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Changer le quotidien : le poids des associations comptables

TRAVAIL CHEZ LES COMPTABLES

Chapitre 7 : De nouveaux lieux de savoir

1. Une offre de comptables renouvelée

1.2. Changer le quotidien : le poids des associations comptables

A côté de l’enseignement comptable, des associations comptables se développent dont il faut ici éclairer le rôle pour en bien comprendre les effets.

Depuis le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier de 1791, les possibilités d’association sont fortement limitées. Celles-ci sont encore perçues comme des entraves à la concurrence en ce début du XIXe siècle. Les seules associations qui existent jusqu’à 1884 relèvent de deux logiques différentes : celles du compagnonnage (Barberet [1886], p.5) ou celles des sociétés de secours mutuel. Pour les premières, il s’agit alors de regrouper les personnes exerçant une même profession, mais hors de toute activité syndicale ou pouvant s’y apparenter. Pour les

221 « Les catégories socioprofessionnelles qui doivent recourir à l’écrit – et signent donc en totalité, ou presque – sont ici [NDLA : à la ville] qu’à la campagne : membres des professions libérales et « bourgeois », marchands et négociants, membres de l’administration et nobles » (p.242).

222 Fabre et Lacroix [1974] nous indique que « vers 1900, les moyennes d’alphabétisation tournent autour de 95% » (p.384).

223 Sur ces questions, cf. Lambert-Dansette [2000], p.58-95. L’auteur précise dans ces pages l’influence du savoir comptable et gestionnaire aussi bien dans les écoles primaires que dans l’enseignement supérieur. Notons au passage le titre qu’il donne à cette partie : « Un art qui se cherche ». Autrement dit, un art dont les règles ne sont pas encore établies mais qui apparaît déjà indispensable.

secondes, il existe depuis 1834 une autorisation après accord du ministère de l’intérieur224. Il n’empêche que ces sociétés seront largement surveillées jusqu’aux années 1880 : on craignait que celles-ci ne favorisent les grèves ou les activités syndicales (Soubiran-Paillet [1999], p.111-112).

On retrouvera donc jusqu’en 1939 cette césure assez nette : d’un côté, des associations comptables dont les préoccupations se centrent clairement sur la défense de la profession et de l’autre, des syndicats qui défendent des revendications qui nous semblent aujourd’hui plus classiques (salaires, emplois, condition de travail). Les premières se focalisent normalement et de manière quasi-systématique aux seuls comptables quand les seconds considèrent ceux-ci comme faisant partie d’un groupe plus large, celui des employés.

Entre ces deux extrémités, on retrouve d’autres types d’associations comptables : celles regroupant des employés dont la finalité est d’être une simple mutuelle sociale225. Il faut également mentionner les associations entre employés d’une même entreprise226. Enfin, les associations d’experts-comptables libéraux ont existé dès 1912 et se sont multipliées dans les années 1920 (pour une liste, voir Pinceloup [1993], p.103-104).

Les associations que nous évoquons sont évidemment celles à caractère professionnel.

Au sein de celles-ci, il faut en distinguer une toute particulière, la Société Académique de Comptabilité, créée en 1881 et qui devient la Société de Comptabilité de France en 1916.

Alors que les autres associations s’ancrent dans la proximité, cette dernière prétend avoir une audience nationale, tout en gardant un contact avec les réalités locales au moyen de ses sections et de ses correspondants. C’est donc dans ce sens que nous parlerons d’associations professionnelles comptables locales.

Il faut aussi distinguer les associations d’experts-comptables libéraux de celles des comptables salariés. Les premières ont été largement étudiées tant en France (Bocqueraz [2001], Ramirez [2001]) qu’à l’étranger (Bailey [1992] pour la Russie, Walker [1995] pour

224 Ces sociétés sont légalisées en 1834 sous réserve de l’accord du ministre de l’intérieur. Une nouvelle loi de 1848 supprime cet accord. Mais, deux ans plus tard, une loi rétablit la situation de 1834 (Soubiran-Paillet [1999], p.70).

