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Gouvernance et performance financière de l’entreprise

3.2. Conseil d’administration et performance financière de l’entreprise :

Les recherches comparatives des structures d’organisation du pouvoir dans l’entreprise s’intéressent en majorité à l’impact de la structure du conseil d’administration sur la performance financière de l’entreprise. Dans ce contexte, Carter et al. (2003)1 ont essayé d’étudier les relations entre la gouvernance, la diversité des conseils d'administration et la valeur de l'entreprise. Pour ce faire, ils ont choisi comme échantillon les entreprises américaines ‘’Fortune 1000’’, et ce pour une période de trois ans (1997 à 1999). Le traitement des données s’est réalisé par la méthode des données de panel et l’analyse de régression. Les variables utilisées dans cette étude sont :

1. Les variables indépendantes se présentent comme suit :

- la dualité des fonctions de président du conseil d'administration et de directeur général ;

- le nombre de réunions annuelles du conseil ; - l’âge des administrateurs ;

- le nombre des administrateurs internes et des administrateurs minoritaires ; - le nombre des femmes au conseil.

2. La variable dépendante : est relative à la performance financière de l’entreprise, mesurée par le Q de Tobin ;

3. La variable de contrôle : est relative à la taille de l’entreprise.

1 Carter, A. D., Simkins, J. B., & Simpson, W. G. (2003). Corporate governance, board diversiy and firm

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Les résultats de l’étude montrent des relations positives et statistiquement significatives entre la proportion des femmes et des administrateurs minoritaires au conseil d’administration et la valeur de l'entreprise. Quant à la relation entre la dualité des fonctions de président de conseil et de directeur général et la valeur de l’entreprise, les résultats sont significativement négatifs. Dans l'ensemble, les résultats fournissent une preuve importante d'une relation positive entre la valeur de l'entreprise et la diversité au sein du conseil d'administration.

Pour sa part, Guest (2009)1 a également contribué à cette problématique par sa recherche qui a tenté d’étudier la relation entre la structure du conseil d’administration et la performance financière des grandes entreprises britanniques. L’auteur a mené sa recherche sur un grand échantillon d'entreprises (2 746) sur une longue période (1981-2002), en excluant les sociétés financières et immobilières. Le traitement des données s’est réalisé par la méthode d’analyse de régression économétrique, en utilisant les variables suivantes :

1. La variable explicative est relative à : - la taille du conseil d’administration ; - la proportion des administrateurs externes ; - la proportion des administrateurs internes.

2. La variable dépendante : concerne la rentabilité financière et boursière de l’entreprise, mesurée par trois ratios : le rendement sur actif (ROA), le Q de Tobin et le rendement annuel des actions ;

3. La variable de contrôle : est relative à l’âge de l’entreprise.

Cette étude montre que la taille du conseil d’administration a un impact négatif sur la performance financière et boursière de l'entreprise. Par conséquent, les résultats sont non concluants pour la détermination précise de la taille optimale du conseil. Les résultats illustrent également que le nombre des administrateurs externes a un impact significativement négatif et fort. Pareillement, l'impact du nombre d’administrateurs internes est également négatif, mais pas toujours tellement significatif, cela dépend de la mesure de la performance utilisée. Par ailleurs, l’auteur constate que les grandes entreprises, qui sont les plus susceptibles d'avoir de grands conseils, se caractérisent par une relation ‘’taille – performance’’ négative plus robuste.

1 Guest, P. M. (2009). The impact of board size on firm performance: evidence from the UK. The European Journal of Finance , 15(4), pp. 385-404.

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Par ailleurs, Horváth et Spirollari (2012)1 ont tenté d’examiner empiriquement l’impact des caractéristiques du conseil d’administration sur la performance financière des grandes entreprises américaines. Leur étude est menée sur un échantillon de 136 entreprises américaines choisies au hasard à partir de l'indice S&P 500, pour une période de 5 ans (2005 à 2009). La méthode utilisée pour le traitement des données est l’approche économétrique, avec l’utilisation de certaines méthodes de données de panel dynamique. Aussi, plusieurs modèles de régression ont été employés pour éclairer la robustesse des résultats. Les variables utilisées sont multiples :

1. la variable indépendante est relative aux caractéristiques du conseil d’administration : la taille du conseil, la proportion des administrateurs internes, la proportion des administrateurs indépendants, le degré de propriété des administrateurs internes, la fréquence des réunions du conseil, la diversité du genre et l'âge moyen des administrateurs. 2. la variable dépendante : est relative à la performance boursière, mesurée par le ratio Market to Book.

