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5-2-1 Les données géographiques et topographiques

L’une des principales caractéristiques de l’Aire Métropolitaine d’Alger, vaste conurbation de 854 544 ha est sa vocation agricole s’expliquant par l’existence d’un espace d’une haute valeur agronomique : les plaines de la Mitidja et du Littoral (figure -15-).

La wilaya de Tipaza fait principalement partie du Sahel Ouest Algérois, bourrelet anticlinal d’environs 60.000 ha, réparti entre les Wilayas d’Alger et de Tipaza, qui est une formation étroite de petites plaines littorales, plateaux, collines et coteaux agricoles et/ou forestiers. Longeant le rivage méditerranéen sur environ 80 km, il s’étend sur une largeur de 8 à 10 km. Du point de vue du relief, le Sahel est un ensemble de collines de faible altitude dont le point le plus élevé culmine à 407 m, dans le massif de Bouzareah, sur les hauteurs d’Alger. Sur toute sa longueur, il est traversé par un ensemble de cours d’eau. Au nord du Sahel, un cordon littoral présente un rétrécissement et une élévation graduelle d'Est en Ouest jusqu'à disparition par endroits à Tipasa et dans les dairas de Cherchell et Sidi Amar, plus à l’Ouest de la wilaya.

Les sols calcaires prédominent dans toute la zone du Sahel, ils sont composés des:

* zones littorales formées de terrasses pléistocènes suivies de formations sableuses qui conviennent pour une agriculture intensive. Leur sensibilité à l’érosion éolienne les rend tributaires de rideaux brise-vent;

* zones sublittorales, reposant sur des grès calcaires ou molasse, marnes et argiles plus ou moins sableuses et qui conviennent pour les grandes cultures destinées à l’élevage (prairies) et à l’arboriculture fruitière.

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Figure -15– les grands secteurs géographiques de l’Aire Métropolitaine Algéroise Source : programme d’aménagement côtier PAC- Rapport sur l’urbanisation et l’artificialisation des sols (2004

Figure -16– les ensembles géomorphologiques de la commune de Tipaza et ses environs Source : Grimes S. (2011) d’après programme d’aménagement côtier PAC- (2006)

Le territoire de la Wilaya de Tipasa couvre une superficie de 1707 km² qui se répartit en : Montagnes : 336 km², collines et piémonts : 577 km², plaines : 611 km², autres : 183 km², mais ce qui caractérise aussi (surtout ?) la wilaya, c’est la présence de la mer qui borde sa partie Nord, sur une bande côtière pleine de ressources de 123 km, ou se succèdent les villes et les villages avec leurs criques, falaises et petites plages de sable ou de galets.

Le long d'un littoral découpé, la ville de Tipaza, chef-lieu de wilaya, représente le noyau

historique, culturel et archéologique, au pied du mont Chenoua. Ce massif littoral d’une superficie de 5000 ha et 904 m d’altitude, situé à l’Ouest, ou la mer rencontre la montagne, domine et annonce la ville. La façade littorale se caractérise par une succession de falaises, de

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criques rocheuses et de plages que l’on trouve surtout au fond des baies séparées par des passages rocheux, les zones humides, cordons dunaires, forets etc (Rapport sur l’urbanisation et l’artificialisation des sols du PAC (2004)).

Le développement tous azimuts de l’urbanisation, malgré l’existence d’instruments de gestion urbaine, s’est fait au détriment d’une bonne partie des terres agricoles des plaines de la Mitidja et du Sahel, étant donné que 40% du poids démographique de la région algéroise est concentré dans les communes littorales.

La position côtière et la richesse de ses terres font de l’agriculture, de la pèche et du tourisme les principales vocations économiques de la wilaya et la ville de Tipasa, mais ces ressources sont de plus en plus menacées par l’artificialisation des sols et les activités anthropiques.

5-2-2 Les données climatiques

* Climat : La wilaya de Tipasa possède un climat méditerranéen, chaud et humide l’été, froid

et pluvieux l’hiver, avec une durée et un degré d’ensoleillement élevés durant la majeure partie de l’année favorisant l’aridité des sols. Elle se situe dans un seul étage bioclimatique subdivisé en deux variantes :

1- L'étage sub-humide caractérisé par un hiver doux, dans la partie nord, où se situe la ville de Tipasa.

2- L'étage sub-humide caractérisé par un hiver chaud dans la partie sud.