225 On peut citer les exemples de La voix de l’employé privé (Cote BNF JO-77195) qui existe à partir de 1929 (le bulletin n’apparaît qu’en 1933) en Moselle, L’employé d’Alsace et de Lorraine (Cote BNF JO-67926) à partir des années 1920, l’association des employés de commerce et d’industrie du pays de Montbéliard (Cote BNF 4-V PIECE-9929) née en 1885 ou encore l’association amicale des employés de commerce et d’industrie de Bayonne (Cote BNF 4-R-1602) entre 1899 et 1909. Ces associations ne nous intéressent pas directement, mais elles semblent assez nombreuses et ont pu concurrencer les associations professionnelles comptables

226 Nous avons ainsi le Bulletin de l’association amicale des employés du Crédit Foncier (Cote BNF JO-60379) qui existe à partir de 1911. De même, on retrouve l’association amicale de secours des employés du Comptoir National d’Escompte de Paris (Cote BNF 8-WZ-5909) entre 1926 et 1936. Néanmoins, il est probable que d’autres associations non syndicales d’employés existent dans les grands magasins et les banques.

l’Ecosse, Wallerstedt [2001] pour la Suède, de Beelde [2002] pour la Belgique, Walker [2004] pour l’Angleterre, Zelinschi [2008] pour la Roumanie pour n’en citer que quelques uns). Les secondes n’ont pas fait l’objet de travaux spécifiques, n’étant évoquées que comme concurrentes des premières227. Ce sont les associations de comptables salariés auxquelles nous nous intéressons, sachant que, mis à part le cas de Tours, celles-ci distinguent clairement les experts-comptables des comptables salariés.

Afin de mesurer l’influence de l’ensemble de ces associations, deux phases sont nécessaires : d’abord en évaluer le nombre et l’époque de leur apparition, puis exposer comment elles ont contribué à renouveler l’offre de comptables à partir de 1850.

1.2.1. Géographie des associations professionnelles comptables locales Le premier constat que l’on peut former est le nombre considérable d’associations comptables dont on retrouve les traces. Pour identifier celles-ci, nous avons recherché les bulletins de ces associations et avons consulté la rubrique La vie des associations de trois revues comptables de l’Entre-deux-guerres (Experta, France-comptable, La comptabilité et les affaires), les ouvrages de Barberet [1887] et Pinceloup [1993] ainsi que les comptes-rendus des Congrès comptables. Néanmoins, il est vraisemblable que de nombreuses associations aient existé sur le territoire sans laisser de traces dans ces différentes sources228. Cela est plus particulièrement vrai pour la période précédant 1914 où, mis à part les bulletins des associations229 et les ouvrages de Barberet [1887] et Pinceloup [1993], nous ne disposons pas de sources facilement accessibles nous permettant d’en connaître le nombre et l’importance. Le recensement que nous proposons ne prétend donc pas à l’exhaustivité ; il faudrait pour cela vérifier l’intégralité des Journaux officiels pour y chercher les naissances d’associations comptables en admettant qu’elles soient toutes déclarées. Le détail de nos résultats est reproduit en annexe 3 (tableaux 4 à 8). Nous nous contenterons ici de proposer deux cartes pour illustrer cette implantation.

La première montre les associations en différenciant celles existant avant 1914 de celles apparaissant après. L’impression initiale qui se dégage est évidemment l’importance du

227 Voir par exemple l’utilisation de la revue Le chef de comptabilité dans l’article de Ramirez [2001].

228 Ceci peut expliquer pourquoi nous n’avons pas trouvé d’associations dans certains départements très peuplés : ainsi en est-il de l’Hérault (Montpellier) ou de l’Ille-et-Vilaine (Rennes).

229 Le moment où apparaissent ces associations ne correspond pas au moment où les bulletins sont publiés.

L’association des comptables de Dijon est ainsi fondée en 1869, celle de Troyes en 1889, ce qui laisse penser que beaucoup existent dès la fin du XIXe siècle sur tout le territoire. Barberet [1887] indique que la plus ancienne association de comptables, une société de secours mutuel remonte à 1847 à Paris. Elle comprend 3141 membres en 1887 (p.431). On peut en inférer que ces associations ont été créées sur tout le territoire entre les années 1860 et 1900.

phénomène : que l’on retrouve des associations comptables dans les grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, Lille etc.) n’est guère surprenant en soi. A l’inverse, ce qui est plus étonnant, c’est que de nombreuses villes de taille moyenne disposent de telles associations, certaines existant dès avant 1914 (Maubeuge, Troyes, Fécamp etc.), ceci laissant supposer de l’importance du phénomène.

