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DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE

Section 2. Cas et niveaux étudiés

Le terrain définitif s’est composé de quatre laboratoires du CEA répartis dans les différents pôles scientifiques du CEA73.

Ces cas ont été choisis par opportunisme méthodologique (Girin, 1989) suite à présentations et des discussions avec différentes instances du CEA (DRH de Pôle, directeurs d’Instituts ou chefs de département, etc.). Le premier cas a été choisi ainsi, puis pour les suivants nous avons simplement veillé à ce que les nouveaux cas soient à chaque fois « le plus différents possibles » des précédents.

Nous présenterons dans cette section dans un premier temps (2.1.) le détail des cas sélectionnés, puis dans un second temps (2.2.) la validité de cette sélection.

Détail des cas 2.1.

Nous allons présenter ici les quatre laboratoires qui vont être nos cas étudiés. Ils seront nommé « laboratoire A », « B », « C » et « D » pour toute la suite de ce travail. Nous présenterons de plus les différents niveaux organisationnels que nous avons choisi d’étudier.

2.1.1. Laboratoire A : recherche fondamentale en chimie organique

Notre premier cas est un laboratoire de chimie organique rattaché à la Direction des Sciences du Vivant. Il est ancien, mais a vu son activité évoluer au cours des dernières décennies. Il est actuellement positionné sur des thématiques de recherche fondamentale en méthodologie, et une thématique historique plus opérationnelle (mais néanmoins méthodologique aussi). C’est un laboratoire « chaud », c’est-à-dire où l’on manipule des produits radioactifs (en l’occurrence, très faiblement radioactifs). Cette caractéristique entraîne des obligations de sécurité qui s’ajoutent à celles d’un laboratoire de chimie traditionnel (blouses spécifiques pour les visiteurs, indicateurs de présence, contrôle de la radioactivité des mains et des pieds à la sortie du bâtiment, etc.).

Il est composé d’une dizaine de personnes74

avec un important turnover (beaucoup de non-permanents) : deux docteurs, trois ingénieurs (dont l’un occupé par la mission de chef d’installation, c’est-à-dire responsable de nombreuses problématiques de fonctionnement pour

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Nous n’avons pas étudié la Direction des Applications Militaires.

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Comme nous l’avons indiqué précédemment, la notion d’effectif est très floue au CEA. Selon la source de données ou l’interlocuteur qui vous renseigne, on a un effectif de permanents, de salariés ou de personnes (qui ne sont pas les mêmes). Le turn-over significatif des doctorants, post-doctorants et stagiaires accentue encore cette problématique. Nous prenons donc le parti d’essayer le plus possible de parler en « personnes » (salariés permanents et non-permanents et membres d’autres institutions dans le cas d’UMR) et ne préciserons pas davantage dans un souci de fluidité de lecture.

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le service tel que le stockage des déchets), un technicien permanent, et un certain nombre de non-permanents (un ou deux post-doctorant(s)s, un ou deux doctorant(e)(s) et plusieurs stagiaires tous les ans entre mars et juillet). C’est un laboratoire féminisé, et compte parmi les non permanents fréquemment des étudiants étrangers. Le chef de laboratoire occupe ce poste depuis longtemps.

Ce laboratoire situé sur le centre de Saclay occupe trois espaces de travail structurés chacun de la même manière : un bureau collectif de trois ou quatre postes, et une salle d’expérimentation avec quatre paillasses complètes (double sorbonne, plan de travail, rangements, etc.). Des équipements sont collectifs dans les salles d’expérimentation (balances, autoclaves, évaporateur, etc.) et des machines plus importantes sont partagées à l’échelle du service. Le bureau du chef de laboratoire est en dehors de la zone d’expérimentation (la zone du service concernée par les obligations de sécurité du « chaud »). Il dépend pour son financement essentiellement de la subvention du CEA, de budgets européens et de l’ANR. En termes de fonctionnement, les budgets obtenus par l’équipe sont divisés : la partie servant à payer des salaires (doctorants et post-doctorants) « reste » au niveau du laboratoire, alors que tout le reste (investissement dans des machines, frais de déplacements et produit chimiques) et mutualisé au niveau du service (45 personnes).

2.1.2. Laboratoire B : recherche appliquée en physico-chimie

Ce second cas est un laboratoire de la Direction de l’Énergie Nucléaire. C’est un laboratoire de physico-chimie qui œuvre essentiellement à des caractérisations de corrosion dans des milieux spécifiques. Outre les risques liés aux produits chimiques ou aux autoclaves, plusieurs expériences du labo utilisent du sodium liquide, produit risquant d’exploser au contact de l’eau ou de l’air. Ces expériences impliquent donc une machinerie spécifique et des conditions de sécurité en proportion.

