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Quelques cas pratiques de confrontation à la question de l’interface

Écrire le récit dessiné interactif

1. Écrire l’interface

1.1. Quelques cas pratiques de confrontation à la question de l’interface

Écrire l’interface m’a toujours semblé une évidence. C’est cette impérieuse nécessité que j’ai essayé de transmettre à travers la performance Cache-cache à Angoulême. Son aspect pédagogique réside dans la démonstration que je fais de la manière dont on peut « faire parler » le pointeur de la souris. En tant qu’élément d’interface imposé par le système d’exploitation, ce curseur n’a qu’une fonction utilitaire. En terme visuel, il est au-dessus des contenus, ou au premier plan de l’écran. Il circule par-dessus, devant les images, dans lesquelles il permet de cliquer, sans que sa présence même ne soit intégrée au récit : il est un outil permettant de naviguer, d’activer des passages du récit, de manipuler l’image, mais sans être lui-même considéré, disons-le, comme un protagoniste de l’histoire.

Il se contente de prolonger à l’écran, et à l’intérieur l’image, la main ou le doigt du spectateur. Dire qu’il prolonge ainsi le corps du spectateur à l’intérieur de l’image recouvre des enjeux très forts, mais n’induit pas nécessairement une prise de conscience des artistes, une pleine prise en compte de cette situation parfaitement inédite. Il est pure convention.

Je ne dissocie pas le récit de son système de réception et d’accès : l’un est dépendant de l’autre. Le plus souvent, je conçois des interfaces dédiées à mes récits, quand bien même ceux-ci sont par ailleurs enchâssés dans une interface « extérieure » – interface logicielle du navigateur ou de l’application de lecture – et quand bien même les interfaces dédiées que je crée peuvent reprendre des fonctionnalités

et des graphismes tout à fait conventionnels. C’est en partie le cas pour Romuald et le tortionnaire.

D’ailleurs, je n’ai pas toujours le choix : La justice est bovine, récit sous la forme d’un Turbomédia hébergé sur le site Grandpapier.org, est soumis à l’interface de navigation du site, à savoir que l’on avance ou recule de diapositive en diapositive à l’aide de deux boutons imposés – dans leur design et positionnement – ou avec les flèches droite et gauche du clavier.

Cache-cache, La justice est bovine et Romuald et le tortionnaire présentent donc trois situations différentes auxquelles j’ai été confronté ou bien que j’ai moi-même motivées. La justice... m’a interdit toute écriture d’interface et contraint à « faire avec » l’interface imposée par le site d’accueil, Cache-cache m’a permis de m’emparer d’une interface conventionnelle, et enfin Romuald m’a permis de créer ma propre interface, même si celle-ci repose largement sur des conventions.

1.1.1. Écrire dans l’interface : La justice est bovine

Rappelons que j’ai envisagé la création de La justice est bovine comme un défi, au sein d’un autre défi. J’ai profité des 24h de la bande dessinée et de l’animation, édition 2011, organisée par le site Grandpapier.org, auxquelles j’ai participé dans la « succursale » de Rennes4, pour réaliser un Turbomédia*. L’épreuve originelle consiste à réaliser une bande dessinée de vingt-deux pages, une couverture et quatrième de couverture, sur thème imposé, en vingt-quatre heures ; je me suis donné pour consigne de réaliser un Turbomédia de vingt-quatre séquences. Cette possibilité s’ouvrait à moi suite à ma proposition auprès de Sasha Georg de mettre à disposition un module de lecture de Turbomédia sur le site Granpapier.org5. Ce module a été mis au point par le développeur du site : son fonctionnement comme son design sont de sa seule responsabilité. Il s’agit d’une déclinaison du système de lecture page à page utilisé habituellement sur le site, à la différence près que l’ensemble des images d’une galerie est préchargé avant que l’on démarre la lecture. De cette manière, l’affichage est rafraîchi sans délai, sans impression de clignotement, et il devient alors possible de mettre en place des récits selon la « grammaire » du Turbomédia. L’interface de navigation est la même que pour les bandes dessinées et carnets de croquis ; au survol de l’image, deux boutons discrets – design épuré, flèche blanche sur fond noir devenant gris au survol, petites dimensions – apparaissent de part et d’autre de l’image. On peut également utiliser les flèches du clavier, ainsi les boutons n’apparaissent pas.

