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134 5-5 Changements socio-culturels et transformations du cadre bât

5-4 Processus et formes d’urbanisation

134 5-5 Changements socio-culturels et transformations du cadre bât

Les changements de statut successifs (village colonial d’agriculteurs/pêcheurs ; petite ville touristique, satellite d’Alger ; puis chef-lieu de wilaya) qu’a connu ce petit village, en un siècle à peine, ont été accompagnés par de nombreux facteurs, entre autres : - l’intégration du patrimoine urbain colonial par une population dont l’assise était rurale, l’instauration d’un régime à l’économie dirigée suivi d’un passage délicat à l’économie de marché, l’adaptation à un nouveau statut administratif, la décennie de violences et d’insécurité, l’exode rural,- qui ont entraîné des mutations socio-culturelles importantes, renforcées aujourd’hui par la mondialisation qui « internationalise » les modes de vie, les besoins et les aspirations de la société. .

A l’heure actuelle, les efforts sont orientés vers la construction et l’aménagement de nouvelles zones, mais beaucoup reste à faire pour maintenir et réhabiliter les quartiers existants. Les modifications de style de vie et de valeurs ont des incidences sur l’environnement en général (urbain et naturel) et sur le cadre bâti en particulier, qui subit de nombreuses transformations voir dégradations.

5-5-1 Une société en mutation : adaptation, appropriation, transgression, spéculation, marginalisation

Dés la période post-indépendance, le renouvellement de la population urbaine s’est traduit par une adaptation au mode de vie algérien, des espaces et bien vacants, dont la vente a été autorisée depuis 1981105. Face à des espaces qui ne répondaient pas pleinement aux besoins des nouveaux occupants, ces derniers commencèrent à opérer des réaménagements et des transformations tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments (Redjem S., 2011).

J.Y. Toussaint (1993) estime que si ces transformations sont manifestes, elles ne sont pas générales, entendu par là, qu'elles ne concernent qu'une fraction du patrimoine réapproprié…Ces transformations sont liées, de manière générale, à la sécurité - rehaussement et construction de murs de clôture -, aux conditions de surpeuplement des logements - addition de pièces – et d'adaptation des espaces aux façons de vivre et d'habiter - fermeture des baies, clôture des balcons et loggias, murs d'enceinte des villas. Pourtant, ces transformations visibles des typologies dans l'espace urbain attestent de différences notables des modes d'appropriation à l'intérieur d'un même quartier et d'une même catégorie de population, d'un quartier à un autre.

Comme le note B. Semmoud (2009) : la réappropriation du tissu urbain colonial ou colonisé a été porteuse sinon de bien-être du moins de soulagement pour les algériens. Longtemps cantonnés dans des agrégats de gourbis ou de bidonvilles, les gens se sont desserrés dans des logements libérés par l’exode européen.

Ainsi, le centre urbain de Tipasa, a connu, à l’instar des autres villages de la région, une affluence de population rurale déshéritée, qui a adapté son mode de vie et s’est finalement

105A l’échelle nationale, l’année 1962 enregistre, en quelques mois, un gigantesque phénomène de substitution de population. On estime que près de 700 000 locaux – pas tous d’habitation – se sont trouvés libérés et sont devenus des « biens vacants » (Redjem S., 2011). La promulgation de la loi 81.01 du 07 février 1981 a autorisé l’achat de ces biens par leurs occupants, conférant le statut de propriétaire aux habitants, qui dés lors ont pu effectuer légalement des changements déjà bien entamés.

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appropriée la typologie architecturale et urbaine coloniale, puis celle des logements construits après l’indépendance, qu’ils soient collectifs ou individuels. En effet, le désir d’intégrer la ville, de s’approprier pleinement son mode de vie urbain, sa modernité et ses commodités s’est généralisé.

