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3. Mise en contexte et présentation du territoire

3.1. Caractéristiques environnementales et sociales de la zone étudiée

3.1.1. Caractéristiques biogéophysiques de la zone d'étude

Pour mener à bien cette recherche, il a été important de comprendre d'où provenaient les différents modes de pensées et différentes cultures au sein du pays. C'est pourquoi le contexte physico-géographique est à prendre en considération. Si l'on s'en tient aux travaux de Paul Claval14, l'environnement dans lequel se trouvent les sociétés a toujours, de près ou

de loin, une incidence sur leurs cultures (Claval, 1992). D'après lui, la part des réalités culturelles dans l'organisation de l'espace n'a jamais été estimée à sa juste valeur. En ce sens, il est nécessaire d'analyser les diverses composantes de la culture (fondements écologiques, techniques, idéologiques ou philosophiques) qui la structurent. La géographie culturelle entre donc en jeu, malgré que celle-ci doit fournir un effort de "décentrement" (Claval, 1992 : 2), à l'aide de l'ethnogéographie. Il s'agit là de comprendre de quelle manière les sociétés et les individus qui la composent structurent entre autres un système guidant leurs pratiques dans

les relations sociales et spatiales (Claval, 1992). Les différentes réalités culturelles, et donc idéologiques dépendent des paysages dans lesquels se situent les individus. L'étude du paysage a en effet "appris à saisir la spécificité de chaque société à travers la manière dont elle module le paysage, et est conditionnée par celui-ci" (Claval, 1992 : 3). Il conclut en disant que les dimensions sociales, spatiales ainsi que la quête de sens sont les piliers des identités culturelles. C'est pourquoi le contexte géographique dans lequel évoluent les sociétés implique différentes manières de concevoir les modes de penser et d'appréhender le monde (Claval, 1992). Toujours selon Claval (1992), les sciences du langage, de la botanique ou de la zoologie distinguent différentes configurations spatiales, qui sont propres à chaque société, à chaque culture. Suivant cette perspective ethnogéographique, l'espace peut être un facteur explicatif de l'émergence de telle ou telle idéologie. Ainsi, les réseaux sociaux et les réseaux spatiaux sont interreliés et sont partie intégrante de l'identité, à différentes échelles, dans différents territoires (Claval, 2001). À titre d'exemple, il atteste que certaines sociétés n'évoluent pas rapidement, de par les freins environnementaux auxquelles elles sont confrontées (idem).

En ce sens, la Colombie est le seul pays d’Amérique du Sud qui comporte un littoral pacifique et atlantique. C’est l’un des cinq plus grands pays du continent sud-américain, et il se caractérise par ses grandes richesses et variétés biologiques, climatiques, culturelles, ethniques, socio-économiques et écosystémiques (Villaronga-Wakker, 2000). Dans le langage courant, notamment dans les médias, la Colombie est qualifiée de « pays mégadivers », et c’est pour cela que cet immense patrimoine naturel est à préserver. Ce concept de « pays de mégadiversité » a été pour la première fois évoqué durant la Conférence sur la biodiversité à Washington en 1988 (Russel et al., 2007). Il regroupe un petit nombre de pays (plus ou moins une vingtaine) qui détiennent une majorité d’espèces et qui sont de ce fait considérés comme faisant partie des plus riches de la planète quant à leur diversité biologique. En effet, la Colombie se compose notamment dans ces deux Hot Spots de biodiversité – Les Andes tropicales et Tumbes-Choco-Magdalena – de 90 écosystèmes généraux (SIAC, 2018). Près de 10% des espèces connues qui sont répertoriées dans les pays détenant les meilleurs indices de biodiversité se trouvent sur le territoire colombien. Les chercheurs membres du SIAC (Sistema de Informacion Ambiental de Colombia) en

partenariat avec le ministère de l’Environnement et du Développement durable colombien estiment qu’il y a en Colombie plus de 56 700 espèces vivantes. C’est ainsi le premier pays en termes de diversité d’espèces d’oiseaux et d’orchidées au monde ; le deuxième pour ses plantes, amphibiens poissons d’eau douce et papillons ; le troisième pour ses reptiles et palmiers ; le quatrième pour ses mammifères (SIAC, 2018).

En plus de cette biodiversité des plus surprenantes, la Colombie présente des caractéristiques climatiques et géomorphologiques tout aussi diverses. Ce pays se situe entre l’équateur et le tropique du cancer ce qui permet un ensoleillement quasiment permanent tout au long de l’année. Aussi, il est bordé par l’océan Pacifique au sud et l’océan Atlantique via la mer des Caraïbes au nord. Il est également traversé par de nombreuses montagnes comme la cordillère des Andes ou la sierra Nevada de Santa Marta qui sont deux des réserves de la biosphère de la Colombie (UNESCO, 2018) (Annexe 1). Ainsi, et selon la classification des climats de Köppen ou bien encore celle de Caldas et Lang, le pays dispose d’une dizaine de climats différents : passant de désertique à super-humide, et de chaud à froid (Annexe 2). Étant donné cette variété de climats, nous pouvons facilement en déduire qu’apparaissent des régions distinctes : La région amazonienne, la région caribéenne, la région pacifique, la région de l’Orénoque et la région des Andes (Lamarre-Bolduc, 2015 : 23).

Le territoire dont il est question dans cette recherche est le territoire caribéen, qui regroupe sept départements (Figure 9). En 2014, plus de dix millions d’habitants vivaient dans cette région, dont 74% en zones urbaines, et 26% en zone rurale (Observatoire des Caraïbes, n.d.). Selon l’Observatoire des Caraïbes (n.d), 15,7% de la population caribéenne étaient d’origine afrocolombienne, et 6,8% étaient d’origine autochtone. Barranquilla, capitale du département de l’Atlantico, et à la frontière du département du Magdalena, fût le point de chute quant à la cueillette de données sur le terrain. C’est l’une des plus grandes villes de la côte caribéenne, où de nombreux migrants vénézuéliens tentent chaque jour de se rendre afin de s’y établir, ce qui ajoute une nouvelle communauté au portait de cette région déjà riche (Figure 10). Aussi, Barranquilla est l’un des ports des plus importants de Colombie étant donné que celle-ci se situe sur les rives du fleuve Rio Magdalena, le plus important du

pour les FARC-ep, qui vont progressivement s’emparer de plusieurs de ces zones (Figure 11).

Figure 9 Départements de la région caribéenne de Colombie

Figure 10 Dispersion des migrants vénézuéliens en 2009 en Colombie

Figure 11 Évolution de la guérilla des FARC-ep entre 1998 et 2005 dans la région Caribéenne colombienne

Source : Sierra, 2017