4. Le festival rennais Periscopages a inclus cette édition des 24h dans son programme et a permis aux participants locaux de se réunir tous aux Ateliers du Vent, dans des conditions de travail en collectif très stimulantes.

5. La mise en ligne de l’ensemble des contributions à ces 24h se faisant sur ce site.

On l’aura compris, publier une bande dessinée, un carnet de croquis, une animation ou un Turbomédia sur ce site implique d’accepter de se soumettre à son interface6, aussi sobre soit-elle par ailleurs. D’un point de vue pratique, cela signifie en premier lieu de ne pas dépasser un format maximal pour les images. La configuration de la planche, pour rester lisible malgré cette limite, découlera donc en partie de cette contrainte. La zone dévolue à l’œuvre occupe un espace restreint dans l’interface du site. Elle est surmontée de la barre de navigation du site, qui donne accès aux différents menus, et d’une bannière* qui indique le titre de l’œuvre, personnalisable par l’auteur dans les limites fixées par le site (choix de l’image et de la couleur de fond). Puis un espace blanc, le plus neutre possible, s’adaptant en hauteur à la taille de l’image ou de la planche, en largeur à celle de l’écran. La planche elle-même s’adapte à la résolution de l’écran, en restant dans des limites évitant un aspect pixellisé. Bien que très neutre, cette « cimaise »7 comporte des boutons à l’effigie des principaux réseaux sociaux, ainsi que d’autres fonctionnalités propres au site (commenter, aimer, mettre en favori), permettant de partager le lien de la page, et un index des pages de l’histoire en cours sous forme de miniatures des planches. Enfin, sous cet espace de visualisation, Granpapier.org reprend ses droits, pourrait-on dire, et propose une sélection d’histoires du même auteur ou du même genre. Enfin, tout en bas de la page se tient le footer* avec les crédits en mentions légales. Il faut noter enfin une option « plein écran » qui permet un affichage supprimant l’interface du site : l’œuvre est alors affichée dans une page intégralement vierge, dans sa taille maximale possible en fonction de la résolution de l’écran, et seuls trois minuscules et très discrets boutons de navigation persistent, tout en bas à droite de la planche. Cette mise en page n’est toutefois pas accessible par défaut et l’auteur ne peut donc pas compter sur son utilisation effective par le lecteur. Elle n’est par ailleurs pas accessible pour la lecture de Turbomédia.

Dans ce cadre, il est impossible d’écrire l’interface, ni de lui imprimer des modifications, même à la marge. Le dispositif de Grandpapier.org, qui permet aux auteurs de mettre en ligne leurs œuvres par l’intermédiaire d’une interface d’administration, ne donne pas accès aux rouages de l’interface, hormis, comme nous le mentionnions, à la couleur de fond et à l’image de la bannière.

Il est impossible de modifier le design des boutons permettant de naviguer ou donnant accès aux différentes fonctionnalités du site, ni de les supprimer. Il n’est donc pas possible de se soustraire à ces fonctionnalités : par le seul fait de sa publication sur ce site, La justice est bovine est susceptible, par exemple, d’être partagée sur Facebook par un lecteur. Mais cette remarque s’écarte déjà de notre

6. Nous décrivons ci-après l’interface de Grandpapier.org dans son état au mois de mars 2014. Le site ayant subi une refonte à l’été 2014, notre description est partiellement obsolète.