Par la suite, ce penchant pour les modifications (souvent accompagnées de dégradations) du cadre bâti a continué dans les cités d’habitat collectif et les quartiers d’habitat individuel, notamment depuis la libéralisation de l’économie et encore plus, suite à l’exode rural durant la décennie noire. Les pratiques urbaines informelles sont quasi généralisées et les transformations anarchiques du cadre bâti semblent devenir la règle, à travers des pratiques spatiales et des usages, ou domine la transgression des lois de la construction et de l’urbanisme. La tendance des services de l’urbanisme est de n’être pas trop sévère sur les infractions qui touchent au bâti lui-même (les extensions spatiales par ajout de terrain, détournement de trottoirs ou d’espaces verts, - autrefois très courantes- sont par contre plus contrôlés, en particulier depuis le début des années 2000). Par exemple, au niveau de l’habitat individuel, il s’agit de transformations visant à l’extension en hauteur des habitations et ouvertures d’activités au RDC.

A Tipasa, comme dans toutes les villes du pays, la demande d’un permis de construire (qui est obligatoire), même lorsqu’elle est faite, ne représente qu’une démarche administrative afin de pouvoir effectuer les branchements aux réseaux divers et éviter des problèmes en cas d’éventuels contrôles. En réalité, dans la majeure partie des cas, le propriétaire ne respecte pas les plans et construit finalement à sa façon. Cet état d’esprit, d’ailleurs admis et relayé par les professionnels du secteur, fait que le contrôle et la gestion de cette situation est problématique pour les pouvoirs publics qui tentent difficilement d’y remédier en particulier avec la promulgation de la loi 08-15 de juillet 2008 sur la régularisation et la mise en conformité des constructions inachevées, qui semble jusqu’à présent très peu appliquée.

La mise en conformité des constructions s’avère particulièrement difficile dans le contexte actuel de cette ville de l’aire métropolitaine algéroise, décrétée « vitrine » touristique et culturelle. En effet, la série de bouleversements socio-économiques et culturels a entraîné d’importants changements de mentalités, avec entre autres la généralisation de pratiques rentières et spéculatives aggravées par « une crise du logement » qui perdure.

La maison, autrefois réservée à l’intimité familiale, est devenue un bien économique que l’on peut rentabiliser en aménageant et louant un ou plusieurs logements à l’étage pour estivants106 ou autres, en transformant une pièce ou un garage en commerces, bureaux ou même logements de fortune, pour des familles rurales poussées vers la ville par l’insécurité durant les années 1990, ou pour la recherche d’un emploi etc...

D’autre part, ici aussi, et particulièrement depuis l’amélioration de la situation sécuritaire, des stratégies spéculatives se sont développées, par l’appropriation du foncier (souvent sans autorisation légale) et la réalisation de rentes, comme l’expliquent Belguidoum S. et Mouazziz N. (2010) : la libéralisation du marché foncier dans les années 1990 déplace le

106Si la spéculation foncière et l’investissement dans l’immobilier sont devenus des « incontournables » de la mentalité algérienne, Tipasa est en plus une cité balnéaire très appréciée, aussi vu le manque d’infrastructures hôtelières, ce type d’activité est particulièrement rentable. Certains, n’ayant qu’un petit appartement, n’hésitent pas à le quitter pour le louer, durant l’été, ils vont s’installer ailleurs, chez de la famille par exemple.

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marché parallèle du foncier vers d’autres formes, notamment le détournement des terres agricoles à travers des pratiques qui visent à les urbaniser « légalement », en les intégrant dans le champ dérogatoire, celui lié à l’environnement urbanistique. Aujourd’hui l’enjeu dominant concerne l’obtention d’assiettes foncières pour la réalisation par les promoteurs immobiliers d’importants projets (ensembles résidentiels haut de gamme, centres commerciaux et/ou touristiques).