Associations créées avant 1914 Associations existant après 1914

Carte 1 – Implantation des associations professionnelles comptables locales en France (1849-1939)

Trois associations ou plus dans le département Deux associations dans le département

Une association dans le département

Carte 2 – Nombre d’associations professionnelles comptables locales par département (1849-1939) Si l’on rapporte ces résultats à l’ensemble du territoire, on peut dresser deux grands constats :

On retrouve tout d’abord la fameuse ligne Saint-Malo-Genève230 séparant la France en deux : au nord, on retrouverait au XIXe siècle les zones à la fois industrialisées et alphabétisées alors qu’au sud, il n’en va pas de même. Il y a évidemment quelques exceptions, mais elles correspondent souvent aux grandes villes du sud (Lyon, Marseille, Toulouse). Dans l’Entre-deux-guerres, le phénomène paraît se généraliser à l’ensemble du pays même si l’implantation reste plus forte dans le nord que dans le sud. Plus précisément, la partie centrale du pays semble à l’écart de ce phénomène : de la Beauce au Bourbonnais ou des Landes à l’Ardèche, autant de départements essentiellement ruraux dépourvus d’associations.

La deuxième carte s’intéresse au nombre d’associations : quoi de commun en effet entre le département de la Seine où l’on en dénombre pas moins de quinze et ceux de la Mayenne, l’Ariège ou le territoire de Belfort qui n’en comptent qu’une seule.

Comme précédemment, leur nombre paraît fortement corrélé à la taille des villes : Paris, Lille, Lyon, Marseille, autant de villes disposant d’au moins trois associations. A l’inverse, les départements qui ne disposent que d’une association sont situés dans des villes de taille plutôt réduite. Il existe évidemment des exceptions (le département des Ardennes par exemple) que notre mode de recueil des données explique probablement. L’essentiel est ailleurs et tient dans le constat suivant : les associations comptables ont une implantation forte en France jusqu’en 1939.

1.2.2. La multiplicité des associations comptables

Pourquoi mettre en avant le rôle de ces associations231 ? Cela tient à une double raison qui nous a semblé se dégager à la fin du XIXe siècle : beaucoup d’employeurs voudraient avoir des comptes bien tenus, mais à condition de trouver quelqu’un de compétent d’une part

230 La ligne Saint-Malo-Genève a été utilisée par de nombreux analystes et historiens pour décrire l’opposition de deux France : d’un côté, au nord, une France alphabétisée et industrialisée et de l’autre, au sud, une France essentiellement rurale où l’alphabétisation sera plus lente (Chartier [1997]).

231On pourrait légitimement se demander en quoi ces associations diffèrent des corporations du XVIIIe siècle ? Il y a évidemment quelques points communs, comme la volonté de servir d’intermédiaire ou celle de regrouper les membres d’une profession. Mais la ressemblance s’arrête là. Tout d’abord, les associations du XIXe siècle tiennent leur légitimité de leur utilité quotidienne, là où les corporations bénéficiaient du privilège royal. Mais surtout, les associations comptables n’ont pas ce côté malthusien des corporations : si les règlements sont conçus pour permettre un filtrage des comptables, il s’agit plutôt d’éliminer les membres incompétents et malhonnêtes qui pourraient effrayer les employeurs. Enfin, les préoccupations professionnelles distinguent sensiblement les associations des corporations : les premières cherchent explicitement à peser sur les pratiques pour en promouvoir certaines, quand les secondes se contentaient de laisser la liberté à leurs membres.

et qui inspire confiance pour le faire d’autre part232. Or, ils ne trouvent justement pas ce quelqu’un qui mérite leur confiance233. Les associations essaient de répondre à ces deux aspirations que l’on peut articuler autour de la confiance et de la compétence. Certaines associations vont se constituer localement pour répondre à ces questions pour assurer le placement de leurs membres. D’autres, au contraire, vont chercher à résoudre le problème en essayant de standardiser les qualifications créant ainsi des examens dans ce but.

Une association semble toutefois mériter une attention particulière en raison de son importance : la Société Académique de Comptabilité qui deviendra en 1916 la Société de Comptabilité de France. C’est en effet la seule qui organise des examens de teneur de livres, puis de comptable et enfin d’expert-comptable. Les autres associations comptables demeurent avant tout locales et comportent de nombreuses autres fonctions que nous détaillerons.

1.2.2.1. La Société Académique de Comptabilité

Pour évoquer cette société, nous nous fondons, sauf indications contraires, sur le numéro du centenaire paru en 1981. La Société Académique de Comptabilité est créée à Paris en novembre 1881. Elle se donne deux objectifs :

« 1°) la propagation de l’enseignement commercial, la diffusion et le perfectionnement de la science comptable appliquée à l’administration des entreprises agricoles, industrielles, commerciales et financières.

2°) L’étude et la défense des intérêts comptables » (p.14).

