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Contexte de déploiement des TBI au Royaume-Uni

Uni

Au Royaume-Uni, le développement rapide et soutenu des TBI dans le paysage éducatif est le fruit de la rencontre entre une volonté politique d’impulser des pratiques pédagogiques renouvelées et les potentialités supposées d’une nouvelle technologie qui semblent pouvoir ouvrir et soutenir cette voie du changement.

En 1997, le nouveau gouvernement en place s’engage dans la modernisation du secteur de l’éducation et fournit, à ce titre, des efforts substantiels pour améliorer l’équipe- ment des établissements scolaires en matière de TUIC. Les gouvernements successifs poursuivent dans cette voie. Un équipement informatique minimum est décrété dans chaque établissement et différentes réformes du curriculum invitent fortement au recours aux nouvelles technologies. La maîtrise des TUIC devient un élément indis- pensable à l’octroi du "Qualifed Teacher Status"2. Afin de faciliter et d’encourager

l’usage des TUIC dans l’enseignement, de nombreuses salles informatiques dédiées voient le jour dans les établissements primaires et secondaires. Mais à l’heure des

2. Afin d’être recruté sous contrat pérenne et d’enseigner dans le primaire comme dans le se- condaire, tout enseignant britannique doit avoir obtenu leQualified Teacher Status délivré à l’issue d’une formation professionnelle pluridisciplinaire (l’Initial Teacher Training).

premiers bilans, l’utilisation de ces dernières s’avère peut efficace. Des difficultés dans le suivi de l’activité des élèves ou encore dans le maintien de l’attention de la classe sont mentionnées. Le travail de préparation des différents postes informatiques qui accompagne la mise en place de telles séances est jugé coûteux. Le travail réalisée dans de telles salles est difficilement réactivé et exploité une fois le retour dans les salles de classe traditionnelles géographiquement distantes. L’inspection, dans un rapport de 2004, (Ofsted 2004) pointe ces différentes difficultés et plaide en faveur d’une redéfini- tion de l’usage des TUIC qui permettrait de soutenir une approche "plus intégrée" des nouvelles technologies dans les pratiques enseignantes. Ces premiers dysfonctionne- ments exhibés, il devient alors plus simple de mettre en avant les avantages que serait susceptible d’offrir une nouvelle technologie, la technologie TBI, laquelle est alors à la recherche de nouveaux marchés3. Faciles à installer dans les salles de classes tradi-

tionnelles, la technologie TBI apparaît ainsi pouvoir offrir une alternative à un usage collectif des TUIC sous le contrôle et la direction de l’enseignant.

De manière concomitante, en réaction aux résultats jugés insuffisants des élèves an- glais au cours d’une étude comparative internationale menée en 19994, la réforme de

l’éducation engagée par le gouvernement s’emploie à la promotion d’un enseignement basé sur une augmentation des interactions dans la classe (interactive whole class interaction). Dans ce but est fondée, en 1998, la National Literacy Strategy (NLS), suivi un an plus tard, par la National Numeracy Strategy (NMS). Ces stratégies natio- nales5 encouragent les enseignants à fonder leur enseignement sur un direct teaching

and questioning of the class qui doit être oral, interactive and lively. Le mode de travail recommandé est essentiellement frontal, devant la classe entière, avec des pé-

3. Les informations disponibles sur le développement commercial des TBI montrent que leurs déploiements dans l’éducation ne s’est pas fait sans difficulté. La société SMART, qui a été la pre- mière a lancer cette technologie note que "in those early years no one knew about an interactive whiteboard , much less why their might or need one, so sales for smart started slowly ... it took a substantial effort to let people know about product and the benefits that they could enjoy from using them" (Smart 2004). L’introduction des premiers ordinateurs à écrans tactiles dans le monde de l’éducation, et spécialement dans le supérieur, ne fût pas couronnée de succès. Les premières fonc- tionnalités exploitées des TBI l’ont été dans des contextes très différents : réunions et management d’équipes dans les entreprises dans lesquelles les TBI sont utilisés comme des flipcharts électroniques - construction collaborative de documents électroniques dans un contexte où ces derniers sont ame- nés à être partagé et échangé, le défit consistant alors à trouver un marché susceptible d’exploiter ces différentes potentialités. La possibilité de se connecter à Internet, ouvrant ainsi l’accès à un en- semble de ressources fût un argument supplémentaire dans la conquête du marché de l’éducation.). Faciles à installer dans les salles de classes traditionnelles, la technologie TBI apparaît ainsi pouvoir offrir une alternative à un usage collectif des TUIC sous le contrôle et la direction de l’enseignant.

4. The Third International Mathematics ans Science Study montrent des résultats décevants en numération mais également une certaine habileté dans la résolution de problèmes et en géométrie (Mullis and Reynolds 2001)

5. Programmes de développement et d’orientation de l’école, pilotés par le gouvernement britan- nique.

riodes relativement brèves de travail individuel ou en collaboration qui seront ensuite examinées lors d’une session plénière de réflexion. Se distinguant de méthodes plus traditionalistes, cette approche se veut clairement interactive : "High-quality direct teaching is oral, interactive and lively. It is not achieved by adopting a simplistic for- mula of ‘drill and practice’ and lecturing the class, or by expecting pupils to teach themselves from books. It is a two-way process in which pupils are expected to play an active part by answering questions, contributing points to discussions, and explaining and demonstrating their methods to the class" p.26 (DfEE 2001)

Smith et al. (2004) mettent à jour à ce sujet l’existence de tensions entre d’une part la conduite de cette approche pédagogie et d’autre part l’exigence d’acquisition de compétences dans les TUIC et d’autonomie dans le travail chez l’élève. Mais quand bien même l’application de ces programmes n’est pas uniforme sur tout le territoire6

et révèlent quelques contradictions7, ils contribuent à modifier les stratégies d’ensei-

gnement dans les classes (Tanner et al. 2005).

