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Si la première année d’Émilie est ponctuée de mauvaises journées qui l’amènent à se remettre en question, elle vit aussi de véritables réussites qui lui confirment son choix de carrière. Certaines de ces réussites se vivent au quotidien, en classe, lors de ses cours.

Belle journée. Les choses se replacent avec les secondaires 4. Ils sont plus dynamiques, plus ouverts à moi et à mon humour. Ce n'est pas toujours évident avec ce groupe. Toutefois, je réalise que j'adore mon travail. C'est un défi de tenter de les « charmer » enfin de les intéresser à la matière. Aujourd'hui, ils m'ont épatée car ils ont fait, pour la plupart, un super bel exposé oral. Ceux qui ne faisaient pas trop d'efforts en ont fait cette fois et ça paraissait quand ils s'exprimaient devant la classe. Ils étaient bien préparés. (Émilie, 13)

Belle période avec le secondaire 4! Dans le cadre du cours d'ECR, je leur ai donné un cours de psychologie sur l'adolescence. Un premier cours de psycho durant lequel je leur demandais leur avis sur leur représentation de l'adolescence. Ils ont vraiment participé et j'ai senti que même ceux qui ne participaient pas étaient vivement intéressés. J'adore la psycho! C'est cette matière que j'aurais voulu enseigner... […] Ouin, beau sentiment de compétence que je ressens! J'ai réussi à les allumer! J'étais passionnée aussi et ils ont dû la ressentir cette passion. (Émilie, 27)

D’autres réussites se déroulent lors de journées spéciales ou encore dans le cadre d’activités parascolaires, comme le spectacle amateur qu’elle doit monter avec les élèves.

Hier, journée spéciale cross-country, à laquelle j'ai participé avec les élèves, sur une base bien volontaire. J'ai fait la course avec eux et c'était ben (sic) trippant! J'ai eu beaucoup de plaisir! J'ai lâché mon fou, certains ados ont ri de mes blagues et d'autres l'ont fait plus subtilement... bon certains d'entre eux ont de l'orgueil quand même! Les « Madame, vous êtes drôle! » et les « Madame, c'est plus l'fun avec vous pass (sic) vous êtes genre dynamique! » m'ont touché droit au cœur. […] Je suis définitivement faite pour ce métier! C'est intense, parfois trop, mais toujours enivrant et oh combien valorisant! (Émilie, 11)

Talent show 2 avril : émotion ressentie : JOIE!!!!!!!!!!Il faut plus de moments comme ceux-là!! C'était malade! Un talent show renversant! La plus belle journée de l'année jusqu'à maintenant. C'est moi qui s'occupais de monter le spectacle. […] Je suis donc dans mon élément. Ma confiance en moi est pas mal plus grande dans ce domaine parce que j'ai plus d'expérience. Alors, les élèves ont présenté leur numéro (ils étaient quatre, c'est très peu) et ma gang de profs de fou et moi, nous avons aussi présenté un numéro […] Les élèves capotaient! Mon directeur était vraiment fier!! Je dirais même qu'il était groupie! Je l'ai impressionné! L'année prochaine, il va probablement me confier l'option théâtre obligatoire en secondaire 5. Nice!!! (sic) Ça toujours été mon ambition professionnelle: enseigner le français et le théâtre. (Émilie, 29)

Toutes ces petites victoires ont pour effet de renforcer la conviction qu’elle a choisi le bon métier.

4.7.1 Description de l’articulation entre les sous-identités

Tout comme pour les événements qui suscitent la remise en question, les situations observées présentent, pour les sous-identités personnelle et professionnelle, des repères identitaires récurrents. La sous-identité située, quant à elle, est quelque peu différente selon que l’événement se déroule en contexte de classe ou hors-classe. C’est pourquoi nous les observerons séparément.

4.7.1.1 Sous-identité située : Contexte de classe. Dans ce type de situation, on

constate que les élèves d’Émilie se montrent intéressés et participatifs (SIS), ce qui se coordonne à la sous-identité professionnelle d’Émilie. Dans un tel contexte, Émilie

semble aimer le métier, la matière et ses élèves (SIPr – Bon enseignant). De plus, elle se sent responsable, par son approche vivante et dynamique, de l’état d’esprit dans lequel les élèves se trouvent (SIPr – Modèle enseignant). Elle sent alors naitre une belle complicité avec ses élèves (SIPr – Pratique déclarée), ce qui contribue à renforcer la coordination entre les sous-identités située et professionnelle.

Aussi, les repères identitaires de la sous-identité professionnelle se coordonnent à la sous-identité personnelle d’Émilie, lui permettant de vivre cet instant de bonheur quotidien (SIP – Principes de vie et valeurs). Il en résulte alors une passion pour le métier qui écarte momentanément la remise en question. « Je suis définitivement faite pour ce métier! C'est intense, parfois trop, mais toujours enivrant et oh (sic) combien valorisant! » (Émilie, 11) L’attitude des élèves (SIS) contribue aussi à alimenter ce sentiment de bien-être professionnel par le plaisir éprouvé (SIP – Principes de vie et valeurs), coordonnant ainsi les sous-identités située et personnelle. La figure 33 présente cette relation.

Ici, on peut observer que la coordination des trois sous-identités est à l’origine du sentiment de satisfaction professionnelle perçue par Émilie.

4.7.1.2 Sous-identité située : Contexte hors-classe. Les événements spéciaux (SIS)

semblent être une opportunité pour Émilie d’aborder les élèves de manière différente. Ils lui permettent de laisser émerger l’aspect un peu fofolle, loufoque et marginal (SIP – Qualités) de sa personnalité. Aussi, la journée cross-country a stimulé son intérêt pour le sport (SIP – Intérêts) tandis que le spectacle amateur a comblé son besoin d’attention, d’être mise en avant, d’être entourée (SIP – Besoins), coordonnant alors sa sous-identité située et personnelle.

Alors, les élèves ont présenté leur numéro (ils étaient quatre, c'est très peu) et ma gang de profs de fou et moi, nous avons aussi présenté un numéro : un band de musique dans lequel j'étais la chanteuse! […] Les élèves capotaient! Mon directeur était vraiment fier!! Je dirais même qu'il était groupie! (Émilie, 29)

De plus, ces contextes hors-classe semblent être l’occasion pour Émilie de se rapprocher de sa pratique déclarée (SIPr). Ce sont des moments où, loin de la rigueur qu’exige la classe, elle peut se montrer plus ouverte, sympathique et complice avec les élèves (SIPr – Pratique déclarée), coordonnant alors la sous-identité professionnelle à la sous-identité située. Enfin, tout comme pour les situations en contexte de classe, la coordination entre les sous-identités professionnelles et personnelles, notamment par le plaisir éprouvé lors de ces événements (SIP – Principes de vie et valeurs), induit un sentiment de bien-être professionnel qui conforte Émilie dans son choix professionnel. La figure 34 présente cette relation.

Figure 34 - Satisfaction professionnelle en contexte hors-classe

Ainsi, on constate que, par sa récurrence dans les deux cas, le plaisir semble être un marqueur important pour Émilie à la source du sentiment de bien-être professionnel ressenti. Aussi, dans les deux cas, on perçoit qu’Émilie s’impose, en quelque sorte, la responsabilité de cette relation. En effet, il semble que le regard de l’autre, voire même la satisfaction de l’autre, dépend de la performance qu’elle fait.