232 Voici le rapport d’un syndic de faillite à Loches en 1870 (sieur T.) qui confirme nos propos : « Le sieur T. n’a pas de livre-journal, il n’a qu’un grand-livre sur lequel il inscrivait les ventes de bois et charbon qu’il faisait au compte de chaque acquéreur et les paiements qu’il en recevait. Ce livre ne paraît même pas complet. T. inscrivait au crayon sur des carnets ses opérations et il est à peu près impossible de s’y reconnaître […]. S’expliquant devant nous sur cette absence de livres réguliers, T. m’a dit qu’il lui était impossible de tenir un livre-journal, presque toujours absent de chez lui pour surveiller au loin et dans diverses localités ses exploitations et ses livraisons et pour faire les ventes de menus bois d’écorces et n’ayant chez lui personne pour l’aider dans ses écritures [NDLA : sa femme est morte] ». 3U2 436. Archives Départementales d’Indre-et-Loire.

233 Voici par exemple ce qu’écrit un anonyme en 1879 dans la revue Le comptable : « Pour avoir des livres régulièrement tenus, il faut ou les tenir soi-même, ce qui est peu agréable, ou les tenir par un tiers, ce qui est fort désagréable. […]

Quant à tenir ses livres soi-même, il n’y faut pas penser, cela est impossible ; on a bien autre chose à faire, ce serait perdre là un temps précieux à un labeur qu’on juge improductif, time is money, etc., etc.

A la vérité, disons-le, on ne connaît pas un traître mot de la chose, et l’on ne veut pas s’en casser la tête. Au diable donc la partie simple, mixte, double ou trouble ; il y a des gens pour tenir cela ! On se résout donc à prendre un comptable.

Hélas ! La chose est dure. Quoi ! Un comptable ! C’est-à-dire ce curieux, ce gêneur, ce confident malgré soi ; ce besogneux qui fait l’homme d’ordre, qui se montre pointilleux et méticuleux en tout ; qui classe tout, méthodise tout dans la maison, qui entend tout y contrôler, « pour votre plus grand bien » ! qui voit tout, qui sait tout, qui, dit-il, doit tout savoir dans votre intérêt ; qui connaît votre position bien mieux que vous-même, qui chiffre votre fortune à un franc près et qui peut-être vous trahira, répètera à un concurrent, voire à votre pire ennemi, ce qu’il sait de fâcheux sur vos affaires ; qui enfin, s’il ne vous trahit pas, et fait son devoir avec conscience et intelligence, peut se proclamer votre meilleur auxiliaire et croire qu’il mérite quatre fois les appointements que vous lui donnez » (p.24-25).

Pour atteindre ces objectifs, la Société se choisit six moyens d’action :

« a) Elle crée des cours professionnels publics et gratuits à Paris dans les départements, colonies et pays de protectorat français.

b) Elle institue des examens et des concours, décerne des récompenses et des diplômes.

c) Elle organise des réunions d’étude et des conférences.

d) Elle fait paraître des bulletins et des ouvrages techniques.

e) Elle réunit et met à la disposition de ses membres tous documents et publications intéressant la profession.

f) Elle intervient auprès des pouvoirs compétents en vue d’obtenir les mesures législatives et autres se rattachant à son but » (p.16).

On voit bien que la Société Académique de Comptabilité se fixe des objectifs conséquents en matière de savoir comptable. Mais sa grande originalité est évidemment la création de diplômes: celui de comptable est créé en 1881, celui de teneur de livres en 1900 et celui d’expert-comptable en 1905 (p.23-24). La hiérarchie est claire : le diplôme de teneur de livres, puis celui de comptable et enfin celui d’expert-comptable.

Il faudrait pourtant se garder de penser que la Société Académique de Comptabilité a une influence sur l’ensemble du pays. En 1906, l’annuaire de la société académique ne fait mention que de trois sections en plus de Paris : Marseille, Tunis et Valenciennes. Cependant, le territoire semble à cette date truffé de délégués234. Pour essayer de mieux appréhender son influence, nous avons pris le parti d’étudier la section de Valenciennes, par l’examen de son bulletin.

