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Chapitre II : éléments inhérents à la sémantique

I- Concepts et notions

I-1-La poésie :

La poésie est née de la sensibilité et de l'imagination. Les émotions vives et fortes, les conceptions hardies et originales, quand, pour la première fois, elles trouvèrent leur expression dans le langage, furent des ouvrages de poésie. Le mot grec poïêsis, adopté par les Latins, signifie simplement travail. Poïétès (le poète) ne veut dire qu'auteur. Le poète était donc l'auteur par excellence, et la poésie l'ouvrage par excellence. De même le mot épos, que nous traduisons par vers, signifiait parole : le vers était la parole par excellence. Les premiers humains, peut-être dominés par les sens et l'imagination, heureux de sentir, de penser et de tout dire, trouvaient-ils tout intéressant et tout précieux ? Plus tard, on s'aperçut qu'il y avait des objets et des idées propres à la poésie, lorsqu'à côté d'elle se formèrent d'autres genres. La recherche des vérités abstraites et générales donna naissance à la philosophie. Le récit véridique des faits accomplis forma l'histoire, la discussion passionnée des intérêts publics et privés devint l'éloquence et la représentation des objets, des idées et des sentiments trouva des moyens nouveaux comme la musique, la sculpture, la peinture.

I-2- La sémantique :

La sémantique est une branche de la linguistique qui s’intéresse à l’étude de sens des mots et des énoncés dans une langue. Selon Bréal, la sémantique a pour but de décrire l’évolution des significations dans les langues et les lois qui régissent cette évolution.

Fernand Nathan1 définie dans son ouvrage la sémantique comme suit : « La sémantique est la discipline scientifique qui étudie le plan de contenu linguistique en synchronie d’abord et en diachronie ensuite ; elle traite donc du signifié, face interne, non perceptible du signe, l’image mentale ; le signifié suppose qu’il y ait référence à quelque chose : Objet, action ou notion. Un

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troisième élément possible constitutif du signe sera donc le référent, élément appartenant à l’ensemble des « objets » représenté par le signifié. A un niveau plus fin d’analyse, on peut dire que le signifié d’un signe à deux aspects : Un aspect lexicale (signifié), La substance du contenu et un aspect grammatical (signifiant) qui correspond à la place qu’occupe l’élément dans le système de la langue ».

A.J.Gréimas s’est intéressé à la manière dont se mettent en place les différents processus de significations à l’intérieur du texte. Il tente d’expliquer la manière dont le texte génère un nombre limité d’axes sémantiques qui se manifestent en termes d’oppositions fondamentales.

I-3- La sémiotique :

A l’image de la sémiologie, la sémiotique s’intéresse à l’étude des signes dans la vie sociale.

La sémiotique étudie le processus de signification, c'est-à-dire la production, la codification et la communication de signes.

Le mot sémiotique vient du Grec « sémeiotiké » ayant donné deux formes : « séméiotique » en 1555 et « sémiotique » en 1628.

La sémiotique renvoie à Peirce, Morris et plus généralement à une tradition anglo-saxonne marquée par la logique.

S'inspirant de Locke, Johann Heinrich Lambert développe une théorie générale des signes qu'il nomme « sémiotique ».

Le père de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure, donna le nom de sémiologie à la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale. Selon lui, les signes établissent la relation entre un signifiant et un signifié.

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Eléments inhérents à la sémantique

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- L'aspect syntaxique porte sur les propriétés formelles des symboles, les relations des symboles entre eux.

- L'aspect sémantique porte sur les relations entre les symboles et les objets auxquels ils s'appliquent sur la désignation.

- L'aspect pragmatique porte sur l'utilisation et la fonction effective des symboles, sur les relations entre les symboles et leurs utilisateurs ou interprètes.

La sémiotique a donc trois dimensions :

- La sémantique : la relation entre les signes et ce qu'ils signifient. - La syntaxe : les relations entre les signes.

- La pragmatique : la relation entre les signes et leurs utilisateurs.

I-4- Le signe linguistique :

Le signe linguistique désigne une unité d’expression du langage. Selon Saussure, le signe linguistique unit un concept, appelé signifié et une image acoustique, appelée signifiant.

Le signe linguistique se définit donc comme une entité psychique à deux faces : signifiant/ signifié.

Selon Saussure, le signe linguistique se caractérise par:

- Arbitraire : un même concept peut être associé à différentes images acoustiques. Le lien entre le signifiant et le signifié et arbitraire.

- Linéaire : Les éléments des signifiants se présentent obligatoirement les uns après les autres, selon une succession linéaire.

