• Aucun résultat trouvé

La  construction  ICSU/OMM  d’un  système   d’observation  globale  de  l’ozone  d’observation  globale  de  l’ozone

L’hypothèse  d’une  destruction  de  l’ozone  par  les  gaz  d’échappement  des  fusées   dans  les  brouillons  de  Wexler

3.1. La  construction  ICSU/OMM  d’un  système   d’observation  globale  de  l’ozone  d’observation  globale  de  l’ozone

Dobson  et  la  création  de  l’‘International  Ozone  Commission’  (IO3C  ;    1948-­‐…)  

Au cours de la Seconde guerre mondiale, les activités et communications entre scientifiques des différents pays sont limitées. L’expansion du réseau de mesures d’ozone, alors principalement le fait d’une coopération européenne, est stoppée. Par exemple, les trois spectrophotomètres Dobson achetés par décision du Comité sur l’ozone de IUGG (‘International Union of Geodesy and Geophysics’ ; 1919-…), lors de sa Sixième Assemblée de 1936, ne seront distribués qu’à la fin de la guerre. Outre les difficultés de communication et de coopération transnationale, l’autre raison de la mise entre parenthèse du programme sur l’ozone réside dans le déplacement massif des intérêts scientifiques des Etats vers des connaissances militairement stratégiques. Le primat est donné aux études sur la vapeur d’eau stratosphérique et/ou la météorologie stratosphérique, plutôt qu’aux mesures d’ozone. Entre le milieu des années 1930 et 1951, seules douze stations effectuent des mesures spectroscopiques d’ozone pendant plus de trois ans d’affilée ; « et encore : de manière irrégulière » (à l’exception des séries "immuables" d’Arosa, et, « pour certaines périodes, des séries d’Oxford, de Tromso (Norvège) et de Zi-Ka-Wey (Shanghai) », précise R. Bojkov dans son histoire de l’IO3C). Le programme sur l’ozone est ralenti, même si les quelques rares spécialistes de l’ozone cherchent à perpétuer la tradition, au sein des

communautés nationales [Bojkov, 2010, pp. 20-23].147 Après-guerre, la coopération

internationale sur l’ozone reprend. Ayant peu d’enjeux pour les politiques de défense, l’ozone est présenté comme un objet de recherche "pacifique". L’objectif principal est la coordination des mesures du vieux pôle européen avec l’URSS et les Etats-Unis. Du fait de

                                                                                                               

147 Au Royaume-Uni, en Inde, en France et en Allemagne, des chercheurs poursuivent – mais plutôt en vase clos, à l’échelle nationale – le programme d’étude sur divers aspects théoriques relatifs à la distribution de l’ozone. Dans son histoire de l’IO3C, Bojkov prend l’exemple de la recherche allemande sur l’ozone qui comptait, en la personne de Paul Götz, un membre du Comité sur l’Ozone de l’IUGG, et perpétua ses activités sous le Troisième Reich :

On “17-18 April 1944 despite the War situation one of the Committee on Ozone members (Paul Götz) participated in Tharandt (Germany) at an important by its content two-day Special meeting on Ozone with more than 25 participants presenting 14 papers (Ozone, 1944) which was organised together with

Prof. Helmut Weickmann. Götz provided an extensive review on the state of ozone research with emphasis on the possibilities offered by the Umkehr method and the newly established by German colleagues very cold stratosphere for explaining the observed annual, latitudinal and VO3Ds. There were basic reviews of photochemistry (O. Hoelper, E. Schröer); first VO3D direct measurements by stratospheric balloons establishing that the ozone maximum at middle latitudes is at ~22km, and the role of turbulence (Erich and Victor H. Regener); weather systems and related ozone changes (Moser); radiation and stratospheric temperature (Rudolf Penndorf); strato-tropospheric transport, and tropospheric ozone (Alfred and Hedwig Ehmert); and on the first optical-filter radiosonde (Dietrich Stranz). The high scientific levels of the reports are impressive even today. This was practically the first ozone meeting with so detailed discussions on basic issues of ozone photochemistry, vertical and horizontal distribution and changes, without spending unnecessary time on instrumentation and methods of measurements (sic).” [Bojkov, 2010, p. 21]

leur conquête technologique poussée de l’atmosphère, les deux puissantes scientifiques hégémoniques sont en capacité de combler rapidement leur retard sur l’Europe.