7. La frontalité de l’écran, dans le cas d’interfaces relativement neutres, peut suggérer une cimaise plutôt qu’une page.

objet : nous nous en tenons ici à l’interface en tant que structure de mise en page et objet de design graphique. Dans ce contexte, j’ai créé La justice est bovine en faisant abstraction de l’ensemble de l’environnement composé par l’interface du site. Je n’ai pas travaillé le style de dessin ou encore les couleurs en fonction de ce design. Le fait que mon style épuré, fait de pictogrammes en dessin vectoriel, s’intègre relativement bien dans l’interface du site est une pure coïncidence. L’interface du site relève d’un style « à la mode », propre au web dit 2.0*. Le site n’est qu’un espace de diffusion et l’interface n’a qu’une fonction utilitaire, permettant de passer d’une image à la suivante, et se veut neutre – en quelque sorte, un « white cube » numérique – afin d’accueillir tous les styles et récits. Le lecteur, par convention, fait lui aussi abstraction de l’interface et de l’environnement dans lequel est affichée l’œuvre. Elle relève littéralement du péritexte et trouve son équivalent livresque dans un ensemble d’éléments hétérogènes qui n’appartiennent pas en propre au texte : couverture, mentions légales, numérotation des pages, table des matières, etc. La comparaison avec le journal ou le magazine est encore plus éloquente. Comme ces derniers, le site web ou le blog représente un espace d’accueil à la mise en page et à la « charte graphique » prédéfinies, et dans laquelle peuvent être juxtaposées différentes rubriques qui n’ont pas de lien entre elles.

En résumé, il s’agit d’écrire pour un dispositif déjà entièrement pensé, plus ou moins pétri de conventions. L’outil ne peut être détourné de sa finalité (ici : la forme du Turbomédia) ni transgressé dans ses fonctionnalités. Il est trop verrouillé pour cela. La justice est bovine ne présente pas du tout une approche critique de l’outil ni de l’interface. Il s’agit d’un récit conçu pour une forme et un dispositif prédéterminés – ce qui était une volonté de ma part, pour m’essayer à cette forme. L’outil de création ne permet pas d’écart, il est à ce titre encore plus verrouillé que ComicComposer : il permet uniquement d’écrire dans l’interface.

1.1.2. Écrire avec l’interface

1.1.2.1. houla-c-est-quoi-ce-site : instauration d’un dialogue avec l’interface

La justice est bovine m’a permis de tester un certain nombre de « recommandations » permettant de s’emparer du dispositif du diaporama. Je n’ai donc pas engagé une approche critique et m’en suis tenu à ces recommandations, comme on peut s’en tenir au mode d’emploi et à « l’esprit » d’un logiciel. Je ne me suis pas non plus soucié de l’interface du site hébergeur. Il est d’ailleurs difficile de jouer avec ce péritexte, surtout quand celui-ci relève d’un design aussi épuré et sobre que celui de Grandpapier.org. En effet, comment est-il possible de faire interagir une interface exclusivement fonctionnelle avec le contenu de l’œuvre dans laquelle elle permet de naviguer, si on ne peut intervenir sur cette interface ni graphiquement, ni techniquement ? Il existe en fait une possibilité, mais on

comprendra que, pour le raconteur d’histoire qu’est l’auteur de bande dessinée numérique, elle ne puisse être systématisée. Il s’agit de faire entrer le récit lui-même en dialogue avec l’interface ou, plus largement, l’environnement logiciel, dans lequel il est enchâssé, et cela dans un processus qui devient nécessairement réflexif.

DaveDonut met en place un tel dialogue dans un de ses travaux8. Ce dernier se présente sous la forme d’un blog-bd* dépendant d’une plate-forme d’hébergement gratuite. L’écriture de l’interface par l’auteur est réduite à une personnalisation minimale du template* imposé par la plate-forme de blogs : fond noir et aucune personnalisation du design. Il ne contient par ailleurs aucune information sur son auteur : les mentions légales sont absentes. Son titre est on ne peut plus laconique et prend la forme d’une explication : « BD numérique : Cliquez sur la Bannière* pour la lancer! ». L’url* ne nous en dit pas beaucoup plus « houla-c-est-quoi-ce-site ». Pour seul paratexte, hormis trois liens en bas de page (un permettant de remonter en haut de page, un donnant accès au flux Atom* et un au site de la plateforme de blog), la signature « un mec qui passait par là » en bas de chaque note. Le blog ne comporte que trois notes qui tiennent toutes les unes en-dessous des autres sur la page d’accueil.

