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Les occupations du Me´solithique moyen sont de loin les mieux repre´sente´es, que ce soit sur le plan de l’extension spatiale ou sur celui des donne´es quantitatives des se´ries lithiques. Paradoxalement, ces occupations sont probablement les

moins bien caracte´rise´es, malgre´ la surface cumule´e d’occupation, qui atteint

2 200 m2, et les milliers de vestiges qui y sont associe´s. En effet, 30 m2, soit

1,1 %, ont e´te´ analyse´s de manie`re satisfaisante sur les 2 800 m2 occupe´s du

secteur 1, contre 5 % des 200 m2du secteur 3. Aussi la quotite´ tre`s faible de la

surface e´tudie´e est-elle un facteur restreignant la porte´e de certaines hypothe`ses, dont celles qui se rapportent a` l’organisation spatiale.

Le secteur 1

Le secteur 1, le plus extensif et le plus pre`s de l’Yonne, se pre´sente sous la forme d’une bande de 140 m de long et d’une vingtaine de me`tres de large, rigoureu- sement paralle`le a` l’axe du pale´ochenal 1 (fig. 85). L’existence de ce pale´oche- nal, a` peine reconnu en plan, est atteste´e par la pre´sence, a` une profondeur de 3 m, d’un remplissage constitue´ de limons plastiques tre`s organiques, caracte´- ristiques d’un milieu hydromorphe. De plus, les informations obtenues a` partir des travaux d’exploitation de la grave indiquent que, dans cette partie du site, le gisement de gravier n’exce`de pas 1 m d’e´paisseur, probable conse´quence de phe´nome`nes d’incision lie´s a` l’activite´ de cet ancien cours d’eau.

Par ailleurs, la configuration ge´ne´rale de l’occupation adopte la forme d’une bande re´gulie`re, avec une limite septentrionale e´vidente correspondant au bord du chenal, tandis que la limite sud, bien que marque´e, ne semble pas s’accorder avec des caracte`res topographiques particuliers.

La bande d’occupation est caracte´rise´e par un contexte se´dimentaire limono- sableux assez drainant, ayant pu accueillir une possible couverture ve´ge´tale de nature spe´cifique en lien avec ce milieu particulier. Les projections verticales des artefacts, effectue´es aux extre´mite´s et au centre de cette tre`s longue bande d’occupation, re´ve`lent une topographie marque´e par un le´ger doˆme, avec un pendage en direction de l’est et de l’ouest. Le niveau d’apparition des vestiges le plus haut est associe´ a` cette zone centrale, a` la cote de 58,85 m NGF (fig. 86). Les te´moins les plus hauts se trouvent directement sous le pale´osol infe´rieur, alors qu’ils se placent en dessous d’une vingtaine de centime`tres pour les parties orientale et occidentale (fig. 87). Ces donne´es indiquent que la plaine alluviale avait une topographie plus irre´gulie`re, nivele´e progressivement par alluvionne- ment, avant une premie`re phase de stabilisation marque´e par un sol noir (ensemble 5).

La pre´somption de l’existence de deux niveaux d’occupation avait e´te´ e´voque´e de`s la premie`re phase d’intervention, mais ce point n’a pu eˆtre ve´ritablement tranche´ qu’avec la dernie`re campagne de sondages. Deux niveaux d’apparition des vestiges ont e´te´ clairement identifie´s, se´pare´s par 30 a` 40 cm de limons ste´riles. Les donne´es altime´triques, se´dimentologiques et arche´ologiques ont e´galement contribue´ a` dissocier ces deux niveaux. Aucune pie`ce interme´diaire n’a e´te´ identifie´e sur une puissance d’une trentaine de centime`tres. Les pie`ces les plus basses pre´sentent un plus grand e´tat de fraıˆcheur, des modules plus grands et une position principalement horizontale. La mise au jour d’un foyer dans le niveau infe´rieur, associe´ a` de l’industrie lithique et a` des restes de faune, a ve´ritablement valide´ cette dualite´ d’occupation, atteste´e e´galement par les re´sul- tats de datations radiocarbone obtenues a` partir de charbons de bois. Le niveau supe´rieur est date´ de 8385 + 50 BP soit 7570 a` 7334 cal BC (Lyon 1731 OxA) et le niveau infe´rieur de 8700 + 55 BP soit 7956 a` 7595 cal BC (Lyon 2060 OxA). Les occupations me´solithiques appartiennent, pour la plus ancienne, a` la premie`re moitie´ du Bore´al, et pour la plus re´cente, a` la seconde moitie´. Toute- fois, il est a` regretter que nous ne disposions pas d’informations pre´cises sur les

donne´es environnementales et plus spe´cifiquement palynologiques, ce qui aurait pu contribuer a` expliquer cette re´pe´tition d’occupations sur ce meˆme lieu, malgre´ un de´calage de 300 ans.