Avant que l’ONU ne rentre dans la partie, l’ICSU réactive son programme sur l’ozone. Depuis 1933 à la charge du Comité sur l’ozone de l’‘International Union of Geodesy and Geophysics’ (IUGG, un organe de l’ICSU), il est confié en août 1948 à une commission spéciale nommée l’‘International Radiation Commission’ (abrégée sous le sigle IOC, puis IO3C), au cours de la Septième assemblée de l’IUGG qui se tient à Oslo. Le Comité sur l’ozone, créé en 1933, et le Comité sur les radiations, créé en 1928, disparaissent en 1948 dans une ‘International Radiation Commission’ (IRC) de l’IUGG. L’IO3C, créée la même année du fait de la reconnaissance de l’importance du programme de mesures sur l’ozone, devient donc quant à elle la seconde « commission » de l’ICSU après l’IRC. Les deux commissions deviendront deux des dix sous-composantes actuelles de l’association IAMAS

(‘International Association of Meteorology and Atmospheric Sciences’, de l’IUGG).148

[Ohring et al., 2009, p. 1670]

A ses débuts, l’IO3C est largement dominée par les Européens. Oxford et le Royaume-Uni demeurent le centre névralgique du réseau de mesure d’ozone, alors que la France, l’Allemagne et la Suisse concentrent la presque totalité des autres figures influentes de la science de l’ozone. L’IO3C se compose initialement des seuls G.B. Dobson (Président ; Oxford), Sir Charles Normand (Secrétaire ; Oxford), et six autres membres : Daniel Chalonge

                                                                                                               

148 Lors de la première ‘IUGG General Assembly’ (Rome, 1922), la ‘Section de Météorologie’ devint une des sections constitutives de l’IUGG. Lors de la quatrième ‘IUGG General Assembly’ (Stockholm, 1930), elle se mua en

‘International Association of Meteorology’. Puis, cette association prit le nom d’‘International Association of Meteorology and Atmospheric Physics’ lors de la onzième ‘IUGG General Assembly’ (Toronto, 1957). Elle sera rebaptisée ‘International Association of Meteorology and Atmospheric Sciences’ (IAMAS) en 1993. En outre, l’IO3C trouve ses racines dans une requête faite en 1930, lors du premier congrès de la ‘Solar Radiation Commission’, une commission de l’IUGG (qui n’est pas encore une composante de l’ICSU), de constituer une Sous-commission pour l’ozone atmosphérique. L’année précédente a vu la tenue de la Première Conférence sur l’Ozone, à Paris, à l’initiative de Charles Fabry (1867-1945). Nous n’exposerons pas les différentes reconfigurations et hybridations entre les institutions que nous avons évoquées. Depuis 1993, l’IO3C (1948-…) est une « commission » de « l’association » IAMAS (dont les origines remontent à 1922, sous l’égide de Sir Napier Shaw, mais nommée comme telle depuis 1993). L’IAMAS est l’une des huit associations de « l’union scientifique » IUGG (1919-…), l’une des trente-et-une unions de l’ICSU (1931-…) d’aujourd’hui.

Les commissions de l’IAMAS, et des institutions qui l’ont précédée, cherchent à regrouper à travers le monde des scientifiques de premier plan, qui se sont spécialisés dans l’un des domaines des sciences de l’atmosphère (l’IAMAS divise aujourd’hui ces sciences en dix sous-disciples – cf. les dix sous-composantes, ou « commissions », de l’IAMAS). La plupart des grands pontes de la météorologie, de la science du changement climatique, de l’aéronomie et de la chimie atmosphérique globale se sont succédés à leur tête. Junge a ainsi été Président de l’IAMAS en 1975. Il avait auparavant évolué en son sein entre 1967 et 1975, comme Président de la ‘Commission on Atmospheric Chemistry and Radioactivity’ (CACR ; devenue ‘Commission on Atmospheric Chemistry and Global Pollution’ en 1971). Quant à l’IO3C, sa présidence a été confiée à Dobson, à K.R. Ramanathan, à Gérard Mégie, ou encore à Ivar Isaksen. Et, elle a compté parmi ses membres les plus importants spécialistes historiques de l’ozone (Brewer (R-U/Canada), Dobson (G-B), Ramanathan (Inde), Harry Wexler (USA)), dont ceux de l’aventure de l’expertise sur sa destruction anthropique de l’ozone, que nous allons suivre dans les chapitres suivants : M. McElroy (USA), P.J. Crutzen (Pays-Bas), M.J. Molina (USA), F.S. Rowland (USA) et Daniel Albritton (USA), I. Isaksen (Norvège), D.H. Ehhalt (Allemagne de l’Ouest), Guy Brasseur (Belgique/USA), Donald Wuebbles (USA), Richard Stolarski (USA), Susan Solomon (USA), R.D. Bojkov (Canada/Bulgaria), Gérard Mégie (France). [Ohring et al., 2009]