* Vents : Les vents ont des fréquences différentes durant l'année ; les plus dominants sont de direction sud et ouest, qui sont toutefois amortis par la présence du mont Chenoua à l’ouest, cependant les vents du nord et de l’est sont également fréquents, quant au siroco, il est rarement enregistré au cours de l’hiver.

* Pluviométrie : Le régime des pluies est irrégulier avec de violents orages accompagnés

parfois de crues importantes dés septembre. Les précipitations moyennes enregistrées font ressortir une pluviométrie moyenne annuelle de 603 mm (l’une des plus importantes du pays) durant la période 1978-2007.

* Températures : Les températures moyennes varient entre 33 degré C pour les mois chauds

de l'été (juillet, août, rarement plus de 40°C), à 5,7 degré C pour les mois les plus froids (décembre à février, pratiquement jamais en dessous de 0°C).

Ensoleillée, mais sans chaleur excessive, avec une pluviométrie relativement importante mais sans froid intense, la wilaya de Tipasa, à l’instar des autres villes du littoral méditerranéen, possède un climat tempéré, qui fait d’elle l’une des régions les plus agréables du pays.

5-2-3 La faune et la flore

Sur les 170 700 ha que compte la wilaya de Tipasa près de 24% sont couverts par des forêts et maquis (soit 40 375 ha), dont 60 % sont concentrés dans la région Ouest, dans les communes de Tipasa, cherchell, Gouraya, Damous etc.. Les forets sont composées essentiellement du pin d’Alep (56 %), du chêne vert (17%), et du chêne liège (7%), mais on peut également trouver l’eucalyptus, le pin maritime, le pin pignon, le thuya, le peuplier le cyprès, l’orme ou encore

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le frêne. Le taux de boisement est relativement élevé par rapport à la moyenne nationale78 (hors Sahara) qui est d’environ 11%, mais la couverture forestière est dégradée, et la wilaya de Tipasa est particulièrement affectée par la recrudescence des feux de forêts durant les vingt dernières années (4 ha/an entre 1967 et 1978, 692 ha/an entre 1981 et 2000, c’est-à-dire une augmentation de plusieurs dizaines d’hectares par an).

Le potentiel de la wilaya en sols agricoles s’élève à 72 929 ha dont 64 772 ha de surface agricole utile, soit plus du tiers de la superficie totale de la wilaya. Les cultures pratiquées varient selon la nature du sol, qui est divisé en trois grandes zones agroclimatiques :

- la commune de Tipaza se trouve dans celle du Sahel, qui englobe toute la SAU du littoral (environs 15 000 ha, dont près de 2 700 ha pour Tipasa soit 35% de la superficie totale de la commune), dont la vocation est essentiellement maraichère ;

-la seconde zone fait partie de la plaine de la Mitidja, dont les cultures principales sont les agrumes, l'arboriculture fruitière, la pomme de terre, les fourrages et les céréales,ce sera aussi le futur bassin laitier de la Mitidja Ouest ;

-la troisième zone est formée par une zone montagneuse. Elle est constituée par les monts du Dahra, le Zaccar et celui du Chenoua. Elle est particulièrement favorable à l'arboriculture rustique ainsi qu'à l'élevage local bovin et caprin.

Figure -17- Occupation au sol dans la commune de Tipasa Source : Grimes S. (2011)

Il faut également noté la présence de l’Anse de Kouali, un site protégé, situé à l’Est de la ville de Tipasa, qui s’étend sur une superficie de 8000 m² dont 2000 m² en zone marine. Cet espace

78 D’après le rapport du SNAT, la surface boisée en Algérie a perdu 21% de son étendue depuis 1955, en raison des incendies, du surpâturage et des coupes de bois. Les initiatives institutionnelles freinent difficilement cette tendance et, si d’importantes campagnes de reboisement ont concerné près de 1 450 000 ha de forêt depuis 1962, leur faible efficacité contribue à faire de la préservation et la réhabilitation du capital forestier, une des

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à haute valeur paysagère, est le refuge de nombreuses espèces faunistiques et floristiques, aussi bien terrestres que marines (on peut citer en particulier l’herbier de Posidonie, présent dans les fonds marin de cette zone, qui est un phanérogame endémique de la Méditerranée, jouant le rôle d’indicateur biologique de pollution et de piégeage de sédiments). Plusieurs espèces animales sont rares ou en voie de disparition (en Algérie, pas moins de trente espèces ont complètement disparu, et un grand nombre d’autres se trouve menacé d’extinction) telles que le mouflon à manchettes, l’hyène rayée, l’aigle de Bonneli ou encore le phoque-moine, qui a quasiment disparu. Le mont du Chenoua, quant à lui, offre des écosystèmes forestiers évolués à pins d’Alep et oléastres, très sensibles aux incendies de forêt, et des peuplements remarquables du palmier nain Chamaerops humilis, espèce menacée sur le pourtour méditerranéen.

