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Le chancelier Séguier, « chef et protecteur des Parlements 150 »

LES PARLEMENTS MERIDIONAUX ET LES CADRES DE LA VIE POLITIQUE PROVINCIALE

PARENTELES, CLIENTELES ET GENERATION AUX PARLEMENTS

1. Le chancelier Séguier, « chef et protecteur des Parlements 150 »

Conseiller au parlement de Paris en 1612, puis maître des Requêtes en 1618, intendant de justice, police et finance en l’armée du duc d'Épernon en Guyenne en 1621, et président à mortier au parlement de Paris en 1624, Pierre Séguier appartenait à la haute magistrature parisienne151. En 1631, il s’était fait remarquer négativement dans une affaire qui opposa la compagnie parisienne à Louis XIII152. Interdit de l’exercice de sa charge et sommé de comparaître devant le roi, il eut recours à la protection du cardinal de Richelieu qui l’intégra alors dans sa clientèle. Lorsqu’il devint garde des Sceaux en 1633, puis chancelier en 1635, il abandonna la solidarité robine et fut l’un des artisans de la politique de prise en main des compagnies souveraines voulue par Louis XIII et Richelieu153. Sa correspondance, disséminée entre les

148 Le phénomène est vrai pour les autres parlements, comme l’a montré James Collins pour le parlement de Bretagne. James B. Collins, « Le système de reproduction des magistrats du Parlement de Bretagne : question sociale ou question politique ? », dans Jacques Poumarède et Jack Thomas (dir.), Les parlements de province, pouvoirs, justice et

société du XVIe au XVIIIe siècle, Toulouse, Framespa, 1996, p. 601-620.

149 Sur cette question : Yves Durand (éd.), Hommage à Roland Mousnier. Clientèles et fidélités en Europe à l’époque moderne, Paris, P.U.F., 1981 ; Sharon Kettering, Patrons, Brokers, and Clients in Seventeenth-Century France, Oxford, Oxford University Press, 1986 ; Elie Haddad, « Noble Clienteles in France in the Sixteenth and Seventeenth Centuries : A Historiographical Approach », French History, n°20/1, mars 2006, p. 75-109.

150 Alexandra Lublinskaya (éd.), op. cit., p. 246. Lettre de Jean-Augustin de Foresta, sieur de La Roquette, à Pierre Séguier, Aix-en-Provence, le 18/3/ 1643.

151 Denis Richet, « Une famille de robe : les Séguier avant le chancelier », dans De la Réforme à la Révolution. Études sur

la France moderne, Paris, Aubier, 1991, p. 261-268.

152 Sur cette affaire : Lauriane Kadlec, Quand le Parlement de Paris s’oppose à l’autorité royale. L’affaire de la chambre de justice

de l’Arsenal (14 juin 1631- mars 1632), Paris, Honoré Champion, 2007.

153 Françoise Hildesheimer, « Richelieu et Séguier ou l’invention d’une créature » dans Bernard Barbiche et Yves-Marie Bercé (dir.), Études sur l’ancienne France offerte à Michel Antoine, Paris, École des Chartes, 2003, p. 209-226.

bibliothèques nationales de France et de Russie et la Bibliothèque de l’Institut, nous renseigne sur les relations qu’il entretenait avec la magistrature provinciale154. Entre 1633 et 1649, les lettres émanant du milieu parlementaire sont au nombre de 128 provenant de Toulouse, 155 de Bordeaux et 190 d’Aix. Si seule subsiste la correspondance passive du chancelier, celle-ci permet d’identifier les principaux magistrats qui jouaient le rôle d’intermédiaires entre leur compagnie et le gouvernement, et qui appartenaient de cette manière au dispositif de pouvoir établi par Richelieu. Elle permet de saisir les réseaux qu’entretenait le chancelier afin de s’assurer de l’obéissance des parlements, ainsi que les méthodes employées pour les y maintenir155.