Cette étude a permis aux chercheurs d’arrêter les résultats suivants. D’abord, la propriété des administrateurs internes impacte positivement et améliore la performance boursière des entreprises. Aussi, l'âge des membres du conseil d'administration forme une relation significative avec le rendement de l’entreprise, car les jeunes membres sont plus aptes à augmenter la valeur de l’entreprise et améliorer ses perspectives futures. Tandis que, les administrateurs indépendants ont un impact négatif sur la performance boursière des entreprises étudiées. Enfin, la diversité du genre au sein du conseil, la taille du conseil et la fréquence des réunions ne sont pas significatives. Donc, le rendement de l’entreprise ne peut être influencé par ces mécanismes.

Susoiu (2013)2 a consacré une étude sur l'impact des mécanismes de gouvernance sur la performance financière de 23 entreprises allemandes cotées dans l'indice boursier allemand DAX30, sur une période de cinq ans (2009-2013). Le traitement des données s’est basé sur la méthode d’analyse de régression multiple de la technique statistique ainsi que l’effet aléatoire, en définissant les variables suivantes :

1. La variable indépendante explicative relative aux caractéristiques du conseil d’administration :

- la taille du conseil ;

1 Horváth, R., & Spirollari, P. (2012). Do the board of directors’ characteristics influence firm’s performance?

The U.S evidence ?. Prague Economic Papers, 2012(4), pp. 470-486.

2 Susoiu, A.-E. (2013). The effects of corporate governance on firm performance. Applied Financial Research (8).

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- la proportion d'administrateurs indépendants non exécutifs.

2. La variable dépendante : est relative à la performance financière, mesurée par le rendement des capitaux propres.

Les résultats de l'étude révèlent quelques liens statistiquement significatifs pour les entreprises incluses dans l'échantillon analysé. D’abord, la taille du conseil impacte négativement le rendement financier de l’entreprise et les conseils plus vastes sont moins efficaces. En outre, la relation entre la performance financière et la proportion d'administrateurs indépendants non exécutifs est positive.

Merendino (2013)1quant à lui, a tenté d’étudier la relation entre les caractéristiques du conseil d'administration et la performance financière de 54 entreprises italiennes cotées sur le segment STAR (Bourse italienne), pour la période allant de 2005 à 2007. Pour analyser ses données, l’auteur a utilisé la méthode d’analyse économétrique et plusieurs variables.

1. Les variables indépendantes comprennent les caractéristiques du conseil d’administration : la taille du conseil, l’indépendance du conseil, les administrateurs exécutifs et non-exécutifs, la dualité des fonctions du P-DG, la taille du conseil de surveillance, comité d’audit et cabinet ‘’Big Four’’2.

2. La variable dépendante : concerne la performance financière de l’entreprise, mesurée par le Q de Tobin (valeur de marché) et le ROE (mesure comptable).

Les résultats démontrent que l'augmentation de la taille du conseil d'administration a un impact négatif sur la performance financière. Par ailleurs, tous les types d'administrateurs (les non-cadres et les cadres indépendants) impactent négativement la performance financière des entreprises. Enfin, l'impact positif de la dualité P&DG, contrairement à la théorie de l'agence, peut être due au fait que le conseil d’administration devrait aider, soutenir les gestionnaires de conseils et non pas simplement les surveiller.

Pour ce qui est de Shamsul-Nahar et Ku Nor Izah Ku (2013)3, ils ont essayé d’examiner l’impact de la diversité des conseils d’administration des 100 premières entreprises malaisiennes non financières sur leur performance financière, et ce pour l’année 2007. Les auteurs ont utilisé la méthode d’analyse de régression multiple. Les variables relatives au conseil d’administration portent sur : le genre, l’origine ethnique et l’âge des

1 Merendino, A. (2013). Corporate governance: the relationship between board of directors and firm

performane. Empirical evidence of italian listed compagnies. Thèse de doctorat. Italie: Université de Ferrare. 2 Les ‘’Big Four’’ sont les plus grands cabinets d'audit internationaux. Il s'agit en particulier de Deloitte, Price Water House Cooper, Ernst & Young et KPMG.

3 Shamsul-Nahar, A., & Ku Nor Izah Ku, I. (2013). Gender, Ethnic and age diversity of the board of large

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administrateurs. Quant aux variables relatives à la performance financière, les auteurs ont utilisé comme indicateurs de mesure le Q de Tobin et le ROA.

Les résultats des analyses multi-variées révèlent que la diversité du genre est négativement liée à la performance financière de l’entreprise. Aussi, la diversité des âges est associée négativement au ROA. Par ailleurs, la diversité ethnique est positivement associée au ROA.

