• Aucun résultat trouvé

La référence au développement durable est aujourd’hui incontournable dans les textes législatifs et les politiques publiques en Algérie et particulièrement dans celle de la ville depuis l’adoption de la loi d’orientation de la ville en 2006. Les objectifs et les orientations de la politique de la ville ont été réaffirmés par le SNAT 2030, élaboré pat l’ANAAT, sous tutelle du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement (MATE) cité comme outil de référence de la planification à l’échelle nationale depuis le début des années 2000, mais officiellement approuvé depuis 2010, ce qui a engendré un décalage entre les outils de planification introduits par le SNAT, sensés être à la base de la planification, mais rendus obsolètes avant même d’être finalisés, et les instruments d’urbanisme opérationnel,

32 Appel à communication pour le colloque international « Défis et perspectives de l’habitat en Algérie : Comprendre pour mieux agir » prévus pour Novembre 2014

33 Dans un rapport consacré à l’Algérie, présenté en 2011, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le logement convenable, explique que malgré l’importante production de logements au cours des dix dernières années, le pays reste dans une situation de «crise». La Rapporteuse spéciale considère que la crise actuelle ne se résume pas seulement à la question d’un nombre insuffisant d’unités disponibles, mais qu’elle est liée à un ensemble de problèmes de nature différente qui ont contribué à l’émergence d’une question multidimensionnelle et complexe. Elle souligne le manque d’informations à jour détaillées sur les différents besoins qui existent en matière de logement, et par conséquent l’incapacité d’établir un diagnostic précis de la situation du logement dans le pays. Alors qu’il existe des données à jour sur le nombre de logements construits par l’État au cours des dix dernières années, à la connaissance de la Rapporteuse spéciale il n’existe pas de données analogues concernant la demande et le déficit de logements du point de vue quantitatif et qualitatif. En revanche, pour elle et d’après les données qui ont été transmises par le ministère de la prospective et des statistiques, se basant sur les résultats du RGPH 2008, le TOL est passé de 7.15 personnes en 1998 à 6.42 en 2008

51

supervisés par les services déconcentrés du Ministère de l’Urbanisme et de la Construction, PDAU et POS (d’ailleurs eux-mêmes dépassés par les projets réalisés ou lancés) pour la plupart déjà révisés et approuvés ou presque. Dans le même temps, la politique de la ville se heurte à des difficultés de mise en œuvre aussi bien au l’échelle locale qu’à l’échelle centrale. Au niveau local, la décentralisation peine à se concrétiser puisque comme le note Djelal N. (2007), malgré la décentralisation et les pouvoirs qui leurs sont conférés par la loi, les collectivités locales communales continuent à observer une attitude de soumission aux décisions et aux instructions émanant en premier lieu du Wali … Ces pratiques, n’ont pas favorisé l’émergence d’un pouvoir local, suffisamment autonome pour définir et gérer des politiques locales, en conformité avec les lois de la république. Elles ont également suscité le désintérêt et le manque d’implication des citoyens dans les décisions relatives à l’espace urbain et dans sa gestion. Au niveau central on observe un grand « cafouillage » pour intégrer et stabiliser « la ville » au sein d’un ministère, et pour rendre effectif le fonctionnement des institutions sensées impulser cette mise en œuvre.

Malgré l’absence de véritables processus d’évaluation des politiques publiques, le constat de non atteinte des objectifs de la politique de la ville est très visible sur le terrain. Comme le notent Dodier R. et Sechet R., (2008), le décalage entre les objectifs affichés des politiques publiques et la réalité de leurs effets sociaux et spatiaux est encore plus marqué dans le cas des politiques de la ville et des politiques urbaines. Ceci est particulièrement vrai en Algérie ou, comme le relève K. Boutaleb (2006), c’est d’abord, sur le plan territorial que ces décalages peuvent être observés: A mesure qu’une ville s’étend et s’étale, il se crée, chez l’administration communale, un phénomène de double rupture l’amenant à se « déconnecter » en quelque sorte, à la fois des menus détails de gestion au cœur des quartiers, surtout en périphérie, et des grandes questions de gestion d’ensemble, qui concernent les équilibres généraux et les tendances d’évolution de la ville. Il explique également que, par ailleurs, d’autres décalages apparaissent de façon presque systématique sur le plan de l’orchestration des interventions : A partir d’un certain seuil de croissance, les villes s’offrent en espace de gestion ouvert à des intervenants multiples (services du téléphone, eau assainissement, gaz, électricité, entreprises, services des administrations déconcentrées, citoyens ...) dont les activités multiformes sur le tissu urbain échappent peu à peu aux exigences de coordination et de programmation générale, censées se réaliser au niveau des sièges décisionnels communaux. Ce qui donne naissance à des situations laissant une impression de désordre et d’anarchie, dont l’illustration la plus parlante est fournie par l’état général d’une voirie urbaine périodiquement « réhabilitée » pour être éventrée à nouveau (à cause du manque de coordinations entre les différents secteurs). Evidemment ce constat n’est pas nouveau pour les villes algériennes, mais ce qui interpelle c’est la persistance de ces phénomènes alors que la situation critique des villes est connue, reconnue et dénoncée même au plus haut niveau de l’Etat, qui a fait voter des lois et a dégagé, à travers la politique de la ville, des objectifs, une stratégie et un programme d’action. Pourtant, ces derniers semblent se perdre à travers des actions urbaines, qui ne sont pas dépourvues de paradoxes. La logique constructive domine les actions urbaines car le droit au logement est l’une des revendications de base des populations. Comme l’expliquait F. Navez-Bouchanine (2004) : en Algérie, la tradition de prise en charge par l’Etat des problèmes de logement des couches populaires ou défavorisées

Chapitre -2- Cadre de mise en œuvre des politiques publiques urbaines

52

est bien assise, elle peut même être lue comme une sorte de pacte « socio-politique » entre couches au pouvoir et couches urbaines pauvres à moyennes.

Si l’amélioration du bien–être des populations passe effectivement par l’amélioration de la prise en charge des infrastructures et services collectifs, ainsi que par la satisfaction des besoins en termes de logements et d’équipements, dans le cas algérien, la satisfaction de ces besoins s’est traduite essentiellement par une production urbaine importante. Le prochain chapitre va donc tenter de mettre en lumière les conditions de cette production, ainsi les pratiques urbaines et les jeux d’acteurs qui les sous-tendent.

53

Chapitre -3- Les conditions de production des aménagements et du cadre bâti : pratiques urbaines et jeux d’acteurs

53

Chapitre

3/

Les

conditions

de

production

des

aménagements et du cadre bâti : pratiques urbaines et