Les changements apportés par la libéralisation économique ont également fait apparaître de nouvelles catégories aisées dont l’habitat reflète l’ascension sociale, par la construction de villas imposantes et même de résidences secondaires proches de la mer, accentuant le phénomène d’urbanisation côtière (particulièrement au niveau du site de Chenoua-plage à l’ouest de la ville). Déjà en 1994, concernant les villes magrébines en général, N. Boumaza expliquait que « tout aussi peu intéressées par le patrimoine historique et la recherche d'un

modèle social consensuel, les bourgeoisies nouvelles ne s'intéressent à la ville qu'en tant que cadre de réalisation d'opérations spéculatives. Elles utilisent ou manipulent comme ressorts de légitimation de leur domination, au gré de leurs besoins et de la conjoncture, les aspirations à la modernité ou les références à des traditions décontextualisées et schématisées... Diverses et multiples, ces classes sont porteuses des contradictions entre modernité et tradition en matière de conception et d'usage de la maison, de choix de matériaux et de technologies de la construction, de sens et de contenu de la ville ».

Après le désordre urbain engendré par le passage à l’économie de marché et la décennie de violence, de nouvelles tendances spéculatives et rentières s’affirment à Tipasa, étant donné ses potentialités touristiques et sa proximité d’Alger.

En même temps, les préoccupations sont aujourd’hui essentiellement orientées vers les constructions nouvelles, tandis que le cadre bâti existant est délaissé et se dégrade.

• Le cas du Centre-ville :

Aujourd’hui, le centre-ville, en plus des transformations du cadre bâti, tend à être de plus en plus marginalisé par l’effet conjugué de la mise en service de la voie express reliant Alger à Cherchell (qui fait que les automobilistes ne sont plus obligés d’emprunter la RN11) et de la dispersion des équipements publics, autrefois concentrés à son niveau.

Il est peu à peu vidé de sa fonction commerciale et administrative (avec la construction des nouveaux sièges de la Daira et l’APC), même si le renforcement de sa vocation culturelle et touristique a été préconisé. Pour l’instant, très peu d’attention a été accordée à la préservation de son cadre bâti107, dont une bonne partie est en état de vétusté. Il est vrai que les conditions préalables ne sont pas forcément réunies, en particulier les savoir-faire relatifs à la réhabilitation du vieux bâti. Il s’avère néanmoins nécessaire de mettre ces préoccupations de préservation à l’ordre du jour des politiques urbaines de cette ville, et de toutes celles relevant de la même problématique (qui concerne également les grandes villes possédant un patrimoine colonial important telles qu’Alger, Oran, Constantine, Sétif etc...) à l’échelle nationale. D’ailleurs, de plus en plus d’anciennes bâtisses sont démolies et entièrement reconstruites, ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans le centre-ville de Tipasa qui avait été relativement épargné, puisque outre les modifications internes aux logements, les

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transformations les plus importantes, se matérialisaient jusque là, le plus souvent, par l’ouverture de commerces ou activités et/ou la réduction ou l’élimination des jardins.

5-5-2 Les transformations typologiques du cadre bâti

En perdant progressivement son cachet de village agricole, l’image de la ville de Tipasa a été modifiée par des transformations importantes de son cadre bâti, qui se caractérisent par de nombreux aspects relatifs aux matériaux et aux techniques de construction, aux gabarits et à la forme générale du bâti, qui ont accompagnés les changements spatio-fonctionnels déjà cités. Si dés le début du 20ème siècle et avant même l’indépendance, l’Algérie n’a pas échappée à la vague d’utilisation des matériaux nouveaux et des nouvelles techniques de construction, qui a remplacée les matériaux traditionnels tels que la pierre, le bois et la tuile, en particulier dans les grandes villes ou le style international s’est imposé, à Tipasa et dans les autre petits centres urbains, c’est véritablement à partir des années 1980, que l’utilisation du béton armé, du parpaing et de la brique va connaître un essor rapide et important. En moins d’une décennie, cette technique constructive est devenue exclusive, aussi bien pour les constructions publiques tels que la production des ensembles de logements collectifs, que privées avec l’encouragement de l’auto-construction dans les lotissements d’habitat individuel puisque la présentation d’un permis de construire permettait l’achat de matériaux de construction (ciment et acier) auprès d’organismes publics à des prix très avantageux, subventionnés par l’état. C’est ainsi que progressivement toute la main d’œuvre du bâtiment s’est détournée des techniques de constructions utilisées précédemment, au point qu’aujourd’hui ces savoir-faire ont quasiment disparus. Par contre, l’utilisation de nouveaux matériaux est encouragée pour la construction des édifices publics et la réalisation des différents programmes d’habitat. Les nouvelles constructions rivalisent d’esthétique architecturale, dans un mélange plus ou moins heureux de styles (les références sont très diverses allant des arcades arabo-mauresques aux grands panneaux entièrement vitrés, en passant par des pastiches néo-classiques...), car la libéralisation du marché et l’amélioration de la situation économique permettent l’importation de matériaux très variés dont certains très sophistiqués et « tendance », qui inspirent les maîtres d’œuvre mais également les propriétaires privés aisés (photos -25-,-26-,-27- et -28-) . Il semble n’y avoir, cependant, pour l’instant, aucune réalisation s’inscrivant dans une logique de durabilité des aménagements urbains (telle que l’Approche Environnementale de l’Urbanisme, par exemple) et des constructions et quasi aucun intérêt108 pour l’utilisation de matériaux dits « durables » ou pour l’introduction d’éco-labels dans la construction, et ce, malgré les références au développement durable omniprésentes dans les discours politiques, les textes législatifs et les plans, études et schémas théoriques, depuis plus de dix ans.

