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Cimenter les alliances : mariages et captation des offices

LES PARLEMENTS MERIDIONAUX ET LES CADRES DE LA VIE POLITIQUE PROVINCIALE

PARENTELES, CLIENTELES ET GENERATION AUX PARLEMENTS

2. Cimenter les alliances : mariages et captation des offices

Les clans parlementaires s’organisaient essentiellement autour de quelques grands magistrats dont la parentèle cumulait la captation des principales charges aux parlements tout en s’alliant à des magistrats moins prestigieux. Ces unions faisaient l’objet d’une attention particulière des familles parlementaires et les alliances matrimoniales, comme les résignations d’offices, donnaient lieu à d’âpres tractations. Les parcours et les alliances des premiers présidents Joseph Dubernet, Jean de Bertier de Montrabe et Vincent-Anne de Forbin-Maynier d’Oppède, trois magistrats amenés à occuper la charge la plus importante dans leur parlement d’origine, illustrent ces stratégies matrimoniales coordonnées à une politique de prédation des principaux offices parlementaires. Ces trois magistrats ont été choisis en raison de la similarité des offices qu’ils exercent et de leur ancrage provincial, mais aussi par les spécificités de chacun de leurs réseaux familiaux plus ou moins étendus.

15 Thomas Cormier, Le code du tres chrestien et tres victorieux roy de France et de Navarre Henry IIII, Paris, 1618, p. 1869. 16 B. Méjanes, ms. 974 (953), ff° 133 v°-141 v°, R.S. du 25/7/1645.

De ces trois magistrats, Joseph Dubernet est celui dont le réseau d’alliances apparaît le moins dense. Ses parents étaient tous deux issus de la robe parlementaire bordelaise. En 1585, son père Jean Dubernet était entré au Parlement comme conseiller, après avoir exercé une charge de contrôleur en la chancellerie de Bordeaux. Sa mère Béatrix de Chimbaud était la sœur d’un conseiller au Parlement, Charles de Chimbaud, qui exerça son office de 1597 à 163017. Après avoir été reçu en 1608 avocat général au Grand Conseil, Joseph Dubernet fit l’acquisition d’un office de président à mortier au parlement de Bordeaux en 1620. Afin de fournir les 90 000 livres nécessaires à l’achat de cette charge, Dubernet dut vendre à Pierre de Boucaud la charge de conseiller de son père dont il avait hérité18. Il rejoignit ainsi la compagnie bordelaise, où il pouvait compter sur l’appui de son cousin germain, le conseiller Jean Dubernet, ainsi que de son oncle le conseiller de Chimbaud. Des alliances conclues par sa parenté augmentèrent ses soutiens au sein du Parlement. Le conseiller Emmanuel de Taranque, reçu en 1625, épousa sa cousine germaine Jeanne de Chimbaud19. Sa sœur épousa un trésorier général au bureau des finances de Limoges, M. de Maledant, seigneur de Meillac. Leur fils, Pierre de Maledant, neveu du président Dubernet, fut reçu au Parlement en 1641, augmentant ses alliés au sein de la compagnie20.

Mais c’est surtout grâce à sa propre stratégie matrimoniale que Joseph Dubernet put renforcer son pouvoir au sein de la compagnie. Il épousa en 1605 Catherine de Benoist, fille de Martial de Benoist, un trésorier général au bureau des finances de Limoges allié aux Maledant21, avec qui il eut une fille, nommée Béatrix comme sa grand-mère, qu’il maria en mai 1629 avec Henri de Raymond de Macanan de Sallegourde. L’accord entre les deux familles portait sur

17 Fleury Vindry, Les parlementaires français au XVIe siècle, t. II, Paris, Honoré Champion, 1910, p. 88.

18 B.M.Bx., Fonds de La Brède, ms. 2810, pièce 45, « Inventaire des effets mobiliers, titres et papiers délaissés par Joseph Dubernet, conseiller du roi en ses conseils et [premier] président en la cour de parlement de Guyenne (2 juin 1654) » (non folioté) ; A.M.Bx., ms. 784, f° 896, R.S. du 15/5/1620.