(Observatoire de Paris), F.W. Paul Götz (Observatoire d’Arosa), Kalpathi Ramakrishnan Ramanathan (Physical Research Laboratory, Ahmedabad, Inde), E. Tönsberg (Observatoire de Tromsø, Norvège), Etienne Vassy (Sorbonne, Paris) et Oliver R. Wolf (‘US Weather Bureau’, Washington DC ; à ne pas confondre avec le chimiste de Caltech Oliver R. Wulf du Chapitre 2). Les Britanniques constituent donc le noyau dur de la commission, avec un président anglais et un secrétaire écossais, tous deux d’Oxford. De

plus, l’IO3C reçoit des contributions financières d’Oxford et de la ‘Royal Society’.149 En 1948,

les objectifs de l’IO3C sont définis comme suit :

« Organiser une recension générale (‘a survey’) sur l’ozone pour l’Europe de l’ouest, et dans le même temps aider à l’implantation des stations d’ozone dans d’autres parties du monde lorsque l’opportunité se présente », et « guider les opérations des différentes stations afin qu’elles soient conduites de manière comparable » [Ozone,

1948 in IUGG Procès-verbaux des séances de l’Association de Météorologie,

Publication AIM No,9/ b, 32-4, Bruxelles, 1952 in Bojkov, 2010, p. 22]

Toutefois, les échanges d’instruments et de savoir-faire, la standardisation des instruments de mesures, et les exercices d’intercomparaisons entre les différents instruments de mesure sont dans un premier temps le résultat d’une collaboration presque exclusivement entre Européens. Il faudra attendre les préparatifs de l’Année géophysique internationale (AGI), à la fin des années 1950, pour que des tentatives d’extension du réseau de mesures d’ozone standardisées soient réalisées par-delà l’Europe occidentale, sous l’impulsion de l’IO3C, et du Président du Comité Spécial de l’AGI, Sydney Chapman.

                                                                                                               

149 Bojkov, 2010 rapporte :

“In the next three years [after its creation] the IO3C carried in Oxford the rebuilding of nine pre-war instruments to the new standard design using photomultiplier, and a total of 24 newly build instruments were calibrated and com- pared in order to start the European ozone study with updated instruments. In the meantime the meteorological Offices at number of countries had ordered new instruments i.e. Belgium (1), Canada (4), India (3), Italy (3), Japan (1), Spain (1), UK (3), and USA (5). Also the University of Uppsala (1) and the IO3C by itself purchased 2 more instruments for eventual loan to stations of interest. At that time a new Dobson spectrophotometer costed 1275 £. IO3C was getting each year a grant of ~300 £ for clerical assistance at Oxford related to its main task – the west European ozone survey with participation of 16 stations. Some similar annual grants were made also available by the Royal Society London. The President and Secretary were not paid extra although they were working full time on upgrading and calibrating each one of the produced instruments.” [Bojkov, 2010, p. 22-23]

Pour plus de détails sur l’histoire de l’IO3C, on se référera à Bojkov, 2010, une histoire de l’IO3C intitulée “The International Ozone Commission (IO3C) – Its history and activities related to atmospheric ozone”, réalisée par son ancien secrétaire (de 1984 à 2000), le bulgare naturalisé canadien Rumen Bojkov. En outre, l’American Meteorological

Society a consacré un « Bulletin » spécial à l’IAMAS, intitulé “Radiation and Ozone: Catalysts for Advancing

Chapman  et  Nicolet  parmi  les  têtes  pensantes  de  l’Année  géophysique  

Outline

Documents relatifs