• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Résultats 54

5.1 Comparaison des résultats avec les écrits empiriques 113

Cette comparaison débutera par celle entre les résultats des rôles indépendants de l’ICS et de l’IC et les éléments présents dans la recension des écrits. Elle se poursuivra à l’aide d’une discussion sur les facteurs facilitants et contraignants puis sur les rôles complémentaires entre l’IC et l’ICS sur le plan de la qualité des soins.

Tout d’abord, pour le rôle indépendant de l’ICS, les résultats de la présente étude montrent une absence de pratique clinique directe de la part des IC et des ICS dans les études de cas 2 et 3. De tels résultats sont en contradiction avec la littérature qui place les soins cliniques directs au cœur de la pratique avancée parce que cela permet à l’ICS de se

développer et de maintenir une expertise clinique (AIIC, 2014; Canam, 2005; Hamric et al., 2014; Muller et al. 2010; OIIQ, 2016). En particulier sur ce sujet, Hamric et al. (2014) précisent que les ICS sont indispensables lorsqu’elles prodiguent des soins directs, contribuent à l’amélioration de soins prodigués par d’autres infirmières et influencent positivement la rétention des infirmières. Aussi, la pratique clinique permet à l’ICS de bien saisir les besoins des patients et d’être ainsi en mesure de défendre leurs intérêts en plus d’être un modèle de rôle.

Pour le rôle indépendant de l’IC examiné dans les trois études de cas, l’absence de certaines composantes attendues du rôle attire l’attention de l’étudiante chercheuse puisqu’elle démontre la diminution de l’implication clinique de l’IC telle que documentée dans les publications (Dallaire et al., 2015; McCallin et Frankson, 2010; Surakka, 2008). Ainsi, tel qu’illustré dans les figures 8 et 9, les résultats n’ont pas démontré que les IC des études de cas 2 et 3 ont agi comme modèle de rôle et qu’elles ont eu recours aux données probantes. Également, les résultats des études de cas ne précisent pas que les IC travaillent en interdisciplinarité afin de résoudre des problèmes pour les patients. L’absence de ce type d’activités cliniques pourrait aller dans le même sens que la tendance retrouvée dans les études où l’IC est de moins en moins impliquée dans la clinique (Dallaire, Thibault, Hegg- Deloye et Villeneuve, 2015). Plusieurs études empiriques mettent en lumière l’importance de l’implication clinique de l’IC afin qu’elle agisse sur la qualité des soins. Entre autres, Feng et al. (2011) précisent que l’IC doit être un modèle de rôle visible sur son unité afin d’y développer une culture de sécurité. Ainsi, la connaissance préalable de l’IC des bonnes pratiques l’aide à valoriser et soutenir son équipe dans l’application des interventions visant des soins de qualité. Au quotidien, l’IC doit également avoir un comportement exemplaire lorsqu’elle offre des soins aux patients ou qu’elle accompagne une infirmière dans la réalisation de ceux-ci. Salmela (2012) indique aussi que l’IC développera une culture de sécurité en utilisant les données probantes et en agissant comme modèle de rôle.

De ce fait, si les IC et les ICS sont moins présentes auprès des patients et des infirmières qui donnent des soins, il faut alors se questionner sur l’identité des personnes qui réalisent le mentorat, le coaching et l’assurance qualité visant des soins infirmiers de qualité sur leurs unités. Les résultats de l’étude de cas 2 et 3 précisent que les IC et les ICS

travaillent souvent en collaboration avec les assistantes infirmières-chef (AIC). Cependant, les AIC sont des infirmières généralistes (exigence d’un baccalauréat) comparativement aux ICS qui sont des infirmières en pratique avancée (exigence d’une maîtrise). Ainsi, lorsque l’on constate l’absence de pratique clinique directe des ICS, on note que les patients ne bénéficient pas de son expertise et que le plein potentiel du rôle n’est donc pas mis à profit sur les unités de soins des études de cas 2 et 3 en vue de contribuer à la qualité des soins.

Sur le plan de la formation, les résultats des études de cas 2 et 3 révèlent des différences intéressantes. Ainsi, les ICS des deux études de cas n’avaient pas complété leur formation de maîtrise contrairement à ce qui est indiqué dans la littérature recensée sur le rôle indépendant de l’ICS (AACN, 2011; AIIC, 2008; Baldwin et al., 2007; Hamric et al., 2014; OIIQ, 2016). Cette formation leur permet notamment d’accompagner les infirmières généralistes pour l’amélioration de la qualité des soins infirmiers. Quant à la formation des IC, on note que celle de l’étude de cas 2 détient un baccalauréat et complète un diplôme en administration alors que celle de l’étude de cas 3, ne détient pas de baccalauréat, mais complète également un diplôme en administration. Les résultats montrant une formation infirmière minimale de l’IC de l’étude de cas 3 qui n’est pas de niveau baccalauréat, niveau de formation requis par ce type de poste selon les exigences de l’établissement. À nouveau, ces résultats sont en contradiction avec certaines études qui précisent même que l’IC devrait être formée au niveau des études supérieures (Surraka, 2008).

Outre le type et le niveau de formation et la nécessité d’une pratique clinique, parmi les facteurs qui facilitent et contraignent la complémentarité des rôles entre l’IC et l’ICS visant des soins de qualité, nous pouvons remarquer certains éléments semblables à ceux mentionnés par l’AONE (2013). Ainsi, dans les facteurs facilitants, la communication efficace et la relation authentique sont similaires à ceux mentionnés dans la littérature. L’AONE avait aussi précisé qu’un environnement favorable au transfert des connaissances qui, selon les résultats de la présente étude, pourrait être associé à la proximité physique entre l’IC et l’ICS comme il sera expliqué dans cette discussion. Pour les facteurs contraignants la complémentarité, l’AONE (2013) mentionne le manque de temps qui se compare aux multiples dossiers accaparant le temps des IC à l’intérieur des résultats. Par

ailleurs, les autres facteurs contraignants issus de la présente recherche n’ont pas été mentionnés. Également, dans le document de la FCRSS (2006) sur le travail d’équipe, il est aussi précisé qu’une bonne communication encourage le travail d’équipe, mais aussi que la structure organisationnelle doit favoriser le travail complémentaire.

Finalement, les résultats de la présente étude confirment ce que l’on trouve dans la littérature sur les rôles complémentaires de l’IC et de l’ICS visant des soins de qualité tels qu’énumérés dans le tableau 23, p.105.Tout d’abord, Gaguguski et Begyn (2009) précisent, tout comme dans les résultats de la présente étude, que l’IC et l’ICS peuvent travailler en complémentarité vers les meilleurs standards de soins. De plus, Arford et Olson (1988) suggèrent que l’IC et l’ICS travaillent en complémentarité pour la gestion des risques, l’assurance qualité et le développement des soins infirmiers. Ces éléments sont aussi semblables aux résultats de l’étude. Également, Edwarson et Irvin (2013) précisent que l’IC et l’ICS sont des collaborateurs clés pour réaliser les objectifs organisationnels comme la formation, le recrutement, le développement de standards de pratiques, les politiques et les pratiques basées sur les données probantes. Même si les résultats de la présente étude ne couvrent pas toutes les activités énumérées dans la littérature, ils confirment que l’IC et l’ICS vont travailler en complémentarité vers l’atteinte des buts organisationnels. Ainsi, comme il sera expliqué dans la prochaine section, la structure organisationnelle influence leur travail complémentaire.