19 A.D.G., 1 B 21, f° 147.

20 Les Maledant de Meillac étaient l’une des principales familles ligueuses de la ville à la fin du XVIe siècle et poursuivent leur combat par l’investissement dans la Réforme catholique dans la première moitié du XVIIe siècle. Michel Cassan, « Laïcs, Ligue et Réforme catholique à Limoges », Histoire, économie, société, 1991, n°2, p. 159-175 21 Ibid., p. 174. Les Benoist étaient aussi l’un des bastions ligueurs de Limoges.

Illustration 1 – Portrait du premier président Joseph Dubernet, baron de Serin (B. Méjanes, ms. 951 (963), f° 45, « Portraits des premiers présidents du Parlement de Provence »)

l’utilisation de la dot de la jeune fille, de 48 000 livres, pour l’achat d’une charge de conseiller22. Henri de Raymond fut reçu au Parlement le 19 avril 1630 et siégea avec son beau-père qu’il appuya de sa voix au sein de la compagnie23. Le père du conseiller de Raymond, Gabriel de Raymond, seigneur de Vignolles fut nommé par le roi à la Jurade de Bordeaux en 1634 en même temps que l’avocat Romain de Chimbaud, oncle du président Dubernet24.

Après le décès de son épouse, Joseph Dubernet se remaria en février 1633 avec Marguerite de Sévin. Celle-ci était alors, elle aussi, veuve de son premier époux, Jacob de Secondat, baron de Montesquieu, dont elle avait eu un fils Jean-Baptiste-Gaston de Secondat. Huit mois plus tard, en septembre 1633, Joseph Dubernet et Marguerite de Sévin marièrent deux de leurs enfants qu’ils avaient eus de leur première union. Jean-Baptiste-Gaston de Secondat de Montesquieu épousa Anne Dubernet, renforçant le lien entre les deux familles. Joseph Dubernet dota par ailleurs sa fille de la somme de 45 000 livres afin de permettre à Jean-Baptiste-Gaston, qui était devenu doublement son beau-fils, de faire l’acquisition d’une charge de conseiller au parlement de Bordeaux25.

En 1636, lorsque la faveur fit son apparition dans la carrière de Joseph Dubernet, et qu’il fut nommé par Richelieu premier président au parlement d’Aix, le magistrat dut se défaire de sa charge de président à mortier. Les tractations furent alors difficiles. Ses ennemis au Parlement cherchèrent à rebuter de probables acquéreurs, lui faisant encourir un risque de banqueroute alors qu’il avait dû débourser 150 000 livres pour obtenir la charge de premier président de Provence26. Dubernet en porta la plainte à Richelieu et finalement le conseiller François-Arthus Le Comte de La Tresne fit l’acquisition de son office de président à mortier27. L’accord ne concernait pas uniquement Joseph Dubernet et François-Arthus Le Comte. Ce dernier s’engageait à fournir au premier président Dubernet la somme de 48 900 livres, dont son père le président aux Enquêtes Jacques Le Comte se portait caution, mais il acceptait aussi de céder à Jean-Baptiste-Gaston de Secondat de Montesquieu son office de conseiller28. Ainsi, en quittant la capitale de la Guyenne, Joseph Dubernet conservait un relai au sein de la compagnie bordelaise.

22 B.M.Bx., Fonds de La Brède, ms. 2868, pièce 7, « Mariage d’Henry de Raymond et de Beatrix Dubernet (9 mai 1629) ».

23 A.D.G., 1 B 22, f° 228.

24 Nous remercions Monsieur le Professeur Laurent Coste de nous avoir apporté ses lumières sur la famille de Chimbaud.

25B.M.Bx., Fonds de La Brède, ms. 2810, pièce 37, « Contrat de mariage de Jean-Baptiste-Gaston de Secondat avec Anne Dubernet (28 septembre 1633) ».