La carrière parlementaire de Pierre Séguier ayant été exclusivement parisienne, il ne put s’appuyer sur une clientèle constituée au sein d’un parlement de province avant son élévation à la charge de garde des Sceaux, à la manière de la relation spéciale qu’entretint plus tard le chancelier de Pontchartrain avec le parlement de Bretagne à la fin du règne de Louis XIV156. Néanmoins, son expérience comme intendant de Guyenne entre 1621 et 1624 fut à de nombreuses reprises évoquée par ses correspondants, suggérant une certaine proximité entre le sud-ouest du royaume et lui. Toutefois, ces allusions étaient le plus souvent négatives, cherchant à lui remémorer « l’humeur de cette province » ou ces « Gascons [qui], à moins que de voir le baston et le coup prest à frapper, difficilement se réduisent à la raison157 ». De même, les liens familiaux qu’il pouvait entretenir avec des membres des parlements méridionaux semblent relativement ténus ou problématiques. Pierre Séguier aimait à se chercher des ancêtres dans la noblesse immémoriale languedocienne, ce qu’il sanctionna en adjoignant les Séguier de Toulouse et de Narbonne à sa généalogie158. Lorsqu’il fut élevé à la charge de garde des Sceaux, les capitouls de Toulouse s’empressèrent de lui rappeler ses origines supposées afin de s’attirer ses bonnes grâces159. De même, le conseiller toulousain Charles de Catel eut recours au premier président Jean de Bertier afin d’informer le chancelier qu’il était « dans l’alliance de la maison des Seguier160 ». Dans un ouvrage posthume rédigé par son oncle Guillaume de Catel et qu’il avait publié en 1633, Charles

154 Sur la période de 1633 à 1649, dans les dépôts français : B.n.F., ms. fr. 17367 à 17391 et B. de l’Institut de France, Coll. Godefroy, ms. 271 à 274. Certaines lettres ont été publiées dans Roland Mousnier (éd.), Lettres et mémoires adressés

au chancelier Séguier, t. I et II, Paris, P.U.F., 1964. Certaines concernant la Guyenne ont été publiées dans les Arch. hist. Gir., t. II, III et XVIII. Les dépôts russes ont fait l’objet d’éditions : Alexandra Lublinskaya (éd.), Documents pour servir à l’Histoire de France. Lettres et me moires adressées au chancelier P. Séguier (1633-1649), t. I et II, Leningrad, 1966 et 1980 ;

Annexes de Boris Porchnev, Les soulèvements populaires en France de 1623 à 1648, Paris, S.E.V.P.E.N., 1963, p. 585-657 ; Jean Hovyn de Tranchère (éd.), Les dessous de l’Histoire. Curiosités judiciaires, administratives, politiques et littéraires, t. I et II, Paris et Bordeaux, 1886.

155 La remarquable étude menée par Yannick Nexon consacrée à Pierre Séguier ne traite malheureusement jamais des réseaux de clientèle du chancelier au sein de la haute magistrature provinciale (Yannick Nexon, Le chancelier Séguier

(1588-1672). Ministre, dévot et mécène au Grand Siècle, Ceyérieu, Champ Vallon, 2015).

156 Sara E. Chapman, Private Ambition and Political Alliances, op. cit., p. 145-175.

157 B.n.F., ms. fr. 17389, f° 244. Lettre de Jean de Lauson à Pierre Séguier, Bourg, le 7/5/1648 ; Boris Porchnev, op.

cit., p. 618. Lettre de Jacques de Charreton, sieur de La Terrière, à Pierre Séguier, Montauban, le 15/7/1643.

158 Lettre de Claude Bazin de Bezons à Pierre Séguier, Montpellier, le 3/11/1668, publiée dans René Kervilier, Le

chancelier Séguier, second protecteur de l’Académie française, Paris, Didier, 1875, p. 658. Sur les origines imaginaires du

chancelier en Languedoc : Denis Richet, « Une famille de robe… », op. cit., p. 158-164.

