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« Ce sont des groupements officieux de personnes qui peuvent appartenir à différents niveaux hiérarchiques de l’organisation. Ils se constituent de manière naturelle : c’est ainsi que les membres se cherchent afin de communiquer ensemble. Chaque communauté possède son propre vocabulaire, ses valeurs et un ensemble de compréhensions partagées. Les communautés de pratique et de partage qui se construisent à l’extérieur de l’entreprise peuvent regrouper des actionnaires, des groupements d’utilisateurs de certains produits, des syndicats des groupes de pression ou toute autre communauté qui se réunit pour parler de l’entreprise en

question »174. On va voir dans le chapitre 3 de cette thèse que l’intranet permet de faciliter la

communication, le partage, l’apprentissage, le dialogue, … entre les membres de ces communautés.

C’est WENGER.E (1998), qui est le premier à avoir défini le concept de communautés de pratique. Selon lui, une communauté de pratiques est : « un groupe de personnes qui travaillent ensemble (à travers des plateformes internet par exemple tels que des forums, des vidéoconférences, des courriels…) et qui sont en fait conduites à inventer constamment des solutions locales aux problèmes rencontrés dans leur pratiques professionnelles. Après un certain temps et au fur et à mesure que ces personnes partagent leurs

connaissances, leurs expertises, ils apprennent ensemble »175. « Les membres d’une communauté de pratique

cherchent essentiellement à développer leurs compétences dans la pratique considérée. Elles sont orientées

vers leurs membres »176. « Cet objectif est atteint à travers la construction, l’échange et le partage d’un

répertoire commun de ressources »177. « Les communautés de pratique sont des réseaux sociaux informels de

professionnels et de collaborateurs dans et hors de l’entreprise qui ont des champs de compétences et des

173 GAYNARD, 1995. Cité par BAYAD. M, SIMEN. S-F, op.cit, p.11.

174 LASSIETTE. C, « Les Communautés de Pratique, une nouvelle étape dans la gestion des connaissances », http://www.creg.ac-versailles.fr/les-communautes-de-pratique-une-nouvelle-etape-dans-la-gestion-des, mercredi 1er février 2012.

175 WENGER .E, Cité par : LASSIETTE . C, OP.CIT, p.2.

176 BROWN et DUGUID, 1991. Cité par PERRIN, op.cit, p.09.

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intérêts communs. Les activités de ces communautés sont notamment l’auto éducation et l’apprentissage en groupe, les conférences, les bulletins en ligne et le partage quotidien d’expériences et de techniques destinées à résoudre des problèmes professionnels précis. Les communautés de pratique est un lieu privilégié de création de connaissances. « Au sein des communautés de pratique, la connaissance est donc

essentiellement « le savoir-faire »178. LAVE et WENGER décrivent la pratique de ces communautés comme

« le vecteur de l’apprentissage. Qui est tacite et socialement localisé. Les membres de la communauté produisent un répertoire partagé de ressources communes (routines, sensibilités, artefacts, vocabulaires,

styles, etc.) »179. « Ce répertoire est principalement d’une nature tacite et la création de connaissance

s’apparente essentiellement au mode de conversion de connaissances de type « socialisation ; partage et

conversion de connaissance tacite en connaissance tacite»180. Ces groupement de personnes favorisent la

gestion des connaissances en aidant les individus à utiliser de nouveau des connaissances en orientant les membres de la communauté vers des documents utiles, en créant des référentiels de documents et en filtrant l’information …les communautés de pratique favorisent la création d’idées, de techniques et de

comportements décisionnels….. » 181.

« Une communauté de pratique est une structure sociale qui partage un intérêt, un ensemble de problèmes ou une passion pour un sujet et qui approfondit ses connaissances et son expertise dans ce domaine en

interagissant de manière continue. »182.