- Conventionnel : signifiant associé à un concept donné s'impose à la communauté linguistique : un locuteur ne peut décider de le modifier arbitrairement.

I-5- Les figures:

Les figures sont définit comme étant des manières de parler éloignées de celles qui sont naturelles et ordinaires. On parle d’existence de figure dans un énoncé ou discours si l’effet de sens produit ne se réduit pas à celui produit d’un simple arrangement lexico-syntaxique de l’énoncé.

Le Larousse définit la figure comme étant une forme particulière donnée à l’expression et visant à produire un certain effet.

Les rhétoriciens classent les figures comme suit :

- Les figures de diction : Les figures de diction consistent en la chute d’un élément phonique ou graphique touchant le début, le milieu ou la fin d’un mot comme l’apocope, le néologisme, l’aphérèse, la syncope, etc.

- Figures de sens : Ces figures reviennent à des changements dans le signifié. Elles sont fondées sur l’écart entre le sens propre et le sens figuré dans la désignation du référant comme la synecdoque, la métaphore, la métonymie, l’allégorie, etc.

- Les figures de construction : Elles jouent sur l’organisation syntaxique de la phrase et du discours, sur l’ordre des mots, sur la grammaire et sur la manière dont les mots sont combinés et disposés entre eux dans la phrase comme le zeugme, l’hyperbate, l’inversion, l’hypallage, le chiasme, etc. - Les figures de pensée : Elles portent essentiellement sur la signification

globale des énoncés et résultent d’opérations portant sur logiques du discours comme l’hyperbole, l’antithèse, l’euphémisme, la litote, l’ironie, etc.

I-6- Les tropes :

Le terme trope vient du grec tropos qui correspond au substantif (tour, conversion, changement de direction). Les tropes consistent à employer un mot

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ou une expression dans un sens détourné de son sens propre. On dit qu’il ya trope dans une expression lorsque cet énoncé ne renvoie pas à son sens propre et habituel mais à un nouveau sens. Un trope est donc une figure de signification dans laquelle le mot n’est pas pris totalement dans son sens ordinaire mais apte à prendre une signification nouvelle grâce aux alliances qu’il contracte avec le contexte. Dans son ouvrage intitulé « le traité des tropes » de Dumarsais1, les tropes sont définit comme suit : « les tropes sont des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n’est pas précisément la signification propre à ce mot. » Selon Aquien et Molinie « on appelle trope en général l’ensemble des figures de signification qui donnent à un signifiant non pas son sens propre mais, par un glissement des sèmes, un signifié qui appartient à un autre …Les tropes les plus importants sont la métaphore d’un côté et la métonymie et la synecdoque de l’autre côté ».

Exp:

Yebra i ṭbel deg waman

Dans cette expression, on ne parle pas du jet de cet instrument de musique « ṭbel » à l’eau mais, on parle de l’abandon de quelque chose comme un travail, une affaire, un projet ….

Dans le deuxième chapitre, une partie est réservée à ce genre de figures de rhétorique qu’on trouve souvent dans les œuvres de Lounis Ait Menguellet et qu’on aborde de manière détaillée.

I-7- Le Sens littéral :

Le sens est l’ensemble des signifiés, des significations et des représentations que peut prendre une unité lexicale. Le sens littéral correspond au premier sens de l’unité lexicale. Il est la base de toute extension de l’interprétation.

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Selon John Searl : «le sens littéral d’une phrase est le sens qui lui appartient dans le contexte zéro ou dans le contexte nul ».

I-8- Le sens figuré :

On emploi un mot au sens figuré quand on passe d’une image concrète à une image abstraite. Dans les dictionnaires, on trouve d’abord le sens propre, puis les différents sens figurés qui en découlent.

Irène Tamba-Mecz le définit comme suit : « on définit en général le sens figuré comme un changement de sens qui détourne un mot de sa signification propre ». Ce changement de sens est engendré grâce à la rhétorique et les figures de style qui sont identifiées par la relation sémantique qu’entretient le sens propre avec le sens figuré des unités lexicales.

Exp:

Yeγli-d igenni fell-as

Dans cette expression, le mot « igenni » ne renvoie pas à son sens propre qui est « le ciel » mais plutôt il porte un autre sens qui renvoie aux problèmes et à une situation délicate.

I-9- L’opacité sémantique :

L’opacité sémantique est liée à un sens qui ne découle pas de la composition des sens des unités lexicales qui forment une expression ou locution.

Un sens opaque est synonyme d’un sens figuré. C’est un sens mémorisé par les locuteurs de la langue concernée. Une expression est dite opaque, lorsqu’on ne peut pas déduire son sens à l’aide des sens des unités lexicales qui la constituent.

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