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Dieter SCHUERCH

CON CLUSION

Le Colloque avait deux buts principaux: contribuer à la diffusion en Suisse romande des résultats du programme national de recherche "Education et vie active", et établir des ponts entre les milieux de la recherche et ceux de la formation professionnelle.

En tant qu'organisateurs, nous avons souhaité centrer les discussions du colloque de manière plus précise que cela avait été le cas dans les deux précédentes manifestations de clôture du PN EVA, à Bâle et à Bellinzone. A ces deux occasions, les chercheurs avaient reçu comme consigne de rendre compte des résultats généraux de leurs travaux. Nous avons préféré imposer un thème global ("Problèmes et perspectives''), qui contraignait les cherchew-s à faire un effort de réinter­

prétation de leurs données et conclusions, exercice avec lequel ils sont généralement peu familiarisés.

Un bref bilan

C 'est en fonction de ces objectifs qu 'il convient d 'évaluer les résultats du colloque. Notre satisfaction première est d 'avoir réuni plus de cent représentants des divers milieux de la formation professionnelle pour une journée et demie de colloque dans cette université que l'on qualifie souvent de

"tour d'ivoire". Deuxième satisfaction: avoir donné largement la parole à ces mêmes personnes, que ce soit à titre principal dans les deux tables rondes, ou en réplique aux présentations des chercheurs dans les six ateliers.

Certes, le dialogue ainsi amorcé n'a pas atteint d 'emblée un niveau d 'échanges qui surmonte les différences de statuts, les différences de préoccupations, les différences de langage .

En particulier, les chercheurs qui présentaient leurs résultats dans les ateliers n'ont pas toujours su s'adapter à leur public, que ce soit dans le vocabulaire employé (le fameux jargon scientifique), dans des références théoriques elliptiques, dans l'allusion à des concepts et à des débats évidents pour eux, mais non pour leurs interlocuteurs. On notera toutefois une évolution positive des relations au cours des deux journées, signe que les difficultés de communication ne sont pas irré­

ductibles, mais tiennent en grande partie à un manque de pratique.

Quelques conditions du dialogue

Le lecteur attentif aura trouvé dans les divers compte­

rendus de nombreuses réflexions qui témoignent d'une recon­

naissance de la recherche par les praticiens, de la pratique de la formation professionnelle par les chercheurs. Non seulement le dialogue est possible, mais il peut être mutuellement enrichissant.

Dialogue, oui, mais pas à n'importe quelles conditions.

Examinons celles qui ont été évoquées à plusieurs reprises.

Reconnaître les di/ f érences

La reconnaissance de la spécificité de chaque milieu, recherche et pratique, dans les points de vue, le langage utilisé, l'inventaire et l'approche des problèmes, les préoc­

cupations quotidiennes a été relevée dans les ateliers et dans la table ronde de clôture comme un aspect important des relations. La recherche est dominée par des préoccupations d'ordre théorique et méthodologique. Les milieux de la formation professionnelle sont, eux, contraints principalement par la nécessité d'agir. Il a été souligné que la confusion des rôles n'était en tout cas pas une solution. Nous ajouterons que ces différences devraient être des complémentarités, plutôt que des antagonismes. Nous souhaitions en tout cas, dans ce colloque, les considérer comme telles.

Mais la reconnaissance d'un principe de complémentarité dans la différence ne suffit pas à surmonter tous les obstacles que dressent sur d'autres plans ces différences. Il faut encore montrer qu'un enrichissement mutuel est possible. Nous espérons également avoir contribué à en fournir une preuve.

Disponibilité et horizon

Parmi les dimensions de la distinction entre recherche et pratique, il faut prendre en compte les différences de dispo­

nibilité, d'horizon temporel, de priorités. Les chercheurs, bien que tenus souvent par des délais dans le cadre de leurs travaux, comptent facilement en années. Généralement, la recherche est leur préoccupation principale.

La situation est loin d'être comparable dans les milieux de la formation professionnelle. L'horizon temporel se mesure plus souvent en mois qu'en années, quand ce n'est pas en jours.

Pour ceux qui travaillent dans les entreprises, l'apprentissage n'est qu'une préoccupation parmi d'autres, peut-être plus importantes.

Dans ces conditions, maintenir le contact tout au long d'un processus de recherche, en tenant compte des agendas et des rythmes quotidiens des uns et des autres, n'est pas une sinécure. Plus fondamentalement, à quoi bon une recherche qui peut aider à résoudre des problèmes d'ici quelques années, quand la solution serait nécessaire dans quelques mois, ou tout de suite? Mais a contrario, comment faire une recherche sérieuse en l'espace de quelques mois? Il n'est pas question de supprimer de telles différences; il faut s'en accommoder. On y parviendra d'autant mieux que l'on se connaîtra bien, que l'on se comprendra, que l'on se respectera.

