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6.1 Occurrences in-vivo d’un rapprochement et d’un contact ventriculaire

6.1.2 Contact ventriculaire

Dans 66% des enregistrements caractérisés par un rapprochement des bandes ventriculaires (avec et sans vibration des bandes), le geste phonatoire s’est poursuivi jusqu’à leur accolement partiel (sur une partie de la longueur des bandes) ou total (sur toute la longueur des bandes). Parmi les 22 acquisitions sans mouvement vibratoire, le rapprochement des bandes ventriculaires les a conduit jusqu’au contact pour 9 réalisations (cf. annexeA), chacune illustrée sur la figure 6.6. Nous avons observé un contact :

– à l’initialisation et/ou à l’accomplissement d’un geste phonatoire, sans corrélation nette avec le type de production (effort vocal, rire, mécanisme M0, decrescendo, glissando vers les basses fréquences). Ce contact s’effectue alors sur la partie médiane des bandes ventriculaires (cas(a), (d) sur la figure 6.6), antéro-médiane (cas(e)), ou sur l’intégralité de la longueur des bandes ventriculaires (cas (b), (c)).

– pendant la phonation, lors de productions en mécanisme M0 (cas(f) à (j)). Le contact s’opère alors sur la partie antérieure des bandes ventriculaires. Dans les cas(f) et (g), le contact se produit dans la continuité du mouvement de compression des bandes, tandis qu’il se maintient pendant toute la durée du geste phonatoire dans les cas(h) à (j).

Fig. 6.6 – Images laryngées illustratives du contact des bandes ventriculaires dans les neuf enregistrements de la base de données marquées par un rapprochement ventriculaire sans mouvement vibratoire. Le sujet et le numéro de la prise de vue sont spécifiés pour chaque cas, selon les notations de l’annexe A.

Nous nous intéressons plus spécifiquement aux cas d’un contact ventriculaire instauré au cours de la phonation ((cas(f) à (j)). Nous avons observé une perturbation des signaux EGG et DEGG à l’établis-sement de ce contact, en amplitude et en fréquence, variable selon le sujet et la réalisation acoustique. Nous proposons de détailler l’étude particulière du cas(g), pour illustrer ce phénomène.

L’enregistrement répond à une tâche de production vocale à très basse fréquence. Le locuteur produit une éraillée, peu stable (exemple sonore Audio5.wav). La figure 6.7 présente un extrait de la production sur environ 15 cycles glottiques. Une analyse kymographique est proposée en cinq positions, sélectionnées perpendiculairement à l’axe médian de vibration des cordes vocales, et réparties sur toute la longueur des bandes ventriculaires.

Les signaux EGG et DEGG synchronisés permettent de diviser la séquence en trois phases sur la figure 6.7, caractérisées par des comportements glottiques distincts :

– la plage temporelle comprise entre les images (a) et (b), notée (ab). La fréquence fondamentale du signal acoustique vaut 113Hz (la1). Elle coïncide avec la fréquence de vibration des cordes vo-cales moyennée sur les 10 cycles glottiques de la plage. Les signaux EGG et DEGG montrent une oscillation périodique stable des cordes vocales, à l’image de celle observée en parole usuelle dans le chapitre 5. On note une diminution progressive de l’amplitude des pics GCI sur le signal DEGG, soit une diminution de la vitesse de contact à la fermeture glottique.

– la plage comprise entre les images (b) et (c), notée (bc). Cette plage se démarque par une alté-ration du signal EGG, en amplitude et en fréquence. Cette altéalté-ration traduit une modification du contact glottique. La vue kymographique des positions n°2 et 3 laissent entrevoir l’établissement d’un nouveau schéma de vibration des cordes vocales, marqué par une fermeture glottique très longue relativement à la période fondamentale tous les deux cycles d’oscillation. Ce pattern vibra-toire a déjà été rencontré en mécanisme M0 sur la figure 6.5.

– la plage comprise entre les images(c) et (d), notée (cd). Cette plage n’enregistre aucune modula-tion rapide du contact sur le signal EGG, suggérant un arrêt des oscillamodula-tions glottiques.

Chacune de ces plages, différenciées par des comportements glottiques singuliers, peut tout aussi bien être associée à un comportement ventriculaire particulier :

– la plage (ab) s’accompagne d’un rapprochement progressif des bandes ventriculaires, avec une com-pression accentuée sur la partie antérieure, comme illustré sur le kymogramme n°5.

– la plage (bc) s’accompagne d’un rétrécissement de l’ouverture ventriculaire, accentué sur l’intégra-lité de leur longueur, i.e. apparent sur les kymogrammes n°1 à 5. La compression initialisée dans la partie antérieure des bandes ventriculaires se propage donc également dans le plan médian. Le rétrécissement ventriculaire entre les instants repérés par les flèches sur le kymogramme n°5 est d’environ 33%. Ce constat soutient l’hypothèse d’une ouverture critique atteinte par les bandes ventriculaires, à l’origine de l’altération de la vibration glottique.

– la plage (cd) s’accompagne d’un contact des bandes ventriculaires. L’accolement est partiel en(c) et devient quasi-total en(d).

Fig. 6.7 – Cinq vues kymographiques (à droite) et positions correspondantes tracées sur une image laryn-gée obtenue par cinématographie ultra-rapide (à gauche), représentées en synchronisation avec les signaux EGG et DEGG normalisés. La séquence correspond à un essai de phonation à basse fréquence, elle repré-sente une diminution de fréquence de 113Hz jusqu’à l’arrêt de la phonation (Sujet L3, extrait de l’exemple sonore Audio5.wav).

Y-a-t-il un lien entre le degré d’adduction ou, le cas échéant, le degré d’accolement des bandes ventri-culaires, et l’altération du comportement vibratoire des cordes vocales ? A priori, les observations in-vivo détaillées dans cette section tendent à conforter cette éventualité. Néanmoins, aucune conclusion ne peut être tirée de l’examen seul des comportements in-vivo. Ces comportements intègrent en effet le contrôle et les intentions du locuteur dont on ne peut faire abstraction dans l’interprétation de nos données. Afin de vérifier ces hypothèses, nous proposons dans la suite une étude physique de l’influence d’une constriction ventriculaire placée en aval de la glotte sur l’écoulement d’air translaryngé, sur la vibration des cordes

vocales et sur la modulation de la réalisation acoustique.

6.2 Impact d’une constriction ventriculaire sur l’écoulement d’air