design Method) sont apparus dans les
années 1970. Ces approches sont purement mécaniques (y compris le comportement des
matériaux et de la structure, la simulation du trac, le taux de service désiré ...) [33].
Dans la méthode Sud-Africaine comme dans la méthode Française, le processus débute
par le chargement et la caractérisation des matériaux, y compris l'épaisseur et les
propriétés élastiques de chaque couche. L'analyse de la structure implique habituellement
une analyse élastique et statique linéaire du système multicouche, ayant pour résultat la
réponse à la condition de charge exprimée en termes de contrainte et de déformation.
Cette réponse de la chaussée sert ensuite d'entrée aux fonctions de transfert pour chaque
type de matériau, rapportant ainsi l'état de contraction-extension au nombre de charges
qui peuvent être supportées avant qu'un certain état terminal soit atteint [33].
En plus de fournir des critères pour le comportement prévisionnel du matériau et
de la chaussée, des propriétés élastiques ont été suggérées pour diérents matériaux de
construction de routes en Afrique du Sud en 1978 [34]. Les critères de fatigue pour des
couches minces d'enrobé sont demeurés les mêmes que ceux donnés en 1977 mais des
fonctions de transfert étaient incluses pour les couches épaisses de base d'enrobé [34].
Le concept de l'écrasement dans des couches d'assise légèrement cimentées a été ensuite
introduit, basé sur des observations sous l'essai accéléré par HVS (Heavy Vehicle
Simulators). Le critère original de fatigue pour des couches cimentées a alors été remplacé
par des critères de fatigue mieux adaptés [35].
Même si Achimatos et Porot [36] avaient remarqué en 2003 que dans la méthode
Anglaise de dimensionnement des chaussées, le comportement en fatigue des couches liées
n'est pas considéré comme le critère de ssuration par le bas mais plutôt de la ssuration de
types "top-down", aucune de ces méthodes mécanique-empirique (AASHTO, Européenne,
Sud-Africaine) de dimensionnement n'a jusqu'à présent pris en compte explicitement les
ssures descendantes appelées communément top-down cracking (TDC) .
Dans le document
Modélisation avancée du contact pneu-chaussée pour l'étude des dégradations des chaussées en surface
(Page 32-35)