Graˆce a` la prise en compte des donne´es environnementales du site de Noyen- sur-Seine situe´ a` proximite´ (Marinval et al. 1993), il est possible de restituer les grandes lignes d’un environnement domine´ par le Noisetier et accompagne´ de l’Orme et du Cheˆne. Cette tendance est e´galement confirme´e par l’analyse pollinique du site de la Truie Pendue a` Ve´ron (Girard, Bui-Thi-Maı¨ 1995). De la meˆme manie`re, le corte`ge floristique pourrait eˆtre comple´te´ a` Pont-sur-Yonne par des plantes soit aquatiques d’eaux stagnantes ou a` faible courant, soit arbustives ou arborescentes. Certes, il est tre`s de´licat de transposer ces donne´es, mais la similitude de contexte autorise un certain niveau de rapprochement. Ces donne´es constituent des marqueurs assez ge´ne´raux, associe´s a` une aire ge´ogra- phique qui de´passe la surface stricte de l’occupation. Or, c’est bien la caracte´ri- sation environnementale de cette unite´ de surface tre`s re´duite qui nous aurait

ZA 73

ZA 68

ZA 67

ZA 64

67300

tracé supposé des paléochenaux paléochenal 1

paléochenal 2

secteur à dominante limono- sableuse (limites théoriques) butte de gravier (limites restituées)

niveau mésolithique supposé niveau mésolithique attesté fenêtre d'évaluation 664200 67200 67400 67300 664500 664400 664300 664100 SECTEUR 2 SECTEUR 3 SECTEUR 1

Fig. 85 : Pont-sur-Yonne Les Basses Veuves, secteur 1 : localisation.

N 664385 664386 664387 664388 664389 664390 664391 0 60 m NGF 57 60 m NGF 57 5 10 15 20 25 30 35 40 45 amas de débitage (niveau supérieur) (niveau inférieur) 664430 664431 664432 664333 664434 664435 664436 paléochenal 1 AXE PROJECTION foyer amas de débitage SECTEUR 1 57 57,5 58 58,5 59 59,5 60 m NGF 57 57,5 58 58,5 59 59,5 60 m NGF C14 8385 +/- 50 BP 7570 à 7334 cal. BC 8700 +/- 55 BP 7956 à 7595 cal. BC

Fig. 86 : Pont-sur-Yonne Les Basses Veuves, secteur 1 : projections verticales des vestiges.

Fig. 87 : Pont-sur-Yonne Les Basses Veuves, secteur 1 : les vestiges lithiques du niveau d’occupation (ensemble 5) apparaissent a` la base de la coupe stratigraphique, sous le pale´osol infe´rieur.

bien e´videmment inte´resse´s, elle aurait e´te´ la seule a` meˆme d’expliquer certains choix d’implantations.

Le secteur 3

Le second secteur d’occupation du Me´solithique moyen est le secteur 3 qui se trouve a` 80 m a` l’ouest du secteur 1 (fig. 88). Son extension maximale, de

200 m2, a e´te´ de´finie a` partir des informations issues du suivi du de´capage

industriel des limons et de la re´alisation d’une tranche´e de diagnostic au nord- est de la surface ainsi de´limite´e. La configuration ge´ne´rale de la nappe de vestiges est similaire a` celle du secteur 1 et de´finit une bande d’orientation ge´ne´rale est-ouest. La quasi-superposition des vestiges au gravier, se´pare´s de ce dernier par un tre`s fin niveau argileux, e´voque des conditions topographiques particulie`res, caracte´rise´es ici par une butte de gravier ou une barre graveleuse. Cette e´minence topographique offrait donc un contexte d’occupation spe´cifique au sein d’un environnement domine´ par des formations limoneuses et argileuses. De plus, cette barre naturelle, contraignant la divagation de certains chenaux, constituait un point remarquable proche du pale´ochenal 2 situe´ au sud. Cette proximite´ n’a pas e´te´ clairement e´tablie mais elle est sugge´re´e par les donne´es de sondage de la parcelle situe´e a` l’ouest, qui indiquent, sur la base des variations topographiques du sol noir (ensemble 3), l’existence d’une zone de´prime´e, pou- vant mate´rialiser l’axe du pale´ochenal 2. La projection verticale re´alise´e a` partir du mobilier lithique est caracte´rise´e par une distribution d’amplitude moyenne assez faible, qui ne de´passe pas 0,2 m ; ce premier constat va dans le sens d’une position primaire des vestiges (fig. 89). En outre, la variation verticale, le´ge`re- ment plus forte que pour les autres secteurs, traduit l’irre´gularite´ de la topogra- phie de ce secteur d’implantation. En effet, le sommet du gravier est affecte´ par de petites de´pressions, probablement a` l’origine du le´ger moutonnement de la couche arche´ologique. C’est pourquoi les artefacts pre´sentent souvent une posi- tion oblique re´sultant de faibles de´placements gravitaires, sans conse´quence pour l’analyse spatiale.

L’industrie lithique