Ce laboratoire occupe un grand bâtiment dans le centre de Saclay. Des expériences sont installées dans une sorte de halle (plus grande et plus haute qu’un gymnase), partagée avec un autre laboratoire. Deux salles d’expérimentation en chimie (sorbonnes, plans de travail, etc.) complètent cette zone centrale, et de nombreux bureaux sont répartis sur deux étages de chaque côté (les ingénieurs-chercheurs disposent d’un bureau personnel, les techniciens et non-permanents sont à deux par bureau).

La composition de ce second laboratoire était la suivante : dix-sept permanents (neuf ingénieurs-chercheurs et huit techniciens), deux techniciens en CDD/intérim, six doctorants et en moyenne cinq stagiaires de mars à juillet. La moyenne d’âge y est basse, la répartition par

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sexe équilibrée et on n’y trouve pas d’étudiants étrangers. Le chef de laboratoire est en poste depuis moins de deux ans.

Le financement en est assuré essentiellement par la subvention du CEA et la participation à de gros projets bipartites ou tripartites avec AREVA, EDF ou l’ANDRA. Quelques budgets ANR viennent en complément.

2.1.3. Laboratoire C : recherche fondamentale interdisciplinaire en cosmologie Le troisième cas est un laboratoire d’astrophysique de la Direction des Sciences de la Matière, équipe d’une UMR CEA-Université-CNRS, à l’interface de plusieurs disciplines (notamment traitement du signal, mathématiques appliqués, cosmologie et astrophysique).

Il occupe quelques bureaux d’un couloir partagé par plusieurs laboratoires du gros service qui les regroupe tous (deux-cent personnes CEA, Université et CNRS confondus). Les permanents deux par bureaux, les non-permanents trois. Seul le chef de laboratoire dispose d’un bureau personnel, qui sert aussi de bureau de visite. Le bâtiment n’est pas sur le centre de Saclay mais dans une zone proche dite « ouverte » (où les procédures de sécurité et de gardiennage du CEA ne s’appliquent pas) qui regroupe des unités davantage ouvertes sur l’extérieur.

Il est composé de cinq permanents (dont un chercheur CNRS) et de nombreux non- permanents (deux ou trois post-doctorants dont un universitaire, environ quatre doctorants, plusieurs stagiaires de mars à septembre). Il n’y a aucun technicien, et il est essentiellement masculin (trois femmes sur la quinzaine de personnes). Plusieurs des doctorants et post- doctorants sont étrangers.

Le financement de ce laboratoire repose en plus de la subvention du CEA essentiellement depuis plusieurs années sur une bourse ERC75 et des financements européens. Le laboratoire est membre d’importants consortiums internationaux d’astrophysique.

2.1.4. Laboratoire D : recherche appliquée en interfaces homme-machine

Le dernier cas est un laboratoire de recherche et développement en interfaces, de la Direction de la Recherche Technologique. Il regroupe plusieurs disciplines (mécatronique, électronique, informatique, ergonomie, etc.).

Il est composé d’une quinzaine de permanents, ingénieurs et chercheurs, et d’une dizaine de non permanents (trois à cinq doctorants, plusieurs ingénieurs et chercheurs en CDD

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European Research Council : c’est subvention très importante, jusqu’à 2 millions d’euros étalé sur cinq ans.

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ou en intérim, plus des stagiaires de mars à septembre). Plusieurs des ingénieurs-chercheurs sont étrangers.

Il occupe un bâtiment dans un ensemble neuf et moderne à quelques kilomètres du centre de Saclay, là aussi en « zone ouverte ». Cet ensemble de bâtiment est partagé entre un institut de la DRT et d’autres institutions de recherche. Le laboratoire D occupe les bureaux d’un couloir à raison majoritairement de deux personnes par bureau, tous statuts confondus, et il dispose de plus d’un atelier de plusieurs pièces au sous-sol.

Il obtient l’essentiel de ses financements de l’extérieur (80%) : bourses ANR et européennes, ainsi que de nombreux partenariats industriels (développement de prototypes, tant pour des PME que des grands groupes).

2.1.5. Niveaux étudiés

Pour chacun des quatre cas la structure organisationnelle dans laquelle ils s’intègrent est la même : le laboratoire est membre d’un service (nommé « département » dans notre cas D) regroupant entre trois et douze laboratoires, et ce service est membre d’un institut (nommé « département » pour la DEN ») regroupant trois à six services (« départements » pour la DRT).