159 B.n.F., ms. fr. 17367, f° 76. Lettre des capitouls de Toulouse à Pierre Séguier, Toulouse, le 14/3/1633. 160 B.n.F., ms. fr. 17372, f° 114. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 10/6/1636.

de Catel avait ainsi rappelé cette généalogie, dédiant l’ouvrage au garde des Sceaux161. Le premier président de Bertier, qui était parent du conseiller Charles de Catel, devait s’honorer de cet opportun rapprochement familial. Néanmoins, malgré la force symbolique de l’homonymie, la parenté pouvait paraître bien éloignée. Plus proche était celle que Pierre Séguier partageait avec le clan de Gourgues du parlement de Bordeaux. En effet, le premier président Marc-Antoine de Gourgues avait épousé en premières noces Marie Séguier, la propre sœur du chancelier. Mais il semble qu’après la mort du premier président les relations entre les deux familles ne furent pas des plus paisibles. Ainsi, en 1629, les oncles maternels de la fille unique issue de ce mariage, Marie de Gourgues, organisèrent avec l’appui du cardinal de Bérulle et de Marie Tudert, la mère du chancelier, l’enlèvement de la jeune fille à Bordeaux qui fut faite carmélite à Paris162. Par la suite, la correspondance du chancelier ne révèle que de rares allusions à cette parenté et il est difficile alors d’être catégorique sur un favoritisme particulier de Pierre Séguier pour cette famille. Il est vrai qu’en 1633, rappelant leur alliance, Pierre de Gourgues, président au bureau des finances de Bordeaux et frère du défunt premier président, faisait appel au garde des Sceaux afin d’obtenir sa protection pour son fils, Jean II de Gourgues de Vayres, qui était pourvu d’une charge de conseiller au Parlement et rencontrait des difficultés lors de son installation163. En 1643, Pierre Séguier joua le rôle de médiateur entre les présidents Jean I de Gourgues et Jean II de Gourgues de Vayres qui semblaient alors se déchirer164. Encore après la Fronde, dans une lettre qu’il écrit à Mazarin, le comte d’Estrades en appelle à la parole du chancelier pour justifier la capacité de repentance du président de Gourgues « de qui il [était] allié165 ». Mais au-delà de ces quelques indices, il faut noter l’extrême pauvreté de la correspondance entre les principaux représentants de cette famille au sein de la compagnie et le chancelier, rendant difficile de conclure à une complicité particulière dans l’exercice du pouvoir. Si Pierre Séguier pouvait jouer le rôle de protecteur et d’arbitre pour les de Gourgues, ceux-ci ne paraissent pas avoir été particulièrement à son service dans les affaires de leur compagnie.

Si Pierre Séguier ne put compter ni sur ces quelques liens familiaux, ni sur une clientèle provinciale préexistante à sa nomination pour organiser ses relations avec la magistrature méridionale, il dut établir ses propres réseaux d’influence par les canaux ordinaires de fonctionnement des parlements. Sa correspondance s’effectuait en effet principalement avec les gens du roi : premiers présidents et membres du parquet. Ce sont ces magistrats qui partageaient avec lui l’essentiel des informations sur les affaires parlementaires et provinciales166. Les premiers

161 Guillaume de Catel, Mémoires de l’histoire du Languedoc, Toulouse, Arnaud Colomiez, 1633. 162 Philippe Tamizey de Larroque, « Denis Guillemin à Bordeaux », op. cit., p. 712.

163 B.n.F., ms. fr. 17368, f° 45. Lettre de Pierre de Gourgues à Pierre Séguier, de Bordeaux, le 23/6/1633. 164 Arch. hist. Gir., t. II, p. 221. Lettre de Jean I de Gourgues à Pierre Séguier, Bordeaux, le 1/10/1643.