1.1. L’histoire des communautés de pratique

Les réparateurs de photocopieuses de la société Xerox avec le projet EUREKA, sont les premiers à avoir

constitué des groupes appelés par la suite « communauté de pratiques ». Ces personnes ont pu gagner en efficacité en participant à des discussions qu’ils ont pu avoir en dehors du travail. Leurs connaissances se sont développées grâce aux discussions entre techniciens autour d’un café ou au cours d’un repas. Ces employés s’étaient regroupés de manière informelle pour s’échanger l’expertise des pannes. Ce qui leur permettait de résoudre les problèmes en un temps record et sans suivre les manuels de procédures de réparation. « Les ingénieurs qui ont conçu les machines et les manuels de réparation se sont aperçus que les techniciens n’utilisaient jamais ces manuels lors de leurs interventions puisqu’ils avaient développé, au sein de leur communauté, une expertise pratique bien supérieur aux recommandations théoriques contenues dans

les processus de réparation »183.On peut dire dans ce cas que, le travail était réalisé de manière individuelle,

mais la réflexion se faisait grâce aux communautés de pratique.

178 BROWN et DUGUID, 1991. Cité par PERRIN.A, op.cit, p. 10.

179 LAVE et WENGER, 1991. Cité par PERRIN.A, op.cit, p.10.

180 NONAKA et TAKEUCHI, 1995. Cité par PERRIN.A, op.cit, p.10.

181 IDEM

182 WENGER.E, OP.CIT.

49 1.2. Pourquoi mettre en place une communauté de pratique ?

Puisque les connaissances gagnent en valeur à travers l’échange et la réutilisation. La mise en place d’une communauté de pratique garantit dans ce cas cet échange et cette réutilisation. Ces communautés représentent l’avantage d’accentuer les possibilités d’échanges entre les individus qui doivent mettre en commun leurs connaissances, leurs savoir-faire. Les pratiques de ces communautés sont sensés améliorer la compétitivité de l’entreprise. L’objectif derrière la constitution des communautés de pratiques étant :

- De conserver des traces des pratiques et actions pour une meilleure gestion des savoirs - De faciliter l’apprentissage

- De maitriser, d’approfondir un domaine d’expertise - De susciter l’innovation en détectant les idées neuves - De faciliter la résolution de problèmes

- De mutualiser des ressources rares

- D’établir des règles de communication qui facilitent le développement d’une intelligence collective - De dépasser les cloisonnements

- De favoriser l’aboutissement des projets

- De souder les équipes dispersées géographiquement

1.3. Les caractéristiques d’une communauté de pratique

On peut résumer les caractéristiques184 d’une communauté de pratique par :

- Un domaine d’intérêt commun ;

- Une finalité partagée (mutualiser les connaissances, résoudre des problèmes) ; - Un ensemble de personnes ;

- Des rôles identifiés (sponsor, animateur..) ; - Des règles d’appartenance ;

- Des règles du jeu sur la façon de fonctionner ensemble ; - Des moyens de communication ;

- Une mémoire collective ;

1.4. Les conditions nécessaires

L’auteur WENGER185, indique que trois conditions étaient nécessaires pour former les communautés de

pratique :

1.4.1. Un engagement mutuel : L’objectif principal de l’engagement mutuel est que chacun aide et soit aidé

par un autre membre de la communauté (principe de complémentarité des connaissances des membres). Le but étant d’utiliser les compétences et les expériences de chacun. Ainsi, les membres doivent s’engager à partager leurs connaissances avec les autres membres. Cet engagement doit être respecté par tous les

184 Nous reprenons à notre compte le résumé de LASSIETTE.C, OP.CIT.

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membres de la communauté. La confiance et l’ouverture aux autres sont fondamentales pour la réussite de cette pratique.

1.4.2. Une entreprise commune : D’après WENGER, « il est important de créer une entreprise commune

interne à la communauté. Cette entreprise aura pour but de faire interagir ses membres afin d’accomplir l’objectif de l’entreprise commune et de la faire évoluer en fonction des nouveaux enjeux et problèmes

intervenants »186. Le fait de réaliser des actions communes et permanentes, crée des relations de

responsabilité mutuelle entre les personnes impliquées

1.4.3. Un répertoire partagé : Ce répertoire est important pour l’action ou l’entreprise commune. Il

représente les moyens permettant aux membres de communiquer, de résoudre des problèmes. Les moyens sont : des mots, des outils, des routines, des procédures, des dossiers.

1.5. Durée de vie des communautés de pratiques

« La durée de vie étant limité. Elle doit durer aussi longtemps que les membres ont un intérêt à s’y investir, à

l’améliorer et à la maintenir »187.