Afin « d’enchâsser » nos cas, nous étudierons donc les niveaux hiérarchiques N+1 et N+2 de nos cas. Ces niveaux hiérarchiques se composent des managers correspondants (chefs de service, de département ou directeurs d’instituts) et d’un certain nombre de personnes que nous dénommerons « technostructure » : chefs de projets, chargés d’affaire, assistants administratifs ou financiers, adjoints aux chefs (parfois « en charge de… »), etc. Jusqu’à 10% des effectifs des unités peuvent ainsi être rattachés aux échelons intermédiaires. Nous compléterons donc nos données issues des laboratoires par des entretiens avec des managers N+2 et N+3 (chefs de service, directeur d’institut, etc.) et avec des personnes de la technostructure.

En termes de structure, le laboratoire A fait partie d’un service d’environ 45 personnes au sein d’un institut de 420 personnes qui fonctionne avec un budget annuel de 26 millions d’euros. Le laboratoire B fait partie d’un service de 75 personnes au sein d’un département de 250 personnes. Le laboratoire C fait partie d’un service de 200 personnes au sein d’un institut de 1000 personnes, qui fonctionne avec un budget annuel de 85 millions d’euros. Enfin, le laboratoire D fait partie d’un département de 100 personnes au sein d’un institut de 600 personnes. Nous avons en outre réalisé un entretien au niveau d’un institut de 700 personnes

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(dont seulement 300 CEA, beaucoup d’UMR) qui fonctionne avec un budget annuel de plus de 30 millions d’euros.

Par ailleurs, afin de contextualiser nos données et d’approfondir cet enchâssement, nous exploiterons aussi des données « de contexte », obtenues essentiellement auprès de responsables RH, de médecins du travail ou d’assistante sociale du travail du CEA. Ces données de contexte permettent de mettre en perspective les éléments subjectifs que nous avons recueillis, et de réfléchir à la transférabilité de la connaissance que nous produirons à partir de cette étude de cas enchâssés multiple.

Pertinence des cas 2.2.

Une méthode par cas « multi-sites » doit répondre dans sa sélection des cas à un certain nombre de critères pour justifier de cette sélection et de la validité de la connaissance ensuite produite. M. Hlady Rispal parle d’échantillonnage théorique, par opposition à l’échantillonnage statistique des méthodes quantitatives (Hlady Rispal, 2002).

Tableau 8 : Le choix des cas pour la constitution d'un échantillon théorique (Hlady Rispal 2002) Critères

d’échantillonnage théoriques

Implications Degré d’exigence

Représentativité théorique

Homogénéité des cas du point de vu de la question

à étudier ou des entités examinées Indispensable Variété

Recherche de cas très différents les uns des autres (secteurs, stades de développement, modes

relationnels, etc.)

Indispensable si étude de cas multi-site à visée de

génération de théorie Équilibre Recherche d’un échantillon de cas offrant une

variété équilibrée de situations différentes Souhaitable Potentiel de

découverte

Sélection de cas riches en données sur le phénomène à l’étude, où les acteurs sont ouverts à

une démarche d’investigation en profondeur

Indispensable Prise en compte

de l’objectif de la recherche

Sélection différente selon l’objectif recherché : test,

génération de théorie, validation de théorie Logique

Notre sélection répond à ces critères d’échantillonnage théorique de la manière suivante.

Critère de représentativité théorique : ces laboratoires partagent un certain nombre

de caractéristiques qui ne sont pas les éléments que nous souhaitons étudier, puisque nous nous inscrivons dans une démarche de comparaison de systèmes très similaires (Przeworski et Teune, 1970). C’est donc le contexte de notre objet d’étude, et cette homogénéité leur donne une représentativité théorique. On peut notamment citer trois caractéristiques :

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 Ce sont tous des laboratoires du CEA, donc des laboratoires publics de recherche en « sciences dures ». Ils sont donc tous parfaitement inscrits dans notre objet de recherche.

 Ils ont une taille similaire (10-30 membres, tous statuts confondus hors stagiaires), dans la fourchette normale de l’organisme et cohérente avec l’organisation de la recherche publique en France76.

 Ils sont dans une situation « stable », de manière à éviter des observations trop conjoncturelles (pas de réorganisation, déménagement ou changement de hiérarchie à moins de 18 mois).

 Ils sont dans le même périmètre géographique.

