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1. Le recueil d’expertise

1.2. La constitution du corpus expérimental

Le corpus expérimental, sur lequel nous avons travaillé, est constitué de dix cas cliniques, recueillis auprès de notre expert. Ce dernier nous a ainsi fourni dix textes décrivant des cas cliniques d’enfants présentant des pathologies douloureuses. La figure 4.1 ci-dessous présente l’un de ces textes. L’ensemble des cas du corpus est présenté en Annexe 1. Chacun de ces cas propose une forme de prise en charge de la douleur, concernant soit son évaluation, soit son traitement, et pour la plupart un peu des deux.

Céline, 14 ans présente des céphalées violentes. Vous lui demandez d'évaluer sa douleur. Elle la cote à 8. Devant l'intensité de sa douleur, vous lui

prescrivez de l'Efferalgan codéine et un scanner en urgence.

La maman vous rappelle le lendemain. Le scanner est normal. A votre arrivée, Céline joue avec sa Game-boy. Elle cote toujours sa douleur à 8 sur l'EVA.

Qu'en pensez-vous?

Discordance entre la cotation et l'état clinique de l'enfant. Pour Céline, pas de problème de compréhension (ce qui est différent pour un enfant de 5-6

ans). Elle joue avec sa Game-Boy donc la cotation peut correspondre à une douleur morale ou à une provocation.

Une douleur prolongée (ici cotation à 8) depuis 24h même sous efferalgan codéine a toujours un retentissement sur le comportement.

Figure 4.1!: Exemple de cas clinique textuel

L’objectif de ce recueil d’expertise est d’analyser ces textes en détail et de transformer les cas textuels en cas structurés selon le modèle générique décrit dans la section 3 du chapitre!3. Ainsi, chacun des cas textuels a été analysé une première fois afin d’en déterminer les étapes clés. Cette décomposition a fait apparaître les scènes du cas, et détecté quelles pourraient être les actions spécifiques permettant de passer de chaque scène à la suivante. Chacune des décompositions en scènes des cas de ce corpus est également présentée en Annexe 1.

La figure 4.2 suivante présente la décomposition en scènes du cas clinique présenté ci-dessus de façon textuelle. Présentation Diagnostic Evaluation • Céline • 14 ans • "Céphalées violentes"

• "Elle cote sa douleur à 8" « problème pas uniquement médical » EVALUER DIAGNOSTIQUER PRESCRIRE Contrôle • "Céline joue avec sa

Game-Boy" Prescription • Efferalgan codeïne (antalgique de palier 2) • Scanner d'urgence CONTROLER

Figure 4.2!: Exemple de cas clinique décomposé en scènes

Ce cas est décomposé en cinq scènes, dans lesquelles des actions déterminantes ont été placées. Il s’agit du cas d’une enfant âgée de 14 ans souffrant de céphalées violentes. Le médecin souhaite procéder à l’évaluation de la douleur (première action!: «!Evaluer!»). La douleur est auto-évaluée par la patiente à huit sur une échelle de un à dix. Il décide alors de prescrire un antalgique de palier 2 et un scanner (deuxième action!: «!Prescrire!»). Le lendemain, le médecin contrôle l’état de la patiente (troisième action!: «!Contrôler!»), qui

côte toujours sa douleur à huit. Néanmoins, il remarque qu’elle joue avec un jeu électronique, ce qui montre sa capacité de concentration. Or, le médecin sait, par expérience, qu’elle ne devrait pas pouvoir le faire avec une douleur aussi intense. Comme le scanner ne montre aucune anomalie, il en conclut que le problème n’est pas médical (quatrième action!: «!Diagnostiquer!»).

Il ressort de cette première analyse du corpus, que la décomposition d’un cas en une succession de scènes, est une approche assez familière aux médecins. En effet, notre expert n’a eu aucun mal à manipuler ce mode de représentation, ou encore à faire évoluer les propositions que nous avons pu lui soumettre.

Dans le corpus, la longueur des cas ainsi obtenue, varie de deux à six scènes. Il ressort que les cas les plus courts, par exemple les cas numéros 9 et 10 (cf. annexe 1), correspondent généralement à des cas de traitement de la douleur pour lesquels la pathologie est identifiée clairement dans la première scène et le traitement est proposé dans la seconde. Un tel cas peut, par exemple, viser à décrire une pré-médication antalgique en vue d’une opération douloureuse. Ainsi, dans ce type de cas, l’intérêt pédagogique se situe plutôt dans les circonstances au cours desquelles cette prescription rapide est effectuée.

Les cas les plus longs, par exemple le cas numéros 1 (cf annexe 1) correspondent plutôt à des cas illustrant une certaine progression dans le diagnostic, jalonnée par une évaluation, voire un contrôle, de la douleur. Dans ce type de cas, l’évolution de l’évaluation ou du traitement de la douleur sont alors les aspects intéressants à confronter d’un point de vue pédagogique. De plus, ces cas mêlent généralement le diagnostic des pathologies et les étapes clés de prise en charge de la douleur. En effet, l’identification de la maladie est bien souvent nécessaire pour prendre en charge la douleur, tout autant que le fait d’évaluer cette douleur. Ainsi, les étapes de ces cas passent par une analyse des signes présentés par le patient (signes propres à la douleur et signes propres à la maladie). Les maladies possibles sont ensuite évoquées et l’évaluation précise de la douleur est réalisée. Une fois le diagnostic établi et la douleur évaluée, un traitement est prescrit, puis une étape de contrôle de la douleur est préconisée pour éventuellement intensifier le traitement.

Le recueil nous a permis, dans un premier temps d’aborder la prise en charge de la douleur et de décomposer les cas cliniques du corpus. Ensuite, nous avons pu isoler, parmi le corpus de cas, les différents types de concepts qui y sont évoqués. Ces types de concepts sont les types d’entités, les types d’actions et les types de scènes. Nous présentons dans le paragraphe suivant, les types d’entités obtenus, qui constituent ce que nous avons appelé les types de concepts «!déclaratifs!» de la couche domaine.