Le premier point qui apparaît est le décalage existant entre la date de création des diplômes et l’organisation des sessions d’examen à Valenciennes : dans cette ville, il faut attendre 1887 pour qu’une session d’examen de comptable soit organisée et 1902 pour l’examen de teneur de livres235. A partir de 1902 aussi, la périodicité des examens devient annuelle pour les teneurs de livres et les comptables. A compter de cette date également, on observe une augmentation significative du nombre de candidats reçus :

234 Voici la liste des villes où au moins un délégué est présent : Agen, Angers, Angoulême, Auxerre, Bar-le-Duc, Bordeaux, Brest, Cette, Cognac, Dijon, Douai, Epinal, Ermont, Giromagny (Belfort), Grenoble, Le Havre, Jujurieux (Ain), Lille, Limoges, Lyon (2), Le Mans, Montpellier, Nancy, Nantes, Nevers, Nîmes, Nice, Orléans, Poitiers, Le Puy, Reims, Rennes, Rouen, Saïgon, Saint-Cloud, Saint-Denis, Saint-Etienne, Toulouse, Valence, Valognes, Vienne, Villeneuve-sur-Lot.

235 Nous ne pouvons pas donner de date pour l’examen d’expert-comptable puisque l’examen prenait la forme d’une cooptation.

1887-1892 1893-1897 1898-1902 1903-1907 1908-1912 Tableau 5 – Nombre de teneurs de livres et de comptables ayant obtenu leur diplôme dans la section de

Valenciennes de la Société Académique de Comptabilité (1887-1912)

Ce tableau fait ressortir plusieurs constats : les diplômes créés dès les années 1880 suscitent un intérêt qui s’épuise vite : en 1887 et 1888, ce sont neuf comptables qui obtiennent leurs diplômes mais ensuite, le nombre reste faible jusqu’en 1902, date de la création du diplôme de teneur de livres. Ce dernier modifie sensiblement le nombre de candidats : il crée un appel d’air car d’accès plus facile : les premières années, ce sont une dizaine de diplômés puis une quinzaine en moyenne par an. Parallèlement, le nombre de comptables diplômés augmente considérablement : de moins de un par an, il passe à plus de six autour de 1910. Ce changement s’explique par le fait que plusieurs teneurs de livres tentent après leur premier diplôme d’obtenir celui de comptable. Notons aussi au passage la féminisation du métier qui commence timidement dès avant 1914.

Un nouvel argument vient motiver les teneurs de livres et comptables à passer le diplôme et, ensuite, à demeurer membre de la Société. Cette dernière assure en effet le placement de ses membres. Comme le rappelle le bulletin, ce service ne semble pas dépourvu d’efficacité : ainsi, du 1er août 1911 au 31 juillet 1912, la Société a placé 56 de ses membres pour 85 demandes.

Reste une question : pourquoi les entrepreneurs s’adressent-ils à la Société Académique pour pourvoir leurs emplois ? La réponse, nous semble-t-il se situe dans la liste des membres honoraires de la Société :

« Membres honoraires en 1906 : le président du tribunal de première instance ; le président du tribunal de commerce ; le colonel et le lieutenant-colonel du 127ème ; le proviseur du lycée ; les juges du tribunal de commerce ; les membres de la chambre de commerce ; le receveur des finances ; le directeur des douanes ; le président de l’union du commerce ; le directeur, les censeurs et administrateurs de la banque de France ; le directeur de la succursale du Crédit Lyonnais ; le directeur de la succursale de la Société Générale ; le directeur de la succursale du Comptoir national d’escompte ; le directeur de la succursale du Crédit du Nord ; le directeur de la banque Piérard et Mabille ; le directeur de la banque Dupont ; le directeur de la succursale de la banque Verley et Cie ; le directeur de la banque et agence Saclier ; le directeur de l’agence Defossez et Manesse ; les membres du conseil d’enseignement ; les membres du conseil d’examens ; Bouvier Gustave, conseiller général, maire de Rombies ; Castiaux Abel,

« Membres honoraires en 1906 : le président du tribunal de première instance ; le président du tribunal de commerce ; le colonel et le lieutenant-colonel du 127ème ; le proviseur du lycée ; les juges du tribunal de commerce ; les membres de la chambre de commerce ; le receveur des finances ; le directeur des douanes ; le président de l’union du commerce ; le directeur, les censeurs et administrateurs de la banque de France ; le directeur de la succursale du Crédit Lyonnais ; le directeur de la succursale de la Société Générale ; le directeur de la succursale du Comptoir national d’escompte ; le directeur de la succursale du Crédit du Nord ; le directeur de la banque Piérard et Mabille ; le directeur de la banque Dupont ; le directeur de la succursale de la banque Verley et Cie ; le directeur de la banque et agence Saclier ; le directeur de l’agence Defossez et Manesse ; les membres du conseil d’enseignement ; les membres du conseil d’examens ; Bouvier Gustave, conseiller général, maire de Rombies ; Castiaux Abel,