26 B.M.Bx., Fonds de La Brède, ms. 2810, pièce 45, « Inventaire des effets mobiliers, titres et papiers délaissés par Joseph Dubernet, conseiller du roi en ses conseils et [premier] président en la cour de parlement de Guyenne (2 juin 1654) » (non folioté).

27 A.N., KK 1216, f° 463. Lettre de Joseph Dubernet au cardinal de Richelieu, Bordeaux, le 16/7/1636.

28 B.M.Bx., Fonds de La Brède, ms. 2823, pièce 22, « Vente de l’office de président au parlement de Bordeaux en faveur du président Le Comte (7 octobre 1636) ».

Il ne manqua pas alors de solliciter le chancelier Séguier afin d’accélérer l’expédition des lettres de provisions nécessaires à son beau-fils pour sa réception au Parlement, afin qu’il devançât en ancienneté d’autres enfants de magistrats. Dubernet soulignait ainsi les qualités de son beau-fils qui avait « si bien meslé les lettres avec les armes29 ». Après son retour à Bordeaux en tant que premier président en 1644, et jusqu’à la Fronde, le conseiller de Montesquieu fut l’un des principaux partisans du premier président Dubernet au sein de la compagnie. Il en fut récompensé, obtenant en 1653 la charge de président à mortier dont se défaisait Arnaud de Pontac. Celui-ci accédait alors à la position enviée de premier président que le décès de Joseph Dubernet laissait vacante à la sortie de la Fronde et le nouveau président de Montesquieu se mettait au service de la remise en ordre qui s’annonçait30. Dans un même mouvement, Henri de Raymond devenait la même année président de la première chambre des enquêtes31.

De la même manière, le magistrat toulousain Jean de Bertier, seigneur de Montrabe, put asseoir son autorité grâce aux liens noués par sa famille dans la compagnie toulousaine. Mais contrairement au premier président Dubernet, il hérita largement d’un réseau d’alliances bien établi avant son accession à la première présidence de Toulouse. Son père, Philippe de Bertier, président au Parlement de 1600 à 1611, avait épousé en 1569 une fille du président Antoine de Paulo32. Par cette alliance, le jeune Jean de Bertier intégra la magistrature toulousaine sous les auspices d’un clan qui accueillit les principaux ligueurs de Toulouse. Son oncle, le président Antoine-Jean de Paulo, sieur de Saint-Jean, qui exerça de 1588 à 1621, fut un dirigeant de la Ligue au sein du parlement de Toulouse33. Son père, Philippe de Bertier, porta lui-même la parole en faveur de la Ligue aux États de Languedoc en avril 158934. Jean de Bertier fut pourvu en 1593 d’un office de conseiller au Parlement par brevet du duc de Mayenne, alors

29B.n.F., ms. fr. 17370, f° 178. Lettre de Joseph Dubernet à Pierre Séguier, Aix-en-Provence, le 26/12/1636. 30 A.D.G., 1 B 27, f° 9.

31 A.M.Bx., ms. 793, ff° 119-121, R.S. du 20/12/1653.

32 Charles de Bertier de Sauvigny, Quelques notes généalogique sur la famille Bertier, Lille, Société de Saint-Augustin, 1887, p. 20. La majorité des éléments généalogiques sur le clan Bertier qui suivent provient de ce document, sauf apports ou corrections qui seront alors signalés.

33 Marc Greengrass, « The Sainte Union in the Provinces : The Case of Toulouse », The Sixteenth Century Journal, vol. 14, n° 4, 1983, p. 488.

34 Michel de Waele, « Autorité, légitimité, fidélité : le Languedoc ligueur et la reconnaissance d'Henri IV », Revue

d’histoire moderne et contemporaine, 2006, n°53, p. 12.