165 B.n.F., ms. fr. 11633, ff° 129 v°-130. Lettre de Godefroy d’Estrades au cardinal Mazarin, s.l., le 11/12/1653. 166 À Toulouse et à Bordeaux, environ deux tiers des lettres écrites à Séguier qui nous sont parvenus ont été écrites par des magistrats occupant ces charges. À Aix, seulement un tiers de la correspondance provient des gens du roi, en

présidents constituaient les premiers interlocuteurs de Séguier. Durant son cancellariat et avant la Fronde, les premiers présidents en exercice étaient à Toulouse Jean de Bertier (de 1632 à 1653), à Bordeaux Antoine d’Aguesseau (de 1632 à 1643) et Joseph Dubernet (de 1644 à 1652), et à Aix Hélie de Laisné, sieur de La Marguerie (1632 à 1635), Joseph Dubernet (de 1636 à 1643) et enfin Jean de Mesgrigny (de 1644 à 1655)167. Les premiers présidents de Bertier, d’Aguesseau et Laisné furent établis dans leurs charges avant que Séguier ne reçut les sceaux des mains de Louis XIII. Ils ne devaient donc pas leur nomination à son entregent. Comme de nombreux magistrats, ils écrivirent tous les trois à Séguier lorsqu’ils apprirent son élévation comme chef de la justice168. Seul le premier président Laisné y soulignait être connu du nouveau garde des Sceaux. Avant d’être premier président en Provence, Laisné avait été conseiller au parlement de Paris, puis maître des Requêtes, intendant et conseiller d’État, suivant ainsi un cursus honorum très proche de celui de Séguier, leur donnant l’occasion de se côtoyer169. Par la suite, ni Joseph Dubernet, ni Jean de Mesgrigny, qui furent nommés premiers présidents durant l’administration de Pierre Séguier, ne semblent devoir leur emploi à la seule volonté du chancelier, ceux-ci ne faisant aucune allusion à une reconnaissance particulière envers lui pour ce fait. Il semblerait, même si le silence des sources ne peut servir de preuve, que le chancelier n’avait pas la main sur ce type de nomination, et nous pouvons faire l’hypothèse qu’il dut apprendre à collaborer avec des hommes qu’il n’avait pas choisis.

Jean de Bertier de Montrabe qui, il est vrai, eut la carrière la plus longue durant la période, fut le correspondant le plus actif de Séguier. À titre de comparaison, soixante-et-onze lettres de Bertier ont été conservées, alors que celles provenant de Joseph Dubernet, premier président sur une période quasiment identique à Aix et Bordeaux, ne sont qu’au nombre de trente-six. Plus de la moitié des lettres conservées émanant de la compagnie toulousaine proviennent de sa plume. Jean de Bertier semble avoir conservé tout au long de sa carrière à la tête du parlement de Toulouse un quasi-monopole sur les échanges d’informations politiques avec le chancelier. Il n’est d’ailleurs pas anecdotique de remarquer que Jean de Bertier et Pierre Séguier furent invités par le cardinal de Richelieu à intégrer son service au même moment, sans doute au jour près170. Le premier président de Bertier renseignait Séguier essentiellement sur les affaires parlementaires, rendant compte de la vie institutionnelle et de l’humeur de sa compagnie. Il est difficile de savoir

raison de nombreuses lettres envoyées par trois présidents à mortier et un président aux Requêtes durant les années 1640, alors que le premier président de la compagnie est souvent absent.

167 A.D.H.-G., B 1915, f° 168 v° ; A.D.G., 1 B 23, f° 2 et 1 B 25, f° 55 ; A.D.B.R., B 3348, f° 729, B 3350, f° 746 et B 3354, f° 440.