Puisqu’on nous demande de cliquer sur la bannière, exécutons-nous. La bannière se révèle alors être un Turbomédia dans lequel les passages aux cases suivantes ou précédentes se font en cliquant sur des boutons ou en utilisant les flèches du clavier. Le personnage ne sait pas ce qu’il fait là, il s’ennuie, et casse par maladresse le décor. Un trou apparaît alors derrière lui dans lequel il manque de peu de tomber. Il finit par sauter dedans pour ne pas s’éterniser auprès des preuves de l’incident qu’il a commis. Il en ressort dans la première note, traversant l’environnement visuel constitué par l’interface du blog. Il cherche ensuite le moyen d’accéder à la troisième note : pour y descendre, il prendra un ascenseur. Sa descente est d’ailleurs soulignée par une brève séquence animée, puisque l’ascenseur entame réellement une descente dans la note n°2, qu’il termine dans la n°3. Cette fois, avant de descendre encore, il cherche le moyen de traverser la note de la droite vers la gauche. C’est le lecteur qui l’aidera à pousser sa case jusqu’à l’autre extrémité en utilisant le clavier. Il peut ensuite descendre dans la note suivante, où il est confronté bien plus fortement au « péri-champ » – nous avons déjà parlé de cette notion conçue par Benoît Peeters, qui qualifie originellement tout ce qui apparaît dans le champ de vision du lecteur autour de la case sur laquelle il concentre son regard. Il atterrit au beau milieu d’un tout autre récit, dessiné et colorisé dans un style différent. Il y aura une altercation avec des Inuits, qu’il a de fait dérangés en surgissant dans leur histoire. Enfin, le lecteur

8. David Besnier (alias DaveDonut), BD numérique : Cliquez sur la Bannière pour la lancer!, 2011, http://houla-c-est-quoi-ce-site.blogspot.fr/, consulté le 09/05/2012.

sera enjoint à cliquer sur un lien, permettant d’accéder à une autre histoire en Turbomédia, sur le profil de l’auteur sur le site Deviant Art9, qui ramène elle-même vers le blog.

Faisant fi de la séparation entre deux notes, le personnage franchit les délimitations visuelles de l’interface. Ce court récit renvoie l’interface à son seul aspect graphique, plastique, et en fait un pur objet. Elle fait partie du récit, ce qui peut signifier deux choses. Premièrement, l’interface est utilisée par l’auteur comme un élément graphique au même titre que ce qu’il a dessiné : elle forme l’ossature non seulement visuelle (en terme de mise en page du blog) mais surtout narrative (l’histoire est soumise à la mise en page) du récit. La mise en page, l’interface du blog, est prise comme une contrainte et interrogée de manière critique : elle est devenue le sujet même de l’histoire. Deuxièmement, le blog n’est pas utilisé conventionnellement comme lieu de diffusion d’œuvres indépendantes, publiées périodiquement, note après note. L’ensemble du blog est l’œuvre : il faut prendre comme un tout les différents éléments (interface du blog et contenu de chaque note). Ici, l’œuvre intègre en elle l’interface qui permet d’y accéder, mais qui lui est habituellement extérieure, en plus d’être imposée à l’auteur. En même temps qu’il ramène l’interface à son rôle d’organisation plastique, ce récit abolit la logique interne du blog. En effet, on se rend compte que les trois notes ne sont pas de vraies notes de blog, qui se succéderaient par ordre antéchronologique. Ce sont des faux, des simulacres. L’outil de blogging permet de créer de fausses notes : c’est cet impensé de l’outil que met à profit DaveDonut.