Illustration 2 – Portrait du premier président Jean de Bertier, baron de Montrabe, réalisé par Hilaire Pader (Musée Paul-Dupuy, Toulouse, Portraits et armes des

Présidents et Conseillers du Parlement de Tolose depuis l’an 1444,

lieutenant général du Royaume pour la Ligue35. Lorsque ce clan se rallia à Henri IV, Jean de Bertier obtint du roi en 1595 une dispense lui permettant de succéder dans l’office de conseiller de son père malgré la présence dans la compagnie de ce dernier devenu président et de deux de ses oncles, le président Antoine-Jean de Paulo et le conseiller Louis de Paulo, seigneur de Grandval. Le Parlement s’empressa de l’autoriser à opiner en compagnie de ses parents aux assemblées des chambres36. Lorsqu’il fut reçu au Parlement en mars 160137, Jean de Bertier pouvait ainsi compter sur une parenté influente au sein de la cour. L’alliance avec les Paulo permit tout au long de sa carrière au premier président de Bertier de compter parmi ses collègues au Parlement ses cousins germains, les conseillers Antoine-François de Paulo, Pierre-Simon de Buet et Pierre d’Olivier, ainsi que les époux de ses cousines germaines les conseillers Bernard de Lafont, Louis Lebrun et Pierre de Lombrail38. Par ailleurs, Gaspard de Fieubet, qui entama une carrière brillante à l’ombre du premier président Jean de Bertier, qui le mena de la présidence des Requêtes de 1643 à 1645 au poste de procureur général de 1645 à 1653, et qui finalement lui succéda à la tête de la compagnie, s’allia avec Marguerite de Gameville issue des Paulo39.

Les alliances nouées par la fratrie du président Philippe de Bertier grossirent tout autant une parenté qui soutint activement Jean de Bertier durant sa première présidence. Il eut ainsi un cousin germain le président aux Enquêtes Jean de Bertier, seigneur de Saint-Geniès, mais celui-ci décéda prématurément le 20 octobre 163140. Néanmoins, il eut deux fils qui rejoignirent les rangs du Parlement durant les années 1630 et 164041. Par ailleurs, une sœur de Bertier de Saint-Geniès épousa le conseiller Olivier de Tholosany, seigneur de La Sesquière, au travers duquel les ennemis du premier président reconnaissaient la marque de ses intérêts42. Surtout, le conseiller Clément II de Long, beau-père de Pierre de Fermat, était cousin germain du premier président et reconnu comme affidé à ses intérêts. Il est ainsi décrit par Charles de Schomberg, le gouverneur du Languedoc, comme l’« une de ses créatures » au sein du Parlement43.

Le président Philippe de Bertier veilla lui-même à renforcer l’influence de sa famille au sein de la compagnie par les alliances qu’il conclut pour ses enfants. Il maria ainsi deux de ses filles dans le milieu parlementaire. La première épousa en 1600 l’avocat général Pierre de Caumels et

35 A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n°48, f° 96. 36 A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n°48, f° 7. 37 A.D.H.-G., B 1910, f° 200 v°.

38 M.L. de Santi, « Michel de Paulo, seigneur de Grandval », Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de

Toulouse, 2e série, t. III, 1903, p. 105-108.

39 La mère de Marguerite de Gameville, Anne de Paulo, était une petite-nièce d’Antoine de Paulo, Grand-maître de l’ordre de Malte et frère du président Antoine-Jean de Paulo. On remarque, par ailleurs, que le père de Gaspard de Fieubet, le président Guillaume de Fieubet, était l’époux de Marguerite de Saint-Pol et que le conseiller Louis de Paulo, seigneur de Grandval, avait épousé Françoise de Saint-Pol, sans que leur parenté ne soit clairement établie. 40 A.D.H.-G., ms. 193, f° 35 v°.