168 B.n.F., ms 17367, f° 38. Lettre d’Antoine d’Aguesseau à Pierre Séguier, Bordeaux, le 9/3/1633 ; id. f° 72. Lettre de Hélie de Laisné, sieur de La Marguerie à Pierre Séguier, Aix-en-Provence, le 14/3/1633 ; id., f° 90. Lettre de Jean de Bertier, sieur de Montrave, à Pierre Séguier, Toulouse, le 15/3/1633

169 B. Méjanes, ms. 950 (634), f° 76.

170 Pierre Grillon (éd.), op. cit., t. VI, p. 763. Lettre du cardinal de Richelieu à Jean de Bertier, sieur de Montrabe, Metz, le 29/12/1631 ; Françoise Hildesheimer, « Richelieu et Séguier… », op. cit., p. 215 et Lauriane Kadlec, Quand le

si Séguier considérait Jean de Bertier comme un allié particulièrement fiable. En effet, quelques indices laissent à penser que le premier président avait la fâcheuse habitude de cacher certaines informations, afin de se montrer sous un jour favorable, à sa compagnie et peut-être aussi au chancelier. Dans un mémoire rédigé en 1635, Charles de Schomberg dénonçait les « tours [du premier président] qu’il [avait] faict toutte sa vie », le désignant comme « un fourbe manifeste171 ». Durant la Fronde, le marquis des Ouches recommandait à Mazarin de faire parvenir un duplicata d’un ordre du roi aux membres du parquet, afin d’« eviter q[ue] cet ordre ne [demeura] en [la] poche [du premier président] qui sçait mieux escamoter qu’homme du Monde selon qu’il a sa disposition formée sur les choses qui luy sont commises172 ». Bertier avouait lui-même à Séguier au commencement de la Fronde être prêt à « tenir caché » un ordre du roi afin de s’assurer de la bonne disposition des esprits de sa compagnie avant de le leur soumettre173. Quoi qu’il en soit, cette capacité à louvoyer entre instructions gouvernementales et situation locale assura à Jean de Bertier une réelle longévité à la tête de son Parlement. Faute d’une confiance aveugle, Séguier dut reconnaître au moins son talent politique. Bertier devint un client du chancelier, demandant à son patron divers protections ou passe-droits qui lui permettaient en retour d’affermir son autorité dans la compagnie. L’une des demandes les plus communes concernait les nominations à la chambre de l’édit de Languedoc. Nombreuses étaient les brigues des magistrats pour être nommés dans une chambre réputée plus lucrative, au point que la compagnie dut faire un règlement pour les interdire174. Le premier président fit usage de sa proximité avec Séguier afin d’y obtenir la nomination de ses parents, parfois à l’encontre de la volonté du Parlement175. Il put par ailleurs favoriser la carrière de ses proches. Nous avons évoqué plus haut l’obtention des charges de président à mortier pour Pierre II de Potier de La Terrasse en 1635, de maître des Requêtes et de président aux Enquêtes pour ses gendres Jean de Garibal et Jean-François de Gineste en 1644 et 1646, et de conseiller pour son fils Jean-Philippe en 1647176. Autant d’occasions où il réclama et obtint l’appui du chancelier. De même, il sollicita l’aide de Séguier afin d’obtenir une oreille clémente lorsque sa famille avait affaire à la justice. En 1633, il

171 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1629, f° 181, « Mémoire pour Monsieur le vicomte d’Arpajon », de la main du secrétaire de Charles de Schomberg, duc d’Halluin, s.l.n.d. (1635).

172 A.A.E., M.D. France, Languedoc, vol. 1634, f° 459. Lettre de M. des Ouches au cardinal Mazarin, Toulouse, le 9/9/1650.

173 B.n.F., ms. fr. 17390, f° 227. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 30 /9/1648.

174 A.D.H.-G., ms. 148, « Collections et remarques du palais » par Malenfant (greffier du Parlement), ff° 48-52 ». 175 B. de l’Institut de France, Coll. Godefroy, ms. 271, f° 18. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 16/6/1643 ; id., ms. 273, f° 262. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 31/8/1644 ; id., f° 379. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 23/8/1645 ; B.n.F., ms. fr. 17384, f° 154. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 4/7/1645 ; id., ms. fr. 17387, f° 14. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 1/6/1647 ; id., ms. fr. 17388, f° 108. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 23/6/1648.

