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Les cellules souches embryonnaires

Quatre essais cliniques sont sur le point d'être autorisés aux États-Unis par la Food and Drug Administration (FDA), tous menés par des sociétés pharmaceutiques en collaboration avec des équipes académiques. Un essai clinique est en cours d’examen en France.

Trois de ces cinq essais peuvent être commentés à la lumière des informations recueillies au cours des auditions.

57 Audition publique du 27 janvier 2010

PHÉNOTYPE DES CELLULES

THÉRAPEUTIQUES MALADIE COMPAGNIE/

LABORATOIRE PAYS

Précurseurs d'oligodendrocytes Traumatisme de la moelle

épinière Géron Corporation États-Unis

Précurseurs des cellules beta du pancréas (insuline)

Diabète (cellules encapsulées)

Novocell États-Unis

Précurseurs de l'épithélium pigmentaire de la rétine

Dégénérescence maculaire liée à l'âge

États-Unis et

Royaume-Uni Précurseurs de cardiomyocytes Insuffisance cardiaque

ischémique

Inserm/APHP France

Précurseurs de l'épithélium pigmentaire de la rétine

Stargardt's macular dystrophy (SMD)

Advanced Cell Technology

États-Unis phase l-ll Muticentrique (FDA approved) Source : rapport de l’Agence de la biomédecine

au Parlement et au Gouvernement avril 2010

Le premier essai clinique utilise des cellules embryonnaires humaines pré-différenciées en oligodendrocytes pour réparer des lésions traumatiques de la moelle. Il est mis en oeuvre par la société Geron, qui avait obtenu l’accord de la FDA. D’après les responsables de la FDA, rencontrés au cours de notre mission aux États-Unis58, il a été suspendu à la demande de la société elle-même, qui souhaite mener un certain nombre d’essais précliniques complémentaires.

L’injection de cellules aurait provoqué, chez l’animal, des kystes, et non des tératomes. Mais les responsables de la FDA se sont montrés très discrets à ce sujet.

Cette discrétion serait liée à des raisons de propriété intellectuelle, ce qu’a confirmé M. Philippe Menasché59 : « La société Geron a été formidablement discrète sur les procédures utilisées, non pas tant pour transformer les cellules indifférenciées en oligodendrocytes, que pour ensuite les trier. On sait néanmoins que leur procédé de purification n’est peut-être pas optimal. S’agit-il d’un effet d’annonce ? Je ne le sais pas, mais ce ne serait pas impossible de la part de cette société, qui, dans le passé, nous y a habitués. Depuis le début, l’on s’étonne du choix de la lignée effectué par cette équipe, car il s’agit d’une lignée très ancienne, la lignée H1, connue pour ne pas être stable sur le plan génétique. Je n’ai pas l’explication du choix de cette lignée, mais il est très curieux ». Il observe qu’« on peut être inquiet à propos de cet essai parce qu’on n’a pas la certitude que toutes les garanties précliniques aient été prises. Leur étude est

58 Mission aux États-Unis (voir annexe)

59 Audition publique du 27 janvier 2010

notamment menée sur le rat et la souris, et non sur un gros animal, ce qui serait impossible en France ». Cet essai devrait reprendre au cours de l’été 2010 ou, en tout cas, avant la fin de l’année 2010.

Le second essai concerne la dégénérescence maculaire de l’adulte. Il utilisera des cellules souches embryonnaires humaines pré-orientées pour devenir des progéniteurs rétiniens. À cet égard, une équipe de chercheurs de l'Université de Californie à Irvine (UCI) a réussi à recréer une rétine à partir de cellules souches embryonnaires. L'assemblage tridimensionnel obtenu par les chercheurs de UCI constitue une version précoce de la rétine. Ce résultat constitue une première dans le domaine de la recherche sur les cellules souches. L'assemblage a alors été testé par des méthodes d'immuno-histochimie afin de vérifier les niveaux d'expression de certains facteurs de transcription et marqueurs cellulaires spécifiques aux différents types de cellules constituant la rétine.

La présence de facteurs de transcription spécifiques du développement rétinien a confirmé la composition de l'assemblage. Les chercheurs de UCI viennent d’initier la phase d'essais sur modèle animal afin de tester les effets thérapeutiques d'une greffe de rétine utilisant leur assemblage tridimensionnel comme greffon. Le succès de cette étape pourrait mener à la conduite d'essais cliniques. Les chercheurs espèrent à terme pouvoir développer une technique de culture de rétine à base de cellules souches afin de traiter un grand nombre de troubles de la vision issus d'un endommagement ou d'une dégénérescence de la rétine. Aujourd'hui plus de 10 millions de personnes souffrent de dégénérescence maculaire, première cause de cécité chez les plus de 55 ans.

Le troisième essai vise l’insuffisance cardiaque. Il est en cours de préparation par l’équipe de M. Philippe Menasché. L’objectif global est de mieux comprendre les aspects fondamentaux de la différenciation cardiaque des cellules souches pluripotentes, puis d’utiliser les données obtenues pour mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques applicables en clinique humaine. Le projet se décompose en deux parties principales. La partie fondamentale, sous la direction de M. Michel Pucéat, a pour objectif l’étude des mécanismes génétiques, épigénétiques et biomécaniques qui interviennent dans la différenciation cardiogénique des cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) ou des cellules somatiques reprogrammées. Cette étude vise à une meilleure compréhension de ces pathologies, et à l’identification de nouvelles cibles cellulaires accessibles à la pharmacologie traditionnelle. À terme, elle a pour objectif de proposer de nouvelles cibles thérapeutiques.

La partie translationnelle préclinique du projet se propose de développer des techniques permettant de transférer dans des conditions optimales les cellules candidates issues de ces travaux fondamentaux, et d’en limiter le rejet quand elles sont allogéniques. Le projet vise à tester différentes approches qui incluent notamment des matrices cellularisées et l’encapsulation des cellules. Dans le domaine de l'artériopathie critique des membres inférieurs, le projet est ciblé sur

l'utilisation de cellules allogéniques encapsulées, avec pour objectif l'exploitation des effets paracrines des cellules.