En même temps, l’horizontalité, caractéristique des villages coloniaux (photos -23- et -24-), laisse la place à une verticalité de plus en plus importante, dans les bâtiments publics, et les propriétés privées (photos -29- et -30-) mais surtout dans l’habitat collectif ou les gabarits, jusque là ne dépassant pas les R+4 à Tipasa, atteignent aujourd’hui des R+9 (au niveau du POS AU1, les programmes de location-vente de l’Agence pour l’Amélioration et le Développement du Logement (AADL) destinés aux couches moyennes , achevés en 2011, photos -31- et -32-).

108 la wilaya de Tipasa n’est pas concernée par l’expérience des logements HPE, ni par le programme national de maîtrise de l’énergie dans le secteur de l’habitat.

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La diversité des espaces atteste des dynamiques urbaines à travers le temps: après le village colonial, son plan type en damier, et ses matériaux traditionnels, puis la généralisation du béton armé dans les lotissements d’habitat individuel et dans les cités d’habitat collectifs, en bande ou en plot, consacrant le fonctionnalisme industrialiste standard type ZHUN, c’est aujourd’hui le tour d’un urbanisme d'alignement ou la priorité est donné au traitement de la façade et à son esthétique à travers des constructions aux styles architecturaux et matériaux de parement et placages divers et de l’habitat collectif réparti en îlots, parfois de grande hauteur. Ces nouvelles réalisations accentuent les migrations résidentielles des espaces centraux vers les périphéries récemment urbanisées, ou les nouvelles constructions publiques ou privées, à plusieurs étages, affichent des styles divers, avec des matériaux récents et les technologies « modernes », à l’image du chauffage central et de la climatisation électrique qui font désormais partie de tous les nouveaux équipements publics (photo -34-). Bien que les étés soit relativement frais dans cette ville côtière, et comme une preuve de la tendance à l’uniformisation des modes de vie, les appareils de climatisation se généralisent même dans l’habitat et sont rajoutés par les locataires jusque sur les façades des bâtiments de logements sociaux anciens (photo -33-) comme nouveaux.

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Photos – 23- et -24- L’horizontalité, caractéristique des villages coloniaux, avec des constructions en pierres, tuiles et menuiserie en bois, telles que celle de l’ancienne mairie, parmi les plus élevées, en R+1, ici à droite.

Photos -25- et -26- L’utilisation de matériaux nouveaux et « tendance » (revêtement de façades en alicobande, panneaux vitrés en stopsol et menuiseries en aluminium), ici les nouveaux sièges administratifs d’Algérie Télécom et de la banque publique BADR, au niveau du POS AU2.