176 Roland Mousnier (éd.), op. cit., t. I, p. 279. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 8/8/1635 ; B.n.F., ms. fr. 17381, f° 27. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 20/1/1644 ; B. de l’Institut de France, Coll. Godefroy, ms. 273, f° 232. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 20/7/1644 ; Alexandra Lublinskaya (éd.), op. cit., p. 67-68. Lettre de François du Bosquet à Pierre Séguier, Toulouse, le 29/6/1644 ; Roland Mousnier (éd.), op. cit., t. II, p. 800. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 10/7/1647.

intervenait de la sorte pour son cousin germain, en 1643 pour son neveu, et la même année pour son gendre et lui-même177. Enfin, il pouvait tenter d’obtenir pour ses parents des commissions gratifiantes, comme en 1644 lorsqu’il chercha à obtenir du chancelier la commission de l’édit du huitième denier des biens acquis par l’Église en faveur de son neveu par alliance, le doyen Victor de Frézals178. Séguier apparaît ainsi comme un véritable patron pour le premier président de Bertier.

Les autres premiers présidents ne semblent pas avoir entretenu une correspondance aussi suivie avec le chancelier, sans que l’effet de source puisse être évalué. À Bordeaux, les lettres conservées du premier président Antoine d’Aguesseau à Pierre Séguier portent essentiellement sur les affaires parlementaires, et ne révèlent que très peu une relation concrète de patronage. Une des rares fois où d’Aguesseau demanda une faveur à Séguier, il s’agissait d’obtenir une grâce pour les héritiers du premier président Marc-Antoine de Gourgues179. Nous avons vu l’importance de ce clan dans la vie politique bordelaise et d’Aguesseau chercha sans doute à s’attirer leur bonne volonté. Une requête au chancelier, il est vrai rédigée par un magistrat hostile aux de Gourgues, révèle ainsi que « la ligue [était] connue à Paris comme à Bourdeaux des maisons de Lavie et de Gourgues avec la jonction de M. le pr[emier] pres[ident] Aguesseau180 ». Étranger dans sa compagnie, contrairement à Jean de Bertier, d’Aguesseau chercha à s’allier avec l’un des groupes les plus considérables et pour cela il eut recours à Séguier. Mais au-delà, leur relation semble avoir été essentiellement professionnelle et ne reposa que très peu sur un rapport de client à patron. Ce qui n’empêche pas d’Aguesseau de faire parvenir à Séguier des lettres très détaillées sur la politique locale, quand Jean de Bertier paraissait parfois allusif dans ses dépêches. Un bon exemple de cette différence apparaît dans la correspondance qui parvient à Séguier en 1635 à l’occasion des émeutes antifiscales qui touchèrent Bordeaux et Toulouse. Les deux premiers présidents purent en référer au garde des Sceaux ainsi qu’au secrétaire d’État qui avait la Guyenne et le Languedoc dans son département, Louis Phélypeaux de La Vrillière. Mais si le premier président d’Aguesseau rédigea une longue lettre très détaillée au chancelier, parallèlement à la dépêche qu’il fit parvenir à La Vrillière, le premier président de Bertier préféra faire parvenir uniquement son rapport à La Vrillière, le chargeant d’en informer le garde des Sceaux181. Même si les secrétaires d’État et le chancelier collaboraient dans les Conseils, d’Aguesseau apparaissait ici plus proche professionnellement de Séguier que le premier président Bertier. L’absence de liens

177 B.n.F., ms. fr. 17367, f° 153. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 30/3/1633 ; B.n.F., ms. fr. 17375, f° 100. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 10/2/1643 ; Alexandra Lublinskaya (éd.), op.

cit., p. 35. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 20/5/1643.

178 B.n.F., ms. fr. 17380, f° 136. Lettre de Jean de Bertier à Pierre Séguier, Toulouse, le 14/9/1644. 179 Arch. hist. Gir., t. XVIII, p. 422. Lettre d’Antoine d’Aguesseau à Pierre Séguier, Bordeaux, le 22/5/1633. 180 B.n.F., ms. fr. 18752, f° 336.