On peut ajouter que le second récit, celui avec l’Inuit, est tout autant un faux, au sens où il est créé et placé là spécialement pour l’occasion. Il est en réalité un récit dans le récit – une « métalepse » pour reprendre le terme proposé par Gérard Genette. Il résulte de tout cela que le récit consiste dans la mise en dialogue de fragments de récits, sous forme de Turbomédias possédant leur propre interface, avec l’interface dans laquelle ils sont eux-mêmes imbriqués, soit celle du blog. L’écriture de ce dialogue prend acte des espaces séparant les notes, du fait que des contenus totalement différents se côtoient sur une même page au fil des notes. Elle transgresse les fonctionnalités et détourne les conventions de l’outil de blogging. Le dialogue est explicite : le héros a conscience de se « promener » à travers une page de blog dont il mesure la topographie. Il a également conscience du réseau, puisqu’il demande au lecteur de le suivre sur un autre site. Enfin, il interpelle le lecteur à plusieurs reprises, lui donnant des indications pour interagir et naviguer. Nous l’avons dit, ce mode d’écriture avec l’interface relève du phénomène de la réflexivité, et prolonge un corpus riche en ce domaine – que l’on pense simplement aux séries Philémon de Fred, Julius-Corentin Acquefacques de Marc-Antoine Mathieu et la quadrilogie des aventures du professeur Fignoteau de Étienne Lécroart.

9. Site communautaire créé en 2000 et permettant à chacun d’y exposer et d’échanger autour de ses travaux. Le site est plus particulièrement consacré aux champs du graphisme, de l’infographie et de la photographie. http://www.deviantart.com/

1.1.2.2. Cache-cache : appropriation de l’interface conventionnelle

La performance Cache-cache, dont j’ai déjà parlé, constitue une démonstration didactique de mon approche critique de l’outil numérique. Je ne la décrirai pas à nouveau dans son intégralité10. Durant cette performance, je simule une création en direct. Il s’agit pour moi de dévoiler les processus intellectuels qui fondent mon approche critique. Je l’ai assez dit : j’envisage la bande dessinée numérique comme un tout, dont l’interface fait partie et doit être écrite. Mais je suis dans le même temps confronté aux interfaces logicielles standards et à leurs lots de conventions et de restrictions. En effet, mes réalisations sont destinées à être diffusées sur Internet, et accessibles, autant que faire se peut, sans que le lecteur aie de démarches techniques à effectuer (installation de plug-in*, téléchargement d’application ou de la bande dessinée numérique elle-même). En faisant ce choix, je suis inévitablement soumis aux contraintes techniques et aux conventions culturelles des outils employés, aussi bien ceux de création que ceux de diffusion et de réception, les fonctionnalités des uns dépendant évidemment des autres. Dans ce cadre, c’est avec ces outils et leurs limitations que je cherche à produire du sens, par transgression.

Dans cette performance, je développe une proposition répondant à la question suivante : que faire du pointeur de la souris, que je n’ai pas choisi, mais qui est présent à l’écran, « par-dessus » ma planche, car il est une fonctionnalité indissociable du système d’exploitation installé sur la machine ? Je retrace devant le public les différentes étapes par lesquelles passe mon processus de création, de la formalisation de la contrainte à la réalisation effective de la bande dessinée numérique, en passant par l’exploration du champ qu’ouvre la contrainte. Je partage donc l’acte d’écriture du récit de bande dessinée numérique avec le public, en condensant en un peu moins de dix minutes un processus d’écriture qui peut durer parfois plusieurs semaines.

Dans cette performance, je développe une proposition répondant à la question suivante : que faire du pointeur de la souris, que je n’ai pas choisi, mais qui est présent à l’écran, « par-dessus » ma planche, car il est une fonctionnalité indissociable du système d’exploitation installé sur la machine ? Je retrace devant le public les différentes étapes par lesquelles passe mon processus de création, de la formalisation de la contrainte à la réalisation effective de la bande dessinée numérique, en passant par l’exploration du champ qu’ouvre la contrainte. Je partage donc l’acte d’écriture du récit de bande dessinée numérique avec le public, en condensant en un peu moins de dix minutes un processus d’écriture qui peut durer parfois plusieurs semaines.