Photos -27- et -28- Les références architecturales sont nombreuses et variées, aussi bien dans les constructions publiques, comme ici, le nouveau siège de l’APC, au style arabo-mauresque, que dans les constructions privées,

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Photos -29- et -30- La verticalité est de plus en plus importante, non seulement dans les programmes de logements publics (à droite) mais également dans les constructions privées

Photos -31- et -32- Cette verticalité atteint aujourd’hui les R+9, au niveau de la cité AADL, achevée en 2011, constituée d’habitat public collectif réparti en îlots, parfois de grande hauteur.

Photos -33- et -34- Malgré le climat clément de la région, la climatisation électrique se généralise. Les « climatiseurs » sont rajoutés dans les bâtiments anciens comme au niveau de cet immeuble d’habitat, datant du début des années 1980 (à gauche), et font partie intégrante des nouvelles constructions, comme sur cette façade de la nouvelle direction des finances. Photos Bachar k. 2012/ 2013

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5-5-3 La présence végétale: un atout à préserver, Tipasa : ville verte ?

De part sa position géographique et son climat, la région est l’une des plus riches en végétation naturelle et en sols agricoles, à l’échelle nationale et cela depuis l’antiquité (culture de la vigne et de l’olivier dès le 2ème siècle, d’après J. Heurgon, 1930). L’agriculture a accompagnée la création du village colonial, tandis que la végétation a été l’un des éléments clé de la composition urbaine, puisque, comme déjà expliqué, la présence de l’arbre et des espaces végétaux dans les centres urbains était aussi importante que les constructions ou les voiries. Cette conception étant l’une des caractéristiques de l’urbanisme français en Algérie au 19ème siècle ; ainsi que l’explique X. Malverti (1994), les ingénieurs du Génie établissaient une pépinière à l'extérieur de la ville pour les plantations des rues, des esplanades et des places. Cette pépinière était par la suite intégrée à la ville et transformée en jardin public. Pourtant, depuis cette époque, et même si Tipasa reste, comparativement à d’autre, une ville plutôt « verdoyante », grâce à son climat propice, il n’en demeure pas moins que le végétal et les espaces verts ne sont pas intégrés dés le départ du processus de projetation urbaine, qui semble n’y recourir qu’après coup, dans un souci d’esthétique ou pour combler des espaces résiduels. Pourtant, l’importance de la végétation n’est plus à prouver et son rôle dans l’amélioration du confort urbain et la réduction de phénomènes tel que « l’îlot de chaleur » par exemple, est reconnu, particulièrement dans les pays méditerranéens ou les effets du changement climatique global risque d’impacter de plus en plus au niveau local, et en particulier sur le climat urbain.

• La place de l’agriculture périurbaine :

Un autre aspect de la place de la nature en ville réside dans les liens villes-agriculture, qui sont aujourd’hui au cœur des problématiques de développement durable urbain, ainsi que le prouvent de nombreux travaux et séminaires scientifiques, qui proposent d’inventer (ou de ré- inventer) de nouvelles formes urbaines intégrant les espaces naturels et/ou agricoles (comme le prouve, par exemple un appel à contribution pour un numéro de Géocarrefour paru en 2013 ou encore les contributions proposées pour le Colloque International « Nature Urbaine en projet, vers une nouvelle alliance entre nature et ville » en février 2013 ).

L'Algérie est aujourd’hui le premier importateur africain de denrées alimentaires, avec 75% de ses besoins assurées par les importations, et l’un des plus grands consommateurs de céréales au monde. La demande nationale n’est couverte, en moyenne, qu’à 25 % par la production locale, très dépendante de la pluviométrie, cependant que les produits agricoles constituent 30% du total des importations du pays (M. Hocine, 2011), et que les populations rurales sont elles-mêmes consommatrices de denrées agricoles importées. L’agriculture constitue un véritable enjeu économique et social pour ce territoire, d’autant plus que l’agriculture urbaine est constitutive du monde arabe (Jouve, Padilla, 2007), qui a poussé à l’extrême la symbiose entre milieu urbain et agriculture (Lavergne M., 1995). La ville de Tipasa et sa région, en particulier, en plus de ses potentialités naturelles fortes et diversifiée,