C’est dans ce contexte que The National Strategies approuvent et soutiennent l’intro- duction des TBI dans les classes. Cette politique volontariste est accompagnée d’un effort financier important, avec approximativement 330 millions de livres sterling in- vestis de 2002 à 20058 (Becta 2006). Cette politique a pour effet une forte croissance

du taux d’équipement en TBI des établissements scolaires. Le pourcentage d’écoles primaires équipées d’au moins un TBI passe de 48% en 2003 à 63% en 2004. Ce même taux, dans les établissements secondaires passe de 82% en 2003 à 92% en 2004 pour atteindre 96% l’année suivante (DfEE 2004). Selon le syndicat professionnel, le Besa (Besa 2007), on dénombre 155 400 tableaux blancs interactifs dans le primaire et 93 700 dans le secondaire soit des moyennes respectives de 7,4 et 20,8 par établissement. Les chiffres fournis par le Becta sont encore plus optimistes, et marquent une nette progression dans le déploiement des TBI, notamment dans le secondaire :

taux d’équipement moyen en tbi par établissement

6. Certains établissements, notamment privés, disposent d’une certaine autonomie.

7. Le département de l’éducation (DfEE) souligne dans un rapport de 1999 quelques unes des injonctions contradictoires dans la mise en place de ces nouveaux programmes : "the emphasis on rapid recall of facts, and using pupils errors constructively – time for personnal reflection on what has been learnt, and fast, lively interactive teaching" (DfEE 1999)

8. On note différentes opérations d’équipements à grande échelle : au Pays de Galles, l’inves- tissement consenti par the Welsh Assembly Government, permet l’installation d’au moins un TBI dans chaque école, ou encore une enveloppe de 10 millions de livres sterling de crédits octroyés en 2003 parthe Primary Schools Whiteboard Project, à destination des Local Educational Authorities, correspondant aux collectivités locales en Angleterre.

0 5 10 15 20 25 2002 2005 2006 Primaire Secondaire

Source : Harnessing Technology in Schools survey (Kitchen et al. 2007) Selon le Besa, si en 2005, un quart des écoles primaires jugeait satisfaisant ("well- equipped") leur équipement en TBI, en 2009, ce taux atteint 77%. Dans le secondaire, on est passé de 18% des établissements indiquant être bien dotés par cette technologie à 57% en 2009.

taux de satisfaction des établissements en équipement de tbi

0 20 40 60 80 100 2005 2006 2007 2008 2009 Primaire Secondaire

Source : BESA ICT in UK State Schools 2009 summary report (Besa 2009) Notons que parallèlement à ce déploiement massif de TBI, l’agence gouvernementale Becta, a largement soutenue cette initiative en fournissant un ensemble de spécifi- cations et de conseils sur l’achat et l’usage des TBI. Cette même agence a négocié avec les fournisseurs une série d’accords cadres (national procurement agreements) offrant aux établissements scolaires les meilleures conditions d’achat possibles pour des matériels, logiciels, prestations de conseil et d’assistance. Le rôle de cette agence,

initialement créée pour généraliser l’usage des TUIC, est devenu essentiel à partir de 2005 pour la mise en œuvre de la e-strategy, en développant trois actions : structurer l’offre, donner la possibilité aux établissements d’intégrer cette technologie et encou- rager l’utilisation. On note par exemple la volonté du Becta de référencer des offres de ressources à destination des enseignants, avec 23 fournisseurs retenus dans la mise en place d’un accord, the interactive whiteboards framework, venu à échéance en janvier 2007 ou encore l’existence d’un réseau national, the National Whiteboard Network, qui met à la disposition des conseils ainsi que des ressources utilisant le TBI.

La conséquence directe de ce déploiement massif de TBI est qu’avec 70% des classes équipées, l’Angleterre se place loin devant les autres pays qui se sont engagés dans cette voie, avec un taux d’équipement moyen des classes dans le monde de 7%. Cette situation va de pair avec le fait que l’on prête à l’Angleterre d’être le "bon élève" de l’Europe en matière d’usage des TUIC. Elle semble même l’expliquer, à elle seule, largement. D’après le Becta, les niveaux d’utilisation des TUIC en classe ont brusque- ment augmenté depuis 2002, cette hausse significative se traduisant, toujours d’après le Becta, par l’adoption des TBI dans les classes : "However, levels of use in scholls of ICT ressources in lessons has risen sharply since 2002, driven by the adoption and use of interactive whiteboard and whole-class display technologies" - "This sharp rise in the use of ICT ressources in the curriculum has benne driven to a large extent by the adoption of interactive whiteboard and related technologies"

évolution de l’usage des ressources et des tbi

0 10 20 30 40 50 60 70 80 2002 2003 2005 2006 2007 Computer package IWB Internet-based ressource Subject-specific ressource r r b c b c b c r s r s r s r s r s × × × × b c b c r r r × r s r b c Source : Becta 2009