Critère de variété : ces quatre laboratoires ont été choisis selon des axes identifiés

comme significatifs par les sciences studies : la discipline, la taille, le positionnement dans le champ, les modes de financement et l’ouverture. D’autres aspects considérés comme significatifs par les sciences studies (tels que l’ancienneté du laboratoire, le fait d’être positionné sur des recherches en « science normale » ou en « science de rupture » (Kuhn, 2008), ou la légitimité dans la communauté de ses membres) n’ont pas pu être été utilisés dans le choix des cas.

Par ailleurs les quatre laboratoires sont « typiques77 » de leur Pôle scientifique (la notion de « représentativité » étant impossible pour le CEA car l’organisation est trop diversifiée), que ce soit en matière de thématique de recherche, de dynamique récente ou d’organisation, etc.

Le tableau suivant illustre cette variété en synthétisant l'ensemble des cas :

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Les laboratoires d’autres pays tendent à être de taille plus importante (Houdart, 2007 ; Latour et Woolgar, 1996)

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« Typique » est un jugement de valeur, donc subjectif. Cette caractéristique des laboratoires a été validée par une approche qualitative, via confirmation de ce critère par des salariés ayant une bonne connaissance du CEA et du Pôle concerné (RH, Directions Scientifiques, ligne hiérarchique, médecins du travail…).

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Tableau 9 : Caractéristiques des cas étudiés

Critère de sélection Laboratoire A Laboratoire B Laboratoire C Laboratoire D

Discipline Chimie organique

(méthodologie) Physico-chimie (corrosion)

Astrophysique (traitement du signal et mathématiques appliqués à la cosmologie) Interfaces homme-machine (mécatronique, électronique et informatique)

Champ Recherche fondamentale Recherche appliquée Recherche fondamentale Recherche appliquée

Activités Chimie « légère », de paillasse : réactions et analyses

Chimie « lourde » (installations conséquentes :

boîtes à gant, autoclaves, sodium, etc.) et « légère », de

paillasse (réactions et analyses)

Conception de code informatique (mathématiques,

traitement du signal) et application à des données

d’astrophysique

Conception de prototypes (mécatronique, électronique,

etc.), conception de code informatique (traitement du

signal, software), et expériences utilisateur

(ergonomie)

Taille 10-15 personnes 25-30 personnes 12-15 personnes 25-35 personnes

Ouverture

Ouverture sur l’extérieur modérée (projets transverses

avec d’autres laboratoires)

Très ouvert sur l’extérieur (participation à d’importants

consortiums internationaux d’astrophysique)

Ouverture sur l’extérieur modérée (projets transverses et

financements industriels)

Très ouvert sur l’extérieur (beaucoup de partenariats et de

financements industriels) Modes de

financement

Subvention, ANR, Europe, multi-guichets, etc.

Subvention, partenariats industriels (AREVA, EDF,

ANDRA), etc.

Subvention, Europe, etc. Partenariats industriels, ANR, etc.

Particularité de composition

Turnover assez important pour

une partie de l’équipe Techniciens non-permanents (CDD, intérim)

UMR CNRS (un permanent et un post-doc du laboratoire membres des autres entités)

Aucun technicien

Turn-over assez important. Ingénieurs chercheurs non- permanents (CDD, intérim)

Aucun technicien Autres particularités

« Labo chaud » Laboratoire ancien (mais des

réorientations d’activité)

Chef de laboratoire en poste depuis moins de deux ans.

Laboratoire récent, formé suite à l’obtention d’un important

financement.

Laboratoire en forte croissance (de 8 à 30 personnes en 8 ans)

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Critère d’équilibre : ce critère d’équilibre vise à nuancer le précédent, et à garantir le

pertinence de la comparaison des cas. Nous avons veillé à sélectionner des cas structurés autour d’un nombre raisonnable de variations, et surtout dans des proportions équilibrées. En effet, nos quatre cas se répartissent deux à deux pour quatre des axes de variation que nous avons choisis (discipline, champ, orientation et taille), et ont quatre situations différentes pour le dernier (financement).