La wilaya de Tipasa fait partie des régions algériennes les plus riches en matière de faune et de flore, que ce soit dans les forets, dans le milieu marin ou dans ses fertiles terres agricoles. Cependant, les menaces anthropiques sont réelles et pèsent sur les écosystèmes naturels, en particulier le danger représenté par l’urbanisation et les activités touristiques. C’est pourquoi, il est impératif d’aborder l’aménagement du littoral dans son interaction terrestre et marine.

5-2-4 Les ressources en eau

La problématique de la disponibilité de l’eau dans le bassin méditerranéen est particulièrement préoccupante. En effet, comme le rappelle F. Galland (2009), les pays du pourtour méditerranéen ne disposent que de 3 % des ressources en eau douce de la planète et concentrent plus de la moitié de la population la plus pauvre en eau. Qui plus est, les ressources en eau de la région méditerranéenne sont inégalement réparties, puisque la rive sud ne détient que 13 % de l'eau douce disponible en Méditerranée.

En Algérie, la vaste plaine de la Mitidja (1450 km²), caractérisée par un climat subhumide littoral, renferme deux grands aquifères, constituant le plus grand réservoir du bassin côtier algérois, en particulier celui du quaternaire, nappe alluviale peu profonde, située sous un sol perméable et qui est de loin le plus exploité.

Compte tenu de sa position géographique, la wilaya de Tipasa dispose d'un réseau hydraulique relativement important, d’Est en Ouest : l’Oued Mazafran (le plus important), l’Oued El hachem, l’Oued Djer, ou encore l’oued Damous.

Ces aquifères sont alimentés par les eaux de pluie et par l’infiltration des eaux des cours d’eau qui traversent la plaine, offrant de grandes potentialités en eau. Actuellement, sept barrages sont opérationnels sur les oueds de la région. Cependant, les volumes prélevés (330 hm3) sont de loin supérieurs au volume de recharge (240 hm3) et sont de ce fait, surexploités ; 1 250 000 m3 sont quotidiennement prélevés dans la nappe de la Mitidja, dont plus de 75 % pour l’irrigation (Hadjouj Benabdesslam O., 2011). C’est pourquoi, un programme de réalisation de petites unités de dessalement d'eau de mer a été lancé, dont une à Bou Ismail, Tipasa, avec une capacité de 5000 m3/j. En effet avec l’urbanisation, l’activité industrielle, l’agriculture et l’élevage intensifs, les besoins en eau ont été décuplés.

De plus, toutes ces activités génèrent une pollution des eaux souterraines, d’origine anthropique, étant donné que les eaux usées qu’elles soient d’origine industrielle (plus particulièrement à l’Est, dans la wilaya d’Alger au niveau de l’oued El Harrach), ou urbaine, sont déversées dans les oueds et cours d’eau qui alimentent les nappes, alors que les systèmes

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d’épuration sont quasi-inexistants. Pour la partie Ouest de la Mitidja, en plus des rejets urbains, cette pollution est également d’origine agricole, due à la fertilisation massive (par les engrais minéraux ou organiques), atteignant prés de 400 kg d’azote à l’hectare. La wilaya de Tipaza, pour une superficie irriguée moins importante, fertilise vingt fois plus que la wilaya de Blida et cinquante fois plus que la wilaya d’Alger... Une partie des nitrates issus des effluents agricoles, d’origine synthétique ou animale, atteint la nappe par lessivage, une autre partie se déverse dans le milieu récepteur (oueds et cours d’eau) (Hadjouj Benabdesslam O., 2011).

Même si Tipasa est l’une des régions du pays les mieux nanties en ressources hydriques, ses besoins sont de plus en plus importants que ce soit pour l’urbanisation ou pour l’agriculture. Au-delà de l’impérieuse nécessité d’exploiter l’eau avec économie, la préservation de la qualité doit également faire partie des objectifs prioritaires de la gestion de cette ressource vitale.

