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3. Matériel et méthodes

3.2. Choix des échantillons

3.2.1. Les caractéristiques spatio-temporelles des fragments forestiers

L’échantillonnage des fragments s’est basé sur trois facteurs d’isolation principaux qui sont la Durée d’isolation, la Surface des fragments et la Distance aux massifs. Ces facteurs sont souvent utilisés dans les travaux sur la fragmentation et représentent bien l’intensité de la fragmentation.

- Le facteur Durée d’isolation compte trois classes. Nous n’avons en effet pas retenu les fragments isolés entre 1990 et 1997 ou 2000.

- Le facteur Surface des fragments est une variable continue que nous avons décidé de découper en classes. Dans notre zone d’étude des fragments de grande surface. Cependant le nombre de grands fragments, plus de 30 ha, est très faible dans la zone d’étude. Nous choisissons de découper la variable Surface des fragments en 3 classes croissantes entre 0 et 32ha.

- Le facteur Distance aux massifs est également une variable continue, s’échelonnant de 0 à 10 km environ, que nous avons découpé en 5 classes.

Le Tableau 11 suivant présente la répartition des fragments à travers les différentes classes choisies.

Tableau 11 : Présentation de la distribution des fragments de moins de 32 ha, existants en 2000 et isolés avant 1990 en fonction des classes de Surface, des classes de Distance aux massifs et de la date à partir de laquelle l’isolation est connue.

Surface des fragments

Nous constatons que plus de 90% des fragments forestiers isolés avant 1990 ont une surface de moins de 4 ha. Les fragments les plus récemment isolés sont également les plus nombreux avec 63%

du total contre seulement 14% pour les fragments, anciens, isolés avant 1974. Ainsi, un tiers des fragments restants en 2000 ont été séparé des forêts continues récemment, sont distants de moins de 2 km des forêts protégées et présentent une surface inférieure à 2 ha.

Toutes ces données concordent bien avec les modalités de recul de la forêt continue dans la zone d’étude. Les premiers fragments isolés étaient en effet en bordure de l’axe routier principal reliant Guiglo à Taï et qui est quasiment à mi chemin entre le PNT et les Forêts Classées. Au cours du temps les populations rurales se sont approchées des forêts continues pour ouvrir de nouvelles zones agricoles tout en morcellent d’avantage les fragments déjà isolés. Ainsi en 2000 les fragments éloignés des massifs forestiers sont rares du fait d’une pression ancienne et plus intense à proximité des principaux villages bordants l’axe routier.

Lors des missions de validation de la classification des données satellitales et durant les missions de repérage des fragments forestiers pouvant faire l’objet des inventaires botaniques nous avons visité et décrit plus de 400 fragments forestiers. Nous avons ainsi pu constater avec Bakayoko Adama qu’une grande partie des fragments de surface importante et isolés depuis longtemps sont soit des forêts galeries, soit des forêts sur haut de colline présentant des blocs erratiques soit des forêts de versant très inclinés. Les forêts de plus de 8 ha qui demeurent dans le paysage sont la plupart du temps difficiles à mettre en culture ce qui explique leur maintien dans le paysage. Ces formations forestières n’ont pas été retenues pour les inventaires botaniques afin de ne pas ajouter de variabilité topographique et édaphique pour l’analyse des données.

3.2.2. La définition du protocole d’échantillonnage

Sur la base des trois facteurs d’isolation principaux nous avons choisi d’utiliser une méthode d’Anova à deux facteurs pour analyser nos données sur la régénération des espèces arborées.

L’Anova, présentée plus en détail dans la partie 3.5.4 de ce chapitre, permet en effet de tester simultanément l’influence de deux facteurs sur une variable dépendante et de mesurer l’interaction des deux facteurs testés.

Face au manque de fragments pour un grand nombre de combinaisons des facteurs d’isolation, par exemple surface de plus de 8 ha et isolés avant 1984. Nous avons décidé d’inventorier les fragments forestiers dans des combinaisons des facteurs d’isolation nous permettant de répondre aux exigences des Anovas à deux facteurs.

Nous avons décidé de tester deux modalités de la Distance aux massifs à savoir la classe de 1 à 2 km et la classe de 4 à 6 km. Pour la Durée d’isolation nous allons tester les trois classes existantes, c'est-à-dire les fragments isolés depuis 1974, depuis 1984 et depuis 1990. Pour le facteur Surface des fragments nous avons choisis de tester les trois classes retenues qui sont moins de 2 ha, 2 à 8 ha et plus de 8 ha. Le choix du niveau de facteur bloqué pour les analyses a été fait afin de maximiser nos chances de trouver des fragments répondants à ces critères dans la zone d’étude.

Pour tester l’influence simultanée de la Distance aux massifs et de la Surface des fragments nous bloquons le troisième facteur, la Durée d’isolation, en ne considérant que des fragments isolés depuis 1990. Cela correspond à deux lignes, représentées en grisé, du Tableau 11 précédents soit 6 combinaisons :

Pour tester la Distance aux massifs et la Durée d’isolation nous bloquons le facteur Surface des fragments à la classe de moins de 2 ha. Cela correspond à deux parties de la colonne des fragments de moins de 2 ha, représentées en grisé, du Tableau 11 précédents soit 6 combinaisons :

Surface des fragments

Pour tester la dernière combinaison possible, la Durée d’isolation et la Surface des fragments, nous bloquons le facteur Distance aux massifs en ne travaillant que sur des fragments situés de 4 à 6 km des massifs témoins. Cela correspond à 9 combinaisons, représentées en grisé, du Tableau 11 :

Il apparaît que la combinaison, plus de 8 ha isolé avant 1974, ne présente pas de fragments dans la zone d’étude. Notre plan d’échantillonnage idéal est donc déjà légèrement déséquilibré

Pour chacune des combinaisons de facteurs choisis nous avions décidé à priori d’inventorier au moins 4 fragments répondant aux critères fixés afin de donner un poids suffisant aux analyses statistiques. Soit 24 fragments pour tester la Durée d’isolation et la Distance aux massifs, 24 fragments également pour tester la Distance aux massifs et la Surface des fragments dont 8 sont en commun avec l’analyse précédente. Et enfin, 32 fragments pour l’analyse croisée de la Surface des fragments et de la Durée d’isolation dont 20 sont en commun avec les deux analyses précédentes.