Quant à Zouari et Zouari-Hadiji (2014)1, ils ont essayé d’étudier la relation entre le conseil d'administration et la performance financière de l’entreprise à travers le niveau d’investissement en R&D. Les auteurs ont travaillé sur un échantillon composé de 531 entreprises dont : 178 françaises, 174 américaines et 179 japonaises et ce pour une période de 5 ans (2008 à 2012). L’analyse des données s’est basée sur la méthode des régressions hiérarchiques, en utilisant les variables suivantes :

1. La variable dépendante : relative à la performance financière de l’entreprise, mesurée par le rendement des actifs (ROA) et le rendement boursier (Market to Book) ;

2. La variable médiatrice : concerne le niveau d’investissement en R&D, mesuré par le rapport entre le total des dépenses en R&D et le total des ventes de l’entreprise ;

- Les variables explicatives concernent : la taille du conseil, la proportion des administrateurs internes et le cumul des fonctions de président de conseil et de directeur général.

Les résultats de l’étude démontrent que le niveau d'investissement en R&D permet d’améliorer significativement le pouvoir explicatif des trois modèles : ‘’dominance des administrateurs internes / R&D / performance’’, ‘’structure duale / R&D / performance’’ et ‘’taille du conseil / R&D / performance’’. Les auteurs suggèrent que l’impact des variables liées aux caractéristiques du conseil d’administration sur la performance financière des entreprises américaines, japonaises et françaises est à la fois direct et indirect. L’impact est indirect par la médiation, presque totale, de la variable niveau d'investissement en R&D.

Khaldi (2014)2 a essayé d’étudier l’impact des caractéristiques du conseil d’administration sur la création de la valeur partenariale de 103 entreprises françaises cotées, pour la période observée 2006, 2008 et 2010. L’analyse des données s’est basée sur la méthode de régression multiple, en utilisant les variables suivantes :

1 Zouari, G., & Zouari-Hadiji, R. (2014). Impact indirect du conseil d'administration sur la performance à

travers le niveau d'investissement en R&D.13ème conférence internationale de gouvernance : gouvernance, nouvelles perspectives (pp. 1-45). Dijon : Université Bourgogne.

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- les variables indépendantes comprennent : la taille du conseil, l’indépendance du conseil, la dissociation ou la dualité des fonctions de président de conseil et de directeur général et la présence de comité d’éthique et/ou de gouvernance ;

- les variables à expliquer sont : la rente organisationnelle, la valeur partenariale appropriée par l’entreprise et la valeur partenariale des parties prenantes explicites.

Les résultats de l’étude montrent que, pour les années 2006 et 2010, trois mécanismes ressortent globalement positivement associés à la valeur partenariale créée : la taille et l’indépendance du conseil ainsi que la présence d’un comité d’éthique et/ou de gouvernance. Les conseils élargis constituent un levier de création de valeur à la fois actionnariale et partenariale. Néanmoins, en 2008, seules : la taille du conseil et la présence d’un comité d’éthique et/ou de gouvernance sont associées à la valeur partenariale créée.

Enfin, l’étude de Jaoua et Ben Mim (2018)1 a pour but d’étudier l’impact des caractéristiques du conseil d’administration sur la performance financière des entreprises françaises. L’analyse empirique porte sur 39 entreprises françaises cotées à la Bourse de Paris, sur une période qui s’étale sur 7 ans (2007-2013). Pour le traitement des données, les auteurs ont utilisé les données de panel en identifiant deux types de variables :

1. La variable dépendante : relative à la performance financière, mesurée par le rendement des actifs (ROA) et la rentabilité des capitaux investis (ROE) ;

2. Les variables indépendantes comprennent : - la taille du conseil ;

- la présence des administrateurs indépendants, salariés, étrangers et seniors ; - la présence de censeurs ;

- la dulaité de fonction de P-DG ;

- le nombre et le taux de participation aux réunions du conseil ; - la taille et l’indépendance du comité d’audit ;

- le nombre de comités spécialisés.

Les résultats de cette étude montrent que le taux de présence des administrateurs aux réunions et la présence de censeurs(s) au sein des conseils d’administration impactent positivement la performance financière des entreprises. Les résultats révèlent également qu’une proportion élevée d’administrateurs étrangers ainsi qu’un nombre élevé de comités spécialisés exercent un impact négatif sur la rentabilité financière des entreprises. Une augmentation de la proportion des administrateurs seniors aurait également une incidence

1 Jaoua, A., & Ben Mim, S. (2018). Conseil d'administration et performance financière des entreprises

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négative sur la performance financière.

De cette revue de littérature, il apparaît que l’efficacité du conseil d’administration à travers ses caractéristiques a un impact important sur la performance financière de