5-2-5 Le risque sismique : une menace permanente

Le nord de l’Algérie est une zone d’activité sismique (aussi bien terrestre que marine) élevée comme l’attestent les différents séismes survenus au 20ème siècle et en ce début de 21ème siècle (tels que les séismes du 5 octobre 1980 à Chlef, celui du 20/10/ 1989 à Tipasa, celui du 22/12/1999 à Ain temouchent, ou encore celui du 21 mai 2003 à Boumerdes, pour ne citer que les plus meurtriers et récents). Ainsi le pli-faille du Sahel, qui s’étend de Tipasa à Boumerdes fait partie des cinq failles actives identifiées dans la région (en plus de failles potentiellement actives en mer Méditerranée), engendrées par la convergence des plaques tectoniques africaines et eurasiennes. Le taux de rapprochement entre ces plaques est d’environs 4-6 mm/an (Anderson et Jackson, 1987) (fig. -18-).

Le risque sismique dans cette région est donc permanent et lourd de conséquences, en particulier en zone urbaine, qui connaît un croît démographique important, (la population urbaine évolue plus vite que la population totale), il doit donc être pris en compte, non seulement au niveau du calcul et de la conception des structures des constructions (comme c’est le cas avec les règles parasismiques (RPA 99) dans le bâtiment, qui sont relativement bien appliquées, surtout dans les constructions publiques contrôlées par les services du C.T.C (Contrôle Technique des Constructions), beaucoup moins dans le cas des constructions privées) mais également spatialement, dans toutes les opérations d’aménagement du territoire, afin d’anticiper les impacts des risques. Ce rôle est sensé être joué par le Plan Général de Prévention de Risque Majeurs, institué par la loi n° 04-20 du 25 décembre 2004, relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes. Selon la loi, ce plan fixe l’ensemble des règles et procédures visant à atténuer la vulnérabilité à l’aléa concerné et à prévenir les effets induits, il s’apparente aux PPR (Plans de Prévention des Risques) français, cependant il n’est toujours pas en vigueur.

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105 Figure -18- La limite des plaques africaines et eurasiennes entre les Açores et La Sicile Source : programme d’aménagement côtier PAC- Rapport sur l’urbanisation et l’artificialisation des sols (2004) d’après Anderson et Jackson, 1987

Figure -19- Carte des failles sismiques de l’aire métropolitaine algéroise Source : programme d’aménagement cotier PAC- Rapport sur l’urbanisation et l’artificialisation des sols (2004)

De même, la loi n° 04-05 du 14 août 200479, prescrit, dans le cadre de la prévention, lors de l’élaboration des plans d’aménagement et d’urbanisme, la reprise des prescriptions des Plans Généraux de Prévention et l’identification, entre autres80, des zones sismiques classées selon

79 Modifiant et complétant la loi n° 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l’aménagement et l’urbanisme

80 Elle prescrit également l’identification des terrains exposés aux risques résultant de catastrophes naturelles ou aux glissements de terrains, et celle des zones exposées aux risques technologiques

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leur degré de vulnérabilité, tandis que le décret exécutif n° 05-318 du 10 septembre 200581, fixant les procédures d’élaboration et d’approbation des POS, ainsi que le contenu des documents y afférents, prévoit l’élaboration d’une carte à l’échelle 1/500° ou 1/1000°, délimitant les zones exposées aux risques naturels et technologiques, accompagnées des rapports techniques y afférents. L’encadrement législatif existe donc, à plusieurs niveaux, reste sa mise en œuvre, son application et son impact réel sur le terrain, car, comme le note A. Kerdoun (2009) la prévention des risques majeurs qui regroupe l’ensemble des dispositions à mettre en œuvre pour réduire l’impact du phénomène est le moyen par lequel on peut réduire les conséquences économiques, sociales et environnementales d’un développement imprudent de nos sociétés.

Il ajoute qu’il existe une problématique d’aggravation des risques potentiels induits par l’urbanisation et l’industrialisation du pays qui ont pris durablement beaucoup de liberté par rapport à la législation et à la réglementation, conçues initialement pour les encadrer et les canaliser.

La ville de Tipasa étant située entre deux failles sismiques (figure -19-) reconnues actives, la prise en compte de ce risque dans l’implantation et la conception des aménagements urbains (et pas seulement au niveau des règles parasismiques des constructions), doit être impérativement une priorité, afin de réduire au maximum le nombre de victimes, les dégâts matériels et les impacts environnementaux, de catastrophes identifiées et prévisibles.