41 A.D.H.-G., B 1915, f° 209 v° et B 1916, f° 165 v°.

42 B.n.F., ms. fr. 17385, f° 48. Lettre de Louis Laisné, sieur de La Marguerie à Pierre Séguier, Toulouse, le 23/5/1646. 43 A.D.H.-G., ms. 148, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 135-136 ; A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1629, f° 181, « Mémoire pour Monsieur le vicomte d’Arpajon », de la main du secrétaire de Charles de Schomberg, s.l.n.d. (1635).

leur fille fut mariée avec le conseiller Louis de Guillermin que le premier président considérait comme son neveu44. La seconde fut unie en 1604 à Jean-Gaubert de Caminade. Celui-ci était alors le procureur général du Parlement, mais il fit l’acquisition d’un office de président à mortier en 1611 qu’il résigna en 1637 en faveur de son fils Philippe, neveu du premier président45. Une troisième sœur de Jean de Bertier fut mariée avec un procureur du roi au sénéchal de Toulouse et leur fils, Guillaume d’Aliès fut capitoul en 1631, après le décès de Guillaume de Tholosany de La Sesquière, beau-père de la cousine du premier président, puis conseiller au Parlement en 164046.

Parallèlement, le président Philippe de Bertier plaça deux de ses fils au sein de la compagnie : Jean et Bertrand, son frère cadet. Deux autres fils furent promis à une carrière ecclésiastique, dont Jean-Louis, évêque de Rieux de 1620 à 1662, qui avait à ce titre le droit de siéger aux États du Languedoc. Bertrand de Bertier fut reçu comme conseiller aux Requêtes en 1609, mais il décéda dès 161847. Néanmoins, son mariage avec la cousine du conseiller Charles de Catel et tante du conseiller Guillaume de Puymisson, donna deux filles au clan Bertier qui furent toutes deux mariées à deux conseillers, Pierre-Antoine de Boisset et Hugues de Rudelle, fils du président aux Enquêtes Guillaume de Rudelle, qui intégrèrent ainsi la parentèle du premier président. Jean de Bertier pouvait ainsi vanter au chancelier Pierre Séguier en 1647 les mérites du conseiller de Boisset afin de lui attirer ses faveurs48.

Mais c’est en tant qu’ainé de la fratrie que Jean de Bertier fut véritablement l’espoir du clan. Reçu conseiller en 1601, il succéda à son père après son décès dans son office de président à mortier en 1611. Il prit alors la tête de la parentèle en même temps qu’il accrut son pouvoir au sein du parlement. Grâce à l’appui de Richelieu, il devint premier président en juin 1632, fonction qu’il exerça jusqu’à son décès à 73 ans, le 13 avril 165349. Durant ces vingt années à la tête du parlement, Jean de Bertier eut de multiples occasions de s’appuyer sur les alliés que lui avait légués son père pour mener les affaires parlementaires. Néanmoins, il conduisit lui-même une politique matrimoniale lui permettant de construire de nouvelles alliances. Son propre mariage en 1621 avec Marie Lecomte, fille d’un conseiller au Parlement alors décédé, le lia au président aux Enquêtes Paul de Frézals qui était marié à la demi-sœur de son épouse50. Mais surtout, trois de ses filles furent mariées à des magistrats toulousains. Catherine épousa en 1638 Jean-François de Gineste qui était conseiller au Parlement depuis 1635 et parent du conseiller Jean de Papus, sans

44 B.n.F., ms. fr. 17384, f° 154. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 4/7/1645. 45 A.D.H.-G., B 1911, f° 249 et B 1916, f° 44.

46 A.M.T., BB 30, ff° 140-142 ; A.D.H.-G., B 1916, f° 121. 47 A.D.H.-G., ms. 193, f° 35 v°.

48 B.n.F., ms. fr. 17387, f° 14. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 1/6/1647.

49 A.D.H.-G., B 1910, f° 200 v° ; B 1912, f° 37 v° ; B 1915, f° 168 v° ; A.D.H.-G., ms. 193, f° 35 v° ; A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n° 48, f° 2.