Parier sur la pemianence

La collaboration entre chercheurs et praticiens devrait commencer très tôt dans un processus de recherche. Idéale­

ment, dès la définition des objectifs. Elle devrait se poursuivre tout au long des travaux de terrain, et se prolonger dans

! 'interprétation des résultats.

Dans cette dernière phase d'une recherche, en effet, un travail en conunun permet un enrichissement mutuel. Les chercheurs ignorent nombre d'aspects de la réalité quotidienne des terrains sur lesquels ils travaillent. Parallèlement, des réunions dans lesquelles les données sont présentées et ana­

lysées donnent l'occasion aux chercheurs de mieux expliquer les fondements théoriques et empiriques de leurs conclusions.

Cibler les projets

Un dernier point sur lequel plusieurs intervenants ont mis l'accent est la nécessité de définir des projets aux ambitions lùnitées, portant sur des populations homogènes du point de vue théorique comme du point de vue concret, et situés dans un cadre géographique et institutionnel précis. Les repré­

sentants des milieux de la formation professionnelle qui se sont exprimés à ce sujet ont le sentiment que les chercheurs tendent à voir trop grand, au détriment du sens des résultats pour la pratique.

Il est difficile de trouver en cette matière des solutions toutes faites. Les différences de conception d'une population et d'un terrain homogènes découlent des différences de points de vue et et de préoccupations évoquées plus haut. Cette considération ne fait que rendre plus nécessaires des discus­

sions approfondies dès le début du processus de recherche.

Pow- que le colloque ne reste pas sans lendemain

Par rapport à ces divers aspects des relations entre recherche et pratique, le colloque a essentiellement permis de faire le point. Pour mieux se connaître, il faut d'abord se rencontrer. Nous avons relevé avec satisfaction que l'atmos­

phère du colloque s'est sensiblement détendue le deuxième jour, que ce soit dans les ateliers ou dans les couloirs, au moment du café. Cette première prise de contact organisée à une grande échelle en Suisse romande a de ce point de vue déjà produit des résultats positifs. Elle ne devrait pas rester sans lendemain. Plusieurs possibilités de continuer des rencontres

et d'approfondir les relations et la collaboration peuvent être saisies.

Nous espérons tout d'abord que la publication de ces Actes ravivera les souvenirs des participants, et constituera un aide-mémoire en vue de prises de contact en plus petits groupes. La diffusion de l'ouvrage à d'autres cercles de la recherche et de la pratique qu'aux seules personnes qui ont participé au colloque devrait produire un effet multiplicateur.

La Société suisse pour la recherche appliquée en matière de formation professionnelle, à laquelle il a été fait allusion dans la discussion qui a suivi la table ronde de clôture, est un cadre explicitement créé pour favoriser les échanges.

Enfin, en tant qu'organisateurs de ce colloque, nous espérons ne pas en rester à cette première manifestation. La section des Sciences de l'éducation et la FPSE, à l'Université de Genève, et le Service de la recherche sociologique sont engagés depuis des années dans le domaine de la recherche sur la formation professionnelle. D'ici quelques années, pas trop tout de même, malgré ce qui a été dit plus haut des diffé­

rences entre chercheurs et praticiens, un autre colloque adressé aux milieux de la formation professionnel pourrait être organisé. Son succès sera d'autant plus important que, dans l'intervalle, nous serons nombreux, chercheurs, praticiens, à nous être revus, et à avoir travaillé ensemble.

A N N E X E S

Annexe A

Centre <l'Enseignement Pour l'industrie et l'Ar­

tisanat, Genève

Cycle d'orientation, Genève

Centre de formation Professiormel du Littoral Neuchâtelois, Neuchâtel

Département de l'instruction Publique, Genève Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne Ecole Supérieure de Commerce, Genève Ecoles techniques et de métiers, Genève Ecoles Techniques Suisses

Institutions Universitaires de Psychlatrie, Genève Office Fédéral de l'Education et de la Science, Berne

Office Fédéral de l'industrie, des Arts et Métiers et du Travail, Berne

Office d' Orientation et de Formation Profession­

nelle, Genève

Programme National de Recherche "Education et Vie Active"

Service Cantonal de Statistique, Genève

Service de la Recherche Sociologique, DIP, Genève Radio-Télévison Suisse Romande

Union Suisse des Arts et Métiers