Cet équilibre peut se constater sur la figure suivante :

Figure 14 : Synthèse des cas étudiés

Position dans le champ scientifique

Recherche fondamentale Recherche appliquée

T en d a n ce d ’ou ve rt u re Int er ne Laboratoire A Sciences du vivant : chimie

organique

Financements : subvention, ANR, Europe, multi-guichets

Laboratoire B Énergie nucléaire : physico-

chimie

Financements : subvention, partenariats industriels (AREVA, EDF, ANDRA)

F or te c om posa nt e de chi m ie D isc ip lin e Exte rne Laboratoire C Sciences de la matière : astrophysique Financements : subvention, Europe Laboratoire D Recherche technologique : interfaces Financements : partenariats industriels, ANR F or te c om posa nt e d’ inf or m ati que <15 personnes >20 personnes Taille

Critère de potentiel de découverte : la taille des laboratoires les rend a priori riches

en données, puisque toute personne présente dans un laboratoire est sensément capable d’apporter des éléments de compréhension sur les éléments et les dynamiques de son travail générateur de bien-être ou de mal-être. De plus nous étudions tous les profils présents dans les laboratoires, et pas seulement les chercheurs ou les responsables d’équipe.

Par ailleurs les laboratoires ont été sélectionnés après des échanges avec les lignes managériales et RH concernées, ainsi qu’une présentation de la démarche aux chefs de laboratoires. La démarche a ensuite été présentée aux équipes, et les chefs de laboratoire ont pris le temps de vérifier leur ressenti et leur accord pour notre venue avant d’acter définitivement la conduite de la recherche. Nous avons d’ailleurs constaté que le fait que nous

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nous situions dans une démarche comparative entre des laboratoires très différents, avec des critères de sélection transparents, a aidé à cette acceptation : les équipes des laboratoires semblaient rassurées de ne pas être les seules étudiées, et de ne pas avoir été choisies pour des raisons incomprises.

Critère de prise en compte de l’objectif de la recherche : enfin, nous nous situons

dans une démarche compréhensive, donc de génération de théorie. En cela, la diversité des cas répond à une volonté de génération de connaissance inductive.

* * *

Synthèse de la Section 2. Cas et niveaux étudiés

Nous avons présenté dans cette section les quatre cas de notre étude et la manière dont ils répondent aux critères qui définissent la pertinence de la sélection des cas pour une étude multi-site.

Ces quatre laboratoires du CEA partagent une appartenance au champ de la recherche publique et à l’organisme, mais sont par ailleurs très différents : discipline et positionnement dans le champ différents, taille variable et formes d’ouverture sur l’extérieure différentes.

Cette diversité propose un cadre de recueil de données adapté pour répondre à nos interrogations sur le bien-être et le mal-être au travail.

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Section 3. Données

Suite à la sélection de nos quatre cas, nous avons récolté un ensemble de données permettant de répondre à nos questions de recherche. Nous présenterons ci-après tout d’abord (3.1.) les étapes de notre collecte de donnée, puis (3.2.) la nature de nos données primaires et enfin (3.2.) la nature de nos données secondaires.

Étapes de collecte 3.1.

Dans cette sous-section figure de manière synthétique les étapes et la temporalité du recueil de données. Nous présenterons tout d’abord (3.1.1.) notre terrain exploratoire, puis (3.1.2.) comment il a été enrichi pour devenir notre terrain complet.

3.1.1. Terrain exploratoire

Un travail de terrain exploratoire a été effectué entre juin 2013 et janvier 2014 sur les laboratoires A et B, avec un questionnement centré sur la notion de « risques psychosociaux », sujet d’entrée de cette recherche.

Le premier laboratoire, le « A », a été étudié entre juin et juillet 2013. Le travail exploratoire y a pris la forme de huit entretiens semi directifs (les deux docteurs dont le chef de laboratoire, un ingénieur, un technicien, deux post-doctorants, un doctorant, un stagiaire), réalisés entre juin et octobre.

Ce premier terrain a été complété par un second au sein du laboratoire B entre novembre 2013 et janvier 2014 avec une méthodologie proche : cinq entretiens semi-directifs (une chercheuse, un technicien, deux doctorants et le chef de laboratoire, ingénieur de parcours).

Ces entretiens ont été complétés et contextualisés par des données supplémentaires :

 Douze entretiens réalisés en 2011 auprès d’un panel varié de salariés de la Direction de l’Énergie nucléaire dans le cadre d’un mémoire de master 2 de recherche en sociologie du travail (Ottmann, 2011),

 Deux entretiens semi-directifs contextuels avec des observateurs pertinents : un cadre RH du CEA, et un médecin d’un service de santé au travail du CEA. Ces entretiens contextuels ont été menés sans grille formelle, l’objectif étant de recueillir ce que ces intervenants pensaient être les principaux RPS qui pèsent sur les populations de cette étude,

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 Trois jours d’observation de terrain dans le laboratoire A et un dans le laboratoire