50 A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n° 43, pièce 64, « Contrat de mariage du président Jean de Bertier avec Marie Lecomte (20 juillet 1621) ».

doute son neveu51. En 1639, Jeanne fut mariée avec Jean de Garibal. Conseiller au parlement de Grenoble, Garibal intégrait le parlement de Toulouse la même année dans la charge de conseiller qu’exerçait jusqu’alors Antoine-François de Paulo, le cousin germain du premier président52. Enfin, en 1647, Marthe fut alliée au conseiller Henri de Cabrerolles, seigneur de Villespassans, parent du président Jean-Baptiste II de Ciron53. Grâce à l’intercession de leur beau-père, les conseillers de Gineste et de Garibal virent leurs carrières consolidées au service de l’autorité du premier président. Jean de Garibal fit l’acquisition, grâce à Jean de Bertier et à l’appui que ce dernier avait sollicité du chancelier Séguier, d’une charge de maître des Requêtes en 164454. Ces nouvelles fonctions au Conseil du roi ne l’empêchèrent pas de siéger au parlement de Toulouse et de soutenir les positions de son beau-père au commencement de la Fronde55. Si la charge de procureur général lui échappa, Jean de Bertier obtint pour Jean-François de Gineste en 1646 une charge de président aux Enquêtes au sein de la compagnie56. Il sollicita pour cela l’appui de l’intendant François du Bosquet auprès du chancelier Séguier 57. L’acquisition de cette charge lui permettait d’avoir un des siens à la tête de la turbulente seconde chambre des Enquêtes, un atout capital durant les périodes d’agitation politique.

Enfin, à la veille de la Fronde, il préparait sa succession. En 1647, jugeant qu’il était temps de « [songer] a l’establissement de [sa] petite famille », il fit l’achat d’un office de conseiller pour son fils ainé Jean-Philippe58. Pour cela, il négocia avec le procureur général Gaspard de Fieubet, dont nous avons vu la proximité avec les Paulo, l’office que possédait sa sœur, veuve du conseiller Jean d’Olive du Mesnil59. Par la suite, durant la Fronde, il sembla monnayer son allégeance aux différents camps en fonction des promesses garantissant à son fils ou à l’un des siens la succession dans sa charge de premier président60. Ainsi, même durant les troubles, il poursuivait un objectif supérieur : perpétuer la puissance du clan. Après sa mort, ses alliés acceptèrent et

51 A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n° 43, pièce 78, « Contrat de mariage de Jean-François de Gineste, conseiller au Parlement, avec Catherine de Bertier (8 avril 1638) » ; A.D.H.-G., B 1916, f° 10 et 30.

52 A.D.H.-G., B 1916, f° 83.

53 A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n° 43, pièce 16, « Contrat de mariage d’Henry d’Auzon de Cabreyrolles, seigneur de Villespassans, conseiller au Parlement, avec Marthe de Bertier (31 mai 1647) ». Le président Jean-Baptiste II de Ciron y représente les parents du conseiller de Cabrerolles.

54 B.n.F., ms. fr. 17381, f° 27. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 20/6/1644. 55 B.n.F., ms. fr. 17388, f° 66. Lettre de Jean de Garibal à Pierre Séguier, Toulouse, le 4/6/1648. 56 A.D.H.-G., B 1917, f° 59 v°.

57 Alexandra Lublinskaya (éd.), op. cit., p. 67-68. Lettre de François du Bosquet à Pierre Séguier, Toulouse, le 29/6/1644.

58 Roland Mousnier (éd.), Lettres et mémoires adressés au chancelier Séguier (1633-1649), t. II, Paris, P.U.F., 1964, p. 800. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 10/7/1647.

59 A.D.H.-G., 6 J, Fonds Bertier de Pinsaguel, liasse n°48, f° 99.

60 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1634, f° 444. Lettre de Jean de Bertier au cardinal Mazarin, Toulouse, le